Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-12-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 décembre 1862 15 décembre 1862
Description : 1862/12/15 (A7,N156). 1862/12/15 (A7,N156).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033101
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 10/07/2012
388 L'ISTHME DE SUEZ,
Si ce ne sont plus les sables du désert, ce sont les
eaux de l'Euphrate qui engloutiront l'argent des ac-
tionnaires du canal. L'esprit du tems penche à substi-
tuer les transports par chemins de fer aux transports
maritimes. Et Je Times ne frémit pas à la pensée que,
puisqu'il en est ainsi, c'en est fait de la puissance
navale de l'Angleterre; et il envisage même cette
effroyable perspective avec une sorte d'ardeur joyeuse!
Troisième thèse, non moins excentrique que les au-
tres : si les chemins de fer doivent remplacer la na-
vigation, il n'est pas besoin du chemin de l'Eu-
phrate pour abîmer le canal des deux mers; il suffit
pour cela d'un autre chemin qu'il a à ses côtés,
c'est celui d'Alexandrie à Suez; et c'est précisément
pour remplacer le transport coûteux de cette voie par
une voie maritime continue et sans transbordement
que tout le monde, et le Times lui-même, reconnaît
que l'isthme de Suez sera aussi utile qu'efficace. En
quoi le chemin de fer de l'Euphrate fera-t-il mieux
que celui de Suez 9
Lorsque ce projet sur l'Enphrate a été lancé dans
la finance britannique, nous nous en sommes peu
émus, nous l'avonsappuyé etnous lui avons souhaité
toutes sortes de succès. Malgré nos vœux, il a échoué,
et il n'a pas été mieux accueilli dans les Indes qu'en
Angleterre. Les hardis spéculateurs qui ont engagé
leur argent dans les vastes conceptions du tunnel de
la Tamise, du Great-Eastern, etc., ont reculé devant
les immenses obstacles d'une voie de fer à établir sur
une étendue de 400 lieues à travers des chaînes de
montagnes, dans des déserts auprès desquels celui
de Suez n'est qu'un jardin, et hantés par des tribus
qui sont loin de ressembler aux pacifiques et dociles
fellahs égyptiens. Si le Times veut renouveler l'é-
preuve, réveiller le grand projet de communication
par la vallée de l'Euphrate, loin d'en être affligés nous
y applaudirons. Nous ne sommes point de ceux qui
voient leur mal dans le bien d'autrui, et, subsidiaire-
ment, nous sommes parfaitement tranquilles en ce qui
nous concerne sur les dangers de toute concurrence
qui pourrait s'établir entre le canal maritime de Suez
portant d'un bout du monde à l'autre les produits des
deux continents par la mer, la voile et la vapeur,
et cette autre route énorme ayant à opérer trois
transbordements, d'une mer sur un fleuve, du fleuve
sur des wagons, des wagons sur une autre mer,
et à parcourir des espaces où l'on ne trouve que la
solitude quand on n'y rencontre pas le brigandage.
Un autre fait nous autorise à exprimer les doutes
les plus sérieux sur la prétendue incrédulité du Times;
c'est la querelle d'Allemand qu'il renouvelle au canal
de Suez, sous prétexte qu'on aurait dit en France
que ce travail était «un trait dirigé contre la cuirasse
de l'Angleterre. » Un de nos écrivains fort connu a
dit, en effet, incidemment, quelque chose de semblable
dans une brochure publiée il y a trois ans ; c'est déjà
vieux, comme on le voit. C'était une opinion parfaite-
ment individuelle et tout isolée. Le Times ne manqua
pas de relever le mot et d'y puiser le sujet de tout
un acte d'accusation contre le projet de M. de Les-
seps. Nous lui repondimes alors ; nous protestâmes en
notre nom, au nom de la Compagnie, au nom de l'o-
pinion française, contre une pareille interprétation de
l'œuvre. Le Times fut-il convaincu ? son silence dut
nous le laisser croire, et, plus encore, sa déclaration
plusieurs fois réitérée depuis, que de toutes les na-
tions, l'Angleterre serait celle à laquelle le canal
serait le plus profitable. Comment, dès lors, un pro-
jet dont l'Angleterre devait tirer le plus grand béné-
fice sans bourse délier pouvait-il être une perfidie ou
un danger pour elle? Depuis cette époque, le Ti-
mes s'est montré encore plus explicite. Quelque
temps âpre;., il adressait avec une sollicitude inquiète
des questions à la Compagnie du canal pour s'infor-
mer des progrès des travaux beaucoup trop lents
à son gré. « Il attendait anxieusement le moment
où l'on pourrait naviguer à travers cette langue de
désert. Il sentait le besoin de traverser à la voile
l'isthme de Suez ; il soupirait après cet événement ;
il suppliait son excellente alliée de ne point frustrer
le monde d'une si belle dose de petillante admiration ;
les vaisseaux de l'Angleterre étaient prêts ; ils aspi-
raient à jouir des profits du succès. » Par consé-
quent, le Times avait des droits incontestables « à
s'informer de temps à autre des progrès du canal de
Suez, et naturellement l'Angleterre était très-désireuse
de connaître le sort du cadeau qui lui était promis. »
Nous pensions que cette anxiété si naturelle et si
intelligente allait se trouver satisfaite par le télé-
gramme annonçant l'ouverture du seuil et ses consé-
quences si considérables. Nous ne pensions pas, dans
tous les cas, que cet heureux événement pût trou-
bler l'esprit du Times au point de bouleverser toutes
ses idées, et de lui faire voir une menace dans une
circonstance qui répondait, au moins à un certain de-
gré; à ses plus chères espérances. Nous nous sommes
trompés, et il a suffi de l'arrivée de la Méditerranée
à Timsah pour réveiller toutes ses anciennes ran-
cunes. Ce qu'a pu dire un seul homme en France, il
l'attribue à toute la France. L'expression personnelle
et accidentelle d'une opinion désavouée, il en a fait
l'aveu et la proclamation de la France. Si ce n'est toi,
c'est donc ton frère? Et cette entreprise dont l'An-
gleterre devait recueillir presque tous les fruits, à
laquelle il témoignait lui-même un intérêt si tou-
chant et si vrai, le Times se demande aujourd'hui si
elle ne menacerait point la sécurité ou la puissance
nationale de son pays, et si une des routes de l'Inde
ne pourrait pas être interceptée par une garnison au
lieu d'être améliorée par un canal.
Si ce ne sont plus les sables du désert, ce sont les
eaux de l'Euphrate qui engloutiront l'argent des ac-
tionnaires du canal. L'esprit du tems penche à substi-
tuer les transports par chemins de fer aux transports
maritimes. Et Je Times ne frémit pas à la pensée que,
puisqu'il en est ainsi, c'en est fait de la puissance
navale de l'Angleterre; et il envisage même cette
effroyable perspective avec une sorte d'ardeur joyeuse!
Troisième thèse, non moins excentrique que les au-
tres : si les chemins de fer doivent remplacer la na-
vigation, il n'est pas besoin du chemin de l'Eu-
phrate pour abîmer le canal des deux mers; il suffit
pour cela d'un autre chemin qu'il a à ses côtés,
c'est celui d'Alexandrie à Suez; et c'est précisément
pour remplacer le transport coûteux de cette voie par
une voie maritime continue et sans transbordement
que tout le monde, et le Times lui-même, reconnaît
que l'isthme de Suez sera aussi utile qu'efficace. En
quoi le chemin de fer de l'Euphrate fera-t-il mieux
que celui de Suez 9
Lorsque ce projet sur l'Enphrate a été lancé dans
la finance britannique, nous nous en sommes peu
émus, nous l'avonsappuyé etnous lui avons souhaité
toutes sortes de succès. Malgré nos vœux, il a échoué,
et il n'a pas été mieux accueilli dans les Indes qu'en
Angleterre. Les hardis spéculateurs qui ont engagé
leur argent dans les vastes conceptions du tunnel de
la Tamise, du Great-Eastern, etc., ont reculé devant
les immenses obstacles d'une voie de fer à établir sur
une étendue de 400 lieues à travers des chaînes de
montagnes, dans des déserts auprès desquels celui
de Suez n'est qu'un jardin, et hantés par des tribus
qui sont loin de ressembler aux pacifiques et dociles
fellahs égyptiens. Si le Times veut renouveler l'é-
preuve, réveiller le grand projet de communication
par la vallée de l'Euphrate, loin d'en être affligés nous
y applaudirons. Nous ne sommes point de ceux qui
voient leur mal dans le bien d'autrui, et, subsidiaire-
ment, nous sommes parfaitement tranquilles en ce qui
nous concerne sur les dangers de toute concurrence
qui pourrait s'établir entre le canal maritime de Suez
portant d'un bout du monde à l'autre les produits des
deux continents par la mer, la voile et la vapeur,
et cette autre route énorme ayant à opérer trois
transbordements, d'une mer sur un fleuve, du fleuve
sur des wagons, des wagons sur une autre mer,
et à parcourir des espaces où l'on ne trouve que la
solitude quand on n'y rencontre pas le brigandage.
Un autre fait nous autorise à exprimer les doutes
les plus sérieux sur la prétendue incrédulité du Times;
c'est la querelle d'Allemand qu'il renouvelle au canal
de Suez, sous prétexte qu'on aurait dit en France
que ce travail était «un trait dirigé contre la cuirasse
de l'Angleterre. » Un de nos écrivains fort connu a
dit, en effet, incidemment, quelque chose de semblable
dans une brochure publiée il y a trois ans ; c'est déjà
vieux, comme on le voit. C'était une opinion parfaite-
ment individuelle et tout isolée. Le Times ne manqua
pas de relever le mot et d'y puiser le sujet de tout
un acte d'accusation contre le projet de M. de Les-
seps. Nous lui repondimes alors ; nous protestâmes en
notre nom, au nom de la Compagnie, au nom de l'o-
pinion française, contre une pareille interprétation de
l'œuvre. Le Times fut-il convaincu ? son silence dut
nous le laisser croire, et, plus encore, sa déclaration
plusieurs fois réitérée depuis, que de toutes les na-
tions, l'Angleterre serait celle à laquelle le canal
serait le plus profitable. Comment, dès lors, un pro-
jet dont l'Angleterre devait tirer le plus grand béné-
fice sans bourse délier pouvait-il être une perfidie ou
un danger pour elle? Depuis cette époque, le Ti-
mes s'est montré encore plus explicite. Quelque
temps âpre;., il adressait avec une sollicitude inquiète
des questions à la Compagnie du canal pour s'infor-
mer des progrès des travaux beaucoup trop lents
à son gré. « Il attendait anxieusement le moment
où l'on pourrait naviguer à travers cette langue de
désert. Il sentait le besoin de traverser à la voile
l'isthme de Suez ; il soupirait après cet événement ;
il suppliait son excellente alliée de ne point frustrer
le monde d'une si belle dose de petillante admiration ;
les vaisseaux de l'Angleterre étaient prêts ; ils aspi-
raient à jouir des profits du succès. » Par consé-
quent, le Times avait des droits incontestables « à
s'informer de temps à autre des progrès du canal de
Suez, et naturellement l'Angleterre était très-désireuse
de connaître le sort du cadeau qui lui était promis. »
Nous pensions que cette anxiété si naturelle et si
intelligente allait se trouver satisfaite par le télé-
gramme annonçant l'ouverture du seuil et ses consé-
quences si considérables. Nous ne pensions pas, dans
tous les cas, que cet heureux événement pût trou-
bler l'esprit du Times au point de bouleverser toutes
ses idées, et de lui faire voir une menace dans une
circonstance qui répondait, au moins à un certain de-
gré; à ses plus chères espérances. Nous nous sommes
trompés, et il a suffi de l'arrivée de la Méditerranée
à Timsah pour réveiller toutes ses anciennes ran-
cunes. Ce qu'a pu dire un seul homme en France, il
l'attribue à toute la France. L'expression personnelle
et accidentelle d'une opinion désavouée, il en a fait
l'aveu et la proclamation de la France. Si ce n'est toi,
c'est donc ton frère? Et cette entreprise dont l'An-
gleterre devait recueillir presque tous les fruits, à
laquelle il témoignait lui-même un intérêt si tou-
chant et si vrai, le Times se demande aujourd'hui si
elle ne menacerait point la sécurité ou la puissance
nationale de son pays, et si une des routes de l'Inde
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