Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-11-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 novembre 1862 01 novembre 1862
Description : 1862/11/01 (A7,N153). 1862/11/01 (A7,N153).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203307j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
336 L'ISTHME DE SUEZ,
LE MORNING POST ET LE DISCOURS DE M. FOULD.
Le Times et le Morning Post ont consacré chacun
un article de fond au discours de M. Fould à Mar-
.sille. Ils expriment tous les deux sur l'ensemble de
ce document les sentiments les meilleurs, et se féli-
citent de la prospérité du commerce français. Ils font
observer avec raison que l'Angleterre, loin d'en être
jalouse, ne peut qu'y gagner par la solidarité des re-
lations réciproques, et ils ajoutent que leur pays ne
peut voir qu'avec satisfaction la concurrence que va
faire à leur propre navigation à vapeur dans les mers
de l'Indo-Chine le nouveau service postal de nos Mes-
sageries impériales. Le Times même se réjouit qu'un
service français vienne rivaliser dans ces parages avec
la Compagnie péninsulaire. Il y voit avec justesse
un avantage et une garantie pour tous les voyageurs,
pour le commerce des deux nations, et il rend à l'ad-
ministration des Messageries, aux dispositions qu'elle
a prises pour le transport des marchandises et pour
le bien-être des passagers, un hommage que nous
aimons d'autant plus à signaler qu'il est plus rare
sous sa plume.
Toutefois le Times semble n'avoir pas aperçu dans
le discours de Marseille cette partie remarquable qui
touche avec tant de poids à la question du canal de
Suez. Ce silence ne nous étonne pas trop, et nous
nous l'expliquons. Si le Times a renoncé à son oppo-
sition, il n'est peut-être pas encore mûr pour son
adhésion. Cela ne nous empêche pas de compter
qu'elle viendra à son heure.
Le Morning Post, organe semi-officiel de lord Pal-
merston, est moins réservé. Tout en approuvant la
plupart des assertions de M. Fould, il en discute quel-
ques-unes, et parmi elles, ses opinions relatives au
canal de Suez. Tout en avouant que M. Fould a ex-
primé sa « ferme croyance » (firm belief), dans la pos-
sibilité du canal et dans son prochain achèvement,
qui doit rendre Marseille le centre des relations entre
l'Asie et l'Europe, le journal anglais fait tout ce qu'il
peut pour ne pas se laisser aller aux mêmes croyances
que notre ministre, et il persévère à nommer le perce-
ment de l'isthme « une grande chimère. » Peu importe :
si le Morning Postne veut pas croire il faudra bien qu'il
finisse par voir. Son incrédulité elle-même nous paraît
assez timide et assez embarrassée. Cela se comprend.
Lorsqu'une ville de 4 à 5,000 habitants, avec des
ateliers immenses, est fondée à Port-Saïd; lorsqu'une
première tranchée a porté les eaux de la Méditerranée
à une distance de plus de 60 kilomètres jusqu'au pied
..,--. - - -
du seuil. orsquele canal d'eau douce met
, \.;',. '.(. ;.¡,.
en commiMîcatiofe^élientre de l'isthme et les chan-
tiers des travailleur^ a||c tout l'intérieur de l'Egypte,
lorsque vingt-cip<0otil|ïouvriers travaillent sans re-
lâche à^ouper Iç^ujM'El-Guisr, c'est-à-dire le prin-
cipal obstacle s'opposant à l'union des deux mers ;
lorsqu'on savait que ce dernier travail était arrivé
presque à son extrême degré d'avancement ; lorsque
d'un jour à l'autre on attend la nouvelle de l'entrée
de la Méditerranée au lac Timsah, il est certainement
difficile d'affecter une incrédulité imperturbable. Nous
ne désespérons pas de l'ébranler un peu plus en notifiant
au Morning Post que, désormais, le seuil d'El-Guisr
n'est plus à percer ; il est percé. La chimère marche
de plus en plus vers la réalité.
Nous ne pensons pas que, comme le suppose le
Morning Post, M. Fould ait dit ou voulu dire que dans
l'état actuel, parle seul établissement de la ligne de
l'Indo-Chine, la ville de Marseille était destinée à de-
venir la métropole du commerce oriental, ni qu'il ait
donné à entendre qu'au moyen de ce service les
marchandises encombrantes renonceraient au trajet
par la voie du Cap, pour aller débarquer à Suez, et
aller se réembarquer à Alexandrie. Nous sommes
tout à fait de l'avis du Morning Post. Cette avanta-
geuse transformation dans les voies de transport de
ces marchandises « dépend de l'achèvement du canal de
Suez. » C'est ce qu'a très-nettement indiqué M. Fould,»
et c'est ce qui ressort incontestablement de ses pa-
roles. Mais nous tenons à constater que le Morning
Post reconnaît maintenant que le passage de Suez
étant ouvert, les marchandises encombrantes comme
les marchandises précieuses et de peu de volume
prendront également le chemin du canal.
Si les préventions du Morning Post pouvaient être
vaincues, nous les combattrions avec la citation de
cette juste observation de M. Fould, corroborée de
l'approbation que lui donne notre confrère en l'appe-
lant /)u ne vérité. »
« Lorsqu'un projet nouveau estmis au jour il est dé-
noncé comme extravagant, et lorsqu'il est réalisé il
se trouve être insuffisant. »
Est ce que, en répétant «cette vérité,» leMorningPost
n'a pas fait un petit retour sur lui-même? Est-ce
qu'il n'a pas accueilli de toutes ses clameurs
le projet du canal dans sa nouveauté ? Est-ce qu'il
ne l'a pas dénoncé avec insistance comme impratica-
ble et extravagant. Ne nomme-t-il pas encore aujour-
d'hui ce projet une chimère ? Et au point où en sont
les choses, ne craint-il pas d'être lui-même un exem-
ple de cette triste défaillance de quelques esprits
qu'il blâme et qu'il déplore? Il faut certes être hardi
pour oser encore appeler à l'heure qu'il est le per-
cement de l'isthme une chimère, et le placer dans les
nuages. Nous ne nous en affligeons pas, pour nous, si
au total c'est un moyen de consoler et de rassurer le
Morning Post. Pourtant, s'il voulait raisonner de sang-
froid, il se rappellerait que les mêmes répugnances
ont été exprimées sur les projets du lieutenant
Waghorn, et qu'en résultat ce projet, que certains
LE MORNING POST ET LE DISCOURS DE M. FOULD.
Le Times et le Morning Post ont consacré chacun
un article de fond au discours de M. Fould à Mar-
.sille. Ils expriment tous les deux sur l'ensemble de
ce document les sentiments les meilleurs, et se féli-
citent de la prospérité du commerce français. Ils font
observer avec raison que l'Angleterre, loin d'en être
jalouse, ne peut qu'y gagner par la solidarité des re-
lations réciproques, et ils ajoutent que leur pays ne
peut voir qu'avec satisfaction la concurrence que va
faire à leur propre navigation à vapeur dans les mers
de l'Indo-Chine le nouveau service postal de nos Mes-
sageries impériales. Le Times même se réjouit qu'un
service français vienne rivaliser dans ces parages avec
la Compagnie péninsulaire. Il y voit avec justesse
un avantage et une garantie pour tous les voyageurs,
pour le commerce des deux nations, et il rend à l'ad-
ministration des Messageries, aux dispositions qu'elle
a prises pour le transport des marchandises et pour
le bien-être des passagers, un hommage que nous
aimons d'autant plus à signaler qu'il est plus rare
sous sa plume.
Toutefois le Times semble n'avoir pas aperçu dans
le discours de Marseille cette partie remarquable qui
touche avec tant de poids à la question du canal de
Suez. Ce silence ne nous étonne pas trop, et nous
nous l'expliquons. Si le Times a renoncé à son oppo-
sition, il n'est peut-être pas encore mûr pour son
adhésion. Cela ne nous empêche pas de compter
qu'elle viendra à son heure.
Le Morning Post, organe semi-officiel de lord Pal-
merston, est moins réservé. Tout en approuvant la
plupart des assertions de M. Fould, il en discute quel-
ques-unes, et parmi elles, ses opinions relatives au
canal de Suez. Tout en avouant que M. Fould a ex-
primé sa « ferme croyance » (firm belief), dans la pos-
sibilité du canal et dans son prochain achèvement,
qui doit rendre Marseille le centre des relations entre
l'Asie et l'Europe, le journal anglais fait tout ce qu'il
peut pour ne pas se laisser aller aux mêmes croyances
que notre ministre, et il persévère à nommer le perce-
ment de l'isthme « une grande chimère. » Peu importe :
si le Morning Postne veut pas croire il faudra bien qu'il
finisse par voir. Son incrédulité elle-même nous paraît
assez timide et assez embarrassée. Cela se comprend.
Lorsqu'une ville de 4 à 5,000 habitants, avec des
ateliers immenses, est fondée à Port-Saïd; lorsqu'une
première tranchée a porté les eaux de la Méditerranée
à une distance de plus de 60 kilomètres jusqu'au pied
..,--. - - -
du seuil. orsquele canal d'eau douce met
, \.;',. '.(. ;.¡,.
en commiMîcatiofe^élientre de l'isthme et les chan-
tiers des travailleur^ a||c tout l'intérieur de l'Egypte,
lorsque vingt-cip<0otil|ïouvriers travaillent sans re-
lâche à^ouper Iç^ujM'El-Guisr, c'est-à-dire le prin-
cipal obstacle s'opposant à l'union des deux mers ;
lorsqu'on savait que ce dernier travail était arrivé
presque à son extrême degré d'avancement ; lorsque
d'un jour à l'autre on attend la nouvelle de l'entrée
de la Méditerranée au lac Timsah, il est certainement
difficile d'affecter une incrédulité imperturbable. Nous
ne désespérons pas de l'ébranler un peu plus en notifiant
au Morning Post que, désormais, le seuil d'El-Guisr
n'est plus à percer ; il est percé. La chimère marche
de plus en plus vers la réalité.
Nous ne pensons pas que, comme le suppose le
Morning Post, M. Fould ait dit ou voulu dire que dans
l'état actuel, parle seul établissement de la ligne de
l'Indo-Chine, la ville de Marseille était destinée à de-
venir la métropole du commerce oriental, ni qu'il ait
donné à entendre qu'au moyen de ce service les
marchandises encombrantes renonceraient au trajet
par la voie du Cap, pour aller débarquer à Suez, et
aller se réembarquer à Alexandrie. Nous sommes
tout à fait de l'avis du Morning Post. Cette avanta-
geuse transformation dans les voies de transport de
ces marchandises « dépend de l'achèvement du canal de
Suez. » C'est ce qu'a très-nettement indiqué M. Fould,»
et c'est ce qui ressort incontestablement de ses pa-
roles. Mais nous tenons à constater que le Morning
Post reconnaît maintenant que le passage de Suez
étant ouvert, les marchandises encombrantes comme
les marchandises précieuses et de peu de volume
prendront également le chemin du canal.
Si les préventions du Morning Post pouvaient être
vaincues, nous les combattrions avec la citation de
cette juste observation de M. Fould, corroborée de
l'approbation que lui donne notre confrère en l'appe-
lant /)u ne vérité. »
« Lorsqu'un projet nouveau estmis au jour il est dé-
noncé comme extravagant, et lorsqu'il est réalisé il
se trouve être insuffisant. »
Est ce que, en répétant «cette vérité,» leMorningPost
n'a pas fait un petit retour sur lui-même? Est-ce
qu'il n'a pas accueilli de toutes ses clameurs
le projet du canal dans sa nouveauté ? Est-ce qu'il
ne l'a pas dénoncé avec insistance comme impratica-
ble et extravagant. Ne nomme-t-il pas encore aujour-
d'hui ce projet une chimère ? Et au point où en sont
les choses, ne craint-il pas d'être lui-même un exem-
ple de cette triste défaillance de quelques esprits
qu'il blâme et qu'il déplore? Il faut certes être hardi
pour oser encore appeler à l'heure qu'il est le per-
cement de l'isthme une chimère, et le placer dans les
nuages. Nous ne nous en affligeons pas, pour nous, si
au total c'est un moyen de consoler et de rassurer le
Morning Post. Pourtant, s'il voulait raisonner de sang-
froid, il se rappellerait que les mêmes répugnances
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