Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-11-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 novembre 1862 01 novembre 1862
Description : 1862/11/01 (A7,N153). 1862/11/01 (A7,N153).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203307j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
332 L'ISTHME DE SUEZ,
» Telles sont, Messieurs, les raisons supérieures de
» l'hommage sincère et profondément respectueux que
» nous rendons à S. M. l'Empereur, et auquel nous vous
» demandons de vous associer. » (Applaudissements.)
S. Exc. M. le ministre des finances s'est aussitôt
levé pour répondre à ce toast, et a lu le discours
suivant :
« Messieurs,
» L'inauguration d'une grande entreprise dont le
pays attend des résultats considérables est pour nous
tous une cause de vive satisfaction. Elle doit être aussi
pour vous le sujet d'un légitime orgueil.
» Il y a à peine quinze mois que le décret qui vous
concède le service postal de l'Indo-Chine a été signé,
et, devançant de près de deux ans le délai qui vous a
été accordé, vous nous faites assister au départ de vo-
tre premier navire. Le public reconnaîtra là, comme le
gouvernement, une nouvelle preuve de l'activité et de
l'intelligence qui dirigent vos opérations. C'est un no-
ble et instructif exemple que celui d'hommes habiles
et persévérants luttant contre de grandes difficultés
et sachant les vaincre. La Compagnie des Messageries
impériales a donné ce spectacle.
» Lorsque, après de longues et vives contestations, le
système des chemins de fer triompha en France, il sem-
blait que toute une industrie, celle des transports ter-
restres, qui avait fait votre richesse, devait s'écrouler.
Une concurrence terrible se dressait devant vous, et les
esprits les moins timides se croyaient autorisés à prédire
une catastrophe. Vous n'avez pas cédé, Messieurs, à un
découragement que bien peu de gens auraient osé blâ-
mer. Poursuivis sur terre par la vapeur, vous vous êtes
emparés d'elle, et vous avez su trouver une source nou-
velle de richesses et de prospérité dans ce qui sem-
blait devoir être une cause de décadence et de ruine.
Cette transformation a été si radicale et si complète
que le nom de Messageries, que j'aime à vous conserver,
restera pour vous le symbole d'un grand acte de har-
diesse, de décision et de bonheur.
» Je crois, en effet, Messieurs, que l'entreprise dans
laquelle vous vous êtes résolûment engagés aura les
plus heureux résultats, non-seulement pour notre com-
merce et notre industrie, mais aussi pour vous-mêmes
et pour ceux qui vous ont suivis.
» La ligne de l'Indo-Chine, dont le parcours annuel
ne représente pas moins de 100,000 lieues, et qui va
desservir Suez, Aden, Ceylan, Saigon, Pondichéry, Ma-
dras, Calcutta, Chandernagor, Hong-Kong, Shang-Haï
et l'île de la Réunion, est destinée à mettre la France
en communication directe et prompte avec l'extrême
Orient. A partir de ce jour, les intérêts français, comme
la civilisation française, auront pris pied sur ces loin-
tains rivages, où notre drapeau n'apparaissait qu'à de
longs intervalles.
» Le service postal de l'Indo-Chine vient heureuse-
ment compléter le réseau maritime qui lie déjà la
France au nouveau continent par les paquebots trans-
atlantiques; véritable couronnement des efforts ten-
tés depuis quelques années pour faire refleurir parmi
nous le commerce maritime et l'esprit d'entreprise.
Vous avez grandement contribué, Messieurs, à cette
salutaire rénovation, et vous méritez les hommages qui
sont dus à la persévérance, à l'énergie, à l'habileté.
» Nul ne saurait prédire les développements que pour-
ront prendre, dans ces régions encore peu connues,
notre commerce et notre industrie. Mais les données
positives que nous avons sur le trafic européen avec ces
contrées sont de nature à justifier les plus grandes
espérances. A l'heure où je vous parle, notre com-
merce avec le pays d'au-delà du Cap ne représente
pas moins de 500 millions de francs. Il n'est inférieur
que de 134 millions à celui que nous entretenons avec
l'Amérique du Nord, et il dépasse de 206 millions le
chiffre de nos transactions dans l'Amérique centrale.
» Avec un tel point de départ, que n'a-t-on pas le
droit d'attendre? Combien de branches de commerce,
combien de produits ignorés ou connus à peine peu-
vent surgir ou prendre place dans des relations nou-
velles! Un seul fait en donne une idée : en 1852,
quelques milliers de kilogrammes de soie de Chine fu-
rent envoyés à Lyon à titre d'essai ; en 1861, il est
entré en France plus de trois millions de kilogrammes
de ces soies reconnues indispensables pour subvenir,
par la fabrication à bon marché, au développement de
la consommation.
» La navigation que vous allez entreprendre est
destinée, en outre, à voir disparaître, dans un avenir
probablement peu éloigné, un obstacle resté jusqu'ici
infranchissable, et dont le renversement sera l'une des
plus grandes victoires de l'homme sur la nature. Si,
comme tout porte à le croire, le percement de l'isthme
de Suez réussit, Marseille deviendra le centre des re-
lations entre l'Europe et l'Asie. C'est d'ici que par-
tiront de nombreux navires, chargés de porter aux In-
des et en Chine les produits de notre industrie et les
bienfaits de notre civilisation.
» N'y a-t-il pas quelque chose de providentiel dans
ce rôle de Marseille, colonie grecque, et apportant à
l'Occident, il y a vingt-quatre siècles, la civilisation
orientale, et reportant aujourd'hui à l'Orient cette ci-
vilisation ennoblie et épurée ?
» Marseille semble désignée pour exercer l'action la
plus énergique sur ces contrées lointaines qui vont
s'ouvrir à notre commerce ; elle sera le point d'appui
d'un nouveau levier de moralisation et de progrès.
Aussi, tout ce qui regarde cette cité apparaît-il en de-
hors des proportions ordinaires. Quand un projet voit le
jour, il semble exagéré; quand on le réalise, il se
trouve insuffisant. Un bassin est à peine achevé qu'il
faut en creuser un autre. Les ports s'ajoutent aux ports,
et la réalité dépasse toutes les prévisions comme tou-
tes les espérances.
» L'Empereur, fidèle à son amour pour les grandes
choses, a largement favorisé ce mouvement d'extension
de Marseille. C'est sous sa puissante impulsion qu'ont
été exécutés ou achevés les plus importants travaux
d'utilité, d'embellissement et d'assainissement. C'est
» Telles sont, Messieurs, les raisons supérieures de
» l'hommage sincère et profondément respectueux que
» nous rendons à S. M. l'Empereur, et auquel nous vous
» demandons de vous associer. » (Applaudissements.)
S. Exc. M. le ministre des finances s'est aussitôt
levé pour répondre à ce toast, et a lu le discours
suivant :
« Messieurs,
» L'inauguration d'une grande entreprise dont le
pays attend des résultats considérables est pour nous
tous une cause de vive satisfaction. Elle doit être aussi
pour vous le sujet d'un légitime orgueil.
» Il y a à peine quinze mois que le décret qui vous
concède le service postal de l'Indo-Chine a été signé,
et, devançant de près de deux ans le délai qui vous a
été accordé, vous nous faites assister au départ de vo-
tre premier navire. Le public reconnaîtra là, comme le
gouvernement, une nouvelle preuve de l'activité et de
l'intelligence qui dirigent vos opérations. C'est un no-
ble et instructif exemple que celui d'hommes habiles
et persévérants luttant contre de grandes difficultés
et sachant les vaincre. La Compagnie des Messageries
impériales a donné ce spectacle.
» Lorsque, après de longues et vives contestations, le
système des chemins de fer triompha en France, il sem-
blait que toute une industrie, celle des transports ter-
restres, qui avait fait votre richesse, devait s'écrouler.
Une concurrence terrible se dressait devant vous, et les
esprits les moins timides se croyaient autorisés à prédire
une catastrophe. Vous n'avez pas cédé, Messieurs, à un
découragement que bien peu de gens auraient osé blâ-
mer. Poursuivis sur terre par la vapeur, vous vous êtes
emparés d'elle, et vous avez su trouver une source nou-
velle de richesses et de prospérité dans ce qui sem-
blait devoir être une cause de décadence et de ruine.
Cette transformation a été si radicale et si complète
que le nom de Messageries, que j'aime à vous conserver,
restera pour vous le symbole d'un grand acte de har-
diesse, de décision et de bonheur.
» Je crois, en effet, Messieurs, que l'entreprise dans
laquelle vous vous êtes résolûment engagés aura les
plus heureux résultats, non-seulement pour notre com-
merce et notre industrie, mais aussi pour vous-mêmes
et pour ceux qui vous ont suivis.
» La ligne de l'Indo-Chine, dont le parcours annuel
ne représente pas moins de 100,000 lieues, et qui va
desservir Suez, Aden, Ceylan, Saigon, Pondichéry, Ma-
dras, Calcutta, Chandernagor, Hong-Kong, Shang-Haï
et l'île de la Réunion, est destinée à mettre la France
en communication directe et prompte avec l'extrême
Orient. A partir de ce jour, les intérêts français, comme
la civilisation française, auront pris pied sur ces loin-
tains rivages, où notre drapeau n'apparaissait qu'à de
longs intervalles.
» Le service postal de l'Indo-Chine vient heureuse-
ment compléter le réseau maritime qui lie déjà la
France au nouveau continent par les paquebots trans-
atlantiques; véritable couronnement des efforts ten-
tés depuis quelques années pour faire refleurir parmi
nous le commerce maritime et l'esprit d'entreprise.
Vous avez grandement contribué, Messieurs, à cette
salutaire rénovation, et vous méritez les hommages qui
sont dus à la persévérance, à l'énergie, à l'habileté.
» Nul ne saurait prédire les développements que pour-
ront prendre, dans ces régions encore peu connues,
notre commerce et notre industrie. Mais les données
positives que nous avons sur le trafic européen avec ces
contrées sont de nature à justifier les plus grandes
espérances. A l'heure où je vous parle, notre com-
merce avec le pays d'au-delà du Cap ne représente
pas moins de 500 millions de francs. Il n'est inférieur
que de 134 millions à celui que nous entretenons avec
l'Amérique du Nord, et il dépasse de 206 millions le
chiffre de nos transactions dans l'Amérique centrale.
» Avec un tel point de départ, que n'a-t-on pas le
droit d'attendre? Combien de branches de commerce,
combien de produits ignorés ou connus à peine peu-
vent surgir ou prendre place dans des relations nou-
velles! Un seul fait en donne une idée : en 1852,
quelques milliers de kilogrammes de soie de Chine fu-
rent envoyés à Lyon à titre d'essai ; en 1861, il est
entré en France plus de trois millions de kilogrammes
de ces soies reconnues indispensables pour subvenir,
par la fabrication à bon marché, au développement de
la consommation.
» La navigation que vous allez entreprendre est
destinée, en outre, à voir disparaître, dans un avenir
probablement peu éloigné, un obstacle resté jusqu'ici
infranchissable, et dont le renversement sera l'une des
plus grandes victoires de l'homme sur la nature. Si,
comme tout porte à le croire, le percement de l'isthme
de Suez réussit, Marseille deviendra le centre des re-
lations entre l'Europe et l'Asie. C'est d'ici que par-
tiront de nombreux navires, chargés de porter aux In-
des et en Chine les produits de notre industrie et les
bienfaits de notre civilisation.
» N'y a-t-il pas quelque chose de providentiel dans
ce rôle de Marseille, colonie grecque, et apportant à
l'Occident, il y a vingt-quatre siècles, la civilisation
orientale, et reportant aujourd'hui à l'Orient cette ci-
vilisation ennoblie et épurée ?
» Marseille semble désignée pour exercer l'action la
plus énergique sur ces contrées lointaines qui vont
s'ouvrir à notre commerce ; elle sera le point d'appui
d'un nouveau levier de moralisation et de progrès.
Aussi, tout ce qui regarde cette cité apparaît-il en de-
hors des proportions ordinaires. Quand un projet voit le
jour, il semble exagéré; quand on le réalise, il se
trouve insuffisant. Un bassin est à peine achevé qu'il
faut en creuser un autre. Les ports s'ajoutent aux ports,
et la réalité dépasse toutes les prévisions comme tou-
tes les espérances.
» L'Empereur, fidèle à son amour pour les grandes
choses, a largement favorisé ce mouvement d'extension
de Marseille. C'est sous sa puissante impulsion qu'ont
été exécutés ou achevés les plus importants travaux
d'utilité, d'embellissement et d'assainissement. C'est
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 4/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203307j/f4.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203307j/f4.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203307j/f4.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203307j
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203307j
Facebook
Twitter