Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-10-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 octobre 1862 15 octobre 1862
Description : 1862/10/15 (A7,N152). 1862/10/15 (A7,N152).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033064
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DE& DEtTX MERS. 323
» L'entrée du canal, suivant le projet préliminaire,
devrait avoir 200 mètres de largeur, et présenter au
centre un grand bassin carré de 800 mètres de chaque
côté, faisant fonction de port intérieur.
» Ce port était aussi en voie de construction. Il de-
vait être creusé dans le lac Menzaleh, à l'aide de dra-
gues, à une profondeur normale de 8 mètres, afin d'em-
ployer les matériaux à exhausser le sol de la ville. Le
canal, après avoir traversé le bassin de Port-Saïd, de-
vait avoir 80 mètres de largeur ; mais la Compagnie a
cru devoir la limiter à 56, de même qu'elle pense la ré-
duire, entre Suez et les lacs Amers, de 100 à 80, ainsi que
je l'ai déjà dit. Sous ce rapport, différentes opinions
ont été échangées parmi les membres de la commission
d'inspection de l'isthme de Suez, parmi lesquels pré-
dominait l'avis de conserver la largeur proposée à
l'origine.
» Quoique les raisonnements pour et contre la res-
triction aient un caractère purement académique, je ne
crois pas inutile d'en faire connaître quelques frag-
ments.
» On a observé d'un côté que la réduction de largeur
a ne serait pas faite pour faciliter un passage commode
n aux navires allant dans deux directions opposées,
» quand même on formerait au long du canal des bas-
» sins de redoute et de rechange, comme il arrive sur
une ligne de fer à une seule voie; que, dans le par-
a cours de Suez aux lacs Amers, il régnerait un courant
» du sud au nord, dont la résistance exigerait l'emploi
de forts remorqueurs à vapeur, pour traîner plusieurs
» navires réunis ensemble ; que ceux-ci ne pourraient
» conserver leur alignement à la distance de 5 mètres
des berges à la ligne d'eau, par conséquent qu'on
» ne pourrait les empêcher de donner sur Jes talus, ou
» bien courir le risque d'accrocher ou de battre dans
» le convoi d'autres navires descendant le canal, les-
» quels ne pourraient, pour les mêmes motifs, conser-
» ver leur alignement parallèle à la distance de 5 mè-
» très de la rive opposée ; que ce péril se ferait encore
» plus particulièrement sentir dans les courbes du
» canal et dans les temps où les vents sont plus forts.
» Que si, ensuite, unbâtimentà aubes, sans remorqueur
Il faisait ce trajet, il devrait se tenir au milieu du ca-
M nal, et y produirait une agitation trop forte au détri-
» ment des berges, qu'il rongerait et qu'il emporterait
en les inondant, et avec d'autant plus de force que la
Il largeur du canal serait moindre ; que si enfin l'on
D adoptait la largeur moindre, celle de 56 mètres, cette
» dernière serait à peine suffisante pour laisser passer
Il deux convois marchant en direction opposée, sans
» tenir compte de l'espace intermédiaire qui ne saurait
» suffire à un troisième navire, s'il devait s'arrêter au
» milieu de la route, où à une drague d'entretien qui
» devra être maintenue continuellement en fonctions. D
» On a répondu aux observations qui précèdent « que
» la navigation d'un canal n'est pas celle d'un bosphore ;
que tous les canaux de l'Égypte, de la Hollande, de
» l'Ecosse, etc., sont de largeur bien inférieure à celle
» que l'on veut adopter; que l'on affichera un règle-
» menttqui prescrira les règles à observer pendant le tra-
» jet; que la route de Suez mise en activité, on recon-
» naîtra la supériorité des navires mixtes à hélice, et que
» l'on fera le voyage avec eux de préférence; qu'il est de
» l'intérêt de la Compagnie de s'efforcer d'ouvrir l'isthme
» dans le plus bref délai possible, même à largeur réduite,
» pour activer le commerce et pour avoir l'occasion d'en
» étudier les effets pratiques, et que, si on reconnaît par la
» suite le besoin d'une plus grande largeur du canal pour
» la commodité et la facilité du mouvement, la direction
» des travaux pourrait y procéder sans porter la moindre
» entrave à la navigation. »
» Sans discuter un pareil argument, je pense que si la
largeur réduite peut suffire, au début, « au passage des
» navires à voile ou à hélice de 1,000 tonneaux, remorqués
» par des bâtiments à vapeur, » il sera néanmoins très-
désirable de voir maintenir les largeurs fixées par la
commission internationale, particulièrement dans l'in-
térieur de l'isthme, aux endroits où le creusement est
profond, c'est-à-dire comme au Sérapéum et à El-
Guisr, où plus tard les travaux d'élargissement seraient
très-difficiles à effectuer avec un passage actif qu'on
doit prévoir sur ces points.
» Parmi les travaux exécutés par la Compagnie, la\création
de la ville de Port-Saïd mérite une mention particulière.
» Là où, il y a trois ans, il n'y avait qu'une ligne
étroite de sable, complètement déserte et à peine suffi-
sante pour offrir un repos momentané aux oiseaux de
proie, s'élèvent de nombreuses constructions et de
vastes édifices, bâtis sur un plan régulier, avec larges
rues, des places spacieuses, des voies de fer qui abou-
tissent à cette tête du môle qui fait partie de la digue
occidentale dont nous avons déjà parlé.
» Au long de la plage et, parallèlement, se dressent
les maisons d'habitation des employés, des ouvriers et
des petits commerçants, tels que tailleurs, bottiers, trai-
teurs, hôteliers, etc. La direction et l'administration
ont des bâtiments particuliers, de vastes magasins et
des dépôts fournis d'une immense quantité de matériaux,
de vivres, de machines, d'outils, destinés à subvenir aux
besoins de la population, et des établissements situés au
long du canal jusqu'à El-Guisr, comme aussi aux be-
soins des navires qui, par les gros temps, trouvent dans
la rade de Port Saïd une mer moins agitée.
» Un phare maritime de troisième ordre, système Fres-
nel, construit sur une tour en bois, éclaire la rade.
» On construisait encore quelques autres édifices pour
servir d'école et d'hôpital ; trois vastes bâtiments en
brique, à l'ouest du grand bassin ou port intérieur de
Port-Saïd, étaient presque achevés. Ils étaient destinés
à servir d'usine mécanique, de fonderie, d'ateliers pour
les charpentiers, menuisiers, forgerons, etc. Partout
était introduit l'usage de la vapeur. Des locaux spé-
ciaux reçoivent le dépôt des bois de construction ; dans
les chantiers on construisait deux dragues pour le
creusement du port et du canal. Parmi les dragues à
vapeur appartenant à la Compagnie, trois seulement
étaient en activité. Celles qui avaient été construites à
titre d'essai, et qui fonctionnaient avec une toile sans fin
et portant les terres extraites sur les berges sans le
secours de pontons ou de bateaux, n'ont pas répondu
» L'entrée du canal, suivant le projet préliminaire,
devrait avoir 200 mètres de largeur, et présenter au
centre un grand bassin carré de 800 mètres de chaque
côté, faisant fonction de port intérieur.
» Ce port était aussi en voie de construction. Il de-
vait être creusé dans le lac Menzaleh, à l'aide de dra-
gues, à une profondeur normale de 8 mètres, afin d'em-
ployer les matériaux à exhausser le sol de la ville. Le
canal, après avoir traversé le bassin de Port-Saïd, de-
vait avoir 80 mètres de largeur ; mais la Compagnie a
cru devoir la limiter à 56, de même qu'elle pense la ré-
duire, entre Suez et les lacs Amers, de 100 à 80, ainsi que
je l'ai déjà dit. Sous ce rapport, différentes opinions
ont été échangées parmi les membres de la commission
d'inspection de l'isthme de Suez, parmi lesquels pré-
dominait l'avis de conserver la largeur proposée à
l'origine.
» Quoique les raisonnements pour et contre la res-
triction aient un caractère purement académique, je ne
crois pas inutile d'en faire connaître quelques frag-
ments.
» On a observé d'un côté que la réduction de largeur
a ne serait pas faite pour faciliter un passage commode
n aux navires allant dans deux directions opposées,
» quand même on formerait au long du canal des bas-
» sins de redoute et de rechange, comme il arrive sur
une ligne de fer à une seule voie; que, dans le par-
a cours de Suez aux lacs Amers, il régnerait un courant
» du sud au nord, dont la résistance exigerait l'emploi
de forts remorqueurs à vapeur, pour traîner plusieurs
» navires réunis ensemble ; que ceux-ci ne pourraient
» conserver leur alignement à la distance de 5 mètres
des berges à la ligne d'eau, par conséquent qu'on
» ne pourrait les empêcher de donner sur Jes talus, ou
» bien courir le risque d'accrocher ou de battre dans
» le convoi d'autres navires descendant le canal, les-
» quels ne pourraient, pour les mêmes motifs, conser-
» ver leur alignement parallèle à la distance de 5 mè-
» très de la rive opposée ; que ce péril se ferait encore
» plus particulièrement sentir dans les courbes du
» canal et dans les temps où les vents sont plus forts.
» Que si, ensuite, unbâtimentà aubes, sans remorqueur
Il faisait ce trajet, il devrait se tenir au milieu du ca-
M nal, et y produirait une agitation trop forte au détri-
» ment des berges, qu'il rongerait et qu'il emporterait
en les inondant, et avec d'autant plus de force que la
Il largeur du canal serait moindre ; que si enfin l'on
D adoptait la largeur moindre, celle de 56 mètres, cette
» dernière serait à peine suffisante pour laisser passer
Il deux convois marchant en direction opposée, sans
» tenir compte de l'espace intermédiaire qui ne saurait
» suffire à un troisième navire, s'il devait s'arrêter au
» milieu de la route, où à une drague d'entretien qui
» devra être maintenue continuellement en fonctions. D
» On a répondu aux observations qui précèdent « que
» la navigation d'un canal n'est pas celle d'un bosphore ;
que tous les canaux de l'Égypte, de la Hollande, de
» l'Ecosse, etc., sont de largeur bien inférieure à celle
» que l'on veut adopter; que l'on affichera un règle-
» menttqui prescrira les règles à observer pendant le tra-
» jet; que la route de Suez mise en activité, on recon-
» naîtra la supériorité des navires mixtes à hélice, et que
» l'on fera le voyage avec eux de préférence; qu'il est de
» l'intérêt de la Compagnie de s'efforcer d'ouvrir l'isthme
» dans le plus bref délai possible, même à largeur réduite,
» pour activer le commerce et pour avoir l'occasion d'en
» étudier les effets pratiques, et que, si on reconnaît par la
» suite le besoin d'une plus grande largeur du canal pour
» la commodité et la facilité du mouvement, la direction
» des travaux pourrait y procéder sans porter la moindre
» entrave à la navigation. »
» Sans discuter un pareil argument, je pense que si la
largeur réduite peut suffire, au début, « au passage des
» navires à voile ou à hélice de 1,000 tonneaux, remorqués
» par des bâtiments à vapeur, » il sera néanmoins très-
désirable de voir maintenir les largeurs fixées par la
commission internationale, particulièrement dans l'in-
térieur de l'isthme, aux endroits où le creusement est
profond, c'est-à-dire comme au Sérapéum et à El-
Guisr, où plus tard les travaux d'élargissement seraient
très-difficiles à effectuer avec un passage actif qu'on
doit prévoir sur ces points.
» Parmi les travaux exécutés par la Compagnie, la\création
de la ville de Port-Saïd mérite une mention particulière.
» Là où, il y a trois ans, il n'y avait qu'une ligne
étroite de sable, complètement déserte et à peine suffi-
sante pour offrir un repos momentané aux oiseaux de
proie, s'élèvent de nombreuses constructions et de
vastes édifices, bâtis sur un plan régulier, avec larges
rues, des places spacieuses, des voies de fer qui abou-
tissent à cette tête du môle qui fait partie de la digue
occidentale dont nous avons déjà parlé.
» Au long de la plage et, parallèlement, se dressent
les maisons d'habitation des employés, des ouvriers et
des petits commerçants, tels que tailleurs, bottiers, trai-
teurs, hôteliers, etc. La direction et l'administration
ont des bâtiments particuliers, de vastes magasins et
des dépôts fournis d'une immense quantité de matériaux,
de vivres, de machines, d'outils, destinés à subvenir aux
besoins de la population, et des établissements situés au
long du canal jusqu'à El-Guisr, comme aussi aux be-
soins des navires qui, par les gros temps, trouvent dans
la rade de Port Saïd une mer moins agitée.
» Un phare maritime de troisième ordre, système Fres-
nel, construit sur une tour en bois, éclaire la rade.
» On construisait encore quelques autres édifices pour
servir d'école et d'hôpital ; trois vastes bâtiments en
brique, à l'ouest du grand bassin ou port intérieur de
Port-Saïd, étaient presque achevés. Ils étaient destinés
à servir d'usine mécanique, de fonderie, d'ateliers pour
les charpentiers, menuisiers, forgerons, etc. Partout
était introduit l'usage de la vapeur. Des locaux spé-
ciaux reçoivent le dépôt des bois de construction ; dans
les chantiers on construisait deux dragues pour le
creusement du port et du canal. Parmi les dragues à
vapeur appartenant à la Compagnie, trois seulement
étaient en activité. Celles qui avaient été construites à
titre d'essai, et qui fonctionnaient avec une toile sans fin
et portant les terres extraites sur les berges sans le
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