Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-09-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 septembre 1862 01 septembre 1862
Description : 1862/09/01 (A7,N149). 1862/09/01 (A7,N149).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203303w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 271
dure que dans un temps prochain les eaux de la
Méditerranée s'uniront à celles de la mer Rouge.
Cette préalable démonstration, sans contredit, était
le premier point de la question à résoudre, puisqu'il
détruit les préventions que pouvait avoir conçues le
public australien sur la possibilité du travail. Mais
il en est une autre qui s'y rattache intimement, et
qui est aussi pour nous dn plus haut intérêt, c'pst
celle de l'utilité du canal de Suez par rapport à l'Aus-
tralie. Quelques personnes, en Europe, ont élevé
des doutes sur ce point; le journal de Melbourne
n'en a aucun. Il n'hésite pas à affirmer que l'ouver-
ture de l'isthme sera un inappréciable service rendu
à cette vaste et opulente colonie. L'isthme de Suez
lui épargnera les frais d'organisation d'un service
coûteux et les longueurs d'une navigation fastidieuse
autour du Cap. Il lui assurera la rapide et régulière
transmission de ses dépêches, et, ce qui est encore
plus essentiel à la prospérité de la colonie, le prompt
et rapide transport de ses immigrants, attirés chez
elle par l'inépuisable fécondité de son sol, par l'attrait
de ses gisements d'or et celui de ses nombreux pro-
duits, dont elle approvisionne les marchés européens,
aussi bien que de ceux qu'elle reçoit de l'industrie
occidentale. C'est, dit l'écrivain , à l'esprit d'entre-
prise, à l'indomptable persévérance de M. de Lesseps,
c'est aux actionnaires de la Compagnie, que l'Aus-
tralie devra « ce bénéfice presque incalculable. »
Il ne saurait trop haut évaluer l'importance de ce
rapprochement plus intime entre l'Orient et l'Occi-
dent, et les avantages que ne peuvent manquer d'en
retirer à la fois l'Inde, la Chine et l'Australie. Ce der-
nier sujet cependant est, ajoute-t-il, de ceux dont on
ne peut embrasser tous les résultats dans le cadre
d'un premier article d'exposition, et il s'engage à
l'envisager prochainement dans toute son étendue.
Nous attendons ce travail, qui puisera son autorité
dans la connaissance des faits et dans celle des lieux,
et dès qu'il nous sera parvenu, nous nous empres-
serons , à coup sûr, de le communiquer à nos lec-
teurs. Mais, dès à présent, nous avons lieu d'espérer
que nous trouverons dans l'intérêt australien et dans
l'opinion australienne un appui moral qui, certes, ne
sera pas sans influence pour hâter la conversion com-
plète et totale de l'Angleterre, déjà en bonne marche.
Notre confrère a raison quand il montre à ses conci-
toyens l'Europe se préparant, dès ce jour, à cette ré-
volution commerçiale et maritime que doit amener
l'exécution du canal de Suez. Ce n'est pas seulement
en Italie que ces préoccupations se traduisent par
des faits. L'Autriche, la France, l'Espagne, ont aussi
les yeux fixés sur cet avenir, et font leurs disposi-
tions en conséquence. Marseille multiplie ses docks ,
allonge ses quais, étend ses ports, et Bordeaux, par
le chemin qui doit le faire aboutir à Marseille, se pré-
pare à être l'un des grands intermédiaires du trafic
entre l'Océan et la Méditerranée. La vapeur, de toute
part, dirige ses lignes vers l'Orient. La Compagnie
Péninsulaire a une concurrente dans notre Compa-
gnie des Messageries impériales. La Hollande étudie
les moyens de profiter du nouveau passage, et d'ex-
ploiter, dans ce but, ses admirables possessions dans
les Indes orientales. L'Australie, de son côté, doit se
préparer, car les temps approchent, et l'Age lui
rendra un éminent et véritable service en lui faisant
sentir combien il lui importe de ne point négliger
les grandes perspectives qui s'ouvrent devant elle.
Il est très-vrai, comme le fait observer notre
confrère, qu'en ce moment, en Angleterre, les pré-
ventions passées s'effacent, et que même les adver-
saires du canal de Suez commencent à sentir que
l'exécution de cette œuvre est désormais inévitable.
Sur ce point, il cite quelques réflexions de la Quaterly
lleview qui lui paraissent un acte de résignation à
l'entreprise. Mais pour éclairer sa religion, nous
avons nous-même des rectifications à lui présenter
sur les assertions du recueil tory. Il n'y a rien
que de fictif dans la supposition que le canal de
Suez livrerait l'Egypte à la domination française ;
car l'œuvre n'appartient à aucune nationalité exclu-
sive; elle est une œuvre universelle. Toutes les na-
tions ont été appelées à former son capital ; elle est
exécutée par le travail égyptien ; elle est concédée
par le gouvernement égyptien, qui en est le princi-
pal actionnaire; elle est placée sous la loi égyp-
tienne; enfin, les terres que le canal va féconder
seront cultivées par les laboureurs égyptiens. Quant
aux prétendues défenses dont les côtes de l'Egypte
ont été hérissées par l'habileté des ingénieurs fran-
çais, c'est encore une erreur. Les côtes égyptiennes
sont aujourd'hui moins défendues que du temps de
Méhémet-Ali, et Mohammed-Saïd s'est occupé, dans
son pays, d'organiser la paix et non la guerre. Les
fortifications du canal sont une invention du même
genre. L'acte de concession les interdit à la Compa-
gnie; il les réserve au gouvernement égyptien, s'il
juge à propos d'en ériger, et dans ce cas le vice-roi
a offert au sultan de les faire occuper par des gar-
nisons turques. La crainte de voir fermer les com-
munications de l'Angleterre avec les Indes par
l'Egypte est donc parfaitement chimérique en tant
qu'elle pourrait résulter d'un changement quelconque
dans la situation égyptienne par suite du canal de
Suez. Mais la Quaterly Review nous fournit elle-même
la réfutation la plus puissante que nous puissions
opposer à son argument sur les dangers de l'ouver-
ture de l'isthme pour les possessions anglaises. Elle
se demande ce qui serait advenu si, en allant prendre
le commandement de l'armée indienne, au plus fort
danger de l'insurrection des cipayes, son chef, sir
Colin Campbell, avait été contraint de se rendre sur
le théàtre des événements, par la route prolongée
dure que dans un temps prochain les eaux de la
Méditerranée s'uniront à celles de la mer Rouge.
Cette préalable démonstration, sans contredit, était
le premier point de la question à résoudre, puisqu'il
détruit les préventions que pouvait avoir conçues le
public australien sur la possibilité du travail. Mais
il en est une autre qui s'y rattache intimement, et
qui est aussi pour nous dn plus haut intérêt, c'pst
celle de l'utilité du canal de Suez par rapport à l'Aus-
tralie. Quelques personnes, en Europe, ont élevé
des doutes sur ce point; le journal de Melbourne
n'en a aucun. Il n'hésite pas à affirmer que l'ouver-
ture de l'isthme sera un inappréciable service rendu
à cette vaste et opulente colonie. L'isthme de Suez
lui épargnera les frais d'organisation d'un service
coûteux et les longueurs d'une navigation fastidieuse
autour du Cap. Il lui assurera la rapide et régulière
transmission de ses dépêches, et, ce qui est encore
plus essentiel à la prospérité de la colonie, le prompt
et rapide transport de ses immigrants, attirés chez
elle par l'inépuisable fécondité de son sol, par l'attrait
de ses gisements d'or et celui de ses nombreux pro-
duits, dont elle approvisionne les marchés européens,
aussi bien que de ceux qu'elle reçoit de l'industrie
occidentale. C'est, dit l'écrivain , à l'esprit d'entre-
prise, à l'indomptable persévérance de M. de Lesseps,
c'est aux actionnaires de la Compagnie, que l'Aus-
tralie devra « ce bénéfice presque incalculable. »
Il ne saurait trop haut évaluer l'importance de ce
rapprochement plus intime entre l'Orient et l'Occi-
dent, et les avantages que ne peuvent manquer d'en
retirer à la fois l'Inde, la Chine et l'Australie. Ce der-
nier sujet cependant est, ajoute-t-il, de ceux dont on
ne peut embrasser tous les résultats dans le cadre
d'un premier article d'exposition, et il s'engage à
l'envisager prochainement dans toute son étendue.
Nous attendons ce travail, qui puisera son autorité
dans la connaissance des faits et dans celle des lieux,
et dès qu'il nous sera parvenu, nous nous empres-
serons , à coup sûr, de le communiquer à nos lec-
teurs. Mais, dès à présent, nous avons lieu d'espérer
que nous trouverons dans l'intérêt australien et dans
l'opinion australienne un appui moral qui, certes, ne
sera pas sans influence pour hâter la conversion com-
plète et totale de l'Angleterre, déjà en bonne marche.
Notre confrère a raison quand il montre à ses conci-
toyens l'Europe se préparant, dès ce jour, à cette ré-
volution commerçiale et maritime que doit amener
l'exécution du canal de Suez. Ce n'est pas seulement
en Italie que ces préoccupations se traduisent par
des faits. L'Autriche, la France, l'Espagne, ont aussi
les yeux fixés sur cet avenir, et font leurs disposi-
tions en conséquence. Marseille multiplie ses docks ,
allonge ses quais, étend ses ports, et Bordeaux, par
le chemin qui doit le faire aboutir à Marseille, se pré-
pare à être l'un des grands intermédiaires du trafic
entre l'Océan et la Méditerranée. La vapeur, de toute
part, dirige ses lignes vers l'Orient. La Compagnie
Péninsulaire a une concurrente dans notre Compa-
gnie des Messageries impériales. La Hollande étudie
les moyens de profiter du nouveau passage, et d'ex-
ploiter, dans ce but, ses admirables possessions dans
les Indes orientales. L'Australie, de son côté, doit se
préparer, car les temps approchent, et l'Age lui
rendra un éminent et véritable service en lui faisant
sentir combien il lui importe de ne point négliger
les grandes perspectives qui s'ouvrent devant elle.
Il est très-vrai, comme le fait observer notre
confrère, qu'en ce moment, en Angleterre, les pré-
ventions passées s'effacent, et que même les adver-
saires du canal de Suez commencent à sentir que
l'exécution de cette œuvre est désormais inévitable.
Sur ce point, il cite quelques réflexions de la Quaterly
lleview qui lui paraissent un acte de résignation à
l'entreprise. Mais pour éclairer sa religion, nous
avons nous-même des rectifications à lui présenter
sur les assertions du recueil tory. Il n'y a rien
que de fictif dans la supposition que le canal de
Suez livrerait l'Egypte à la domination française ;
car l'œuvre n'appartient à aucune nationalité exclu-
sive; elle est une œuvre universelle. Toutes les na-
tions ont été appelées à former son capital ; elle est
exécutée par le travail égyptien ; elle est concédée
par le gouvernement égyptien, qui en est le princi-
pal actionnaire; elle est placée sous la loi égyp-
tienne; enfin, les terres que le canal va féconder
seront cultivées par les laboureurs égyptiens. Quant
aux prétendues défenses dont les côtes de l'Egypte
ont été hérissées par l'habileté des ingénieurs fran-
çais, c'est encore une erreur. Les côtes égyptiennes
sont aujourd'hui moins défendues que du temps de
Méhémet-Ali, et Mohammed-Saïd s'est occupé, dans
son pays, d'organiser la paix et non la guerre. Les
fortifications du canal sont une invention du même
genre. L'acte de concession les interdit à la Compa-
gnie; il les réserve au gouvernement égyptien, s'il
juge à propos d'en ériger, et dans ce cas le vice-roi
a offert au sultan de les faire occuper par des gar-
nisons turques. La crainte de voir fermer les com-
munications de l'Angleterre avec les Indes par
l'Egypte est donc parfaitement chimérique en tant
qu'elle pourrait résulter d'un changement quelconque
dans la situation égyptienne par suite du canal de
Suez. Mais la Quaterly Review nous fournit elle-même
la réfutation la plus puissante que nous puissions
opposer à son argument sur les dangers de l'ouver-
ture de l'isthme pour les possessions anglaises. Elle
se demande ce qui serait advenu si, en allant prendre
le commandement de l'armée indienne, au plus fort
danger de l'insurrection des cipayes, son chef, sir
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