Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1862 01 décembre 1862
Description : 1862/12/01 (A7,N155). 1862/12/01 (A7,N155).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203309c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
368 „ L'ISTHME DE SUEZ,
croître le long des bords. En attendant l'ombrage des
tamarins et des palmiers, les poteaux du télégraphe
s'élèvent solitairement sur le remblai. Le règne animal
y est mieux représenté. Le canal est déjà plein de pe-
tits poissons, du genre mulet, qui sautent sur la berge
en prenant leurs ébats et que l'on ramasse alors à la
main. De nombreux pélicans leur font la chasse, et ils
se dérangent à peine au passage de la barque.
, » Le dessin n° 2 représente l'extrémité sud du seuil
^'El-Guisr. Sur l'avant du dessin, on voit la partie
achevée du canal provisoire, creusée à 2 mètres et plus
au-dessous du niveau de la mer. Les travailleurs s'ap-
pliquent à enlever une dernière masse de terrain de
60 à 80 mètres de longueur, qui sépare cette partie du
lac Timsah, travail qui, à l'heure où j'écris, doit être
achevé. Le lac Timsah, à peu près desséché, occupe le
centre du tableau, et au-dessus, bordant l'horizon,
apparaissent les 15 lieues de désert qui conduisent à
Suez.
» Le dessin n° 3 donne l'aspect du chantier no 5, au
milieu du seuil d'El-Guisr. Sur une longueur de 2.500
mètres, l'ceil'n'em brasse qu'une fourmilière de travail-
leurs. C'est la dernière partie du seuil (indépendam-
ment de la petite longueur de 60 à 80 mètres, repré-
sentée par le dessin n° 2) qui reste à ouvrir pour faire
arriver l'eau de la Méditerranée dans le lac Timsah.
D'après le nombre de mètres cubes restant à enlever,
on est certain d'arriver d'ici un mois à ce résultat in-
téressant. L'entrée [du premier flot dans le lac sera
l'occasion d'une cérémonie à laquelle assisteront M. de
Lesseps et, dit-on, des personnages importants.
» Les travailleurs arabes se servent tous, pour creu-
ser le sol, qui est invariablement du sable ou de l'ar-
gile, de houès ou simplement de leurs mains ; ils les
chargent ensuite dans des couffins qu'ils vont vider
sur le haut de la berge, à l'endroit indiqué. Il a été
impossible de leur faire adopter un autre mode de tra-
vail, et de mettre entre leurs mains les brouettes et
autres outils préparés par la Compagnie.
» Le dessin n° 4 représente le campement d'une tribu
de travailleurs se rendant à Timsah. Le lieu est Tell-
el-Kébir, à l'entrée du désert, et ils y passent d'ordi-
naire la nuit, groupés autour de feux. Ils arrivent au
déclin du jour par troupes de deux, trois ou quatre
mille; la plaine en est couverte comme par enchante-
ment. Les feux s'allument, les chameaux sont déchar-
gés; une seule tente, celle du cheik, s'élève au milieu
du camp. Le lendemain, au lever du soleil, tout a dis-
paru, et la tribu, partie depuis plusieurs heures, est
déjà bien loin dans le désert.
» Vos lecteurs, à l'aide du récit de cette excursion,
appuyé des dessins exacts que je vous envoie, pour-
ront se faire une juste idée de l'état actuel des travaux,
et des avantages qu'on est en droit d'attendre de cette
merveilleuse entreprise.
.-.. » Veuillez recevoir, monsieur le directeur, l'assurance
vwes sentiments bien dévoués,
)e,, » A. ROUSSIN. »
P.ue les dessins à l'amiral Jaurez, qui l'a entière-
pprouvée.
UN VOYAGE DANS L'ISTHME.
(Extrait dit JOURNAL DE LA MEURTIIE ET DES VOSGES.)
« Caire, 22 octobre 1362.
M Le 8 de ce mois, le chemin de fer nous mena
jusqu'au petit village de Samanoud, où nous trouvâmes
un premier campement de la Compagnie de Suez. Sa-
manoud est sur le Nil ; un petit bateau à vapeur fait un
service pour son compte entre le campement et Da-
miette. Mais, en ce moment, le bateau était en répara-
tion, et il fallut nous contenter d'une petite barque.
Nous nous y établîmes tant bien que mal ; les dames
couchèrent dans une espèce de cellier, et nous sur le
pont, où l'on dort aussi bien et même mieux que dans
certains lits. Nous arrivâmes, vers le milieu de la nuit,
à Mansourah ; nous devions nous y arrêter pour voir le
lieu que la tradition donne pour la prison de saint Louis.
Il en reste peu de chose, et la tradition, quant à l'em-
placement même de la prison, n'est pas très-authentique.
Nous avions peu joui, pendant la nuit, du parcours du
Nil et du site de Mansourah ; mais, au réveil, nous fîimcs
frappés de la splendeur du panorama que nous avions
s.oùs les yeux. Le Nil, dans son plein, est un fleuve qui
rivalise, par la masse de ses eaux, avec les grands
fleuves de l'Amérique, et rien n'est comparable à la ma-
gnificence de végétation qu'il développe partout où il
atteint, tandis que le désert, avec sa sublime horreur,
est partout où n'est pas le Nil. Le même spectacle gran-
diose nous attendait à Damiette. Cette viile est encore
mieux située que Mansourah. Là aussi nous trouvions les
traces de saint Louis, traces, cette fois, glorieuses sans
mélanges, car la reddition de la place n'a eu lieu que
par le traité. Nous al âmes visiter une mosquée que le
saint roi avait, dit-on, convertie en église, mais qui'
hélas ! ne tardafguère à retourner au culte de Mahomet.
Damiette est admirable par sa position entre le Nil et
le lac Menzaleh, par sa belle rivière, par ses splendides
rangées de palmiers; mais, d'ailleurs, rien par elle-
même. La ville s'est petit à petit éloignée de la mer, et
le Nil, par ses dépôts successifs, a encore augmenté la
distance. C'est ce qui me fait un peu douter de la con-
sécration de la mosquée dont je te parlais plus haut. Il
me semble impossible d'admettre que le fleuve, en quel-
ques siècles, ait créé tout l'espace qui sépare mainte-
nant Damiette de la Méditerranée. Au surplus, je crois
avoir lu jadis que les sultans avaient transporté la ville
plus en arrière, afin de la mettre mieux à l'abri d'un
coup de main , souvenir que je n'ai pas le moyen de
contrôler ici (1).
» A Damiette commencent les établissements importants
de la Compagnie de Suez. Avant la création si récente et
si incomplète encore de Port-Saïd, Damiette était le
point le plus rapproché du la tête des travaux ; c'est là
qu'arrivaient tous les matériaux, tous les approvisionne-
ments nécessaires à l'entreprise. Il y a encore d'immen-
ses magasins dans lesquels les employés trouvent, a un
(1) Les souvenirs du voyageur ne l'ont pas trompé : en effet, Da-
miette fut rasée vers la fin du XIIIc siècle, et reconstruite à deux
lieues de la mer avec les matériaux de l'ancienne ville.
croître le long des bords. En attendant l'ombrage des
tamarins et des palmiers, les poteaux du télégraphe
s'élèvent solitairement sur le remblai. Le règne animal
y est mieux représenté. Le canal est déjà plein de pe-
tits poissons, du genre mulet, qui sautent sur la berge
en prenant leurs ébats et que l'on ramasse alors à la
main. De nombreux pélicans leur font la chasse, et ils
se dérangent à peine au passage de la barque.
, » Le dessin n° 2 représente l'extrémité sud du seuil
^'El-Guisr. Sur l'avant du dessin, on voit la partie
achevée du canal provisoire, creusée à 2 mètres et plus
au-dessous du niveau de la mer. Les travailleurs s'ap-
pliquent à enlever une dernière masse de terrain de
60 à 80 mètres de longueur, qui sépare cette partie du
lac Timsah, travail qui, à l'heure où j'écris, doit être
achevé. Le lac Timsah, à peu près desséché, occupe le
centre du tableau, et au-dessus, bordant l'horizon,
apparaissent les 15 lieues de désert qui conduisent à
Suez.
» Le dessin n° 3 donne l'aspect du chantier no 5, au
milieu du seuil d'El-Guisr. Sur une longueur de 2.500
mètres, l'ceil'n'em brasse qu'une fourmilière de travail-
leurs. C'est la dernière partie du seuil (indépendam-
ment de la petite longueur de 60 à 80 mètres, repré-
sentée par le dessin n° 2) qui reste à ouvrir pour faire
arriver l'eau de la Méditerranée dans le lac Timsah.
D'après le nombre de mètres cubes restant à enlever,
on est certain d'arriver d'ici un mois à ce résultat in-
téressant. L'entrée [du premier flot dans le lac sera
l'occasion d'une cérémonie à laquelle assisteront M. de
Lesseps et, dit-on, des personnages importants.
» Les travailleurs arabes se servent tous, pour creu-
ser le sol, qui est invariablement du sable ou de l'ar-
gile, de houès ou simplement de leurs mains ; ils les
chargent ensuite dans des couffins qu'ils vont vider
sur le haut de la berge, à l'endroit indiqué. Il a été
impossible de leur faire adopter un autre mode de tra-
vail, et de mettre entre leurs mains les brouettes et
autres outils préparés par la Compagnie.
» Le dessin n° 4 représente le campement d'une tribu
de travailleurs se rendant à Timsah. Le lieu est Tell-
el-Kébir, à l'entrée du désert, et ils y passent d'ordi-
naire la nuit, groupés autour de feux. Ils arrivent au
déclin du jour par troupes de deux, trois ou quatre
mille; la plaine en est couverte comme par enchante-
ment. Les feux s'allument, les chameaux sont déchar-
gés; une seule tente, celle du cheik, s'élève au milieu
du camp. Le lendemain, au lever du soleil, tout a dis-
paru, et la tribu, partie depuis plusieurs heures, est
déjà bien loin dans le désert.
» Vos lecteurs, à l'aide du récit de cette excursion,
appuyé des dessins exacts que je vous envoie, pour-
ront se faire une juste idée de l'état actuel des travaux,
et des avantages qu'on est en droit d'attendre de cette
merveilleuse entreprise.
.-.. » Veuillez recevoir, monsieur le directeur, l'assurance
vwes sentiments bien dévoués,
)e,, » A. ROUSSIN. »
P.
pprouvée.
UN VOYAGE DANS L'ISTHME.
(Extrait dit JOURNAL DE LA MEURTIIE ET DES VOSGES.)
« Caire, 22 octobre 1362.
M Le 8 de ce mois, le chemin de fer nous mena
jusqu'au petit village de Samanoud, où nous trouvâmes
un premier campement de la Compagnie de Suez. Sa-
manoud est sur le Nil ; un petit bateau à vapeur fait un
service pour son compte entre le campement et Da-
miette. Mais, en ce moment, le bateau était en répara-
tion, et il fallut nous contenter d'une petite barque.
Nous nous y établîmes tant bien que mal ; les dames
couchèrent dans une espèce de cellier, et nous sur le
pont, où l'on dort aussi bien et même mieux que dans
certains lits. Nous arrivâmes, vers le milieu de la nuit,
à Mansourah ; nous devions nous y arrêter pour voir le
lieu que la tradition donne pour la prison de saint Louis.
Il en reste peu de chose, et la tradition, quant à l'em-
placement même de la prison, n'est pas très-authentique.
Nous avions peu joui, pendant la nuit, du parcours du
Nil et du site de Mansourah ; mais, au réveil, nous fîimcs
frappés de la splendeur du panorama que nous avions
s.oùs les yeux. Le Nil, dans son plein, est un fleuve qui
rivalise, par la masse de ses eaux, avec les grands
fleuves de l'Amérique, et rien n'est comparable à la ma-
gnificence de végétation qu'il développe partout où il
atteint, tandis que le désert, avec sa sublime horreur,
est partout où n'est pas le Nil. Le même spectacle gran-
diose nous attendait à Damiette. Cette viile est encore
mieux située que Mansourah. Là aussi nous trouvions les
traces de saint Louis, traces, cette fois, glorieuses sans
mélanges, car la reddition de la place n'a eu lieu que
par le traité. Nous al âmes visiter une mosquée que le
saint roi avait, dit-on, convertie en église, mais qui'
hélas ! ne tardafguère à retourner au culte de Mahomet.
Damiette est admirable par sa position entre le Nil et
le lac Menzaleh, par sa belle rivière, par ses splendides
rangées de palmiers; mais, d'ailleurs, rien par elle-
même. La ville s'est petit à petit éloignée de la mer, et
le Nil, par ses dépôts successifs, a encore augmenté la
distance. C'est ce qui me fait un peu douter de la con-
sécration de la mosquée dont je te parlais plus haut. Il
me semble impossible d'admettre que le fleuve, en quel-
ques siècles, ait créé tout l'espace qui sépare mainte-
nant Damiette de la Méditerranée. Au surplus, je crois
avoir lu jadis que les sultans avaient transporté la ville
plus en arrière, afin de la mettre mieux à l'abri d'un
coup de main , souvenir que je n'ai pas le moyen de
contrôler ici (1).
» A Damiette commencent les établissements importants
de la Compagnie de Suez. Avant la création si récente et
si incomplète encore de Port-Saïd, Damiette était le
point le plus rapproché du la tête des travaux ; c'est là
qu'arrivaient tous les matériaux, tous les approvisionne-
ments nécessaires à l'entreprise. Il y a encore d'immen-
ses magasins dans lesquels les employés trouvent, a un
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miette fut rasée vers la fin du XIIIc siècle, et reconstruite à deux
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