Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1862 15 décembre 1862
Description : 1862/12/15 (A7,N156). 1862/12/15 (A7,N156).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033101
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/07/2012
384 1/ISTHME DE SÙË2,
« les - eaux de la Méditerranée » ont été, il y a dix
jours, introduites dans le lac Timsah, et la nouvelle est
de nature, en dépit de son obscurité, à faire sensation.
» Notre correspondance, toutefois, jette une ombre
sur l'éclat de cet événement. Le lac Timsah est
à moitié chemin de la ligne à travers l'isthme; les
eaux de la Méditerranée ne viennent que du lac Men-
zaleh, qui couvre tout le rivage oriental de ses flots
limoneux et lourds, et la communication effectuée ne
l'est que par le moyen d'un petit aqueduc et non d'un
grand canal.
» M. de Lesseps, nous le craignons, a encore son œu-
vre à faire, et si lui et ses actionnaires ont confiance,
ce n'est pas notre affaire de troubler leur satisfaction.
La question est de celles que l'événement seul peut ré-
soudre. L'opinion en Angleterre est qu'un canal mari-
time à travers l'isthme ne peut pas être ouvert actuel-
lement pour l'usage de la navigation ou être maintenu
en fonctionnement pratique. Il paraît que la même
opinion n'est pas rare en Egypte même, parmi quel-
ques-uns des propres subordonnés de M. de Lesseps, qui
ont succombé soit au dégoût, soit au désespoir. Mais
en France l'impression populaire parait être différente.
Le projet est regardé avec confiance et faveur; les ac-
tions se tiennent à leur pair et les perspectives sont
-jugées encourageantes. Lorsque nous exprimons des
idées d'un genre opposé, nous sommes accusés de ja-
lousie et on croit que nous intriguons contre « l'influence
française en Orient. » Or, pour tous ces sentiments, en
tant qu'ils existent, nos voisins n'ont qu'à s'en prendre
à eux-mêmes. Nous n'aurions jamais regardé le canal
de Suez comme autre chose qu'une mauvaise spécula-
tion, si les Français ne nous avaient point si ponctuelle-
ment informés que c'était un trait dirigé sur la cuirasse
de l'Angleterre. Cette idée ne serait jamais entrée
dans nos têtes si elle n'avait pas été ainsi proclamée.
Abandonnés à nous-mêmes, nous n'aurions jamais pu
concevoir comment une entreprise dont l'accomplisse-
ment ne pourrait avoir d'autre effet que de rapprocher
l'Orient de l'Occident, mais qui, selon les apparences,
ne pouvait jamais se réaliser, pouvait menacer notre
sécurité nationale ou diminuer notre puissance natio-
nale. Mais lorsque nos voisins ont annoncé ainsi l'objet
de leur entreprise, nous avons naturellement examiné
ce qu'ils faisaient. Nous avons étudié les termes du
contrat, épluché les obligations du vice-roi, réfléchi sur
l'occupation du territoire égyptien, et nous avons com-
mencé à nous inquiéter qu'une des routes vers l'Inde
pût être interceptée par une garnison, au lieu d'être
améliorée par un canal. Le temps toutefois a dissipé
ces alarmes, et peut-être avec- d'autant plus d'efficacité
qu'il a également dissipé d'autres attentes. « L'opi.
# ale, dit no're correspondant sur les lieux,
e le projet du canal marche graduelle-
lÊfifewfàMWÈpK naturelle. »
f|J# 3 1-k ue les routes de l'Inde sont nom-
e l' hme de Suez n'offre pas la meilleure.
est jamais construit, il sera détruit
r ce avant d'avoir été ouvert un mois. La
ïner plus le chemin le plus sûr. De nos jours,
c'est un principe de locomotion que la navigation à va-
peur doit être changée en transports par chemins de fer
à la première occasion praticable. On a proposé
de faire débarquer nos malles du Sud à Falmoutli
pour éviter quelques milles de la Manche. On a
dit que les navires en destination de Bombay pour-
raient déposer leurs passagers à Cannanore, et si au-
cun de nos lecteurs veut bien jeter un regard sur une
carte, il verra promptement que l'isthme de Suez, fût-il
tranché, l'impatience moderne ne se contenterait jamais
de côtoyer le grand angle de la péninsule arabique par
la voie de la mer Rouge. Il y a dans ces parages eux-
mêmes un isthme encore plus important que l'isthme
de Suez ; il est traversé par deux fleuves mémorables,
et l'un d'eux marque la plus courte direction vers cette
terre de l'Inde qui semble agir sur l'Europe comme
un aimant. Le chemin de fer de la vallée de l'Euphrate
serait pour le canal de Suez ce que le canal de Suez
sera pour la route autour du Cap.
» Une ligne tirée entre Londres et Bombay passerait
tout droit le long de l'Euphrate; mais jamais près de la
mer Rouge. Le canal de Suez n'économiserait rien d'un
voyage de mer, si le voyage de mer s'arrêtait aux
côtes de Syrie. Cette route, peut dire M. de Lesseps, est
encore dans les nuages. Sans doute, mais où est son
canal? Si nous avons à errer dans les domaines de
l'imagination, nous pouvons prendre notre vol aussi
bien d'un côté que de l'autre. Si nous avons à dédai-
gner les obstacles de l'espace et de la nature, choisis-
sons du moins la meilleure conception possible. Cette
conception ce n'est pas l'idée de M. de Lesseps, et c'est à
lui de nous démontrer que ce qu'elle perd en perfection
de dessin elle le gagne en praticabilité. Nous ne lui
souhaitons pas de mal.En notre qualité de peuple commer-
cial, nous gémissons à la dissipation de tant de bon
argent qui pourrait avoir été mieux employé. Le pire de
ce projet de canal est qu'il n'effectue aucun bien par-
tiel ni accidentel. S'il échoue, comme tout le monde
croit dans ce pays qu'il échouera, à unir la Méditerra-
née et la mer Rouge, son avortement est complet. Il
n'aura pas même fourni au travail un emploi avanta-
geux. Le travail indigène pourrait être mieux occupé à
d'autres entreprises, et il a été nécessaire, si les rapports
disent vrai, de le contraindre à se prêter à ce labeur ré-
pugnant.
» La place de l'Egypte, dans l'histoire universelle, a été
tracée par une plume habile. Il serait curieux de mé-
diter sur la place de l'Inde. Ce plateau méridional du
continent asiatique exerce maintenant une influence
extraordinaire sur la politique du monde. Les plus
grandes questions européennes impliquent cet élément.
En fait, c'est sur lui qu'elles sont presque basées. Le
maintien de l'empire ottoman, la liberté de la Méditer-
ranée, les destinées des Grecs, les perspectives de la
Russie, toutes ces questions sont envisagées dans leurs
rapports avec les Indes. Les États étrangers croient
que l'Inde n'est jamais absente des pensées d'un An-
glais. L'attitude que nous avons prise envers le3
belligérants américains est attribuée seulement e
entièrement à nos vues secrètes-sur l'Inde. Tout cela
« les - eaux de la Méditerranée » ont été, il y a dix
jours, introduites dans le lac Timsah, et la nouvelle est
de nature, en dépit de son obscurité, à faire sensation.
» Notre correspondance, toutefois, jette une ombre
sur l'éclat de cet événement. Le lac Timsah est
à moitié chemin de la ligne à travers l'isthme; les
eaux de la Méditerranée ne viennent que du lac Men-
zaleh, qui couvre tout le rivage oriental de ses flots
limoneux et lourds, et la communication effectuée ne
l'est que par le moyen d'un petit aqueduc et non d'un
grand canal.
» M. de Lesseps, nous le craignons, a encore son œu-
vre à faire, et si lui et ses actionnaires ont confiance,
ce n'est pas notre affaire de troubler leur satisfaction.
La question est de celles que l'événement seul peut ré-
soudre. L'opinion en Angleterre est qu'un canal mari-
time à travers l'isthme ne peut pas être ouvert actuel-
lement pour l'usage de la navigation ou être maintenu
en fonctionnement pratique. Il paraît que la même
opinion n'est pas rare en Egypte même, parmi quel-
ques-uns des propres subordonnés de M. de Lesseps, qui
ont succombé soit au dégoût, soit au désespoir. Mais
en France l'impression populaire parait être différente.
Le projet est regardé avec confiance et faveur; les ac-
tions se tiennent à leur pair et les perspectives sont
-jugées encourageantes. Lorsque nous exprimons des
idées d'un genre opposé, nous sommes accusés de ja-
lousie et on croit que nous intriguons contre « l'influence
française en Orient. » Or, pour tous ces sentiments, en
tant qu'ils existent, nos voisins n'ont qu'à s'en prendre
à eux-mêmes. Nous n'aurions jamais regardé le canal
de Suez comme autre chose qu'une mauvaise spécula-
tion, si les Français ne nous avaient point si ponctuelle-
ment informés que c'était un trait dirigé sur la cuirasse
de l'Angleterre. Cette idée ne serait jamais entrée
dans nos têtes si elle n'avait pas été ainsi proclamée.
Abandonnés à nous-mêmes, nous n'aurions jamais pu
concevoir comment une entreprise dont l'accomplisse-
ment ne pourrait avoir d'autre effet que de rapprocher
l'Orient de l'Occident, mais qui, selon les apparences,
ne pouvait jamais se réaliser, pouvait menacer notre
sécurité nationale ou diminuer notre puissance natio-
nale. Mais lorsque nos voisins ont annoncé ainsi l'objet
de leur entreprise, nous avons naturellement examiné
ce qu'ils faisaient. Nous avons étudié les termes du
contrat, épluché les obligations du vice-roi, réfléchi sur
l'occupation du territoire égyptien, et nous avons com-
mencé à nous inquiéter qu'une des routes vers l'Inde
pût être interceptée par une garnison, au lieu d'être
améliorée par un canal. Le temps toutefois a dissipé
ces alarmes, et peut-être avec- d'autant plus d'efficacité
qu'il a également dissipé d'autres attentes. « L'opi.
# ale, dit no're correspondant sur les lieux,
e le projet du canal marche graduelle-
lÊfifewfàMWÈpK naturelle. »
f|J# 3 1-k ue les routes de l'Inde sont nom-
e l' hme de Suez n'offre pas la meilleure.
est jamais construit, il sera détruit
r ce avant d'avoir été ouvert un mois. La
ïner plus le chemin le plus sûr. De nos jours,
c'est un principe de locomotion que la navigation à va-
peur doit être changée en transports par chemins de fer
à la première occasion praticable. On a proposé
de faire débarquer nos malles du Sud à Falmoutli
pour éviter quelques milles de la Manche. On a
dit que les navires en destination de Bombay pour-
raient déposer leurs passagers à Cannanore, et si au-
cun de nos lecteurs veut bien jeter un regard sur une
carte, il verra promptement que l'isthme de Suez, fût-il
tranché, l'impatience moderne ne se contenterait jamais
de côtoyer le grand angle de la péninsule arabique par
la voie de la mer Rouge. Il y a dans ces parages eux-
mêmes un isthme encore plus important que l'isthme
de Suez ; il est traversé par deux fleuves mémorables,
et l'un d'eux marque la plus courte direction vers cette
terre de l'Inde qui semble agir sur l'Europe comme
un aimant. Le chemin de fer de la vallée de l'Euphrate
serait pour le canal de Suez ce que le canal de Suez
sera pour la route autour du Cap.
» Une ligne tirée entre Londres et Bombay passerait
tout droit le long de l'Euphrate; mais jamais près de la
mer Rouge. Le canal de Suez n'économiserait rien d'un
voyage de mer, si le voyage de mer s'arrêtait aux
côtes de Syrie. Cette route, peut dire M. de Lesseps, est
encore dans les nuages. Sans doute, mais où est son
canal? Si nous avons à errer dans les domaines de
l'imagination, nous pouvons prendre notre vol aussi
bien d'un côté que de l'autre. Si nous avons à dédai-
gner les obstacles de l'espace et de la nature, choisis-
sons du moins la meilleure conception possible. Cette
conception ce n'est pas l'idée de M. de Lesseps, et c'est à
lui de nous démontrer que ce qu'elle perd en perfection
de dessin elle le gagne en praticabilité. Nous ne lui
souhaitons pas de mal.En notre qualité de peuple commer-
cial, nous gémissons à la dissipation de tant de bon
argent qui pourrait avoir été mieux employé. Le pire de
ce projet de canal est qu'il n'effectue aucun bien par-
tiel ni accidentel. S'il échoue, comme tout le monde
croit dans ce pays qu'il échouera, à unir la Méditerra-
née et la mer Rouge, son avortement est complet. Il
n'aura pas même fourni au travail un emploi avanta-
geux. Le travail indigène pourrait être mieux occupé à
d'autres entreprises, et il a été nécessaire, si les rapports
disent vrai, de le contraindre à se prêter à ce labeur ré-
pugnant.
» La place de l'Egypte, dans l'histoire universelle, a été
tracée par une plume habile. Il serait curieux de mé-
diter sur la place de l'Inde. Ce plateau méridional du
continent asiatique exerce maintenant une influence
extraordinaire sur la politique du monde. Les plus
grandes questions européennes impliquent cet élément.
En fait, c'est sur lui qu'elles sont presque basées. Le
maintien de l'empire ottoman, la liberté de la Méditer-
ranée, les destinées des Grecs, les perspectives de la
Russie, toutes ces questions sont envisagées dans leurs
rapports avec les Indes. Les États étrangers croient
que l'Inde n'est jamais absente des pensées d'un An-
glais. L'attitude que nous avons prise envers le3
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