Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-11-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 novembre 1862 15 novembre 1862
Description : 1862/11/15 (A7,N154). 1862/11/15 (A7,N154).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203308z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 355
« Ce que le koh-i-noor est parmi les diamants,
L'Inde l'est parmi les nations. »
Or voici la description que nous fait M. Ludlow des
richesses productives de l'Inde au point de vue de
l'agriculture et des arts industriels.
ERNEST DESPLACES.
» Dois-je vous faire connaitreles productions de l'Inde?
Jepourraispeut-être les concentrer toutes dans une seule
phrase, en disant que, excepté les productions des mers
polaires et des côtes inconnues, il n'en est probable-
ment aucune que l'Inde ne produise ou au moins ne
puisse produire. Elle produit toutes les céréales, depuis
le froment des plateaux de l'Indoustan, en descen-
dant par une graduation d'une centaine de grains dont
nous connaissons peu ou rien, jusqu'au riz du Bengale
ou du Deccan, au-dessous des montagnes des Ghauts.
Elle produit tous les fruits, depuis la pomme des hau-
teurs jusqu'à la mangue et la banane tropicales; - pres-
que tous les animaux domestiques ou privés, depuis le
bœuf et le chien jusqu'au chameau, l'éléphant et le
cheetah ou léopard de chasse ; — presque.toutes les peaux
et fourrures, depuis celles du lion et de l'ours jusqu'à
celle des rhinocéros, y compris une vaste variété de
peaux estimées de bestiaux ; — toutes les matières tex-
tiles, depuis le poil de la chèvre des montagnes jusqu'à
un grand nombre de différentes espèces de soies dont
quelques-unes sont encore inconnues sur les marchés
européens ; — tous les matériaux propres à la corderie,
depuis le chanvre et le jute, article d'exportation qui
ne cesse de s'accroître, jusqu'à la fibre de l'aloès et de
la noix du cocotier; — toutes les huiles végétales,
depuis l'huile de noix de cocotier qui nous fournit un
élément pour nos bougies jusqu'au précieux utar ou
essence de rose valant son pesant d'or (1); — elle pro-
duit toutes les teintures et vernis, depuis l'indigo du
Nord attestant son origine par son nom et dont elle
nous a donné à peu près le monopole dans le monde
entier jusqu'à la pourpre de la laque à teindre et cent
autres variétés que nous ignorons ; — elle produit tous
les stimulants et exhilarants, depuis l'opium qui paie
à la Chine la masse de notre thé et le puissant bang
qui commence à être très-employé en médecine jus-
qu'aux thés d'Assam et aux cafés de Wynaad ; — des
drogues, des épices, des parfums innombrables dont
plusieurs nous sont encore inconnus ; — elle produ it tou_
tes les espèces de bois, depuis le boisde teck si prisé des
constructeurs de navires ou le déodar de l'Hymalaya
jusqu'au bois de sandal parfumé et jusqu'au bambou
employé à tant d'usages ; — elle produit tous les mé-
taux, depuis l'or et l'argent jusqu'au fer le plus excel-
lent; — toutes les pierres, depuis le granit et le mar-
bre jusqu'au diamant et au rubis.
» Êtes-vous fatigué de généralités, prenez seulement
deux articles qui se placent à la tète de nos importa-
tions, l'un pour la valeur, l'autre par la quantité, l'un
eplus salubre et le plus universel des objets de luxe,
(1) L'habitude de s'oindre a rendu les naturels très-curieux sar
l'usage des huiles. Ils font les distinctions les plus élaborées sur leur
effets et connaissent celles qui rafraîchissent, celles qui échauffenst
celles qui fortifient ou affaiblissent, etc.
l'autre l'aliment de nos plus importantes manufacture
La canne à sucre et le cotonnier sont tous les deux inc1
gènes dans l'Inde ; la culture de ces deux plantes et la
fabrication de leurs produits sont également immémo-
riales dans le pays (1). On calcule que le bassin d'une
seule rivière indienne, le Godavery, pourrait fournir
assez de sucre pour suffire à la consommation actuelle
du monde entier. Le cotonnier a été importé de l'Inde
aux États-Unis. Il n'aurait jamais été cultivé dans ces
dernières contrées, si, par une cupidité à courte vue,
la Compagnie des Indes orientales n'avait composé des
frets énormes sur les exportations indiennes pendant
le siècle dernier. Jamais la culture du coton ne se fût
développée sur son échelle actuelle dans l'Amérique du
Nord sans les abus de toute espèce sous lesquels
l'Inde a été courbée par cette corporation à laquelle nous
l'avions affermée, sans l'impôt territorial qui a sapé l'a-
griculture du pays dans sa base, sans la négligence des
routes, des moyens de communication par eau, des irri-
gations et de tous ces autres travaux publics qui peuvent
suppléer en partie à l'enlèvement du capital aux sujets.
Oui, c'est un triste fait, mais un fait que nous ne pou-
vons dissimuler sans hypocrisie, que les deux colonnes
de l'esclavage et de la traite des noirs, la culture du
coton aux États-Unis, la culture de la canne à sucre à
Cuba et au Brésil, n'auraient pu prendre naissance et
auraient encore moins pu exister avec succès sans le
mauvais gouvernement de l'Inde par l'Angleterre.
» J'ai parlé de produits. Un mot maintenant sur les
arts industriels. Dans des contrées où l'opulence du sol
reste ainsi négligée, vous ne pouvez vous attendre à
trouver aucun développement d'industrie manufacturière,
à moins que ce ne soit celle de ce poison monopolisé
que le gouvernement indien prépare par les mains de
ses employés pour l'introduire en Chine. Mais tous les
arts de la vie civilisée ont existé dans l'Inde depuis la
période la plus éloignée de son histoire. Les applications
industrielles y sont invariablement du genre le plus
rudimentaire possible; mais si le vrai génie de l'ou-
vrier coasiste à exécuter son travail avec la moindre
somme d'aide extérieure, alors l'ouvrier indien n'est pas
surpassé dans le monde. Avec quelques pierres et un
trou en terre, le boulanger indigène de l'officier anglais
trouve moyen de lui présenter chaque jour du pain
frais tout le long de sa route, et son cuisinier lui pré-
pare les dîners les plus délicats. L'orfèvre de village,
avec quelques pièces d'or, compose sous vos yeux des
chaînes du travail le plus admirable. Le tisserand de
Dacca, sur son métier grossier, fabriquait au temps de
l'empire romain ce « vent tissé, » cette transparente
mousseline indienne, cette toile d'araignée humaine dont
un vêtement complet pourrait passer à travers une
bague. Toute autre nation que la nôtre, je pense, au-
rait conservé précieusement cette manufacture d'un
(1) Le sucre indigène, encore mal manipulé, est toutefois d'une
espèce très-grossière; mais quant au coton, lorsque des planteurs
américains furent en 1845-46 envoyés aux Iodes pour enseigner aux
indigènes la culture de cette matière, ils déclarèrent que ceux-ci
étaient capables de cultiver mieux et beaucoup plus économiquement
qu'ils ne pourraient le faire enx-memes.
« Ce que le koh-i-noor est parmi les diamants,
L'Inde l'est parmi les nations. »
Or voici la description que nous fait M. Ludlow des
richesses productives de l'Inde au point de vue de
l'agriculture et des arts industriels.
ERNEST DESPLACES.
» Dois-je vous faire connaitreles productions de l'Inde?
Jepourraispeut-être les concentrer toutes dans une seule
phrase, en disant que, excepté les productions des mers
polaires et des côtes inconnues, il n'en est probable-
ment aucune que l'Inde ne produise ou au moins ne
puisse produire. Elle produit toutes les céréales, depuis
le froment des plateaux de l'Indoustan, en descen-
dant par une graduation d'une centaine de grains dont
nous connaissons peu ou rien, jusqu'au riz du Bengale
ou du Deccan, au-dessous des montagnes des Ghauts.
Elle produit tous les fruits, depuis la pomme des hau-
teurs jusqu'à la mangue et la banane tropicales; - pres-
que tous les animaux domestiques ou privés, depuis le
bœuf et le chien jusqu'au chameau, l'éléphant et le
cheetah ou léopard de chasse ; — presque.toutes les peaux
et fourrures, depuis celles du lion et de l'ours jusqu'à
celle des rhinocéros, y compris une vaste variété de
peaux estimées de bestiaux ; — toutes les matières tex-
tiles, depuis le poil de la chèvre des montagnes jusqu'à
un grand nombre de différentes espèces de soies dont
quelques-unes sont encore inconnues sur les marchés
européens ; — tous les matériaux propres à la corderie,
depuis le chanvre et le jute, article d'exportation qui
ne cesse de s'accroître, jusqu'à la fibre de l'aloès et de
la noix du cocotier; — toutes les huiles végétales,
depuis l'huile de noix de cocotier qui nous fournit un
élément pour nos bougies jusqu'au précieux utar ou
essence de rose valant son pesant d'or (1); — elle pro-
duit toutes les teintures et vernis, depuis l'indigo du
Nord attestant son origine par son nom et dont elle
nous a donné à peu près le monopole dans le monde
entier jusqu'à la pourpre de la laque à teindre et cent
autres variétés que nous ignorons ; — elle produit tous
les stimulants et exhilarants, depuis l'opium qui paie
à la Chine la masse de notre thé et le puissant bang
qui commence à être très-employé en médecine jus-
qu'aux thés d'Assam et aux cafés de Wynaad ; — des
drogues, des épices, des parfums innombrables dont
plusieurs nous sont encore inconnus ; — elle produ it tou_
tes les espèces de bois, depuis le boisde teck si prisé des
constructeurs de navires ou le déodar de l'Hymalaya
jusqu'au bois de sandal parfumé et jusqu'au bambou
employé à tant d'usages ; — elle produit tous les mé-
taux, depuis l'or et l'argent jusqu'au fer le plus excel-
lent; — toutes les pierres, depuis le granit et le mar-
bre jusqu'au diamant et au rubis.
» Êtes-vous fatigué de généralités, prenez seulement
deux articles qui se placent à la tète de nos importa-
tions, l'un pour la valeur, l'autre par la quantité, l'un
eplus salubre et le plus universel des objets de luxe,
(1) L'habitude de s'oindre a rendu les naturels très-curieux sar
l'usage des huiles. Ils font les distinctions les plus élaborées sur leur
effets et connaissent celles qui rafraîchissent, celles qui échauffenst
celles qui fortifient ou affaiblissent, etc.
l'autre l'aliment de nos plus importantes manufacture
La canne à sucre et le cotonnier sont tous les deux inc1
gènes dans l'Inde ; la culture de ces deux plantes et la
fabrication de leurs produits sont également immémo-
riales dans le pays (1). On calcule que le bassin d'une
seule rivière indienne, le Godavery, pourrait fournir
assez de sucre pour suffire à la consommation actuelle
du monde entier. Le cotonnier a été importé de l'Inde
aux États-Unis. Il n'aurait jamais été cultivé dans ces
dernières contrées, si, par une cupidité à courte vue,
la Compagnie des Indes orientales n'avait composé des
frets énormes sur les exportations indiennes pendant
le siècle dernier. Jamais la culture du coton ne se fût
développée sur son échelle actuelle dans l'Amérique du
Nord sans les abus de toute espèce sous lesquels
l'Inde a été courbée par cette corporation à laquelle nous
l'avions affermée, sans l'impôt territorial qui a sapé l'a-
griculture du pays dans sa base, sans la négligence des
routes, des moyens de communication par eau, des irri-
gations et de tous ces autres travaux publics qui peuvent
suppléer en partie à l'enlèvement du capital aux sujets.
Oui, c'est un triste fait, mais un fait que nous ne pou-
vons dissimuler sans hypocrisie, que les deux colonnes
de l'esclavage et de la traite des noirs, la culture du
coton aux États-Unis, la culture de la canne à sucre à
Cuba et au Brésil, n'auraient pu prendre naissance et
auraient encore moins pu exister avec succès sans le
mauvais gouvernement de l'Inde par l'Angleterre.
» J'ai parlé de produits. Un mot maintenant sur les
arts industriels. Dans des contrées où l'opulence du sol
reste ainsi négligée, vous ne pouvez vous attendre à
trouver aucun développement d'industrie manufacturière,
à moins que ce ne soit celle de ce poison monopolisé
que le gouvernement indien prépare par les mains de
ses employés pour l'introduire en Chine. Mais tous les
arts de la vie civilisée ont existé dans l'Inde depuis la
période la plus éloignée de son histoire. Les applications
industrielles y sont invariablement du genre le plus
rudimentaire possible; mais si le vrai génie de l'ou-
vrier coasiste à exécuter son travail avec la moindre
somme d'aide extérieure, alors l'ouvrier indien n'est pas
surpassé dans le monde. Avec quelques pierres et un
trou en terre, le boulanger indigène de l'officier anglais
trouve moyen de lui présenter chaque jour du pain
frais tout le long de sa route, et son cuisinier lui pré-
pare les dîners les plus délicats. L'orfèvre de village,
avec quelques pièces d'or, compose sous vos yeux des
chaînes du travail le plus admirable. Le tisserand de
Dacca, sur son métier grossier, fabriquait au temps de
l'empire romain ce « vent tissé, » cette transparente
mousseline indienne, cette toile d'araignée humaine dont
un vêtement complet pourrait passer à travers une
bague. Toute autre nation que la nôtre, je pense, au-
rait conservé précieusement cette manufacture d'un
(1) Le sucre indigène, encore mal manipulé, est toutefois d'une
espèce très-grossière; mais quant au coton, lorsque des planteurs
américains furent en 1845-46 envoyés aux Iodes pour enseigner aux
indigènes la culture de cette matière, ils déclarèrent que ceux-ci
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