Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-09-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 septembre 1862 15 septembre 1862
Description : 1862/09/15 (A7,N150). 1862/09/15 (A7,N150).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033049
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS, 287
système des machines pour employer exclusivement
les bras de l'homme.
» Ce fut avec un certain regret que je quittai le
seuil d'El-Guisr ; le gracieux accueil que je reçus de
tous les employés m'avait profondément touché, et
j'aurais voulu pouvoir offrir à toute cette élite de
notre jeunesse française expatriée pour une si noble
cause un souvenir de ma gratitude et de ma recon-
naissance. Je me dirigeai, en suivant les bords du
canal, sur Kantara, où j'arrivai le soir même après
une course de trois heures à dromadaire. Kantara
est un joli petit campement, et qui promet de devenir
plus considérable avant peu, quand la masse des
travailleurs concentrée sur El-Guisr sera répartie
sur les différents points de l'isthme. Je n'avais rien
à visiter,, et devant suivre le canal pour aller à
Raz-el-Ech, d'où je devais m'embarquer pour Port-
Saïd, je partis dès le lendemain matin. De Kantara
jusqu'à Raz-el-Ech, le canal devient tout à fait une
rigole; ce ne sont plus ces travaux gigantesques
devant lesquels j'étais tombé en admiration à El-
Guisr. J'avais pris place dans l'une des barques fai-
sant le service des dépêches.
» Sur tout le parcours de Kantara à Raz-el-Ech,
des Arabes travaillent activement ; on creuse de
chaque côté de manière à former le canal à sa
grande largeur, et la rigole actuellement en service
n'est que provisoire, et ne sert presque qu'à l'alimen-
tation des travailleurs et au transport des marchan-
dises. Comme les travaux se font dans le lac Men-
zaleh même, aujourd'hui retiré, les travailleurs
arrivent promptement au niveau de la mer : aussi
presque tous sont dans l'eau, ce qui ne les empêche
pas de chanter et de s'égayer chaque fois qu'une
barque passe ou qu'un voyageur visite les travaux.
Il y avait environ 5,000 hommes répandus sur trois
chantiers entre Kantara et Raz-el-Ech. Je me suis
arrêté près d'un jour à ce dernier campement, ap-
pelé, lui aussi, à devenir important : les maisons des
employés sont bien construites et faites de manière
à les préserver de l'humidité et de la grande fraî-
cheur qui règnent sur cette partie de l'isthme. De
toutes parts, en effet, de l'eau; on est en plein lac
Menzaleh, et malgré tout, peu de maladies.
» C'est à partir de Raz-el-Ech que les dragues
échelonnées jusqu'à Port-Saïd commencent à se voir
dans tout le chenal. J'en ai visité deux qui se .trou-
vaient sur mon passage, et j'ai compris tous les ser-
vices qu'elles étaient appelées à rendre quand une
fois elles seront lancées dans le canal. Aujourd'hui
elles tracent le chenal de Port-Saïd à Raz-el-Ech à
l'extrémité du lac Menzaieh ; elles forment les berges
du côté où elles doivent être définitives, et ne contri-
bueront pas peu au succès de l'œuvre ; et cependant
elles ne réalisent pas, m'a-t-ou dit, tout le travail
qu'on était en droit d'en attendre : aussi l'entreprise
a-t-elle fait un concours de dragues à employer pour
le creusement du canal, en offrant une prime de
100,000 fr. au meilleur système présenté. Déjà plu-
sieurs compétiteurs sont sur les rangs, et avant peu
l'entreprise sera en possession, je n'en doute pas,
de dragues d'une puissance inconnue jusqu'à ce
jour.
Sur différents points du lac, là où le terrain offre
plus de résistance, on travaille activement; les
berges sont portées à une élévation de 2 mètres, et
1,500 fellahs environ sont employés dans ce moment
à ce travail; ils suivent à peu près la marche des
dragues, et affermissent les terres que les dragues
ont jetées sur l'emplacement de la berge. Ce travail
s'avance assez rapidement, et avant peu on espère
qu'il sera exécuté de Port-Saïd à Raz-el-Ech.
» J'ai hâte d'arriver à Port-Saïd pour vous peindre
tout mon étonnement à la vue de cette ville de
4,500 âmes, ville créée par la Compagnie sur un
rivage désert, sur une plage envahie par la mer, et
contre laquelle il a fallu lutter et disputer le terrain
pied à pied.
» Je suis arrivé à Port-Saïd le matin par la barque
qui fait le service dé la poste entre ce point et Raz-
el-Ech.
» C'est un charmant coup d'œil que cette ville
naissante, qui a cependant déjà une étendue très-
considérable : sur le bord du lac, les ateliers de toute
sorte avec leurs grandes cheminées, puis les maisons,
toutes construites sur pilotis; sur la droite, le village-
arabe, qui ne compte pas moins aujourd'hui de 2 à
3,000 âmes ; ensuite le phare dominant toute la ville.
Je vous ai dit que j'étais arrivé le matin : c'était
l'heure où toutes les femmes arabes se rendent au
château d'eau pour y prendre l'eau douce que l'en-
treprise fournit chaque jour aux habitants; c'était
un curieux spectacle de voir toutes ces femmes, il y
en avait environ deux cents, ayant toutes une cruche
sur la tête, et attendant la distribution. J'ai voulu
assister à ce partage, et je me suis beaucoup amusé
des cris de toutes ces femmes voulant être toutes
servies à la fois, se poussant, roulant dans le sable,
et se retirant en résumé chacune avec leur cruche
pleine. La distribution se fait à 8 heures précises.
» J'ai visité tous les ateliers, la menuiserie, la
fonderie, les magasins et l'atelier d'ajustage. Je puis-
le dire sans crainte d'être démenti, je n'ai jamais
vu en France d'ateliers aussi bien montés ; rien n'y
manque. Quel travail il a fallu pour transporter
ainsi sur un rivage désert de semblables moyens
d'exécution!
» En vérité, c'est à n'y rien comprendre, et si ceux
qui se font à plaisir les détracteurs du canal de Suez
système des machines pour employer exclusivement
les bras de l'homme.
» Ce fut avec un certain regret que je quittai le
seuil d'El-Guisr ; le gracieux accueil que je reçus de
tous les employés m'avait profondément touché, et
j'aurais voulu pouvoir offrir à toute cette élite de
notre jeunesse française expatriée pour une si noble
cause un souvenir de ma gratitude et de ma recon-
naissance. Je me dirigeai, en suivant les bords du
canal, sur Kantara, où j'arrivai le soir même après
une course de trois heures à dromadaire. Kantara
est un joli petit campement, et qui promet de devenir
plus considérable avant peu, quand la masse des
travailleurs concentrée sur El-Guisr sera répartie
sur les différents points de l'isthme. Je n'avais rien
à visiter,, et devant suivre le canal pour aller à
Raz-el-Ech, d'où je devais m'embarquer pour Port-
Saïd, je partis dès le lendemain matin. De Kantara
jusqu'à Raz-el-Ech, le canal devient tout à fait une
rigole; ce ne sont plus ces travaux gigantesques
devant lesquels j'étais tombé en admiration à El-
Guisr. J'avais pris place dans l'une des barques fai-
sant le service des dépêches.
» Sur tout le parcours de Kantara à Raz-el-Ech,
des Arabes travaillent activement ; on creuse de
chaque côté de manière à former le canal à sa
grande largeur, et la rigole actuellement en service
n'est que provisoire, et ne sert presque qu'à l'alimen-
tation des travailleurs et au transport des marchan-
dises. Comme les travaux se font dans le lac Men-
zaleh même, aujourd'hui retiré, les travailleurs
arrivent promptement au niveau de la mer : aussi
presque tous sont dans l'eau, ce qui ne les empêche
pas de chanter et de s'égayer chaque fois qu'une
barque passe ou qu'un voyageur visite les travaux.
Il y avait environ 5,000 hommes répandus sur trois
chantiers entre Kantara et Raz-el-Ech. Je me suis
arrêté près d'un jour à ce dernier campement, ap-
pelé, lui aussi, à devenir important : les maisons des
employés sont bien construites et faites de manière
à les préserver de l'humidité et de la grande fraî-
cheur qui règnent sur cette partie de l'isthme. De
toutes parts, en effet, de l'eau; on est en plein lac
Menzaleh, et malgré tout, peu de maladies.
» C'est à partir de Raz-el-Ech que les dragues
échelonnées jusqu'à Port-Saïd commencent à se voir
dans tout le chenal. J'en ai visité deux qui se .trou-
vaient sur mon passage, et j'ai compris tous les ser-
vices qu'elles étaient appelées à rendre quand une
fois elles seront lancées dans le canal. Aujourd'hui
elles tracent le chenal de Port-Saïd à Raz-el-Ech à
l'extrémité du lac Menzaieh ; elles forment les berges
du côté où elles doivent être définitives, et ne contri-
bueront pas peu au succès de l'œuvre ; et cependant
elles ne réalisent pas, m'a-t-ou dit, tout le travail
qu'on était en droit d'en attendre : aussi l'entreprise
a-t-elle fait un concours de dragues à employer pour
le creusement du canal, en offrant une prime de
100,000 fr. au meilleur système présenté. Déjà plu-
sieurs compétiteurs sont sur les rangs, et avant peu
l'entreprise sera en possession, je n'en doute pas,
de dragues d'une puissance inconnue jusqu'à ce
jour.
Sur différents points du lac, là où le terrain offre
plus de résistance, on travaille activement; les
berges sont portées à une élévation de 2 mètres, et
1,500 fellahs environ sont employés dans ce moment
à ce travail; ils suivent à peu près la marche des
dragues, et affermissent les terres que les dragues
ont jetées sur l'emplacement de la berge. Ce travail
s'avance assez rapidement, et avant peu on espère
qu'il sera exécuté de Port-Saïd à Raz-el-Ech.
» J'ai hâte d'arriver à Port-Saïd pour vous peindre
tout mon étonnement à la vue de cette ville de
4,500 âmes, ville créée par la Compagnie sur un
rivage désert, sur une plage envahie par la mer, et
contre laquelle il a fallu lutter et disputer le terrain
pied à pied.
» Je suis arrivé à Port-Saïd le matin par la barque
qui fait le service dé la poste entre ce point et Raz-
el-Ech.
» C'est un charmant coup d'œil que cette ville
naissante, qui a cependant déjà une étendue très-
considérable : sur le bord du lac, les ateliers de toute
sorte avec leurs grandes cheminées, puis les maisons,
toutes construites sur pilotis; sur la droite, le village-
arabe, qui ne compte pas moins aujourd'hui de 2 à
3,000 âmes ; ensuite le phare dominant toute la ville.
Je vous ai dit que j'étais arrivé le matin : c'était
l'heure où toutes les femmes arabes se rendent au
château d'eau pour y prendre l'eau douce que l'en-
treprise fournit chaque jour aux habitants; c'était
un curieux spectacle de voir toutes ces femmes, il y
en avait environ deux cents, ayant toutes une cruche
sur la tête, et attendant la distribution. J'ai voulu
assister à ce partage, et je me suis beaucoup amusé
des cris de toutes ces femmes voulant être toutes
servies à la fois, se poussant, roulant dans le sable,
et se retirant en résumé chacune avec leur cruche
pleine. La distribution se fait à 8 heures précises.
» J'ai visité tous les ateliers, la menuiserie, la
fonderie, les magasins et l'atelier d'ajustage. Je puis-
le dire sans crainte d'être démenti, je n'ai jamais
vu en France d'ateliers aussi bien montés ; rien n'y
manque. Quel travail il a fallu pour transporter
ainsi sur un rivage désert de semblables moyens
d'exécution!
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