Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 septembre 1862 15 septembre 1862
Description : 1862/09/15 (A7,N150). 1862/09/15 (A7,N150).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033049
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 289
EXCURSION À L'ISTHME DE SUEZ.
Extrait du Spectateur égyptien.
(Suite. — Voir notre numéro du 1er août.)
« El-Guisr, 6 août 1862.
« En suivant la ligna du canal, dont la longueur de
Port-Saïd à El-Guisr est de 65 kilomètres, j'ai vu de
grands travaux déjà exécutés, d'autres commencés ou à
peine tracés ; j'ai parcouru en barque une bonne partie
du désert sur un canal qu'alimentent les eaux de la
Méditerranée.
» Je me suis demandé plus d'une fois, me rappelant
la lettre vizirielle que j'ai lue dernièrement dans un
journal d'Alexandrie, si ce que je voyais était une réa-
lité ou rien et comme non avenu.
» Cependant je suis rentré dans la réalité des choses
quand j'ai eu observé que cette lettre était datée du
21 safer 1276 (16 septembre 1859) ; car depuis cette épo -
que la question de la canalisation de l'isthme de Suez,
même au point de vue politique, a dû infailliblement
avancer. Si notre siècle a fait tant de progrès dans la
voie de la civilisation, ce n'est pas seulement par suite
du développement des idées, c'est bien plus encore
parce que les faits peuvent immédiatement suivre l'ap-
plication de ces idées.
» D'ailleurs les travaux de l'isthme ne sont un mys-
tère pour personne. Il n'y a pas trois mois qu'a eu lieu
à Paris la réunion générale des actionnaires; on a rendu
compte des travaux et de l'état général de l'entreprise.
D'autre part, M. de Lesseps en a parlé dans plusieurs
conférences à l'Association polytechnique, et la presse
s'en est occupée ; enfin le gouvernement et le parlement
anglais ont montré qu'ils les connaissaient, bien qu'ils
aient fait preuve d'erreurs sur quelques points. Cepen-
dant aucune des puissances intéressées n'a manifesté
d'étonnement; aucune opposition, aucune protestation
ne s'est élevée, soit de la part de la Sublime Porte, soit
de celle de l'Angleterre, et les travaux continuent avec
vigueur. La lettre vizirielle n'a donc plus de raison
d'être, puisqu'il ne s'agit point d'un acte judiciaire, mais
bien d'une œuvre grandiose qu'une simple formule lé-
gale ne pourrait détruire.
» Avant de vous parler du spectacle singulier qui
s'offre à mes yeux au point de l'isthme d'où je vous
écris, je dois vous entretenir de tout ce que j'ai vu et
examiné sur la ligne que j'ai suivie.
» Nous sommes au lac Menzaleh, qui a une circonfé-
rence de 50 lieues, et que le canal maritime traverse
dans une longueur de 40 kilomètres. La population qui
habite les rivages de ce lac s'élève à environ quinze
mille âmes. Suivant les observations faites sur les types
et sur les monuments recueillis parmi les ruines de
très-anciennes villes qu'on trouve sur plusieurs points
de ces territoires, ces habitants descendent de la race
des pasteurs. Ils vivent misérablement sous la dépen-
dance du concessionnaire de la pêche du lac, de sorte
que trouvant un grand avantage à prêter leurs services
à la Compagnie, ils sont venus volontairement exécuter
les travaux du canal dans son parcours à travers le lac.
» Sur cette section on voit de temps en temps de
longs espaces de digues déjà solidement formées. Il sem-
ble cependant que divers points du lac ne présentent pas
un fond également solide, car on n'y trouve que de la vase
jusqu'à plusieurs mètres de profondeur. Quinze dragues
à vapeur ou excavateurs y fonctionnent, de provenance.
belge, mais montées toutes dans les ateJiers- de Port-
Saïd. Leur force nous paraît un peu faible pour le tra-
vail qu'elles ont à faire, et nous pensons que si on se
servait de dragues plus fortes et capables de creuser à
une profondeur plus grande, les travaux d'art néces-
saires aux endroits difficiles pour la construction des
digues, pourraient être beaucoup facilités.
» Nous sommes fermement convaincus que, àl'époque
actuelle, rien n'est impossible. La science a surmonté
des difficultés beaucoup plus graves que celles que peut
présenter le lac Menzaleh. La question se réduit donc
à l'emploi des moyens les plus propres pour arriver au
but. Les devis préalables se basent sur l'emploi de dra-
gues de la force non-seulement de vingt chevaux, mais
même de la force de trente-cinq chevaux. Si d'ailleurs
une dépense plus importante de dragues devenait né-
cessaire (et quant à moi, je suis d'avis qu'il faudra en
employer plus d'une centaine), nous rappellerons que
sur plusieurs points, l'exécution des travaux a obtenu
une considérable économie sur les prix calculés primi-
tivement. Les dragues, à mon avis, anéantissent en
grande partie les difficultés qu'on peut rencontrer dans
les travaux sur quelques parties de l'isthme.
» A Raz-el-Ech, a été établi un petit campement où
résident environ cent Européens. Sur ce point sont dis-
tribués près de trois mille Arabes, et trois dragues tra-
vaillent activement.
» De Raz-el-Ech jusqu'au seuil les opérations se
suivent régulièrement, et sur la gauche, une rigole
de 6 mètres de largeur, et aujourd'hui navigable, est
creusée jusqu'à moitié chemin de Kantara; sur la droite,
on forme une section du canal de 10 mètres de largeur,
sur lm,20 de profondeur.
» Le travail est facile ; la nature du terrain ne pré-
sente aucune difficulté, si ce n'est celle qui résulte de
l'action du sable. Afin d'y remédier, on a formé dans
quelques espaces menacés une palissade au milieu de
laquelle on a planté des tamaris. Cette palissade ne s'é-
lève qu'à un mètre de hauteur, et serait, je crois, in-
suffisante pour protéger le canal contre l'action des sa-
bles. Il faut observer que les sables d'une certaine gros-
seur s'arrêtent facilement derrière un léger obstacle;
contre eux, cette palissade serait suffisante; mais le
sable fin soulevé par le vent pourrait venir se jeter
dans le canal s'il ne rencontrait pas des obstacles éle-
vés sur son chemin.
» Au reste, ce ne n'est là qu'une difficulté apparente
et que pourront aplanir, nous pensons, les opérations
du creusement et de la canalisation. De Suez à l'ex-
trémité des lacs Amers le terrain est aussi sablonneux,
mais les vents n'apportent aucune modification- à la
surface de cette partie de l'isthme, parce que les sables
restent toujours humides par suite des infiltrations de
EXCURSION À L'ISTHME DE SUEZ.
Extrait du Spectateur égyptien.
(Suite. — Voir notre numéro du 1er août.)
« El-Guisr, 6 août 1862.
« En suivant la ligna du canal, dont la longueur de
Port-Saïd à El-Guisr est de 65 kilomètres, j'ai vu de
grands travaux déjà exécutés, d'autres commencés ou à
peine tracés ; j'ai parcouru en barque une bonne partie
du désert sur un canal qu'alimentent les eaux de la
Méditerranée.
» Je me suis demandé plus d'une fois, me rappelant
la lettre vizirielle que j'ai lue dernièrement dans un
journal d'Alexandrie, si ce que je voyais était une réa-
lité ou rien et comme non avenu.
» Cependant je suis rentré dans la réalité des choses
quand j'ai eu observé que cette lettre était datée du
21 safer 1276 (16 septembre 1859) ; car depuis cette épo -
que la question de la canalisation de l'isthme de Suez,
même au point de vue politique, a dû infailliblement
avancer. Si notre siècle a fait tant de progrès dans la
voie de la civilisation, ce n'est pas seulement par suite
du développement des idées, c'est bien plus encore
parce que les faits peuvent immédiatement suivre l'ap-
plication de ces idées.
» D'ailleurs les travaux de l'isthme ne sont un mys-
tère pour personne. Il n'y a pas trois mois qu'a eu lieu
à Paris la réunion générale des actionnaires; on a rendu
compte des travaux et de l'état général de l'entreprise.
D'autre part, M. de Lesseps en a parlé dans plusieurs
conférences à l'Association polytechnique, et la presse
s'en est occupée ; enfin le gouvernement et le parlement
anglais ont montré qu'ils les connaissaient, bien qu'ils
aient fait preuve d'erreurs sur quelques points. Cepen-
dant aucune des puissances intéressées n'a manifesté
d'étonnement; aucune opposition, aucune protestation
ne s'est élevée, soit de la part de la Sublime Porte, soit
de celle de l'Angleterre, et les travaux continuent avec
vigueur. La lettre vizirielle n'a donc plus de raison
d'être, puisqu'il ne s'agit point d'un acte judiciaire, mais
bien d'une œuvre grandiose qu'une simple formule lé-
gale ne pourrait détruire.
» Avant de vous parler du spectacle singulier qui
s'offre à mes yeux au point de l'isthme d'où je vous
écris, je dois vous entretenir de tout ce que j'ai vu et
examiné sur la ligne que j'ai suivie.
» Nous sommes au lac Menzaleh, qui a une circonfé-
rence de 50 lieues, et que le canal maritime traverse
dans une longueur de 40 kilomètres. La population qui
habite les rivages de ce lac s'élève à environ quinze
mille âmes. Suivant les observations faites sur les types
et sur les monuments recueillis parmi les ruines de
très-anciennes villes qu'on trouve sur plusieurs points
de ces territoires, ces habitants descendent de la race
des pasteurs. Ils vivent misérablement sous la dépen-
dance du concessionnaire de la pêche du lac, de sorte
que trouvant un grand avantage à prêter leurs services
à la Compagnie, ils sont venus volontairement exécuter
les travaux du canal dans son parcours à travers le lac.
» Sur cette section on voit de temps en temps de
longs espaces de digues déjà solidement formées. Il sem-
ble cependant que divers points du lac ne présentent pas
un fond également solide, car on n'y trouve que de la vase
jusqu'à plusieurs mètres de profondeur. Quinze dragues
à vapeur ou excavateurs y fonctionnent, de provenance.
belge, mais montées toutes dans les ateJiers- de Port-
Saïd. Leur force nous paraît un peu faible pour le tra-
vail qu'elles ont à faire, et nous pensons que si on se
servait de dragues plus fortes et capables de creuser à
une profondeur plus grande, les travaux d'art néces-
saires aux endroits difficiles pour la construction des
digues, pourraient être beaucoup facilités.
» Nous sommes fermement convaincus que, àl'époque
actuelle, rien n'est impossible. La science a surmonté
des difficultés beaucoup plus graves que celles que peut
présenter le lac Menzaleh. La question se réduit donc
à l'emploi des moyens les plus propres pour arriver au
but. Les devis préalables se basent sur l'emploi de dra-
gues de la force non-seulement de vingt chevaux, mais
même de la force de trente-cinq chevaux. Si d'ailleurs
une dépense plus importante de dragues devenait né-
cessaire (et quant à moi, je suis d'avis qu'il faudra en
employer plus d'une centaine), nous rappellerons que
sur plusieurs points, l'exécution des travaux a obtenu
une considérable économie sur les prix calculés primi-
tivement. Les dragues, à mon avis, anéantissent en
grande partie les difficultés qu'on peut rencontrer dans
les travaux sur quelques parties de l'isthme.
» A Raz-el-Ech, a été établi un petit campement où
résident environ cent Européens. Sur ce point sont dis-
tribués près de trois mille Arabes, et trois dragues tra-
vaillent activement.
» De Raz-el-Ech jusqu'au seuil les opérations se
suivent régulièrement, et sur la gauche, une rigole
de 6 mètres de largeur, et aujourd'hui navigable, est
creusée jusqu'à moitié chemin de Kantara; sur la droite,
on forme une section du canal de 10 mètres de largeur,
sur lm,20 de profondeur.
» Le travail est facile ; la nature du terrain ne pré-
sente aucune difficulté, si ce n'est celle qui résulte de
l'action du sable. Afin d'y remédier, on a formé dans
quelques espaces menacés une palissade au milieu de
laquelle on a planté des tamaris. Cette palissade ne s'é-
lève qu'à un mètre de hauteur, et serait, je crois, in-
suffisante pour protéger le canal contre l'action des sa-
bles. Il faut observer que les sables d'une certaine gros-
seur s'arrêtent facilement derrière un léger obstacle;
contre eux, cette palissade serait suffisante; mais le
sable fin soulevé par le vent pourrait venir se jeter
dans le canal s'il ne rencontrait pas des obstacles éle-
vés sur son chemin.
» Au reste, ce ne n'est là qu'une difficulté apparente
et que pourront aplanir, nous pensons, les opérations
du creusement et de la canalisation. De Suez à l'ex-
trémité des lacs Amers le terrain est aussi sablonneux,
mais les vents n'apportent aucune modification- à la
surface de cette partie de l'isthme, parce que les sables
restent toujours humides par suite des infiltrations de
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Collections numériques similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 9/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k62033049/f9.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k62033049/f9.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k62033049/f9.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k62033049
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k62033049
Facebook
Twitter