Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 septembre 1862 15 septembre 1862
Description : 1862/09/15 (A7,N150). 1862/09/15 (A7,N150).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033049
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
294 L'ISTHME DE SUEZ,
ession d'un chemin de fer de Shang-Haï à Pékin.
C'est là, dit-on, le prix dont le gouvernement chi-
nois a payé les services que les Anglais lui ont
rendus, et doivent lui rendre encore contre les taï-
pings. On ne doute pas que le gouvernement fran-
çais n'ait stipulé en sa faveur quelques avantages
analogues. »
Ce ne sera pas un des moindres triomphes de notre
civilisation et l'une de ses moindres conquêtes sur
l'immobilité chinoise, que la création d'une voie
ferrée entre la mer et la capitale du Céleste Empire.
La Chine se rapproche donc de plus en plus du
mouvement occidental, et c'est encore l'un des évé-
nements qui rendent de plus en plus désirable
l'achèvement du canal de Suez. En même temps qu'il
ajoutera aux avantages financiers qui sont réservés
à cette grande entreprise, le chemin de fer entre la
mer et Pékin sera en quelque sorte la suite et le
complément du canal maritime entre la Chine et
l'Europe.
FLEURY.
LE CANAL DE SUEZ.
« Gesta Dei per Francos.
» La jonction de la Méditerranée :à la mer Rouge
n'est pas une idée conçue de nos jours : Sésostris, Né-
chos, Darius, Alexandre, Ptolémée-Philadelphe, César,
Trajan, le calife Omar, Napoléon Ier et Méhémet-Ali ne
comprirent pas seulement l'importance de cette jonc-
tion; les Pharaons, les Perses, les Romains, les Arabes
eux-mêmes ont vu fonctionner un canal joignant les
deux mers.
» Mais c'était par le Nil et une saignée faite à ce
fleuve, que l'Europe donnait alors la main aux Indes.
Jusqu'ici, la Méditerranée et la mer Rouge n'avaient
jamais été unies par une ligne directe. C'est là une
conception nouvelle, une entreprise gigantesque, traitée
de chimère par quelques-uns, même au xixe siècle. Il
était donné à M. de Lesseps de prouver le contraire : il
a surmonté tous les obstacles que lui ont opposés les
hommes et les choses, l'Angleterre, Constantinople et
le Désert. Mais, il faut le dire, ce hardi jouteur était
soutenu par l'opinion publique, par ce levier universel
qui sait aussi bien mettre debout que renverser.
» M. de Lesseps nous le dit lui-même : c'est à l'opi-
nion publique qu'il doit son succès. Mais, du moins,
fallait-il l'enrôler sous ses drapeaux. Le parlement an-
glais a entendu ses tribunes prêter à la France les in-
tentions les plus perfides ; un instant l'opinion publi-
que sembla s'y laisser prendre. Dans des circonstances
aussi graves, M. de Lesseps laissa les mots et répondit
par les faits ; et les faits sont sans réplique.
» L'Angleterre aussi bien se tait ; elle admirera bien-
tôt.
» Suivons donc M. de Lesseps dans ses travaux de
Péluse à Suez; parcourons, une carte à la main,
les 150 kilomètres qui les séparent. Port-Saïd,
créé par M. de Lesseps, s'élève sans obstacle sur les
bords de la Méditerranée, au milieu de lagunes, hier
désertes ; aujourd'hui c'est une ville de cinq mille âmes,
et dans les environs trente mille ouvriers attaquent
50 millions de mètres cubes de terre.
» Au nord de Port-Saïd, M. de Lesseps a lancé en
mer une jetée de 3,000 mètres pour protéger le port
contre les sables que remuent les courants. — Au sud,
quatorze dragues creusent et élargissent un chenal
que la nature avait préparé dans le lac Menzaleh. Il
longe Kantara, le grand passage des caravanes allant
d'Egypte en Syrie, traverse le lac Ballah, et aboutit au
seuil d'El-Guisr, où le canal mesure déjà 65 kilomètres.
» Nous sommes au milieu du désert ; El-Guisr est le
sommet le plus élevé de toute la ligne du tracé ; c'es
comme le point de séparation des deux versants de la
Méditerranée et de la mer Rouge ; vingt mille hommes
y creusent actuellement une tranchée de 60 mètres de
large, qui continue la rigole maritime jusqu'au petit
lac Timsah, centre de l'isthme et des travaux, à égale
distance de Port-Saïd et de la mer Rouge.
De là le tracé se prolonge entre deux collines, le
Sheik-Ennedec et le Gibel-Mariam ; il franchit le Séra-
péum, autre seuil de 10 kilomètres; il entre dans le
bassin des lacs Amers ; il coupe encore un terrain de 10
kilomètres; enfin, il atteint le golfe de Suez.
» Pour réaliser cette jonction des deux mers, il ne
reste plus que 6 millions de mètres cubes de terre à
enlever; dans onze mois, les bâtiments de petit tonnage
pourront traverser l'isthme, et avant trois ans, deux
grands vaisseaux passeront de front dans le fleuve de
M. de Lesseps ; il aura, en moyenne, 8 mètres de pro-
fondeur.
» Est-il nécessaire maintenant d'énumérer les avan-
tages du percement de l'isthme de Suez? Il y a quel-
ques années, la Russie convoitait les Dardanelles, et
l'Angleterre la mer Rouge et l'isthme ; les deux co-
losses se disputaient une suprématie qui semblait
étrangère à notre Occident. La France, on s'en sou-
vient, a dit à la Russie : Tu resteras au bord de la mer
Noire ; » et un Français dit aujourd'hui à l'Angleterre :
« Tu n'auras pas le monopole des mers." Laissons parler
M. de Lesseps, qu'applaudissaient, il y a quelques jours,
deux mille auditeurs.
« La religion, la science, l'industrie, le commerce,
» vont s'ouvrir une nouvelle route pour la propagande
» de la civilisation parmi sept cents millions d'âmes li-
» vrées aux ténèbres de l'ignorance, de la barbarie et de
» l'oppression. Les pavillons de tous les pays iront sil-
» lonner les mers qui, jusqu'ici, leur étaient fermées
» ou presque inconnues ; un grand pas sera fait pour
» le rapprochement des races humaines. La mer, qui
» occupe les trois quarts de notre globe, deviendra de
a plus en plus le domaine de tous, et non le monopole
» de quelques-uns. Les richesses se multiplieront en
» même temps que les lumières, et le monde n'oubliera
ession d'un chemin de fer de Shang-Haï à Pékin.
C'est là, dit-on, le prix dont le gouvernement chi-
nois a payé les services que les Anglais lui ont
rendus, et doivent lui rendre encore contre les taï-
pings. On ne doute pas que le gouvernement fran-
çais n'ait stipulé en sa faveur quelques avantages
analogues. »
Ce ne sera pas un des moindres triomphes de notre
civilisation et l'une de ses moindres conquêtes sur
l'immobilité chinoise, que la création d'une voie
ferrée entre la mer et la capitale du Céleste Empire.
La Chine se rapproche donc de plus en plus du
mouvement occidental, et c'est encore l'un des évé-
nements qui rendent de plus en plus désirable
l'achèvement du canal de Suez. En même temps qu'il
ajoutera aux avantages financiers qui sont réservés
à cette grande entreprise, le chemin de fer entre la
mer et Pékin sera en quelque sorte la suite et le
complément du canal maritime entre la Chine et
l'Europe.
FLEURY.
LE CANAL DE SUEZ.
« Gesta Dei per Francos.
» La jonction de la Méditerranée :à la mer Rouge
n'est pas une idée conçue de nos jours : Sésostris, Né-
chos, Darius, Alexandre, Ptolémée-Philadelphe, César,
Trajan, le calife Omar, Napoléon Ier et Méhémet-Ali ne
comprirent pas seulement l'importance de cette jonc-
tion; les Pharaons, les Perses, les Romains, les Arabes
eux-mêmes ont vu fonctionner un canal joignant les
deux mers.
» Mais c'était par le Nil et une saignée faite à ce
fleuve, que l'Europe donnait alors la main aux Indes.
Jusqu'ici, la Méditerranée et la mer Rouge n'avaient
jamais été unies par une ligne directe. C'est là une
conception nouvelle, une entreprise gigantesque, traitée
de chimère par quelques-uns, même au xixe siècle. Il
était donné à M. de Lesseps de prouver le contraire : il
a surmonté tous les obstacles que lui ont opposés les
hommes et les choses, l'Angleterre, Constantinople et
le Désert. Mais, il faut le dire, ce hardi jouteur était
soutenu par l'opinion publique, par ce levier universel
qui sait aussi bien mettre debout que renverser.
» M. de Lesseps nous le dit lui-même : c'est à l'opi-
nion publique qu'il doit son succès. Mais, du moins,
fallait-il l'enrôler sous ses drapeaux. Le parlement an-
glais a entendu ses tribunes prêter à la France les in-
tentions les plus perfides ; un instant l'opinion publi-
que sembla s'y laisser prendre. Dans des circonstances
aussi graves, M. de Lesseps laissa les mots et répondit
par les faits ; et les faits sont sans réplique.
» L'Angleterre aussi bien se tait ; elle admirera bien-
tôt.
» Suivons donc M. de Lesseps dans ses travaux de
Péluse à Suez; parcourons, une carte à la main,
les 150 kilomètres qui les séparent. Port-Saïd,
créé par M. de Lesseps, s'élève sans obstacle sur les
bords de la Méditerranée, au milieu de lagunes, hier
désertes ; aujourd'hui c'est une ville de cinq mille âmes,
et dans les environs trente mille ouvriers attaquent
50 millions de mètres cubes de terre.
» Au nord de Port-Saïd, M. de Lesseps a lancé en
mer une jetée de 3,000 mètres pour protéger le port
contre les sables que remuent les courants. — Au sud,
quatorze dragues creusent et élargissent un chenal
que la nature avait préparé dans le lac Menzaleh. Il
longe Kantara, le grand passage des caravanes allant
d'Egypte en Syrie, traverse le lac Ballah, et aboutit au
seuil d'El-Guisr, où le canal mesure déjà 65 kilomètres.
» Nous sommes au milieu du désert ; El-Guisr est le
sommet le plus élevé de toute la ligne du tracé ; c'es
comme le point de séparation des deux versants de la
Méditerranée et de la mer Rouge ; vingt mille hommes
y creusent actuellement une tranchée de 60 mètres de
large, qui continue la rigole maritime jusqu'au petit
lac Timsah, centre de l'isthme et des travaux, à égale
distance de Port-Saïd et de la mer Rouge.
De là le tracé se prolonge entre deux collines, le
Sheik-Ennedec et le Gibel-Mariam ; il franchit le Séra-
péum, autre seuil de 10 kilomètres; il entre dans le
bassin des lacs Amers ; il coupe encore un terrain de 10
kilomètres; enfin, il atteint le golfe de Suez.
» Pour réaliser cette jonction des deux mers, il ne
reste plus que 6 millions de mètres cubes de terre à
enlever; dans onze mois, les bâtiments de petit tonnage
pourront traverser l'isthme, et avant trois ans, deux
grands vaisseaux passeront de front dans le fleuve de
M. de Lesseps ; il aura, en moyenne, 8 mètres de pro-
fondeur.
» Est-il nécessaire maintenant d'énumérer les avan-
tages du percement de l'isthme de Suez? Il y a quel-
ques années, la Russie convoitait les Dardanelles, et
l'Angleterre la mer Rouge et l'isthme ; les deux co-
losses se disputaient une suprématie qui semblait
étrangère à notre Occident. La France, on s'en sou-
vient, a dit à la Russie : Tu resteras au bord de la mer
Noire ; » et un Français dit aujourd'hui à l'Angleterre :
« Tu n'auras pas le monopole des mers." Laissons parler
M. de Lesseps, qu'applaudissaient, il y a quelques jours,
deux mille auditeurs.
« La religion, la science, l'industrie, le commerce,
» vont s'ouvrir une nouvelle route pour la propagande
» de la civilisation parmi sept cents millions d'âmes li-
» vrées aux ténèbres de l'ignorance, de la barbarie et de
» l'oppression. Les pavillons de tous les pays iront sil-
» lonner les mers qui, jusqu'ici, leur étaient fermées
» ou presque inconnues ; un grand pas sera fait pour
» le rapprochement des races humaines. La mer, qui
» occupe les trois quarts de notre globe, deviendra de
a plus en plus le domaine de tous, et non le monopole
» de quelques-uns. Les richesses se multiplieront en
» même temps que les lumières, et le monde n'oubliera
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