Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1862 15 août 1862
Description : 1862/08/15 (A7,N148). 1862/08/15 (A7,N148).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203302g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 255
tournera dans ses foyers moins pauvre et moins dénué.
Que reste-t-il donc de ce travail forcé? Une seule
chose, le recrutement des ouvriers par l'administra-
tion, recrutement, répétons-le, dont le principe est
la vie même et l'indispensable condition de la pros-
périté de l'Egypte. Ici c'est un engagement d'un mois.
Nous avons en Europe des recrutements comportant,
pour celui qu'ils atteignent, un engagement de cinq,
six et sept ans. Si c'est une corvée, c'est une corvée
payée. Nous avons en Europe, des corvées nom-
breuses et gratuites. C'est enfin, pour le pays tout
.entier, la répartition successive de plusieurs millions
de salaires parmi des populations quelquefois réduites
aux plus grandes extrémités de la misère. C'est pour
elles un contact avec la civilisation, l'amélioration
successive du travailleur, et c'est enfin, pour la na-
tion entière, l'exécution et l'achèvement d'une œuvre
qui doit rendre à leur fertilité naturelle d'immenses
zones de terrain et faire de l'Egypte la grande route
de deux mondes. Il nous semble qu'en face de tant
de grandes conditions et de beaux résultats, en face
de tant de progrès et d'affranchissements réalisés en
si peu d'années, M. Layard pouvait bien reconnaître
et avouer que le vieux système oppressif du travail
égyptien avait désormais cessé d'exister, et que
Mohammed-Saïd avait dès à présent ouvert à ce tra-
vail une carrière toute nouvelle.
ERNEST DESPLACES.
LE PAYS ET LES DERNIÈRES INTERPELLATIONS
à la Chambre des communes.
Le Pays, journal de l'Empire, publie les considéra-
tions suivantes sur la dernière interpellation de
M. Griffith dont nous venons de parler :
« Il est des choses dont on ne s'occupe qu'à regret.
Ainsi, rien n'est plus pénible que de soutenir une dis-
cussion quand la franchise ne règne pas des deux
côtés, et quand la sincérité semble déserter le débat.
Nous croyons donc que MM. les membres du parlement
anglais ne doivent aborder la question de l'isthme de
Suez qu'avec une extrême répugnance.
» M. Griffith, lui, n'a pas de ces mesquines délica-
tesses: aussi se lève-t-il à la chambre des communes
pour demander au premier lord de la trésorerie « si le
» gouvernement a obtenu quelque redressement au
» sujet de l'emploi du travail forcé pour le canal de
» Suez. »
» Or, on n'est jamais trahi que par les siens, comme
dit le proverbe : aussi M. Layard répond-il à la ques-
tion de l'honorable représentant du Devizes « qu'il
» croit que soixante-dix à quatre-vingt mille hommes
» ont été enlevés à leurs foyers et à leurs travaux or -
» dinaires, afin de travailler à la construction du canal
» de Suez. Si le canal réussit, ajoute-t-il, ces mal-
» heureux n'en retireront aucun profit. J'espère que
» le vice-roi d'Egypte reconnaîtra bientôt la nécessité
» de mettre fin à ce travail forcé. »
» Voilà certes des arguments spécieux. Messieurs du
parlement ne discutent plus qu'incidemment la ques-
tion de savoir si le canal a des chances de succès. En
revanche, ils se rejettent dans leur système favori de
philanthropie officielle et viennent mendier au monde
surpris une intervention charitable en faveur de ces
pauvres fellahs, qui ne prétendent pas à tant d'honneur
et n'ont peut-être même pas autant d'humilité.
» Comme on voit bien, par là, que l'Angleterre est
un grand pays, et le peuple anglais un grand peuple,
toujours à la piste des questions humanitaires pour
les résoudre un peu dans l'intérêt des autres et beau-
coup dans le sien! Nous voulons bien croire cependant
que les orateurs de la chambre des communes sont
parfaitement désintéressés et que leur philanthropie est
sincère.
» Si cependant, parmi tous ces orateurs, il se trou-
vait un homme convaincu, un de ces économistes in-
dépendants qui savent sacrifier l'intérêt malentendu de
quelques-uns au grand intérêt de l'humanité, que di-
rait-il?
Il dirait : « Messieurs les Anglais, commencez par
» vous appliquer ces admirables maximes et ces gran-
» des vertus que vous portez si bruyamment chez les
» autres. Regardez autour de vous, tout près de vous,
» en vous-mêmes. Voici l'Irlande affamée qui tantôt
» vous implore et tantôt vous maudit, au sein même
» du parlement, par la voix de ses représentants. Voici
» les îles Ionniennes qui vous réclament chaque jour
» les libertés que vous leur avez surprises. Voici les
» Indes où tout un peuple immense est levé contre
» votre philanthropie, votre longanimité, vos vertus
» privées et politiques, et votre ardent désir de bien
» faire.
s Croyez-vous que si le canal de Suez, contre lequel
» vous avez tant déblatéré et qui se poursuit malgré
» vous, avait été percé, vous n'auriez pas eu plus faci-
» lement raison de cette effroyable insurrection, tou-
» jours étouffée et toujours renaissante ? Croyez-vous
» qu'il ne vous eût pas été facile, en mettant en ligne
» des forces plus prépondérantes, d'obtenir des résul-
» tats décisifs, et d'épargner à vous comme aux autres
» les horreurs de cette guerre où la férocité du vaincu
» n'a eu d'égale que la férocité du vainqueur? Oui, le
D canal de Suez, c'était pour vous le salut, et vous
D l'avez repoussé. »
» Voilà ce que dirait un homme sage, un politique
habile et ami du vrai, et nous ajouterons :
» Sans doute, la philanthropie de M. Griffith est de
bon aloi, et la franchise de M. Layard ne le lui cède
en rien. Cependant, M. Layard n'ignore pas ce qui se
passe en Egypte. Il sait personnellement à quoi
tenir, et le rôle autrefois joué par lui dans le iavâùt:
lui rend ce pays familier. Il a eu connaissance par
M. de Lesseps lui-même de la nature des travaux, de -
leur marche et des moyens employés pour les m&ner à
bien.
» Il sait que le chiffre des travailleurs, sur le par-
cours du tracé, ne dépassait pas vingt -cinq mille il y
tournera dans ses foyers moins pauvre et moins dénué.
Que reste-t-il donc de ce travail forcé? Une seule
chose, le recrutement des ouvriers par l'administra-
tion, recrutement, répétons-le, dont le principe est
la vie même et l'indispensable condition de la pros-
périté de l'Egypte. Ici c'est un engagement d'un mois.
Nous avons en Europe des recrutements comportant,
pour celui qu'ils atteignent, un engagement de cinq,
six et sept ans. Si c'est une corvée, c'est une corvée
payée. Nous avons en Europe, des corvées nom-
breuses et gratuites. C'est enfin, pour le pays tout
.entier, la répartition successive de plusieurs millions
de salaires parmi des populations quelquefois réduites
aux plus grandes extrémités de la misère. C'est pour
elles un contact avec la civilisation, l'amélioration
successive du travailleur, et c'est enfin, pour la na-
tion entière, l'exécution et l'achèvement d'une œuvre
qui doit rendre à leur fertilité naturelle d'immenses
zones de terrain et faire de l'Egypte la grande route
de deux mondes. Il nous semble qu'en face de tant
de grandes conditions et de beaux résultats, en face
de tant de progrès et d'affranchissements réalisés en
si peu d'années, M. Layard pouvait bien reconnaître
et avouer que le vieux système oppressif du travail
égyptien avait désormais cessé d'exister, et que
Mohammed-Saïd avait dès à présent ouvert à ce tra-
vail une carrière toute nouvelle.
ERNEST DESPLACES.
LE PAYS ET LES DERNIÈRES INTERPELLATIONS
à la Chambre des communes.
Le Pays, journal de l'Empire, publie les considéra-
tions suivantes sur la dernière interpellation de
M. Griffith dont nous venons de parler :
« Il est des choses dont on ne s'occupe qu'à regret.
Ainsi, rien n'est plus pénible que de soutenir une dis-
cussion quand la franchise ne règne pas des deux
côtés, et quand la sincérité semble déserter le débat.
Nous croyons donc que MM. les membres du parlement
anglais ne doivent aborder la question de l'isthme de
Suez qu'avec une extrême répugnance.
» M. Griffith, lui, n'a pas de ces mesquines délica-
tesses: aussi se lève-t-il à la chambre des communes
pour demander au premier lord de la trésorerie « si le
» gouvernement a obtenu quelque redressement au
» sujet de l'emploi du travail forcé pour le canal de
» Suez. »
» Or, on n'est jamais trahi que par les siens, comme
dit le proverbe : aussi M. Layard répond-il à la ques-
tion de l'honorable représentant du Devizes « qu'il
» croit que soixante-dix à quatre-vingt mille hommes
» ont été enlevés à leurs foyers et à leurs travaux or -
» dinaires, afin de travailler à la construction du canal
» de Suez. Si le canal réussit, ajoute-t-il, ces mal-
» heureux n'en retireront aucun profit. J'espère que
» le vice-roi d'Egypte reconnaîtra bientôt la nécessité
» de mettre fin à ce travail forcé. »
» Voilà certes des arguments spécieux. Messieurs du
parlement ne discutent plus qu'incidemment la ques-
tion de savoir si le canal a des chances de succès. En
revanche, ils se rejettent dans leur système favori de
philanthropie officielle et viennent mendier au monde
surpris une intervention charitable en faveur de ces
pauvres fellahs, qui ne prétendent pas à tant d'honneur
et n'ont peut-être même pas autant d'humilité.
» Comme on voit bien, par là, que l'Angleterre est
un grand pays, et le peuple anglais un grand peuple,
toujours à la piste des questions humanitaires pour
les résoudre un peu dans l'intérêt des autres et beau-
coup dans le sien! Nous voulons bien croire cependant
que les orateurs de la chambre des communes sont
parfaitement désintéressés et que leur philanthropie est
sincère.
» Si cependant, parmi tous ces orateurs, il se trou-
vait un homme convaincu, un de ces économistes in-
dépendants qui savent sacrifier l'intérêt malentendu de
quelques-uns au grand intérêt de l'humanité, que di-
rait-il?
Il dirait : « Messieurs les Anglais, commencez par
» vous appliquer ces admirables maximes et ces gran-
» des vertus que vous portez si bruyamment chez les
» autres. Regardez autour de vous, tout près de vous,
» en vous-mêmes. Voici l'Irlande affamée qui tantôt
» vous implore et tantôt vous maudit, au sein même
» du parlement, par la voix de ses représentants. Voici
» les îles Ionniennes qui vous réclament chaque jour
» les libertés que vous leur avez surprises. Voici les
» Indes où tout un peuple immense est levé contre
» votre philanthropie, votre longanimité, vos vertus
» privées et politiques, et votre ardent désir de bien
» faire.
s Croyez-vous que si le canal de Suez, contre lequel
» vous avez tant déblatéré et qui se poursuit malgré
» vous, avait été percé, vous n'auriez pas eu plus faci-
» lement raison de cette effroyable insurrection, tou-
» jours étouffée et toujours renaissante ? Croyez-vous
» qu'il ne vous eût pas été facile, en mettant en ligne
» des forces plus prépondérantes, d'obtenir des résul-
» tats décisifs, et d'épargner à vous comme aux autres
» les horreurs de cette guerre où la férocité du vaincu
» n'a eu d'égale que la férocité du vainqueur? Oui, le
D canal de Suez, c'était pour vous le salut, et vous
D l'avez repoussé. »
» Voilà ce que dirait un homme sage, un politique
habile et ami du vrai, et nous ajouterons :
» Sans doute, la philanthropie de M. Griffith est de
bon aloi, et la franchise de M. Layard ne le lui cède
en rien. Cependant, M. Layard n'ignore pas ce qui se
passe en Egypte. Il sait personnellement à quoi
tenir, et le rôle autrefois joué par lui dans le iavâùt:
lui rend ce pays familier. Il a eu connaissance par
M. de Lesseps lui-même de la nature des travaux, de -
leur marche et des moyens employés pour les m&ner à
bien.
» Il sait que le chiffre des travailleurs, sur le par-
cours du tracé, ne dépassait pas vingt -cinq mille il y
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