Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-10-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 octobre 1862 01 octobre 1862
Description : 1862/10/01 (A7,N151). 1862/10/01 (A7,N151).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203305q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 16/04/2012
300 L'ISTHME DE SUEZ,
impressions personnelles sur I'oeuvre de M. de Lesseps.
L'aperçu du savant et spirituel docteur servira, a-t-il
ajouté, d'introduction à l'exposition plus complète et
plus détaillée qui va suivre.
M. Baruffi a parlé de la grande entreprise fran-
çaise avec cette verve originale et imagée qui lui a
valu, dès la première séance, les applaudissements
sympathiques de ses collègues :
« J'ai vu, a dit l'orateur, le gigantesque travail,
commencé d'hier, aujourd'hui presque accompli, et ac-
compli sans difficulté matérielle, morale et financière.
Demain, le mariage des deux mers sera consommé ; le
cabotage aura une voie libre à travers l'antique
Egypte et, dans trois ans, la grande navigation s'y
ouvrira elle-même un passage. Grâces en soient ren-
dues à la haute intelligence et à l'activité de M. de
Lesseps que Dieu semble avoir créé tout exprès pour
cette œuvre magnifique du rapprochement de l'Occi-
dent et de l'Orient. Grâces soient rendues aussi au gé-
nie de la nation française et à la force persévérante de
sa volonté qui aura réalisé un projet contre lequel
avaient échoué, en d'autres temps, les tentatives les
plus puissantes. Yiîigt mille hommes ont péri à cette
tâche, dans des essais antérieurs, et quelles sommes
dépensées en pure perte 1 C'est qu'on n'avait pas su
utiliser les éléments qui se trouvaient sur les lieux
mêmes. Les Arabes, on n'avait pas réussi à en tirer
parti. Il est vrai que les Arabes — même leurs savants
— ne brillent guère par la science. Et tenez, Messieursi
en passant, laissez-moi vous en donner un exemple.
Me trouvant un jour en pleine Egypte, j'examinais
assez curieusement les étrangetés d'un petit canal
qu'on creusait en zigzag; ne pouvant m'expliquer
cette bizarrerie, je demandai à l'ingénieur indigène qui
dirigeait les travaux, pour quelle raison, au lieu de
creuser droit, il faisait creuser par zigzags. « Ne
» voyez-vous pas, me répondit-il triomphalement, que
» nous creusons comme qui dirait un petit Nil ; eh
» bien ! le Nil est-il droit ? » (Sourires dans l'assem-
blée.)
» Messieurs, poursuit l'orateur, les Arabes ne pou-
vaient ni ne voulaient exécuter le percement de l'is-
thme. Mais quand ils ont vu que nous nous mettions
à l'œuvre, ils nous ont aidés, se disant, avec raison, que
si nous ne le faisions pas avec eux, nous le ferions
sans eux.
» J'ai visité, continue M. Baruffi, la contrée qui for-
mait le bassin du canal égyptien, et partout j'ai re-
trouvé les traces irrécusables du séjour des Hébreux.
Les vestiges bibliques se manifestent à chaque pas. J'ai
reconnu l'emplacement de la cour des Pharaons, et le
lieu où fut vraisemblablement le palais de Joseph,
premier ministre. J'ai constaté aussi, et je vous prie
de remarquer cette observation, j'ai constaté que les
Abyssins ont été les hôtes primitifs de l'Egypte, et que
ces Abyssins eux-mêmes pouvaient bien être de race
israélite, la belle reine de Saba ayant rapporté de son
voyage à Jérusalem un fils du grand Salomon.
» Du reste , Messieurs, attendons encore quelques
jours le beau travail que M. Mariette met en ordre en
ce moment dans ses loisirs à Boulogne. Cet illustre in-
vestigateur d'antiquités égyptiennes n'a-t-il pas dé-
couvert tout une allée de sphinx, à tête humaine et
de race assyrienne, conduisant à un lieu que les Ara-
bes appellent le Berceau de Moïse, et planté encore au-
jourd'hui des roseaux bibliques sur lesquels fut exposé
le libérateur des Hébreux, et où il fut recueilli par une
princesse de la maison souveraine des Pharaons? C'est
à l'extrémité de cette allée que devait se trouver le
palais de Joseph. N'ai-je pas suivi aussi les traces du
frère d'Aaron sur les bords de la mer Rouge ; partout,
en un mot, des témoignages irréfutables du séjour des
Hébreux, la vérification éclatante des relations mo-
saïstes. »
Après cette exposition vive, rapide, colorée, que nous
ne pouvons que défigurer en l'analysant, le docteur
Baruffi rentre dans la question purement industrielle,
et signale, en particulier, les avantages que la ville
de Saint-Etienne, voisine de Marseille et de Cette, re-
tirera d'une plus prompte et moins coûteuse commu-
nication de la Méditerranée à la mer Rouge.
Des applaudissements bien nourris accueillent les
dernières paroles de l'orateur.
M. le président. — « En parlant, avec tant d'esprit et
de charme des travaux de l'isthme de Suez et des col-
laborateurs illustres qui en assureront, le succès, M. le
docteur Baruffi a oublié un détail que je me permettrai
de faire connaître. C'est que M. le docteur Baruffi a
prêté, lui aussi, le concours de son activité et de sa
haute intelligence à l'œuvre si généreuse de M. de Les-
seps, en émettant et appuyant, depuis sept ans, dans
tous les congrès scientifiques de France, un vœu en, fa-
veur des progrès de l'entreprise. Je propose, en consé-
quence, de voter des remercîments mérités à M. le doc-
teur Baruffi. #
Toute l'assemblée se lève et vote, d'acclamation, les
remercîments proposés.
M. le comte de Galbert se lève, et, en quelques pa-
roles parties du cœur, il remercie l'assemblée du vote
qu'elle vient d'émettre. Au nom de M. de Lesseps,
dont il est l'interprète, il témoigne au congrès scien-
tifique, en la personne de M. le comte de Caumont, son
fondateur et son directeur infatigable, toute sa gra-
titude pour les encouragements incessants qu'il a bien
voulu donner à cette vaste entreprise ; il associe dans
l'expression de ses sentiments M. le dccteur Baruffi, qui
s'est fait depuis si longtemps l'apôtre dévoué et le pro-
pagateur des idées de M. de Lesseps.
Il nous sera impossible, à notre grand regret, de sui-
vre M. le comte de Galbert dans les détails multiples
et intéressants qu'ils s'est plu à donner, avec une net-
teté parfaite et une rare facilité d'élocution, sur les
travaux du percement opérés jusqu'à ce jour. Le suc-
cès a dépassé toutes les espérances. Aucune difficulté
n'a arrêté les ingénieurs, et le mariage des deux mers,
suivant l'heureuse expression de M. Baruffi, peut être
considéré aujourd'hui comme un fait acquis au com-
merce, à l'industrie et à la civilisation du monde.
impressions personnelles sur I'oeuvre de M. de Lesseps.
L'aperçu du savant et spirituel docteur servira, a-t-il
ajouté, d'introduction à l'exposition plus complète et
plus détaillée qui va suivre.
M. Baruffi a parlé de la grande entreprise fran-
çaise avec cette verve originale et imagée qui lui a
valu, dès la première séance, les applaudissements
sympathiques de ses collègues :
« J'ai vu, a dit l'orateur, le gigantesque travail,
commencé d'hier, aujourd'hui presque accompli, et ac-
compli sans difficulté matérielle, morale et financière.
Demain, le mariage des deux mers sera consommé ; le
cabotage aura une voie libre à travers l'antique
Egypte et, dans trois ans, la grande navigation s'y
ouvrira elle-même un passage. Grâces en soient ren-
dues à la haute intelligence et à l'activité de M. de
Lesseps que Dieu semble avoir créé tout exprès pour
cette œuvre magnifique du rapprochement de l'Occi-
dent et de l'Orient. Grâces soient rendues aussi au gé-
nie de la nation française et à la force persévérante de
sa volonté qui aura réalisé un projet contre lequel
avaient échoué, en d'autres temps, les tentatives les
plus puissantes. Yiîigt mille hommes ont péri à cette
tâche, dans des essais antérieurs, et quelles sommes
dépensées en pure perte 1 C'est qu'on n'avait pas su
utiliser les éléments qui se trouvaient sur les lieux
mêmes. Les Arabes, on n'avait pas réussi à en tirer
parti. Il est vrai que les Arabes — même leurs savants
— ne brillent guère par la science. Et tenez, Messieursi
en passant, laissez-moi vous en donner un exemple.
Me trouvant un jour en pleine Egypte, j'examinais
assez curieusement les étrangetés d'un petit canal
qu'on creusait en zigzag; ne pouvant m'expliquer
cette bizarrerie, je demandai à l'ingénieur indigène qui
dirigeait les travaux, pour quelle raison, au lieu de
creuser droit, il faisait creuser par zigzags. « Ne
» voyez-vous pas, me répondit-il triomphalement, que
» nous creusons comme qui dirait un petit Nil ; eh
» bien ! le Nil est-il droit ? » (Sourires dans l'assem-
blée.)
» Messieurs, poursuit l'orateur, les Arabes ne pou-
vaient ni ne voulaient exécuter le percement de l'is-
thme. Mais quand ils ont vu que nous nous mettions
à l'œuvre, ils nous ont aidés, se disant, avec raison, que
si nous ne le faisions pas avec eux, nous le ferions
sans eux.
» J'ai visité, continue M. Baruffi, la contrée qui for-
mait le bassin du canal égyptien, et partout j'ai re-
trouvé les traces irrécusables du séjour des Hébreux.
Les vestiges bibliques se manifestent à chaque pas. J'ai
reconnu l'emplacement de la cour des Pharaons, et le
lieu où fut vraisemblablement le palais de Joseph,
premier ministre. J'ai constaté aussi, et je vous prie
de remarquer cette observation, j'ai constaté que les
Abyssins ont été les hôtes primitifs de l'Egypte, et que
ces Abyssins eux-mêmes pouvaient bien être de race
israélite, la belle reine de Saba ayant rapporté de son
voyage à Jérusalem un fils du grand Salomon.
» Du reste , Messieurs, attendons encore quelques
jours le beau travail que M. Mariette met en ordre en
ce moment dans ses loisirs à Boulogne. Cet illustre in-
vestigateur d'antiquités égyptiennes n'a-t-il pas dé-
couvert tout une allée de sphinx, à tête humaine et
de race assyrienne, conduisant à un lieu que les Ara-
bes appellent le Berceau de Moïse, et planté encore au-
jourd'hui des roseaux bibliques sur lesquels fut exposé
le libérateur des Hébreux, et où il fut recueilli par une
princesse de la maison souveraine des Pharaons? C'est
à l'extrémité de cette allée que devait se trouver le
palais de Joseph. N'ai-je pas suivi aussi les traces du
frère d'Aaron sur les bords de la mer Rouge ; partout,
en un mot, des témoignages irréfutables du séjour des
Hébreux, la vérification éclatante des relations mo-
saïstes. »
Après cette exposition vive, rapide, colorée, que nous
ne pouvons que défigurer en l'analysant, le docteur
Baruffi rentre dans la question purement industrielle,
et signale, en particulier, les avantages que la ville
de Saint-Etienne, voisine de Marseille et de Cette, re-
tirera d'une plus prompte et moins coûteuse commu-
nication de la Méditerranée à la mer Rouge.
Des applaudissements bien nourris accueillent les
dernières paroles de l'orateur.
M. le président. — « En parlant, avec tant d'esprit et
de charme des travaux de l'isthme de Suez et des col-
laborateurs illustres qui en assureront, le succès, M. le
docteur Baruffi a oublié un détail que je me permettrai
de faire connaître. C'est que M. le docteur Baruffi a
prêté, lui aussi, le concours de son activité et de sa
haute intelligence à l'œuvre si généreuse de M. de Les-
seps, en émettant et appuyant, depuis sept ans, dans
tous les congrès scientifiques de France, un vœu en, fa-
veur des progrès de l'entreprise. Je propose, en consé-
quence, de voter des remercîments mérités à M. le doc-
teur Baruffi. #
Toute l'assemblée se lève et vote, d'acclamation, les
remercîments proposés.
M. le comte de Galbert se lève, et, en quelques pa-
roles parties du cœur, il remercie l'assemblée du vote
qu'elle vient d'émettre. Au nom de M. de Lesseps,
dont il est l'interprète, il témoigne au congrès scien-
tifique, en la personne de M. le comte de Caumont, son
fondateur et son directeur infatigable, toute sa gra-
titude pour les encouragements incessants qu'il a bien
voulu donner à cette vaste entreprise ; il associe dans
l'expression de ses sentiments M. le dccteur Baruffi, qui
s'est fait depuis si longtemps l'apôtre dévoué et le pro-
pagateur des idées de M. de Lesseps.
Il nous sera impossible, à notre grand regret, de sui-
vre M. le comte de Galbert dans les détails multiples
et intéressants qu'ils s'est plu à donner, avec une net-
teté parfaite et une rare facilité d'élocution, sur les
travaux du percement opérés jusqu'à ce jour. Le suc-
cès a dépassé toutes les espérances. Aucune difficulté
n'a arrêté les ingénieurs, et le mariage des deux mers,
suivant l'heureuse expression de M. Baruffi, peut être
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