Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-11-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 novembre 1862 01 novembre 1862
Description : 1862/11/01 (A7,N153). 1862/11/01 (A7,N153).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203307j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 337
hommes politiques considéraient avec terreur, a été
l'un des plus profitables à l'Angleterre. Nous lui di-
rions qu'il en sera à coup sûr de même du canal de
Suez, et s'il lui en faut un garant nous lui offrirons
le Times, qui a déclaré maintes fois que de tous les
pays, l'Angleterre serait celui qui gagnerait le plus
à l'ouverture de ce passage.
C'est, du reste, un sentiment qui, d'après nos infor-
mations puisées à bonne source, fait tous les jours des
progrès en Angleterre. On y a tant nourri jusqu'ici,
sur cette affaire, l'opinion publique de fictions et de
préjugés tous démentis par l'événement, qu'elle com-
mence à examiner par elle-même, et à penser que le
canal de Suez, proclamé à l'unanimité par les classes
industrielles des principales cités britanniques comme
une entreprise du plus haut intérêt commercial pour
l'Angleterre, n'était pas le moins du monde, au point
de vue politique, cet épouvantail que l'on a si souvent
agité devant ses yeux étonnés.
La parole d'un des hommes d'État les plus con-
sidérables parmi nos voisins est en train de se réali-
ser : « Dans quelque temps, a t-il dit, le canal de Suez
sera aussi populaire en Angleterre qu'en France. »
Sous le mérite de ces réilexions, voici l'article du
Morning Post.
ERNEST DESPLACES.
On lit dans le Morning Post du 25 octobre :
« Le discours de M. Fould à Marseille ne satisfera
certainement pas ceux qui en avaient espéré des révé-
lations de cabinet telles que celles qu'on attend d'un
premier ministre anglais à un dîner du lord maire peu
de temps après une crise ministérielle. Mais pour ceux
qui envisagent d'une façon plus large et plus intelli-
gente la politique des nations, il est des sujets d'un
beaucoup plus haut intérêt que ceux qui concernent un
changement de portefeuille. M. Fould a donc gardé le
silence sur la dernière modification du ministère à Paris.
Il s'est rendu à Marseille pour inaugurer l'ouverture
du service postal de l'Indo-Chine, et c'est strictement
aux intérêts commerciaux et aux perspectives commer-
ciales de la France dans les mers orientales que ses ob-
servations se rapportent. M. Fould peut être un homme
d'un esprit hardi, mais ce n'est pas, à coup sûr, un en-
thousiaste, et il est trop habitué aux réalités pratiques
de la vie pour se laisser égarer dans des thèses vision-
naires sur l'avenir. Ses prédictions doivent être parti-
culièrement acceptables au peuple de Marseille, car il
proclame Marseille comme la future métropole du com-
merce européen avec l'Orient. Il exprime sa ferme
croyance non-seulement sur la praticabilité du canal
de Suez, mais encore sur l'établissement et la jouissance
du canal avant l'écoulement d'une longue période. La
réalisation de cet événement, il le déclare, rendra Mar-
seille le centre des relations entre l'Europe et l'Asie.
Il pense que l'on doit voir le doigt de la Providence
dans la destinée qu'il prévoit pour la plus ancienne cité
du monde occidental, autrefois colonisée par les Grecs du
temps de Thucydide, maintenant réservée à cette prospé-
rité que, dans son opinion, nous verrons de notre vivant.
C'est là toutefois une question du ressort de l'ingénieur
plus que de l'homme d'État, et dont la solution appar-
tient au temps plus qu'à la prophétie. Il est plus pra-
tique de suivre les idées de M. Fould sur la grandeur
future du commerce oriental de la France, indépendam-
ment de la réalisation de ce projet gigantesque.
» L'annonce d'une concurrence à la navigation à va-
peur de l'Angleterre en Orient n'est certainement pas
une annonce vaine. Le nouveau service de paquebots
français pour la ligne de l'Indo-Chine doit relier Mar-
seille avec Suez, Aden, Ceylan, Saïgon, Pondichéry, Ma-
dras, Calcutta, Chandernagor, Hong-Kong, Shang-Haï
et l'11e de la Réunion. Toutefois nous ne nous découra-
gerons pas devant cette rivalité; au contraire, nous croyons
qu'elle prouvera qu'il y a dans l'Orient les éléments d'un
ample commerce pour les deux pays et pour les deux
services. En accroissant de cette manière les communi-
cations directes et rapides avec les contrées fertiles
des mers orientales et chinoises, nous ne ferons que
développer au lieu d'épuiser leurs ressources et leurs
échanges commerciaux. D'après M. Fould, le trafic fran-
çais avec les pays au-delà du Cap excède déjà une va-
leur annuelle de 500,000,000 de francs, somme infé-
rieure de 134 millions de francs seulement à celle du
trafic français avec les Etats-Unis eux-mêmes. Nous ne
doutons pas que l'Orient ne soit capable de doubler ce
trafic avec la France sans troubler le commerce exis-
tant déjà entre l'Orient et l'Angleterre; mais que Suez
soit destiné à devenir le point d'appui d'un nouveau
levier de progrès tel que M. Fould décrit qu'il le sera
bientôt, c'est sur quoi nous avons nos doutes. Tout cela
dépend de la grande chimère du canal; mais il est tout
à fait certain que jusqu'à son exécution, les marchan-
dises encombrantes ne trouveront jamais, en transitant
par cette voie, une compensation pour les débarque-
ments et les réembarquements dans la plus grande
célérité du voyage. Aussi longtemps que le canal res-
tera in nubibus où il est actuellement, le nouveau service
des paquebots français par la Méditerranée sera limité
aux genres de commerce que nous poursuivons jus-
qu'ici sur cette mer, et il faut compter sur le passage
longuement pratiqué par le Cap pour le surplus.
» Toutefois, nous ne pouvons douter que ce service pos -
tal ne favorise fortement les communications françaises
avec l'Orient sans intervenir aucunement dans les nôtres.
Marseille, il est vrai, à raison de sa proximité, devrait
avoir l'avantage sur nous ; mais les paquebots du Lloyd
autrichien ne sont pas nos rivaux; au contraire, ils sont
d'un incalculable avantage pour nos communications
avec le Levant, et spécialement de Trieste à Alexandrie.
En fait, ce ne serait pas un absurde paradoxe que de
paraphraser un vieux proverbe disant que les fous cons-
truisent des vaisseaux pour l'usage des nations sages,
Au moins, le trafic de la production et de la consom-
mation est souvent d'une beaucoup plus grande valeur
que le trafic du transport. Les communications transat-
lantiques à la vapeur de la France ne nous ont fait que
du bien ; nous sommes ensemble, en réalité, les rouliers
hommes politiques considéraient avec terreur, a été
l'un des plus profitables à l'Angleterre. Nous lui di-
rions qu'il en sera à coup sûr de même du canal de
Suez, et s'il lui en faut un garant nous lui offrirons
le Times, qui a déclaré maintes fois que de tous les
pays, l'Angleterre serait celui qui gagnerait le plus
à l'ouverture de ce passage.
C'est, du reste, un sentiment qui, d'après nos infor-
mations puisées à bonne source, fait tous les jours des
progrès en Angleterre. On y a tant nourri jusqu'ici,
sur cette affaire, l'opinion publique de fictions et de
préjugés tous démentis par l'événement, qu'elle com-
mence à examiner par elle-même, et à penser que le
canal de Suez, proclamé à l'unanimité par les classes
industrielles des principales cités britanniques comme
une entreprise du plus haut intérêt commercial pour
l'Angleterre, n'était pas le moins du monde, au point
de vue politique, cet épouvantail que l'on a si souvent
agité devant ses yeux étonnés.
La parole d'un des hommes d'État les plus con-
sidérables parmi nos voisins est en train de se réali-
ser : « Dans quelque temps, a t-il dit, le canal de Suez
sera aussi populaire en Angleterre qu'en France. »
Sous le mérite de ces réilexions, voici l'article du
Morning Post.
ERNEST DESPLACES.
On lit dans le Morning Post du 25 octobre :
« Le discours de M. Fould à Marseille ne satisfera
certainement pas ceux qui en avaient espéré des révé-
lations de cabinet telles que celles qu'on attend d'un
premier ministre anglais à un dîner du lord maire peu
de temps après une crise ministérielle. Mais pour ceux
qui envisagent d'une façon plus large et plus intelli-
gente la politique des nations, il est des sujets d'un
beaucoup plus haut intérêt que ceux qui concernent un
changement de portefeuille. M. Fould a donc gardé le
silence sur la dernière modification du ministère à Paris.
Il s'est rendu à Marseille pour inaugurer l'ouverture
du service postal de l'Indo-Chine, et c'est strictement
aux intérêts commerciaux et aux perspectives commer-
ciales de la France dans les mers orientales que ses ob-
servations se rapportent. M. Fould peut être un homme
d'un esprit hardi, mais ce n'est pas, à coup sûr, un en-
thousiaste, et il est trop habitué aux réalités pratiques
de la vie pour se laisser égarer dans des thèses vision-
naires sur l'avenir. Ses prédictions doivent être parti-
culièrement acceptables au peuple de Marseille, car il
proclame Marseille comme la future métropole du com-
merce européen avec l'Orient. Il exprime sa ferme
croyance non-seulement sur la praticabilité du canal
de Suez, mais encore sur l'établissement et la jouissance
du canal avant l'écoulement d'une longue période. La
réalisation de cet événement, il le déclare, rendra Mar-
seille le centre des relations entre l'Europe et l'Asie.
Il pense que l'on doit voir le doigt de la Providence
dans la destinée qu'il prévoit pour la plus ancienne cité
du monde occidental, autrefois colonisée par les Grecs du
temps de Thucydide, maintenant réservée à cette prospé-
rité que, dans son opinion, nous verrons de notre vivant.
C'est là toutefois une question du ressort de l'ingénieur
plus que de l'homme d'État, et dont la solution appar-
tient au temps plus qu'à la prophétie. Il est plus pra-
tique de suivre les idées de M. Fould sur la grandeur
future du commerce oriental de la France, indépendam-
ment de la réalisation de ce projet gigantesque.
» L'annonce d'une concurrence à la navigation à va-
peur de l'Angleterre en Orient n'est certainement pas
une annonce vaine. Le nouveau service de paquebots
français pour la ligne de l'Indo-Chine doit relier Mar-
seille avec Suez, Aden, Ceylan, Saïgon, Pondichéry, Ma-
dras, Calcutta, Chandernagor, Hong-Kong, Shang-Haï
et l'11e de la Réunion. Toutefois nous ne nous découra-
gerons pas devant cette rivalité; au contraire, nous croyons
qu'elle prouvera qu'il y a dans l'Orient les éléments d'un
ample commerce pour les deux pays et pour les deux
services. En accroissant de cette manière les communi-
cations directes et rapides avec les contrées fertiles
des mers orientales et chinoises, nous ne ferons que
développer au lieu d'épuiser leurs ressources et leurs
échanges commerciaux. D'après M. Fould, le trafic fran-
çais avec les pays au-delà du Cap excède déjà une va-
leur annuelle de 500,000,000 de francs, somme infé-
rieure de 134 millions de francs seulement à celle du
trafic français avec les Etats-Unis eux-mêmes. Nous ne
doutons pas que l'Orient ne soit capable de doubler ce
trafic avec la France sans troubler le commerce exis-
tant déjà entre l'Orient et l'Angleterre; mais que Suez
soit destiné à devenir le point d'appui d'un nouveau
levier de progrès tel que M. Fould décrit qu'il le sera
bientôt, c'est sur quoi nous avons nos doutes. Tout cela
dépend de la grande chimère du canal; mais il est tout
à fait certain que jusqu'à son exécution, les marchan-
dises encombrantes ne trouveront jamais, en transitant
par cette voie, une compensation pour les débarque-
ments et les réembarquements dans la plus grande
célérité du voyage. Aussi longtemps que le canal res-
tera in nubibus où il est actuellement, le nouveau service
des paquebots français par la Méditerranée sera limité
aux genres de commerce que nous poursuivons jus-
qu'ici sur cette mer, et il faut compter sur le passage
longuement pratiqué par le Cap pour le surplus.
» Toutefois, nous ne pouvons douter que ce service pos -
tal ne favorise fortement les communications françaises
avec l'Orient sans intervenir aucunement dans les nôtres.
Marseille, il est vrai, à raison de sa proximité, devrait
avoir l'avantage sur nous ; mais les paquebots du Lloyd
autrichien ne sont pas nos rivaux; au contraire, ils sont
d'un incalculable avantage pour nos communications
avec le Levant, et spécialement de Trieste à Alexandrie.
En fait, ce ne serait pas un absurde paradoxe que de
paraphraser un vieux proverbe disant que les fous cons-
truisent des vaisseaux pour l'usage des nations sages,
Au moins, le trafic de la production et de la consom-
mation est souvent d'une beaucoup plus grande valeur
que le trafic du transport. Les communications transat-
lantiques à la vapeur de la France ne nous ont fait que
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