Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 octobre 1862 01 octobre 1862
Description : 1862/10/01 (A7,N151). 1862/10/01 (A7,N151).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203305q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/04/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 301 -.
Le premier résultat des travaux, à peine commen-
cés, a été la naissance d'une ville, Port-Saïd ; elle
avait pour seuls habitants, il y a deux ans, un ingé-
nieur et son domestique: — elle compte aujourd'hui
cinq milles ouvriers occupés dans les chantiers, scie-
ries, forges, etc., de l'entreprise. Elle a une église
pour les catholiques, une mosquée pour les Turcs. Da-
miette l'approvisionne libéralement.
C'est de Port-Saïd que part le canal ; il se dirige en
droite ligne par les lacs Menzaleh, dont les rives sont
habitées par une population de race exceptionnelle,
forte et infatigable, qui a rendu les plus grands servi-
ces dans la tâche, inabordable pour les Européens et
les Arabes, du creusement des lacs. Cette population,
qui paraîtrait descendre des Assyriens qui ont régné
cinq cents ans sur l'Egypte, a conservé dans ses mœurs
et ses allures la fierté de ses pères, et a même su
échapper, à certains égards, à la domination des sou-
verains de l'Egypte, qui n'ont jamais pu en faire des
soldats.
Des lacs Menzaleh le canal maritime gagne Al-
Kantara, se jette dans le lac Ballah, ayant parcouru
déjà une étendue de 65 kilomètres.
Cette première section sera terminée en octobre pro-
chain, et le 1er novembre de cette même année, le
prince Saïd-Pacha pourra en faire l'inauguration so-
lennelle.
A partir de cette époque, quarante mille travailleurs
seront journellement occupés au creusement. Cette ar-
mée de piocheurs, véritables pionniers de la civilisa-
tion, remuera un million de mètres cubes par mois, et
en 1863 l'Europe pourra tendre la main à l'Asie, à tra-
vers le canal des Pharaons restitué à la navigation.
La deuxième section se dirige par Timsah, le Séra-
péum, les lacs Amers, et débouche à Suez par une
tranchée de 23 kilomètres, en suivant cet antique ca-
nal de Néchos, si connu des égyptologues, et que tous
les savants voyageurs ont voulu parcourir à travers les
sables séculaires du désert qui n'ont pu en dissimuler
les traces, à plus de 8 ou 10 centimètres de profondeur.
L'œuvre sera alors accomplie sur une longueur totale
de 150 kilomètres.
Après cette exposé sommaire, M. de Galbert, entre
dans des détails particuliers sur la nature des terrains,
la fertilité phénoménale du sol qui fait pousser des
laitues en six jours ; sur l'abondance des carrières de
pierres exploitées par les Hébreux et qu'on a retrou-
vées telles qu'elles furent abandonnées il y a quelque
mille ans ; sur le climat, beaucoup moins insalubre que
les Anglais n'ont voulu le dire ; sur l'hygiène des tra-
vailleurs, pourvus de services médicaux bien complets
et fonctionnant parfaitement ; sur leur paie quotidienne,
leur liberté d'ouvriers, à l'abri de toute contrainte , et
enfin sur l'influence magique qu'exerce M. de Lesseps
sur cette nuée de manœuvres venus de tous les points
de l'Europe et de l'Asie. Influence providentielle, et
qui fait ressembler, suivant la pittoresque expression de
M. Baruffi, notre hardi compatriote, volant à travers le
désert sur un char traîné par six chevaux, à quelque
Pharaon des époques ultra-historiques.
Nous n'avons pas besoin d'ajouter avec quel intérêt
on a écouté cet instructif exposé. Il prendra place
parmi les plus précieuses communications faites au con-
grès de Saint-Etienne, et assurera à la séance d'hier un
caractère à part à côté de toutes celles qui l'ont précé-
dée et qui la suivront.
M. le président a proposé d'émettre un vœu pour le
prompt achèvement du grand travail du percement de
l'isthme de Suez, dont profiteront à un si haut degré,
dit-il, le commerce, l'industrie et la civilisation.
Après la lecture des procès-verbaux des sections par-
ticulières, la séance est levée. Il était 5 heures.
LE COTON DES INDES.
Nous avons plusieurs fois signalé comme une des
circonstances imprévues qui ajoutaient aux nécessités
du percement de l'isthme de Suez pour l'industrie
européenne, la suspension des envois du coton amé-
ricain, le trouble que les conséquences de cette guerre
civile devaient amener dans cette production, et enfin
les éventualités très-probables d'une diminution con-
sidérable et permanente dans les récoltes futures des
États du Sud, par suite de l'ébranlement que ne pou-
vait manquer de recevoir, sous le coup de ces événe-
ments, l'institution de l'esclavage dans ces contrées.
Nous avons fait remarquer que de tous les pays
pouvant subvenir à l'immense déficit dont nous
sommes menacés pour longtemps, l'Inde était celui
qui paraissait à l'Angleterre le plus propre, peut-être
le seul propre à combler cette redoutable lacune, et
en ce cas, qui peut douter de l'incomparable utilité
qu'offrirait l'union des deux mers, ouvrant une route
abrégée aux cotons indiens pour l'alimentation des
fabriques occidentales? Le mouvement que nous avons
prévu dans cette direction commence déjà à se ma-
nifester avec intensité. En effet, les derniers journaux
de Liverpool nous apprennent qu'il vient d'entrer
dans la Mersey non moins de douze navires arrivant de
Bombay, chargés de coton et portant un total de
54,647 balles. C'est sans contredit un excellent se-
cours fourni à l'Angleterre au moment où la disette
du coton prend les proportions les plus effrayantes
et répand la détresse et la désolation parmi les
masses ouvrières du Lancashire. Ces expéditions,
nous n'en doutons pas, sont destinées à pren,dre
chaque année un développement de plus en plus
étendu, et dans cette année même nous verrons
probablement d'autres arrivages du même genre.
Tout donc porte à croire que l'Inde va devenir un
des greniers à coton de l'Europe, et c'est là un article
de plus qui n'avait pas été compté dans les évalua-
tions des revenus financiers du canal. Mais ce nou-
veau trafic n'aura toute son importance et tous ses
avantages que par le percement de l'isthme de Suet,
Le premier résultat des travaux, à peine commen-
cés, a été la naissance d'une ville, Port-Saïd ; elle
avait pour seuls habitants, il y a deux ans, un ingé-
nieur et son domestique: — elle compte aujourd'hui
cinq milles ouvriers occupés dans les chantiers, scie-
ries, forges, etc., de l'entreprise. Elle a une église
pour les catholiques, une mosquée pour les Turcs. Da-
miette l'approvisionne libéralement.
C'est de Port-Saïd que part le canal ; il se dirige en
droite ligne par les lacs Menzaleh, dont les rives sont
habitées par une population de race exceptionnelle,
forte et infatigable, qui a rendu les plus grands servi-
ces dans la tâche, inabordable pour les Européens et
les Arabes, du creusement des lacs. Cette population,
qui paraîtrait descendre des Assyriens qui ont régné
cinq cents ans sur l'Egypte, a conservé dans ses mœurs
et ses allures la fierté de ses pères, et a même su
échapper, à certains égards, à la domination des sou-
verains de l'Egypte, qui n'ont jamais pu en faire des
soldats.
Des lacs Menzaleh le canal maritime gagne Al-
Kantara, se jette dans le lac Ballah, ayant parcouru
déjà une étendue de 65 kilomètres.
Cette première section sera terminée en octobre pro-
chain, et le 1er novembre de cette même année, le
prince Saïd-Pacha pourra en faire l'inauguration so-
lennelle.
A partir de cette époque, quarante mille travailleurs
seront journellement occupés au creusement. Cette ar-
mée de piocheurs, véritables pionniers de la civilisa-
tion, remuera un million de mètres cubes par mois, et
en 1863 l'Europe pourra tendre la main à l'Asie, à tra-
vers le canal des Pharaons restitué à la navigation.
La deuxième section se dirige par Timsah, le Séra-
péum, les lacs Amers, et débouche à Suez par une
tranchée de 23 kilomètres, en suivant cet antique ca-
nal de Néchos, si connu des égyptologues, et que tous
les savants voyageurs ont voulu parcourir à travers les
sables séculaires du désert qui n'ont pu en dissimuler
les traces, à plus de 8 ou 10 centimètres de profondeur.
L'œuvre sera alors accomplie sur une longueur totale
de 150 kilomètres.
Après cette exposé sommaire, M. de Galbert, entre
dans des détails particuliers sur la nature des terrains,
la fertilité phénoménale du sol qui fait pousser des
laitues en six jours ; sur l'abondance des carrières de
pierres exploitées par les Hébreux et qu'on a retrou-
vées telles qu'elles furent abandonnées il y a quelque
mille ans ; sur le climat, beaucoup moins insalubre que
les Anglais n'ont voulu le dire ; sur l'hygiène des tra-
vailleurs, pourvus de services médicaux bien complets
et fonctionnant parfaitement ; sur leur paie quotidienne,
leur liberté d'ouvriers, à l'abri de toute contrainte , et
enfin sur l'influence magique qu'exerce M. de Lesseps
sur cette nuée de manœuvres venus de tous les points
de l'Europe et de l'Asie. Influence providentielle, et
qui fait ressembler, suivant la pittoresque expression de
M. Baruffi, notre hardi compatriote, volant à travers le
désert sur un char traîné par six chevaux, à quelque
Pharaon des époques ultra-historiques.
Nous n'avons pas besoin d'ajouter avec quel intérêt
on a écouté cet instructif exposé. Il prendra place
parmi les plus précieuses communications faites au con-
grès de Saint-Etienne, et assurera à la séance d'hier un
caractère à part à côté de toutes celles qui l'ont précé-
dée et qui la suivront.
M. le président a proposé d'émettre un vœu pour le
prompt achèvement du grand travail du percement de
l'isthme de Suez, dont profiteront à un si haut degré,
dit-il, le commerce, l'industrie et la civilisation.
Après la lecture des procès-verbaux des sections par-
ticulières, la séance est levée. Il était 5 heures.
LE COTON DES INDES.
Nous avons plusieurs fois signalé comme une des
circonstances imprévues qui ajoutaient aux nécessités
du percement de l'isthme de Suez pour l'industrie
européenne, la suspension des envois du coton amé-
ricain, le trouble que les conséquences de cette guerre
civile devaient amener dans cette production, et enfin
les éventualités très-probables d'une diminution con-
sidérable et permanente dans les récoltes futures des
États du Sud, par suite de l'ébranlement que ne pou-
vait manquer de recevoir, sous le coup de ces événe-
ments, l'institution de l'esclavage dans ces contrées.
Nous avons fait remarquer que de tous les pays
pouvant subvenir à l'immense déficit dont nous
sommes menacés pour longtemps, l'Inde était celui
qui paraissait à l'Angleterre le plus propre, peut-être
le seul propre à combler cette redoutable lacune, et
en ce cas, qui peut douter de l'incomparable utilité
qu'offrirait l'union des deux mers, ouvrant une route
abrégée aux cotons indiens pour l'alimentation des
fabriques occidentales? Le mouvement que nous avons
prévu dans cette direction commence déjà à se ma-
nifester avec intensité. En effet, les derniers journaux
de Liverpool nous apprennent qu'il vient d'entrer
dans la Mersey non moins de douze navires arrivant de
Bombay, chargés de coton et portant un total de
54,647 balles. C'est sans contredit un excellent se-
cours fourni à l'Angleterre au moment où la disette
du coton prend les proportions les plus effrayantes
et répand la détresse et la désolation parmi les
masses ouvrières du Lancashire. Ces expéditions,
nous n'en doutons pas, sont destinées à pren,dre
chaque année un développement de plus en plus
étendu, et dans cette année même nous verrons
probablement d'autres arrivages du même genre.
Tout donc porte à croire que l'Inde va devenir un
des greniers à coton de l'Europe, et c'est là un article
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tions des revenus financiers du canal. Mais ce nou-
veau trafic n'aura toute son importance et tous ses
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