Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1862 15 septembre 1862
Description : 1862/09/15 (A7,N150). 1862/09/15 (A7,N150).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033049
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
286 L'ISTHME DE SUEZ,
qui se trouve près de. la ville du seuil d'El-Guisr.
soit dans les gourbis que l'entreprise a fait cons-
truire pour les travailleurs. On peut bien dire au-
jourd'hui qu'une ville se trouve maintenant dans ce
désert où, il y a dix-huit mois, on ne voyait que
quelques tentes éparses çà et là. Les maisons cons-
truites pour les employés sont à peu près uniformes ;
un rez-de-chaussée seulement, mais assez élevé pour
permettre à l'air de circuler librement ; devant chaque
maison, des gourbis en nattes pour abriter les habi-
tants contre les rayons du soleil, un peu àrdent
dans cette saison. Les principales rues sont d'abord
a rue Richelieu ; oui, Monsieur, la rue Richelieu,
et, ce qui est plus étonnant encore, une fontaine
qui a été pompeusement décorée du nom de fontaine
Molière, est au milieu de la rue ; à l'extrémité faisant
face aux travaux, l'église catholique récemment
édifiée par les soins de l'entreprise. Un mot au sujet
de cette église : il est fâcheux qu'il n'y ait pas encore
de prêtres au Seuil; la population est nombreuse, et
un ministre de Dieu pourrait récolter beaucoup, je
crois, dans cet « ancien désert. »
« Monseigneur Dupanloup disait un jour, en par-
lant du canal de Suez , qu'un canal se creusait , et
qne par cette ouverture on verrait passer Dieu ;
mais ne serait-il pas bon de songer un peu à ceux
qui sont sur les rives de ce canal? Qu'un employé
soit malade ; qu'il vienne à mourir : pas de prêtre
pour prodiguer à cet enfant de la France, expirant
sur un sol étranger, à 800 lieues de sa mère, les se-
cours et les consolations de la religion. J'appelle ,
Monsieur, votre attention sur ce point. On m'a
bien dit qu'avant peu la question serait résolue d'une
manière quelconque, et qu'un prêtre français , ou un
des Pères du couvent de Terre-Sainte, viendrait
s'installer au Seuil. Je le désire de tous mes vœux,
car, c'est une nécessité. Partout où est la France on
reconnaît le bon droit ; et où est le bon droit, on y
trouve aussi Dieu. La seconde rue principale porte
le nom d'avenue de l'Impératrice ; il n'y manque que
des arbres et un peu d'ombre; celle qui vient en troi-
sième ligne est l'avenue de la mosquée. C'est une
grande rue, conduisant à la mosquée élevée près
du village arabe situé un peu au sud-ouest d'El-
Guisr.
» L'entreprise voulant, en effet, s'attacher les
Arabes, et les rendre sédentaires sur tout le par-
cours du canal, prend toutes les mesures nécessaires
dans ce but ; rien n'est épargné : ils peuvent exercer
eur culte sans crainte; leur religion, leurs femmes,
leurs mœurs, leurs croyances, sont respectées plus
peut-être que dans toute autre ville de l'Égypte où
se trouvent des Européens. 11 n'est pas, m'a-t-on
affirmé, d'exemple d'insulte de ce genre: aussi les
Arabes viennent-ils en foule s'installer au Seuil, et
grossir le nombre déjà considérable des habitants
du village dont je parlais un peu plus haut. J'ai
visité l'hôpital, où tout est en ordre, mais où les
malades brillent par leur absence. J'ai dû à l'obli-
geance de M. l'agent de la Compagnie de voir le
musée formé de différentes curiosités découvertes en
creusant le canal : il y en a de prix, et remontant
à une date très-ancienne. Plusieurs rues sillonnent
encore la ville : la rue des transports et celle des
magasins. J'ai parcouru ces magasins, et je me suis
assuré par moi-même que gràce aux denrées qui y
sont accumulées, biscuits, huile, beurre, lentilles,
oignons et vivres arabes de toute espèce, l'entre-
prise peut facilement pendant longtemps fournir
aux besoins d'une armée nombreuse de travailleurs.
J'oubliais de dire qu'un phare placé au haut de la
mosquée est allumé chaque soir, et peut au besoin
guider les caravanes ou les voyageurs égarés dans
le désert.
» Le lendemain de mon arrivée au seuil, toujours
accompagné par M. l'agent de la Compagnie , j'ai
parcouru à cheval les différents chantiers jusqu'à El--
Ferdane. Souvent, en voyant la gaieté des ouvriers et
en entendant leurs chants, je me suis laissé aller à
un rire franc en pensant aux larmes, sincères que
tout le parlement anglais a versées sur le sort
des malheureux fellahs, que la Compagnie a la
cruauté de payer pour un travail qu'ils paraissent
accomplir sans aucune répugnance. Au chantier
n° 3, il y avait environ 8,000 hommes occupés à
déblayer: c'était, me dit-on, la dernière corvée qui
devait livrer la rigole complète et terminée jus-
qu'au chantier no 4. Ce dernier chantier est
achevé, et l'eau coule sur une longueur de près de
2 kilomètres. A la fin d'août, le chantier n° 5 devait
être également achevé, et deux mois après la rigole
serait navigable de Port-Saïd à Timsah.
» L'excursion que je fis sur les travaux me donna
lieu de m'assurer de plusieurs choses : d'abord, que
tous les magasins étaient suffisamment approvision-
nés ; ensuite, que la remarque que j'avais faite rela-
tivement aux berges du chantier no 6 était parfai-
tement applicable à toute l'étendue du seuil; et, enfin,
que la seule manière de faire le canal, et de le bien
faire, tout au moins pour la première tranchée, con-
sistait à employer les bras et non les machines.
» L'application des toiles sans fin n'a pu être mise
à. profit, et j'ai vu quelques-uns de ces appareils
abandonnés, et à juste titre, car, dans le moment
présent, ils ne pouvaient rendre aucun service :
« Des couffins et des "pioches, me disait l'un des
chefs de campement, et la rigole est terminée. » Je
suis de cet avis, quant à présent, je le répète, et
l'expérience a prouvé aussi qu'il fallait renoncer au
qui se trouve près de. la ville du seuil d'El-Guisr.
soit dans les gourbis que l'entreprise a fait cons-
truire pour les travailleurs. On peut bien dire au-
jourd'hui qu'une ville se trouve maintenant dans ce
désert où, il y a dix-huit mois, on ne voyait que
quelques tentes éparses çà et là. Les maisons cons-
truites pour les employés sont à peu près uniformes ;
un rez-de-chaussée seulement, mais assez élevé pour
permettre à l'air de circuler librement ; devant chaque
maison, des gourbis en nattes pour abriter les habi-
tants contre les rayons du soleil, un peu àrdent
dans cette saison. Les principales rues sont d'abord
a rue Richelieu ; oui, Monsieur, la rue Richelieu,
et, ce qui est plus étonnant encore, une fontaine
qui a été pompeusement décorée du nom de fontaine
Molière, est au milieu de la rue ; à l'extrémité faisant
face aux travaux, l'église catholique récemment
édifiée par les soins de l'entreprise. Un mot au sujet
de cette église : il est fâcheux qu'il n'y ait pas encore
de prêtres au Seuil; la population est nombreuse, et
un ministre de Dieu pourrait récolter beaucoup, je
crois, dans cet « ancien désert. »
« Monseigneur Dupanloup disait un jour, en par-
lant du canal de Suez , qu'un canal se creusait , et
qne par cette ouverture on verrait passer Dieu ;
mais ne serait-il pas bon de songer un peu à ceux
qui sont sur les rives de ce canal? Qu'un employé
soit malade ; qu'il vienne à mourir : pas de prêtre
pour prodiguer à cet enfant de la France, expirant
sur un sol étranger, à 800 lieues de sa mère, les se-
cours et les consolations de la religion. J'appelle ,
Monsieur, votre attention sur ce point. On m'a
bien dit qu'avant peu la question serait résolue d'une
manière quelconque, et qu'un prêtre français , ou un
des Pères du couvent de Terre-Sainte, viendrait
s'installer au Seuil. Je le désire de tous mes vœux,
car, c'est une nécessité. Partout où est la France on
reconnaît le bon droit ; et où est le bon droit, on y
trouve aussi Dieu. La seconde rue principale porte
le nom d'avenue de l'Impératrice ; il n'y manque que
des arbres et un peu d'ombre; celle qui vient en troi-
sième ligne est l'avenue de la mosquée. C'est une
grande rue, conduisant à la mosquée élevée près
du village arabe situé un peu au sud-ouest d'El-
Guisr.
» L'entreprise voulant, en effet, s'attacher les
Arabes, et les rendre sédentaires sur tout le par-
cours du canal, prend toutes les mesures nécessaires
dans ce but ; rien n'est épargné : ils peuvent exercer
eur culte sans crainte; leur religion, leurs femmes,
leurs mœurs, leurs croyances, sont respectées plus
peut-être que dans toute autre ville de l'Égypte où
se trouvent des Européens. 11 n'est pas, m'a-t-on
affirmé, d'exemple d'insulte de ce genre: aussi les
Arabes viennent-ils en foule s'installer au Seuil, et
grossir le nombre déjà considérable des habitants
du village dont je parlais un peu plus haut. J'ai
visité l'hôpital, où tout est en ordre, mais où les
malades brillent par leur absence. J'ai dû à l'obli-
geance de M. l'agent de la Compagnie de voir le
musée formé de différentes curiosités découvertes en
creusant le canal : il y en a de prix, et remontant
à une date très-ancienne. Plusieurs rues sillonnent
encore la ville : la rue des transports et celle des
magasins. J'ai parcouru ces magasins, et je me suis
assuré par moi-même que gràce aux denrées qui y
sont accumulées, biscuits, huile, beurre, lentilles,
oignons et vivres arabes de toute espèce, l'entre-
prise peut facilement pendant longtemps fournir
aux besoins d'une armée nombreuse de travailleurs.
J'oubliais de dire qu'un phare placé au haut de la
mosquée est allumé chaque soir, et peut au besoin
guider les caravanes ou les voyageurs égarés dans
le désert.
» Le lendemain de mon arrivée au seuil, toujours
accompagné par M. l'agent de la Compagnie , j'ai
parcouru à cheval les différents chantiers jusqu'à El--
Ferdane. Souvent, en voyant la gaieté des ouvriers et
en entendant leurs chants, je me suis laissé aller à
un rire franc en pensant aux larmes, sincères que
tout le parlement anglais a versées sur le sort
des malheureux fellahs, que la Compagnie a la
cruauté de payer pour un travail qu'ils paraissent
accomplir sans aucune répugnance. Au chantier
n° 3, il y avait environ 8,000 hommes occupés à
déblayer: c'était, me dit-on, la dernière corvée qui
devait livrer la rigole complète et terminée jus-
qu'au chantier no 4. Ce dernier chantier est
achevé, et l'eau coule sur une longueur de près de
2 kilomètres. A la fin d'août, le chantier n° 5 devait
être également achevé, et deux mois après la rigole
serait navigable de Port-Saïd à Timsah.
» L'excursion que je fis sur les travaux me donna
lieu de m'assurer de plusieurs choses : d'abord, que
tous les magasins étaient suffisamment approvision-
nés ; ensuite, que la remarque que j'avais faite rela-
tivement aux berges du chantier no 6 était parfai-
tement applicable à toute l'étendue du seuil; et, enfin,
que la seule manière de faire le canal, et de le bien
faire, tout au moins pour la première tranchée, con-
sistait à employer les bras et non les machines.
» L'application des toiles sans fin n'a pu être mise
à. profit, et j'ai vu quelques-uns de ces appareils
abandonnés, et à juste titre, car, dans le moment
présent, ils ne pouvaient rendre aucun service :
« Des couffins et des "pioches, me disait l'un des
chefs de campement, et la rigole est terminée. » Je
suis de cet avis, quant à présent, je le répète, et
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