Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 août 1862 15 août 1862
Description : 1862/08/15 (A7,N148). 1862/08/15 (A7,N148).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203302g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
256 L'ISTHME DE SUEZ,
six semaines, et que M. de Lesseps se contentait alors
d'espérer en pouvoir réunir quarante mille dans une
prochaine époque.
» Il sait que tout a été prévu et employé pour as-
surer le bien-être de cette grande masse de travailleurs
réunis dans un pays à peu près désert; que les Arabes
affluent aux environs des travaux, et qu'ils sont venus
au nombre de sept ou huit mille y créer des centres
et s'y livrer au jardinage et à la grande culture, ce
qui est tout à la fois favorable aux nouveaux colons et
aux ouvriers du canal.
» Il sait qu'en Égypte la voie du recrutement a tou-
jours été employée pour réunir le nombre d'ouvriers
nécessaires à l'exécution des grands travaux publics, et
que, sans l'emploi de ce mode, on ne trouverait pas de
travailleurs dans le sein de cette population indolente
et peu besogneuse, parce qu'elle se nourrit encore d'oi-
gnons et de lentilles, comme au bon temps de la Bible.
» Il sait encore que les chemins de fer anglais ont
été faits par les mêmes moyens, mais avec une bien
moins grande prévoyance, et que le tracé du Caire à
la mer Rouge passe sur un lit de douze mille cadavres.
Et encore aujourd'hui chaque travail que nécessite ce
chemin de fer n'est-il pas exécuté par la voie de la ré-
quisition ?
» Mais ce que M. Layard sait surtout, c'est que cette
population d'ouvriers recrutée dans une colonie de cinq
cent mille individus, à laquelle on a distribué des terres
et dont on a assuré le bien-être, est régulièrement
payée à un taux plus élevé que celui des salaires or-
dinaires.
» Puisque M. Layard sait tout cela; pourquoi sa ré-
ponse à la demande de M. Grifflth a-t elle été si éva-
sive? Ah 1 c'est qu'il fallait bien laisser aux diffama-
tions le temps de se produire, et qu'il était bien aise
d'ajouter sa note à ce concert. « Il en restera toujours
» quelque chose. »
» Nous aimons beaucoup le peuple anglais, que nous
ne faisons pas solidaire des excentricités de ses gou-
vernants. Nous aimons son activité et nous aimons
aussi ses libertés ; nous les aimons même si fort que
nous serions bien aises d'être assis pendant un moment
au sein du parlement britannique.
» Nous aurions alors le droit de parler à notre guise
et de soulever un instant le voile qui couvre, aux yeux
du peuple anglais lui-même, tant de vérités sociales
au profit de tant d'égoïsmes étroits déguisés sous de
grands mots. Et nous dirions avec les Cobden : Vous,
fière et noble nation, vous qui marchez avec la France
à la tête de la civilisation, secouez donc les guenilles
du passé, jetez aux buissons la vieille robe de Pitt, et
faites en sorte qu'on ne parle pas aujourd'hui de la foi
britannique comme les anciens parlaient de la foi pu-
partes oui, nous voudrions être Anglais pour
1 res. Nous pourrions dire carrément notre
er sur la politique du cabinet anglais en
a bien d'autres lieux. Nous ne craindrions
7~S~'J' voir les mandataires du gouvernement an-
a ris, de ce peuple si libre, accourir pleins
aènruidans nos ministères pour se plaindre aigrement
de l'attitude de la presse française à son égard, et
peut-être insister pour obtenir contre elle des mesures
répressives.
» Mais, hélas I nous sommes Français, et nous sommes
condamnés à garder toute notre vie le culte de la
vérité.
» VICTOR FOURNIER. »
MOHAMMED-SÀID ET L'ANGLETERRE.
Le voyage de Mohammed-Saïd en Angleterre est
terminé. Qu'a-t-il produit et que peut-on en conclure?
On comprend que nous ayons suivi avec intérêt et
observé avec attention cette excursion dans ses di-
verses phases.
Eu effet, sans vouloir éveiller de fâcheux souvenirs,
nous sommes forcés de nous rappeler que le gouver-
nement et la politique de ce prince avaient été sou-
vent l'objet des attaques de la presse anglaise et
qu'on ne l'avait pas toujours épargné, même dans le
parlement. En succédant a Abbas Pacha, il avait laissé
voir des pensées de réforme toutes contraires à celles
qui avaient dirigé l'administration de son prédécesseur,
et elles semblaient ne pas plaire à tout le monde chez
nos voisins. Des correspondances peu bienveillantes le
représentaient comme un prince ambitieux, tout oc-
cupé de se fortifier militairement dans ses Etats, son-
geant à se créer des influences illégitimes et se pré-
parer des moyens de rompre les liens de vassalité qui
l'attachaient à la Porte. Mais ce fut surtout quand il
eut fait connaître publiquement son intention de per-
cer l'isthme de Suez que ces accusations se déchaînè-
rent avec un redoublement de vivacité. On ne négli-
gea rien pour le perdre dans l'estime et dans l'opinion
de la nation anglaise, pour lui créer des embarras à
Constantinople et pour le contraindre à renoncer à
une conception qui doit être la gloire de son règne et
le plus beau monument du XIXC siècle.
Ces tentatives et ces clameurs avaient-elles porté
leurs fruits? L'Angleterre accueillerait-elle avec hu-
meur ou avec froideur l'homme qu'on lui avait pré-
senté sous des aspects si peu sympathiques? Aperce-
vrait-elle dans le projet du canal de Suez toutes les
énormités qu'on lui avait attribuées? Regarderait elle
le promoteur de cet ouvrage comme l'ennemi de ses
intérêts, s'efforçant de lui nuire pour servir des puis-
sances rivales?
C'est ce que devait nous apprendre la réception
faite au vice-roi d'Egypte de l'autre côté de la Man-
che. Car, à coup sûr, si le peuple anglais partageait
sur le canal de Suez les préventions dont on avait
voulu le nourrir, tout en observant les lois de l'hos-
pitalité et de la courtoisie, il aurait pu faire compren-
dre au prince qui a donné à ce travail tant d'écla-
tants témoignages de son dévouement et de son con-
six semaines, et que M. de Lesseps se contentait alors
d'espérer en pouvoir réunir quarante mille dans une
prochaine époque.
» Il sait que tout a été prévu et employé pour as-
surer le bien-être de cette grande masse de travailleurs
réunis dans un pays à peu près désert; que les Arabes
affluent aux environs des travaux, et qu'ils sont venus
au nombre de sept ou huit mille y créer des centres
et s'y livrer au jardinage et à la grande culture, ce
qui est tout à la fois favorable aux nouveaux colons et
aux ouvriers du canal.
» Il sait qu'en Égypte la voie du recrutement a tou-
jours été employée pour réunir le nombre d'ouvriers
nécessaires à l'exécution des grands travaux publics, et
que, sans l'emploi de ce mode, on ne trouverait pas de
travailleurs dans le sein de cette population indolente
et peu besogneuse, parce qu'elle se nourrit encore d'oi-
gnons et de lentilles, comme au bon temps de la Bible.
» Il sait encore que les chemins de fer anglais ont
été faits par les mêmes moyens, mais avec une bien
moins grande prévoyance, et que le tracé du Caire à
la mer Rouge passe sur un lit de douze mille cadavres.
Et encore aujourd'hui chaque travail que nécessite ce
chemin de fer n'est-il pas exécuté par la voie de la ré-
quisition ?
» Mais ce que M. Layard sait surtout, c'est que cette
population d'ouvriers recrutée dans une colonie de cinq
cent mille individus, à laquelle on a distribué des terres
et dont on a assuré le bien-être, est régulièrement
payée à un taux plus élevé que celui des salaires or-
dinaires.
» Puisque M. Layard sait tout cela; pourquoi sa ré-
ponse à la demande de M. Grifflth a-t elle été si éva-
sive? Ah 1 c'est qu'il fallait bien laisser aux diffama-
tions le temps de se produire, et qu'il était bien aise
d'ajouter sa note à ce concert. « Il en restera toujours
» quelque chose. »
» Nous aimons beaucoup le peuple anglais, que nous
ne faisons pas solidaire des excentricités de ses gou-
vernants. Nous aimons son activité et nous aimons
aussi ses libertés ; nous les aimons même si fort que
nous serions bien aises d'être assis pendant un moment
au sein du parlement britannique.
» Nous aurions alors le droit de parler à notre guise
et de soulever un instant le voile qui couvre, aux yeux
du peuple anglais lui-même, tant de vérités sociales
au profit de tant d'égoïsmes étroits déguisés sous de
grands mots. Et nous dirions avec les Cobden : Vous,
fière et noble nation, vous qui marchez avec la France
à la tête de la civilisation, secouez donc les guenilles
du passé, jetez aux buissons la vieille robe de Pitt, et
faites en sorte qu'on ne parle pas aujourd'hui de la foi
britannique comme les anciens parlaient de la foi pu-
partes oui, nous voudrions être Anglais pour
1 res. Nous pourrions dire carrément notre
er sur la politique du cabinet anglais en
a bien d'autres lieux. Nous ne craindrions
7~S~'J' voir les mandataires du gouvernement an-
a ris, de ce peuple si libre, accourir pleins
aènruidans nos ministères pour se plaindre aigrement
de l'attitude de la presse française à son égard, et
peut-être insister pour obtenir contre elle des mesures
répressives.
» Mais, hélas I nous sommes Français, et nous sommes
condamnés à garder toute notre vie le culte de la
vérité.
» VICTOR FOURNIER. »
MOHAMMED-SÀID ET L'ANGLETERRE.
Le voyage de Mohammed-Saïd en Angleterre est
terminé. Qu'a-t-il produit et que peut-on en conclure?
On comprend que nous ayons suivi avec intérêt et
observé avec attention cette excursion dans ses di-
verses phases.
Eu effet, sans vouloir éveiller de fâcheux souvenirs,
nous sommes forcés de nous rappeler que le gouver-
nement et la politique de ce prince avaient été sou-
vent l'objet des attaques de la presse anglaise et
qu'on ne l'avait pas toujours épargné, même dans le
parlement. En succédant a Abbas Pacha, il avait laissé
voir des pensées de réforme toutes contraires à celles
qui avaient dirigé l'administration de son prédécesseur,
et elles semblaient ne pas plaire à tout le monde chez
nos voisins. Des correspondances peu bienveillantes le
représentaient comme un prince ambitieux, tout oc-
cupé de se fortifier militairement dans ses Etats, son-
geant à se créer des influences illégitimes et se pré-
parer des moyens de rompre les liens de vassalité qui
l'attachaient à la Porte. Mais ce fut surtout quand il
eut fait connaître publiquement son intention de per-
cer l'isthme de Suez que ces accusations se déchaînè-
rent avec un redoublement de vivacité. On ne négli-
gea rien pour le perdre dans l'estime et dans l'opinion
de la nation anglaise, pour lui créer des embarras à
Constantinople et pour le contraindre à renoncer à
une conception qui doit être la gloire de son règne et
le plus beau monument du XIXC siècle.
Ces tentatives et ces clameurs avaient-elles porté
leurs fruits? L'Angleterre accueillerait-elle avec hu-
meur ou avec froideur l'homme qu'on lui avait pré-
senté sous des aspects si peu sympathiques? Aperce-
vrait-elle dans le projet du canal de Suez toutes les
énormités qu'on lui avait attribuées? Regarderait elle
le promoteur de cet ouvrage comme l'ennemi de ses
intérêts, s'efforçant de lui nuire pour servir des puis-
sances rivales?
C'est ce que devait nous apprendre la réception
faite au vice-roi d'Egypte de l'autre côté de la Man-
che. Car, à coup sûr, si le peuple anglais partageait
sur le canal de Suez les préventions dont on avait
voulu le nourrir, tout en observant les lois de l'hos-
pitalité et de la courtoisie, il aurait pu faire compren-
dre au prince qui a donné à ce travail tant d'écla-
tants témoignages de son dévouement et de son con-
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