Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 novembre 1862 15 novembre 1862
Description : 1862/11/15 (A7,N154). 1862/11/15 (A7,N154).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203308z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 353
plus alors voir passer sous leurs yeux les soies diri-
gées sur Londres pour les faire revenir de Londres
avec un accroissement de leurs frais et une diminu-
tion de leurs bénéfices. La soie elle-même deviendra
moins chère à la fois pour Lyon, pour Marseille et
pour Londres. Qu'on calcule en effet ce que coûtent le
transport des soies de l'extrême Orient à Suez, puis
les frais de débarquement dans ce port, puis ceux
du voyage par le chemin de fer entre Suez et
Alexandrie, puis le réembarquement, le trajet jus-
qu'à Marseille, et les commissions, et les magasi-
nages, et les déchets et les avaries, conséquence
inévitable de toutes ces transmutations. Au lieu de
cela, l'isthme ouvert, un immense courant de na-
vigation continue par la voile, par l'hélice, surtout
par l'hélice, s'établit de Suez sur cette immense
étendue de côtes qui bordent la mer Rouge, les
Indes, la Chine, l'Indo-Chine, et multiplie ses réseaux
sur les innombrables archipels dont ces mers sont
parsemées ; les marchandises arrivent sans trans-
bordement depuis le golfe de Tartarie jusqu'au golfe
du Lion, avec une économie dont l'événement seul
donnera la mesure; et comme la facilité, le bon mar-
ché, la rapidité des communications accroissent la
multiplication des relations et des affaires dans une
proportion dont les chemins de fer nous ont donné
un exemple que le passage de Suez ne démentira
certes point, nous pouvons répéter après M. Fould :
« Avec un tel point de départ, que n'a-t-on point le
droit d'attendre ? »
Certes, si jamais entreprise fut justifiée, motivée
par l'état et la force des choses, non-seulement par
les aspirations du lendemain, mais encore par les
révélations de chaque jour, c'est à coup sûr l'ouver-
ture du percement de l'isthme. Presque chaque évé-
nement qui éclate dans le monde vient en manifester
l'urgence et l'importance. Un jour, pour l'Angleterre,
c'est la révolte de l'Inde; un autre jour, pour la
France et l'Angleterre, c'est la guerre de la Chine;
aujourd'hui, c'est, pour l'Europe entière, la disette
du coton américain; c'est, pour Lyon, la nécessité
d'alimenter sa fabrication avec les soies orientales
par l'insuffisance des soies européennes; c'est, pour
le monde, le besoin de correspondre à la rapidité
des communications par terre par la rapidité propor-
tionnelle des communications par mer ; c'est, pour la
géntralité des nations occidentales, le moyen d'é-
chapper à ces limites étroites où se débat, dans l'é-
touffement, leur esprit d'expansion; c'est la barrière
abaissée vers cet énorme Orient contenant 7 ou 800
millions d'âmes d'une population à civiliser, à vêtir,
à élever dans les conditions de l'aisance et du tra-
vail; c'est le commerce prenant un essor qu'il n'avait
pas connu depuis la merveilleuse découverte de l'A-
mérique, car c'est tout un monde opulent de produits
qu'il va pénétrer tout entier. Un espace de 3,000 lieues
va se trouver tout à coup supprimé entre les deux
hémisphères. La navigation va en quelque sorte se
démocratiser. La mer deviendra le domaine commun
et ne sera plus le monopole des gros capitaux et le
privilége d'un petit nombre de pavillons. Les jonques
de la Chine pourront venir jusqu'à nous. L'humble
caboteur pourra étendre ses excursions de côte en
côte jusqu'au fond de la Chine. Les conditions de la
vie matérielle s'amélioreront des deux parts au
moyen de la réciprocité multipliée des échanges, de
leur facilité, de leur économie ; et- si, comme nous en
avons la ferme foi, rien n'est plus vrai que ce prin-
cipe anglais, que les richesses de toutes les nations
sont solidaires, la postérité aura peine à comprendre
que l'opposition à l'exécution d'une telle œuvre soit
émanée du seul gouvernement de l'Angleterre, au
moment même où il proclamait la liberté commerciale
en tout et pour tous comme la base de ce principe.
ERNEST DESPLACES.
LES COMMUNICATIONS TÉLÉGRAPHIQUES AVEC L'ORIENT.
A la suite des considérations que nous venons de
développer dans l'article ci-dessus, et pour ainsi dire
comme leur corollaire naturel, nous empruntons à
l'Opinion nationale du 4 novembre les observations
suivantes sur l'utilité et les avantages si considéra-
bles d'une communication télégraphique à établir le
plus prochainement possible entre l'Orient et l'Occi-
dent du monde.
Voici sur ce sujet comment s'exprime notre hono-
rable confrère :
ERXEST DESPLACES.
« Les événements qui se passent en Europe ne doi-
vent pas nous faire perdre de vue les grands intérêts
qui rattachent plus fortement de jour en jour les
peuples de notre continent avec ceux du monde oriental.
D La France, l'Angleterre, les Pays-Bas, l'Espagne ont
de vastes colonies sur le littoral asiatique ou dans les
îles prodigieusement fertiles qui s'échelonnent au sud
de la presqu'île de Malacca. Ces nations ont établi dans
l'Inde, l'Indo-Chine, la Chine et le Japon, des relations
commerciales dont l'importance devient capitale — on
pourrait dire vitale — pour notre industrie, menacée
d'un côté par la décroissance de nos récoltes de soie,
et d'autre part par la guerre sanglante qui désole les
Etats-Unis et la perspective de l'affranchissement des
noirs.
» Il nous faut donc à tout prix développer nos com-
munications avec l'Orient, qui peut nous fournir, en
quantités énormes, le coton, la soie et une foule d'au-
tres produits, matières premières, marchandises ouvrées,
denrées de consommation.
» C'est une nécessité que M. Fould a parfaitement ex-
primée dans le discours qu'il prononçait il y a quelques
plus alors voir passer sous leurs yeux les soies diri-
gées sur Londres pour les faire revenir de Londres
avec un accroissement de leurs frais et une diminu-
tion de leurs bénéfices. La soie elle-même deviendra
moins chère à la fois pour Lyon, pour Marseille et
pour Londres. Qu'on calcule en effet ce que coûtent le
transport des soies de l'extrême Orient à Suez, puis
les frais de débarquement dans ce port, puis ceux
du voyage par le chemin de fer entre Suez et
Alexandrie, puis le réembarquement, le trajet jus-
qu'à Marseille, et les commissions, et les magasi-
nages, et les déchets et les avaries, conséquence
inévitable de toutes ces transmutations. Au lieu de
cela, l'isthme ouvert, un immense courant de na-
vigation continue par la voile, par l'hélice, surtout
par l'hélice, s'établit de Suez sur cette immense
étendue de côtes qui bordent la mer Rouge, les
Indes, la Chine, l'Indo-Chine, et multiplie ses réseaux
sur les innombrables archipels dont ces mers sont
parsemées ; les marchandises arrivent sans trans-
bordement depuis le golfe de Tartarie jusqu'au golfe
du Lion, avec une économie dont l'événement seul
donnera la mesure; et comme la facilité, le bon mar-
ché, la rapidité des communications accroissent la
multiplication des relations et des affaires dans une
proportion dont les chemins de fer nous ont donné
un exemple que le passage de Suez ne démentira
certes point, nous pouvons répéter après M. Fould :
« Avec un tel point de départ, que n'a-t-on point le
droit d'attendre ? »
Certes, si jamais entreprise fut justifiée, motivée
par l'état et la force des choses, non-seulement par
les aspirations du lendemain, mais encore par les
révélations de chaque jour, c'est à coup sûr l'ouver-
ture du percement de l'isthme. Presque chaque évé-
nement qui éclate dans le monde vient en manifester
l'urgence et l'importance. Un jour, pour l'Angleterre,
c'est la révolte de l'Inde; un autre jour, pour la
France et l'Angleterre, c'est la guerre de la Chine;
aujourd'hui, c'est, pour l'Europe entière, la disette
du coton américain; c'est, pour Lyon, la nécessité
d'alimenter sa fabrication avec les soies orientales
par l'insuffisance des soies européennes; c'est, pour
le monde, le besoin de correspondre à la rapidité
des communications par terre par la rapidité propor-
tionnelle des communications par mer ; c'est, pour la
géntralité des nations occidentales, le moyen d'é-
chapper à ces limites étroites où se débat, dans l'é-
touffement, leur esprit d'expansion; c'est la barrière
abaissée vers cet énorme Orient contenant 7 ou 800
millions d'âmes d'une population à civiliser, à vêtir,
à élever dans les conditions de l'aisance et du tra-
vail; c'est le commerce prenant un essor qu'il n'avait
pas connu depuis la merveilleuse découverte de l'A-
mérique, car c'est tout un monde opulent de produits
qu'il va pénétrer tout entier. Un espace de 3,000 lieues
va se trouver tout à coup supprimé entre les deux
hémisphères. La navigation va en quelque sorte se
démocratiser. La mer deviendra le domaine commun
et ne sera plus le monopole des gros capitaux et le
privilége d'un petit nombre de pavillons. Les jonques
de la Chine pourront venir jusqu'à nous. L'humble
caboteur pourra étendre ses excursions de côte en
côte jusqu'au fond de la Chine. Les conditions de la
vie matérielle s'amélioreront des deux parts au
moyen de la réciprocité multipliée des échanges, de
leur facilité, de leur économie ; et- si, comme nous en
avons la ferme foi, rien n'est plus vrai que ce prin-
cipe anglais, que les richesses de toutes les nations
sont solidaires, la postérité aura peine à comprendre
que l'opposition à l'exécution d'une telle œuvre soit
émanée du seul gouvernement de l'Angleterre, au
moment même où il proclamait la liberté commerciale
en tout et pour tous comme la base de ce principe.
ERNEST DESPLACES.
LES COMMUNICATIONS TÉLÉGRAPHIQUES AVEC L'ORIENT.
A la suite des considérations que nous venons de
développer dans l'article ci-dessus, et pour ainsi dire
comme leur corollaire naturel, nous empruntons à
l'Opinion nationale du 4 novembre les observations
suivantes sur l'utilité et les avantages si considéra-
bles d'une communication télégraphique à établir le
plus prochainement possible entre l'Orient et l'Occi-
dent du monde.
Voici sur ce sujet comment s'exprime notre hono-
rable confrère :
ERXEST DESPLACES.
« Les événements qui se passent en Europe ne doi-
vent pas nous faire perdre de vue les grands intérêts
qui rattachent plus fortement de jour en jour les
peuples de notre continent avec ceux du monde oriental.
D La France, l'Angleterre, les Pays-Bas, l'Espagne ont
de vastes colonies sur le littoral asiatique ou dans les
îles prodigieusement fertiles qui s'échelonnent au sud
de la presqu'île de Malacca. Ces nations ont établi dans
l'Inde, l'Indo-Chine, la Chine et le Japon, des relations
commerciales dont l'importance devient capitale — on
pourrait dire vitale — pour notre industrie, menacée
d'un côté par la décroissance de nos récoltes de soie,
et d'autre part par la guerre sanglante qui désole les
Etats-Unis et la perspective de l'affranchissement des
noirs.
» Il nous faut donc à tout prix développer nos com-
munications avec l'Orient, qui peut nous fournir, en
quantités énormes, le coton, la soie et une foule d'au-
tres produits, matières premières, marchandises ouvrées,
denrées de consommation.
» C'est une nécessité que M. Fould a parfaitement ex-
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