Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-12-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 décembre 1862 01 décembre 1862
Description : 1862/12/01 (A7,N155). 1862/12/01 (A7,N155).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203309c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
372 L'ISTHME DE SUEZ,
vice-roi de lui bâtir un vaste et charmant chalet sur
une hauteur qui domine le pays, le lac et la ville de
Timsah. Quand les sables environnants se seront trans-
formés en verdure, métamorphose qui ne tardera guère
à s'accomplir, il sera difficile de trouver une situation
plus belle et une attention plus flatteuse pour l'amour-
propre du prince. Au pied du chalet, comme au seuil
même, les travaux sont menés avec une grande célé-
rité. On a été assez surpris de tomber là sur une car-
rière de pierre, il est vrai de médiocre qualité, mais
que les sondages n'avaient pas indiquée. Le lac de
Timsah a toujours un peu d'eau, mais fort peu; bien-
tôt le canal lui en donnera autant qu'il en peut désirer.
Ce point complétement central est très bien choisi pour
en faire la capitale commerciale du désert qui, dans peu,
ne sera plus désert. La ville avec ses docks, ses ma-
gasins, ses bassins de radoub, se trouve placée à l'ex-
trémité opposée du lac, de sorte que le port communi-
que avec le canal par une espèce de chenal, et que le
stationnement des bateaux ne gênera point la naviga-
tion en amont ni en aval. Les dragages suffiront soit
pour donner la profondeur requise, soit pour créer les
quais et les ports de déchargement. A Timsah, ville et
lac, s'arrêtent pour le moment les travaux. Ainsi que je
le disais plus haut, tous les efforts se portent à mettre
le lac en communication avec la Méditerranée : le mois
prochain on attaquera le seuil du Sérapéum qui sépare
le lac Timsah des lacs Amers, et la continuation du
canal d'eau douce sur Suez.
» Après vingt-quatre heures de séjour au seuil, nos
hôtes si aimables et si empressés nous menèrent à
Timsah-ville, où nous nous embarquâmes sur le canal
d'eau douce qui nous conduisit jusqu'à une immense et
superbe propriété de la Compagnie, propriété qu'elle a
acquise d'un pacha dont le nom m'échappe. Je pourrais
encore t'écrire des pages et des pages sur cette terre
magnifique, sur la réception que nous fit le régisseur
de la Compagnie, etc., etc.; mais tout à un terme,
même cette lettre qui paraissait ne pas devoir en trou-
ver. Si ma plume est coupable de trop de laisser-aller,
c'est que je suis tout ému du spectacle. J'avais en-
tendu, même en France, élever tant d'opinions contra-
dictoires sur le fameux canal, sur les chances de réus-
site, sur les moyens employés, etc., que je désirais
avec passion voir de mes yeux. Maintenant j'ai vu,
et je ne crois pas que quiconque a vu et juge impar-
tialement puisse conserver le moindre doute, tant sur
la possibilité que sur la certitude.
» Résumons-nous, en disant qu'il est impossible de rien
voir de mieux conçu et mieux mené que toute cette af-
faire de l'isthme, et que la postérité érigera une statue
à son habile et persévérant créateur. Ajoutons que rien
n'est plus aimable que les prévenances et les attentions
de la Compagnie pour les visiteurs. Je ne veux diminuer
en quoi que ce soit la reconnaissance que nous lui de-
vons et que certes nous lui portons, mais c'est là une
bonne et sage politique de sa part. La question de
Suez ne peut que gagner à être étudiée sur place, et
pour notre compte, nous revenons tous ravis d'avoir
vu par nous-mêmes, et fiers de penser que cette grande
œuvre d'utilité publique est avant tout une œuvre
française dans sa conception et dans son exécution.
» MARQUIS DE RAIGECOURT. »
L'OUADY ET SUEZ.
(Suite de la lettre précédente.)
<( Caire, 28 octobre 1862.
» Tu te croyais sans doute sauvé pour longtemps quand
tu as reçu mon gros volume du 22 ; j'ose à peine me
flatter que tu en auras fini le déchiffrement lorsque
celui-ci te parviendra. Arme-toi donc de patience et de
résignation. Tu m'as laissé l'autre jour, si je ne me
trompe, à Timsah, et comme mon intention n'était pas
d'y rester, il faut bien que je te raconte comment j'en
suis sorti. Nous nous sommes embarqués, je crois te
l'avoir dit, sur le canal d'eau douce construit par M. de
Lesseps à travers le désert. Les embarcations de la
Compagnie nous conduisirent jusqu'à un point nommé
Ras-El-Wadi, ou ce canal en rejoint un autre de création
ancienne, à 30 ou 35 kilomètres de Timsah. Le canal d'eau
douce est à peu près de la largeur de nos canaux. A
Ras-El-Wadi, on entre dans le canal ancien, également
navigable, et l'on pourrait aller ainsi jusqu'au Caire,
mais en employant un peu trop de temps. Nous avons
vu en passant les quelques ruines de l'antique ville de
Ramsès (Heroopolis), dont il y a peu de chose de dé-
couvert, le reste étant enfoui sous les sables.
» A 30 kilomètres environ de Ras-El-Wadi, nous trou-
vâmes des voitures et des chevaux de selle de la Compa-
gnie,qui nous menèrent assez rapidement, par le désert,
à Tell-El-Kebir, cette immense terre achetée par la
Compagnie, de je ne sais quel pacha, et qui rapporte
un assez joli intérêt du prix d'acquisition (1 1/2 0/0)
M. de Lesseps s'est décidé à en faire l'achat, utile
sous tous les rapports, afin de pouvoir, sans contesta-
tion, se servir de l'ancien canal, et éviter, du moins
pour le moment, d'en ouvrir un nouveau 'jusqu'au
Caire. A Tell-El-Kebir, comme dans toute l'Egypte,
tout ce qui est arrosé est d'une fécondité fabuleuse.
Cette vaste propriété, où abondent le palmier, le maïs)
le coton et bien d'autres cultures, est le spécimen de
ce que deviendra la totalité du terrain que nous venons
de parcourir, dès qu'on disposera [d'une masse d'eau
suffisante. Alors ces sables arides, qui ne demandent
que d'être arrosés, compenseront largement les dépen-
ses de la Compagnie. Déjà beaucoup de Bédouins font
une véritable cour à M. de Lesseps, à l'effet d'obtenir
des concessions : une partie de ces nomades va renon-
cer à la vie pastorale pour se livrer à la culture. Il y
a peu de jours que deux des tribus les plus sauvages
des confins de l'Arabie, lui ont annoncé un présent de
200 chameaux, présent qui sera des plus utiles, et dont
elles comptent sans doute se prévaloir pour obtenir la
préférence sur leurs concurrents. Les guerres d'Améri-
que font à merveille les affaires de ces petits cultivateurs :
ils voient le prix des cotons se décupler, mais peut être
sans se rendre compte du pourquoi.
vice-roi de lui bâtir un vaste et charmant chalet sur
une hauteur qui domine le pays, le lac et la ville de
Timsah. Quand les sables environnants se seront trans-
formés en verdure, métamorphose qui ne tardera guère
à s'accomplir, il sera difficile de trouver une situation
plus belle et une attention plus flatteuse pour l'amour-
propre du prince. Au pied du chalet, comme au seuil
même, les travaux sont menés avec une grande célé-
rité. On a été assez surpris de tomber là sur une car-
rière de pierre, il est vrai de médiocre qualité, mais
que les sondages n'avaient pas indiquée. Le lac de
Timsah a toujours un peu d'eau, mais fort peu; bien-
tôt le canal lui en donnera autant qu'il en peut désirer.
Ce point complétement central est très bien choisi pour
en faire la capitale commerciale du désert qui, dans peu,
ne sera plus désert. La ville avec ses docks, ses ma-
gasins, ses bassins de radoub, se trouve placée à l'ex-
trémité opposée du lac, de sorte que le port communi-
que avec le canal par une espèce de chenal, et que le
stationnement des bateaux ne gênera point la naviga-
tion en amont ni en aval. Les dragages suffiront soit
pour donner la profondeur requise, soit pour créer les
quais et les ports de déchargement. A Timsah, ville et
lac, s'arrêtent pour le moment les travaux. Ainsi que je
le disais plus haut, tous les efforts se portent à mettre
le lac en communication avec la Méditerranée : le mois
prochain on attaquera le seuil du Sérapéum qui sépare
le lac Timsah des lacs Amers, et la continuation du
canal d'eau douce sur Suez.
» Après vingt-quatre heures de séjour au seuil, nos
hôtes si aimables et si empressés nous menèrent à
Timsah-ville, où nous nous embarquâmes sur le canal
d'eau douce qui nous conduisit jusqu'à une immense et
superbe propriété de la Compagnie, propriété qu'elle a
acquise d'un pacha dont le nom m'échappe. Je pourrais
encore t'écrire des pages et des pages sur cette terre
magnifique, sur la réception que nous fit le régisseur
de la Compagnie, etc., etc.; mais tout à un terme,
même cette lettre qui paraissait ne pas devoir en trou-
ver. Si ma plume est coupable de trop de laisser-aller,
c'est que je suis tout ému du spectacle. J'avais en-
tendu, même en France, élever tant d'opinions contra-
dictoires sur le fameux canal, sur les chances de réus-
site, sur les moyens employés, etc., que je désirais
avec passion voir de mes yeux. Maintenant j'ai vu,
et je ne crois pas que quiconque a vu et juge impar-
tialement puisse conserver le moindre doute, tant sur
la possibilité que sur la certitude.
» Résumons-nous, en disant qu'il est impossible de rien
voir de mieux conçu et mieux mené que toute cette af-
faire de l'isthme, et que la postérité érigera une statue
à son habile et persévérant créateur. Ajoutons que rien
n'est plus aimable que les prévenances et les attentions
de la Compagnie pour les visiteurs. Je ne veux diminuer
en quoi que ce soit la reconnaissance que nous lui de-
vons et que certes nous lui portons, mais c'est là une
bonne et sage politique de sa part. La question de
Suez ne peut que gagner à être étudiée sur place, et
pour notre compte, nous revenons tous ravis d'avoir
vu par nous-mêmes, et fiers de penser que cette grande
œuvre d'utilité publique est avant tout une œuvre
française dans sa conception et dans son exécution.
» MARQUIS DE RAIGECOURT. »
L'OUADY ET SUEZ.
(Suite de la lettre précédente.)
<( Caire, 28 octobre 1862.
» Tu te croyais sans doute sauvé pour longtemps quand
tu as reçu mon gros volume du 22 ; j'ose à peine me
flatter que tu en auras fini le déchiffrement lorsque
celui-ci te parviendra. Arme-toi donc de patience et de
résignation. Tu m'as laissé l'autre jour, si je ne me
trompe, à Timsah, et comme mon intention n'était pas
d'y rester, il faut bien que je te raconte comment j'en
suis sorti. Nous nous sommes embarqués, je crois te
l'avoir dit, sur le canal d'eau douce construit par M. de
Lesseps à travers le désert. Les embarcations de la
Compagnie nous conduisirent jusqu'à un point nommé
Ras-El-Wadi, ou ce canal en rejoint un autre de création
ancienne, à 30 ou 35 kilomètres de Timsah. Le canal d'eau
douce est à peu près de la largeur de nos canaux. A
Ras-El-Wadi, on entre dans le canal ancien, également
navigable, et l'on pourrait aller ainsi jusqu'au Caire,
mais en employant un peu trop de temps. Nous avons
vu en passant les quelques ruines de l'antique ville de
Ramsès (Heroopolis), dont il y a peu de chose de dé-
couvert, le reste étant enfoui sous les sables.
» A 30 kilomètres environ de Ras-El-Wadi, nous trou-
vâmes des voitures et des chevaux de selle de la Compa-
gnie,qui nous menèrent assez rapidement, par le désert,
à Tell-El-Kebir, cette immense terre achetée par la
Compagnie, de je ne sais quel pacha, et qui rapporte
un assez joli intérêt du prix d'acquisition (1 1/2 0/0)
M. de Lesseps s'est décidé à en faire l'achat, utile
sous tous les rapports, afin de pouvoir, sans contesta-
tion, se servir de l'ancien canal, et éviter, du moins
pour le moment, d'en ouvrir un nouveau 'jusqu'au
Caire. A Tell-El-Kebir, comme dans toute l'Egypte,
tout ce qui est arrosé est d'une fécondité fabuleuse.
Cette vaste propriété, où abondent le palmier, le maïs)
le coton et bien d'autres cultures, est le spécimen de
ce que deviendra la totalité du terrain que nous venons
de parcourir, dès qu'on disposera [d'une masse d'eau
suffisante. Alors ces sables arides, qui ne demandent
que d'être arrosés, compenseront largement les dépen-
ses de la Compagnie. Déjà beaucoup de Bédouins font
une véritable cour à M. de Lesseps, à l'effet d'obtenir
des concessions : une partie de ces nomades va renon-
cer à la vie pastorale pour se livrer à la culture. Il y
a peu de jours que deux des tribus les plus sauvages
des confins de l'Arabie, lui ont annoncé un présent de
200 chameaux, présent qui sera des plus utiles, et dont
elles comptent sans doute se prévaloir pour obtenir la
préférence sur leurs concurrents. Les guerres d'Améri-
que font à merveille les affaires de ces petits cultivateurs :
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