Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 septembre 1862 15 septembre 1862
Description : 1862/09/15 (A7,N150). 1862/09/15 (A7,N150).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033049
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
290 L'ISTHME DE SUEZ,
la mer. De plus, ne pourrait-on pas imiter facilement
la nature en établissant avec les terres déblayées des
cavaliers de plusieurs mètres de hauteur, dans les en-
droits menacés par les sables et solidifier ces cavaliers
avec l'eau du canal, qu'on y verserait au moyen de
pompes ?
» A Kantara, on a bâti plusieurs maisons pour les
employés de cette section, où on attendait un contin-
gent de mille hommes pour les travaux du canal.
» Le campement de Kantara est situé presque sur le
chemin des caravanes qui vont d'Égypte en Syrie; aux
alentours, j'ai observé sur un grand espace des ruines
qui témoignent que là a dû fleurir une grande ville. Je
n'ai pas l'intention d'entrer dans une discussion pure-
ment archéologique; je veux simplement constater ce
fait, prouvé sans aucun doute par les environs de
Kantara, que l'existence d'anciennes villes sur divers
points de l'isthme admet nécessairement l'existence de
terrains, cultivables. Et cependant il serait utile pour
l'histoire, et même pour l'entreprise, que la Compagnie,
consacrant à cet effet un petit capital, confiât à quel-
que homme capable, et qu'on trouverait facilement sur
les lieux, le soin de chercher parmi ces ruines le se-
cret de l'existence et de la destruction de ces anciens
centres de population.
» Sur la route de Kantara à El-Guisr, avant d'arriver au
campement de Ferdane, dans les terrains desséchés
qui portent la dénomination de lac Ballah, on rencontre
des carrières considérables de plâtre dont la qualité pa-
rait excellente. Une quantité de ce plâtre qui, venant
d'Europe, coûterait 25 francs, ne coûtera là que 10 francs.
Les fours sont en voie de construction, et le combusti-
ble se trouve également sur place.
» Nous sommes au seuil, à la plus grande élévation
du' terrain sur toute la ligne du canal. Nous sommes
en présence d'un obstacle définitivement surmonté. Le
spectacle que j'ai devant les yeux est véritablement
grandiose. Sur un parcours d'un kilomètre et demi
15,000 hommes, venus de différentes provinces de l'Egy-
pte, travaillent à creuser et transporter la terre sur les
deux berges africaine et asiatique, avec un ordre et
un entrain qui m'ont véritablement étonné. Ce grand
nombre d'ouvriers est divisé en petites légions, aux-
quelles est fixée une tâche mensuelle. Chacune s'em-
presse "de l'exécuter dans le plus bref délai possible,
afin de recevoir sa paie et de s'en retourner ensuite
dans son village, avec un bénéfice de beaucoup supé-
rieur à celui qu'elle aurait pu obtenir de tout autre tra-
vail en Egypte. Ainsi cette multitude d'ouvriers se re-
nouvelle chaque mois ; ainsi on obtient un travail de
creusement qui donne un résultat mensuel en moyenne
de 400,000 mètres cubes de terre; ainsi on conserve un
état hygiénique satisfaisant dans une masse si consi-
dérable d'ouvriers, grâce également à la grande salu-
brité de notre climat; ainsi on arrive k de très-utiles
résultats moraux sur la population égyptienne. Ismail
Bey est délégué par le gouvernement égyptien pour
la police des indigènes.
» Vélévation moyenne d'El-Guisr est de 10m,50 ; la
plus haute est de 19m,10. La profondeur du canal que
l'on creuse actuellement est de lm,20 à 2 mètres au.
dessous du niveau, de la mer.
» La nature du terrain varie suivant les différentes
couches. La couche supérieure,, sur une épaisseur ce
lm,50, est formée de pierres calcaires. Ensuite on trouve
une certaine pierre sablonneuse ou sable agglutiné; puis,
au fond, du sable pur. Au chantier no 6, dans un petit
espace entre le seuil et le lac Timsab, on a rencontré
de la pierre. Cela a occasionné un léger retard dans
l'accomplissement des travaux. Mais dans six semaines
ou au plus deux mois, les eaux de la Méditerranée
pourront déboucher dans le lac Timsah, et dans quinze
mois ces eaux pourront s'unir avec celles de la mer
Rouge, au moyen d'un petit canal. Entre Timsah et
Suez le terrain ne présente plus aucune difficulté, et
la seule élévation qu'il y ait est celle du Sérapéum, à
12 mètres au-dessus du niveau de la mer.
» Ici encore fleurit une petite ville contenant une po-
pulation de deux cents Européens et d'autant d'Arabes.
Au milieu de la grande place on voit un petit temple
catholique en pierre ; on a bâti, aussi en pierre, une
mosquée, sur le minaret de laquelle s'élève un phare
— le désett peut bien être comparé à la mer. — El- -
Guisr a, en outre, un hôpital pour les Européens et un
pour les indigènes; dans ce dernier, je n'ai vu qu'un
seul malade ; une hôtellerie, un marché arabe, et, ce
qui mérite une attention toute spéciale, une salle con-
sacrée à la Société artistique créée sur les lieux, et où
l'on collectionne des objets d'antiquité égyptienne et
d'histoire naturelle.
» On y trouve encore des magasins remplis d'objets
de tous genres, des usines de réparation, un grand
campement de chameaux et d'autres bestiaux qui ser-
vent aux transports.
» L'aspect de cette petite ville est beau; mais son
avenir, à ce qu'il me parait, est bien limité. Une fois
les travaux de canalisation de l'isthme finis, elle n'a
plus de raison d'être, et probablement sa population
sera absorbée dans le grand centre qui se formera à
Timsah.
» Tout près du chantier n° 6, et justement à l'em-
bouchure du canal dans le lac Timsah, sur une éléva-
tion qui domine le lac même, et d'où l'on aperçoit les
montagnes de l'Attaka, s'élève le riche chalet destiné
à S. A. le vice-roi ; les travaux en sont déjà très-avan-
cés, et on espère qu'il sera terminé dans quelques mois.
C'est là également qu'arrive un petit canal d'eau douce
venant de Timsah, et servant à pourvoir abondamment
d'eau tous les ouvriers du seuil.
» Tous ces grands travaux demandaient nécessaire-
ment beaucoup de temps et beaucoup de dépenses, sur-
tout si l'on considère que l'installation a dû se créer
malgré le manque absolu sur les lieux des éléments
les plus nécessaires. Si l'on considère cela, on doit sin-
cèrement convenir que l'entreprise a été jusqu'à pré-
sent conduite avec beaucoup de sagacité ; on voi t bien
que les difficultés avaient été sérieusement étudiées, et
que ce tout est l'œuvre d'une habile direction qui a su
la mer. De plus, ne pourrait-on pas imiter facilement
la nature en établissant avec les terres déblayées des
cavaliers de plusieurs mètres de hauteur, dans les en-
droits menacés par les sables et solidifier ces cavaliers
avec l'eau du canal, qu'on y verserait au moyen de
pompes ?
» A Kantara, on a bâti plusieurs maisons pour les
employés de cette section, où on attendait un contin-
gent de mille hommes pour les travaux du canal.
» Le campement de Kantara est situé presque sur le
chemin des caravanes qui vont d'Égypte en Syrie; aux
alentours, j'ai observé sur un grand espace des ruines
qui témoignent que là a dû fleurir une grande ville. Je
n'ai pas l'intention d'entrer dans une discussion pure-
ment archéologique; je veux simplement constater ce
fait, prouvé sans aucun doute par les environs de
Kantara, que l'existence d'anciennes villes sur divers
points de l'isthme admet nécessairement l'existence de
terrains, cultivables. Et cependant il serait utile pour
l'histoire, et même pour l'entreprise, que la Compagnie,
consacrant à cet effet un petit capital, confiât à quel-
que homme capable, et qu'on trouverait facilement sur
les lieux, le soin de chercher parmi ces ruines le se-
cret de l'existence et de la destruction de ces anciens
centres de population.
» Sur la route de Kantara à El-Guisr, avant d'arriver au
campement de Ferdane, dans les terrains desséchés
qui portent la dénomination de lac Ballah, on rencontre
des carrières considérables de plâtre dont la qualité pa-
rait excellente. Une quantité de ce plâtre qui, venant
d'Europe, coûterait 25 francs, ne coûtera là que 10 francs.
Les fours sont en voie de construction, et le combusti-
ble se trouve également sur place.
» Nous sommes au seuil, à la plus grande élévation
du' terrain sur toute la ligne du canal. Nous sommes
en présence d'un obstacle définitivement surmonté. Le
spectacle que j'ai devant les yeux est véritablement
grandiose. Sur un parcours d'un kilomètre et demi
15,000 hommes, venus de différentes provinces de l'Egy-
pte, travaillent à creuser et transporter la terre sur les
deux berges africaine et asiatique, avec un ordre et
un entrain qui m'ont véritablement étonné. Ce grand
nombre d'ouvriers est divisé en petites légions, aux-
quelles est fixée une tâche mensuelle. Chacune s'em-
presse "de l'exécuter dans le plus bref délai possible,
afin de recevoir sa paie et de s'en retourner ensuite
dans son village, avec un bénéfice de beaucoup supé-
rieur à celui qu'elle aurait pu obtenir de tout autre tra-
vail en Egypte. Ainsi cette multitude d'ouvriers se re-
nouvelle chaque mois ; ainsi on obtient un travail de
creusement qui donne un résultat mensuel en moyenne
de 400,000 mètres cubes de terre; ainsi on conserve un
état hygiénique satisfaisant dans une masse si consi-
dérable d'ouvriers, grâce également à la grande salu-
brité de notre climat; ainsi on arrive k de très-utiles
résultats moraux sur la population égyptienne. Ismail
Bey est délégué par le gouvernement égyptien pour
la police des indigènes.
» Vélévation moyenne d'El-Guisr est de 10m,50 ; la
plus haute est de 19m,10. La profondeur du canal que
l'on creuse actuellement est de lm,20 à 2 mètres au.
dessous du niveau, de la mer.
» La nature du terrain varie suivant les différentes
couches. La couche supérieure,, sur une épaisseur ce
lm,50, est formée de pierres calcaires. Ensuite on trouve
une certaine pierre sablonneuse ou sable agglutiné; puis,
au fond, du sable pur. Au chantier no 6, dans un petit
espace entre le seuil et le lac Timsab, on a rencontré
de la pierre. Cela a occasionné un léger retard dans
l'accomplissement des travaux. Mais dans six semaines
ou au plus deux mois, les eaux de la Méditerranée
pourront déboucher dans le lac Timsah, et dans quinze
mois ces eaux pourront s'unir avec celles de la mer
Rouge, au moyen d'un petit canal. Entre Timsah et
Suez le terrain ne présente plus aucune difficulté, et
la seule élévation qu'il y ait est celle du Sérapéum, à
12 mètres au-dessus du niveau de la mer.
» Ici encore fleurit une petite ville contenant une po-
pulation de deux cents Européens et d'autant d'Arabes.
Au milieu de la grande place on voit un petit temple
catholique en pierre ; on a bâti, aussi en pierre, une
mosquée, sur le minaret de laquelle s'élève un phare
— le désett peut bien être comparé à la mer. — El- -
Guisr a, en outre, un hôpital pour les Européens et un
pour les indigènes; dans ce dernier, je n'ai vu qu'un
seul malade ; une hôtellerie, un marché arabe, et, ce
qui mérite une attention toute spéciale, une salle con-
sacrée à la Société artistique créée sur les lieux, et où
l'on collectionne des objets d'antiquité égyptienne et
d'histoire naturelle.
» On y trouve encore des magasins remplis d'objets
de tous genres, des usines de réparation, un grand
campement de chameaux et d'autres bestiaux qui ser-
vent aux transports.
» L'aspect de cette petite ville est beau; mais son
avenir, à ce qu'il me parait, est bien limité. Une fois
les travaux de canalisation de l'isthme finis, elle n'a
plus de raison d'être, et probablement sa population
sera absorbée dans le grand centre qui se formera à
Timsah.
» Tout près du chantier n° 6, et justement à l'em-
bouchure du canal dans le lac Timsah, sur une éléva-
tion qui domine le lac même, et d'où l'on aperçoit les
montagnes de l'Attaka, s'élève le riche chalet destiné
à S. A. le vice-roi ; les travaux en sont déjà très-avan-
cés, et on espère qu'il sera terminé dans quelques mois.
C'est là également qu'arrive un petit canal d'eau douce
venant de Timsah, et servant à pourvoir abondamment
d'eau tous les ouvriers du seuil.
» Tous ces grands travaux demandaient nécessaire-
ment beaucoup de temps et beaucoup de dépenses, sur-
tout si l'on considère que l'installation a dû se créer
malgré le manque absolu sur les lieux des éléments
les plus nécessaires. Si l'on considère cela, on doit sin-
cèrement convenir que l'entreprise a été jusqu'à pré-
sent conduite avec beaucoup de sagacité ; on voi t bien
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