Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 novembre 1862 15 novembre 1862
Description : 1862/11/15 (A7,N154). 1862/11/15 (A7,N154).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203308z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
348 , L'ISTHME DE SUEZ,
sonne qui, pour la première fois, se rend au désert
par Zagazig ; je ne vous décrirai point les riches
propriétés qu'il traverse, ni la magnifique vallée
de l'Ouady, appartenant à la Compagnie. Vous sa-
vez qu'en Egypte il suffit, pour ainsi dire, de gral-
ter la terre ou le sable de quelques centimètres,
et de l'arroser, pour lui faire produire tout ce que
l'on veut : fruits, légumes, fleurs ou arbres. Vous
avez déjà reçu plus d'une description de ce genre;
je ne pourrais vous envoyer que des redites inutiles,
et qui de plus seraient au-dessous de la vérité, car
je crois qu'on ne sait pas encore jusqu'où pourra aller
la culture dans ces pays, le jour où l'irrigation aura
été pratiquée avec intelligence et sur une vaste
échelle. Mais je vous parlerai de l'arrivée de M. Fer-
dinand de Lesseps à El-Guisr, de ce que j'ai vu, de
ce que j'ai recueilli.
» Hier, 1er novembre, le désert était en révolution.
Le télégraphe (il fonctionne aujourd'hui très-régu-
lièrement entre Zagazig et El-Guisr), le télégraphe
avait annoncé pour le jour même l'arrivée du prési-
dent-fondateur de la Compagnie à Timsah. Vous
savez combien M. Ferd. de Lesseps est aimé de tout
le monde ici, petits et grands. Vous ne vous éton-
nerez donc point de la joie de chacun. Les employés
de l'entreprise comme ceux de la Compagnie s'étaient
des points voisins rendus à Timsah pour le rece-
voir. A cinq heures, on apercevait les barques arrivant
à toutes voiles; peu après M. de Lesseps était au
milieu de nous. Parmi les personnes qui l'attendaient,
on remarquait M. Viller, ingénieur en chef de la
Compagnie pour la division d'El-Guisr; MM. Riche,
Chrétien, chefs de section, et M. Maurel, chef de
campement à Timsah ; M. Lecomte, chef de section
de la Compagnie pour Timsah; M. Farfara , ins-
pecteur de l'intendance, etc., etc.; les dames étaient
aussi de la fête, car c'était une véritable fête pour
tous. Les Arabes ne faisaient point défaut non
plus. Entre autres était présent le grand cheick cha-
melier du désert, entouré de plusieurs autres chefs
indigènes. M. Ferd. de Lesseps le connaissait d'an-
cienne date, et c'est un de ceux qu'il a embrassés en
débarquant, en lui témoignant tout le plaisir qu'il
avait à le revoir.
Je vous nommerai, parmi les personnes qui ac-
compagnaient M. de Lesseps, M. Béhic, officier de
la Légion d'honneur, administrateur général des
Messageries impériales, venu en Égypte pour inau-
gurer la ligne de paquebots à vapeur entre Suez
et l'Indo-Chine; M. de Chancel, administrateur de
la Compagnie; M. Gioia, ingénieur; M. Voisin,
directeur général des travaux; M. Guichard, ré-
gisseur du domaine de l'Ouady, etc. A cinq heures et
demie, la caravane, qui se composait de plus de
quarante personnes, s'est mise en route pour El-Guisr.
Après avoir visité, le chalet que la Compagnie a fait
construire pour S. A. le vice-roi, et d'où, comme
vous savez, l'on découvre un magnifique panorama ,
tout le lac Timsah sous ses pieds, les montagnes de
l'Attaka près de Suez dans le lointain, on s'est rendu
au chantier n° 6, les uns à pied, d'autres à cheval,
à leur tête M. de Lesseps, d'autres dans une voi-
ture traînée par six dromadaires Arrivés à ce point,
l'émotion des nouveaux venus a été indescriptible.
M. Béhic, particulièrement, a été très-impressionné.
Il paraît qu'il était un peu du nombre des dou-
teurs et qu'il était loin de s'attendre à l'impor-
tance des travaux entrepris et exécutés. Figurez-
vous, en effet, un immense talus, dos masses de
terre rapportées, et, au pied de cette tranchée, la
Méditerranée encore retenue, pour ainsi dire, par
une simple langue de terre qui l'empêche de se ré-
pandre dans le bassin du lac Timsah. M. Béhic ne
put contenir sa surprise, et, en présence de tous, il
demanda à M. de Lesseps la permission de l'em-
brasser. Cette scène était touchante, je vous assure,
et je ne saurais dire lequel des deux était le plus
ému, ou de cet homme qui jusqu'à ce jour ne s'était
pas formé une idée exacte de la grandeur de l'en-
treprise, et qui venait spontanément et loyalement
offrir à son promoteur un témoignage éclatant de
son admiration, ou de celui qui recevait ainsi, avec
simplicité et bonheur, l'hommage dû à son infatiga-
ble énergie; Je n'affirme point avoir vu tomber des
larmes des yeux de M. de Lesseps, mais je crois bien
en avoir surpris roulant sous ses paupières.
» Après ce petit incident, nous avons continué no-
tre chemin vers El-Guisr. Plus on allait, plus on
voyait, plus l'on s'étonnait; au Seuil, M. Béhic n'a pu
s'empêcher de témoigner une seconde fois toute son
admiration. La nuit était venue; M. de Lesseps et
les personnes qui étaient avec lui sont allés visiter
les chantiers nIs 4 et 5. Ils étaient accompagnés du
plus grand nombre des employés de la Compagnie et
de l'Entreprise. On travaille maintenant jour et nuit
sur ces chantiers. S. A. le vice roi doit venir pro-
chainement à Timsah. Il y habitera quelques jours
au moins le chalet que la Compagnie lui a fait bâtir,
et l'on dit même, mais je ne donne ce renseignement
que sous toutes réserves, qu'il est dans l'intention d'y
passer une partie de l'hiver. Quoi qu'il en soit, M. de
Lesseps, voulant inaugurer en présence de Son Al-
tesse ce percement achevé du seuil d'El-Guisr, avait
donné les ordres nécessaires, il y a quelques jours,
pour que les travaux destinés à opérer la jonction
de la Méditerranée et du lac Timsah fussent com-
plétés pour le 10 novembre. Douze mille hommes des-
tinés à commencer la prolongation du canal d'eau
douce vers Suez ont été conservés au Seuil pour quel-
ques jours encore. L'ingénieur chef de la division
a promis que tout serait prêt pour la date indiquée,
mais il a fallu un énergique effort. Une partie des
sonne qui, pour la première fois, se rend au désert
par Zagazig ; je ne vous décrirai point les riches
propriétés qu'il traverse, ni la magnifique vallée
de l'Ouady, appartenant à la Compagnie. Vous sa-
vez qu'en Egypte il suffit, pour ainsi dire, de gral-
ter la terre ou le sable de quelques centimètres,
et de l'arroser, pour lui faire produire tout ce que
l'on veut : fruits, légumes, fleurs ou arbres. Vous
avez déjà reçu plus d'une description de ce genre;
je ne pourrais vous envoyer que des redites inutiles,
et qui de plus seraient au-dessous de la vérité, car
je crois qu'on ne sait pas encore jusqu'où pourra aller
la culture dans ces pays, le jour où l'irrigation aura
été pratiquée avec intelligence et sur une vaste
échelle. Mais je vous parlerai de l'arrivée de M. Fer-
dinand de Lesseps à El-Guisr, de ce que j'ai vu, de
ce que j'ai recueilli.
» Hier, 1er novembre, le désert était en révolution.
Le télégraphe (il fonctionne aujourd'hui très-régu-
lièrement entre Zagazig et El-Guisr), le télégraphe
avait annoncé pour le jour même l'arrivée du prési-
dent-fondateur de la Compagnie à Timsah. Vous
savez combien M. Ferd. de Lesseps est aimé de tout
le monde ici, petits et grands. Vous ne vous éton-
nerez donc point de la joie de chacun. Les employés
de l'entreprise comme ceux de la Compagnie s'étaient
des points voisins rendus à Timsah pour le rece-
voir. A cinq heures, on apercevait les barques arrivant
à toutes voiles; peu après M. de Lesseps était au
milieu de nous. Parmi les personnes qui l'attendaient,
on remarquait M. Viller, ingénieur en chef de la
Compagnie pour la division d'El-Guisr; MM. Riche,
Chrétien, chefs de section, et M. Maurel, chef de
campement à Timsah ; M. Lecomte, chef de section
de la Compagnie pour Timsah; M. Farfara , ins-
pecteur de l'intendance, etc., etc.; les dames étaient
aussi de la fête, car c'était une véritable fête pour
tous. Les Arabes ne faisaient point défaut non
plus. Entre autres était présent le grand cheick cha-
melier du désert, entouré de plusieurs autres chefs
indigènes. M. Ferd. de Lesseps le connaissait d'an-
cienne date, et c'est un de ceux qu'il a embrassés en
débarquant, en lui témoignant tout le plaisir qu'il
avait à le revoir.
Je vous nommerai, parmi les personnes qui ac-
compagnaient M. de Lesseps, M. Béhic, officier de
la Légion d'honneur, administrateur général des
Messageries impériales, venu en Égypte pour inau-
gurer la ligne de paquebots à vapeur entre Suez
et l'Indo-Chine; M. de Chancel, administrateur de
la Compagnie; M. Gioia, ingénieur; M. Voisin,
directeur général des travaux; M. Guichard, ré-
gisseur du domaine de l'Ouady, etc. A cinq heures et
demie, la caravane, qui se composait de plus de
quarante personnes, s'est mise en route pour El-Guisr.
Après avoir visité, le chalet que la Compagnie a fait
construire pour S. A. le vice-roi, et d'où, comme
vous savez, l'on découvre un magnifique panorama ,
tout le lac Timsah sous ses pieds, les montagnes de
l'Attaka près de Suez dans le lointain, on s'est rendu
au chantier n° 6, les uns à pied, d'autres à cheval,
à leur tête M. de Lesseps, d'autres dans une voi-
ture traînée par six dromadaires Arrivés à ce point,
l'émotion des nouveaux venus a été indescriptible.
M. Béhic, particulièrement, a été très-impressionné.
Il paraît qu'il était un peu du nombre des dou-
teurs et qu'il était loin de s'attendre à l'impor-
tance des travaux entrepris et exécutés. Figurez-
vous, en effet, un immense talus, dos masses de
terre rapportées, et, au pied de cette tranchée, la
Méditerranée encore retenue, pour ainsi dire, par
une simple langue de terre qui l'empêche de se ré-
pandre dans le bassin du lac Timsah. M. Béhic ne
put contenir sa surprise, et, en présence de tous, il
demanda à M. de Lesseps la permission de l'em-
brasser. Cette scène était touchante, je vous assure,
et je ne saurais dire lequel des deux était le plus
ému, ou de cet homme qui jusqu'à ce jour ne s'était
pas formé une idée exacte de la grandeur de l'en-
treprise, et qui venait spontanément et loyalement
offrir à son promoteur un témoignage éclatant de
son admiration, ou de celui qui recevait ainsi, avec
simplicité et bonheur, l'hommage dû à son infatiga-
ble énergie; Je n'affirme point avoir vu tomber des
larmes des yeux de M. de Lesseps, mais je crois bien
en avoir surpris roulant sous ses paupières.
» Après ce petit incident, nous avons continué no-
tre chemin vers El-Guisr. Plus on allait, plus on
voyait, plus l'on s'étonnait; au Seuil, M. Béhic n'a pu
s'empêcher de témoigner une seconde fois toute son
admiration. La nuit était venue; M. de Lesseps et
les personnes qui étaient avec lui sont allés visiter
les chantiers nIs 4 et 5. Ils étaient accompagnés du
plus grand nombre des employés de la Compagnie et
de l'Entreprise. On travaille maintenant jour et nuit
sur ces chantiers. S. A. le vice roi doit venir pro-
chainement à Timsah. Il y habitera quelques jours
au moins le chalet que la Compagnie lui a fait bâtir,
et l'on dit même, mais je ne donne ce renseignement
que sous toutes réserves, qu'il est dans l'intention d'y
passer une partie de l'hiver. Quoi qu'il en soit, M. de
Lesseps, voulant inaugurer en présence de Son Al-
tesse ce percement achevé du seuil d'El-Guisr, avait
donné les ordres nécessaires, il y a quelques jours,
pour que les travaux destinés à opérer la jonction
de la Méditerranée et du lac Timsah fussent com-
plétés pour le 10 novembre. Douze mille hommes des-
tinés à commencer la prolongation du canal d'eau
douce vers Suez ont été conservés au Seuil pour quel-
ques jours encore. L'ingénieur chef de la division
a promis que tout serait prêt pour la date indiquée,
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