Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1862 01 août 1862
Description : 1862/08/01 (A7,N147). 1862/08/01 (A7,N147).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033012
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
240 L'ISTHME DE SUEZ,
» D. Expliquez au comité les motifs de cette préfé-
rence?
» R. Notre commerce est en Arabie ; de l'Inde, nous
en avons peu ou point avec l'Égypte, et si vous aviez
un commerce de transit avec l'Inde à travers l'Égypte,
ce qui est très-désirable POUR LE MONDE ENTIER, les cités de
la Méditerranée en tireraient proportionnellement plus de béné.
fices que l'Angleterre.
» D. Vous prévoyez donc que la route de l'Euphrate
serait toujours soumise aux opérations commerciales
de notre pays ?
1 R. Oui, je crois que des profits très-considérables
en ressortiraient pour l'Angleterre, par les spéculations
privées et l'activité de nos négociants et des autres in-
dividus.
t D. En supposant que le canal fût accessible aux na-
vires de 600 tonnes, ne serait-il pas, au point de vue
commercial, d'une beaucoup plus grande importance
pour notre pays ?
» R. Je crois que ce serait une œuvre magnifique pour le
monde tout entier d'ouvrir un semblable canal, mais non au-
tant pour l'Angleterre en proportion.
» D. Entendez-vous que le bénéfice du monde tout
entier s'obtiendrait au préjudice du commerce de l'An-
gleterre ?
» R. L'Angleterre, certainement, recueillerait une portion du
bénéfice.
» D. Aussi longtemps qu'elle conserverait la présente
position dans l'Inde, ne recueillerait-elle pas un énorme
bénéfice, en ayant une communication ouverte par cette
route abrégée? » ■
» R. Certainement, toute route qui sera ouverte lui profi-
tera matériellement ; mais ma pensée sur le commerce de
l'Égypte est qu'une grande partie de ce commerce s'arrêterait
dans la Méditerranée, et que la France, l'Espagne, Vtialie
et l'ALLEMAGNE retireraient le premier bénéfice, Y An-
gleterre n'en gardant que la portion restante.
» D. Cette objection n'est-elle pas également appli-
cable, et de la même manière, à la route actuelle par
l'Inde ?
» R. Non, elle ne l'est pas.
» D. Pourquoi non ?
» R. PARCE QUE CES NATIONS ONT A PASSER AUTOUR DU
CAP, ET QUE LA ROUTE PAR L'ÉGYPTE LEUR ABRÉGERAIT
GRANDEMENT LE CHEMIN.
» D. Mais la France aurait-elle ou non un avantage
par l'Euphrate, comme celui qu'elle aurait par l'Égypte?
» R. Non, je ne le pense pas.
» D. Est-ce parce que l'on n'emploierait pas de gros
navires ?
» R. Je pense que l'Angleterre retirerait le principal
bénéfice du passage par l'Euphrate en tous cas.
» D. C'est-à-dire que vous supposez que l'Angle-
terre conserverait le monopole du commerce de l'ru-
phrate ?
» R. C'est cela même.
» D. S'il s'établissait un commerce par les deux
routes, nt-elles pas les mêmes avantages pour
toute la Méditérranée ?
» &'l les principaux chargements se
fer^pla Syrie et l'Angleterre, et par
tiellement pour la France et pour les autres nations,
parce qu'elles ne pourraient pas employer leurs navires;
le trafic serait aux bateaux à vapeur qui sont dans les
mains de nos négociants, qui sauraient naturellement
défendre leurs intérêts.
» D. Lorsque vous dites que la route par l'Euphrate
serait préférable pour l'Angleterre à la route par
l'Égypte , entendez-vous par là que l'Angleterre au-
rait la possession exclusive d'une des routes et non de
l'autre ?
» R. L'Angleterre retirerait un double bénéfice de la
route par l'Euphrate. Elle aurait le gain de son com-
merce en Orient, et l'accroîtrait en le faisant passer
par l'Arabie. (L'Arabie, c'est, dans la pensée du dé-
posant, les pays situés entre Bagdad et la Syrie.) Le
commerce de transit pour l'Europe, s'il y en avait, ap-
partiendrait presque entier à l'Angleterre et en petite
quantité à la France et aux autres nations. La grande
masse, par conséquent, serait, je pense, pour nous.
» D. En supposant que l'Angleterre fît le canal (dans
l'isthme), n'aurait-elle pas aussi le droit d'en profiter exclusive-
ment ? -
» R. Je ne suppose pas qu'à notre époque elle pût
obtenir un droit exclusif sur le canal, même si elle le
faisait à travers l'Égypte. IL SERAIT GÉNÉRAL. » -
Ainsi, d'après le général Chesney, un canal à tra-
vers l'isthme devait être « une œuvre magnifique
» pour le monde entier. » L'Angleterre ne pouvait
manquer d'en recueillir une portion du bénéfice, mais
une partie du commerce ouvert par cette voie de-
vait également profiter aux autres nations euro-
péennes. La route de l'Euphrate, au contraire, assu-
rait aux Anglais le monopole de tout le transit entre ,
l'Orient et l'Occident ; c'est par ce seul motif qu'il lui
donnait la préférence.
Ces considérations frappent fortement le comité
d'enquête. Il insiste sur le point de savoir si le canal
ne pourrait pas donner à l'Angleterre les mêmes
avantages, et il va jusqu'à demander si l'Angleterre
ne pourrait pas s'en emparer pour son usage exclu-
sif. Evidemment, dans ce cas, il pencherait pour le
canal, mais la réponse du général est négative. Il
persiste. La route de l'Euphrate sera une route
exclusivement anglaise. La route par l'isthme sera
une route générale, utile à toutes les nations. Dès
lors l'enquête prend une toute autre direction. Il
n'est plus question du canal. Le comité a fait son
choix. On renonce, à la fois, et à l'établissement du
canal lui-même, et au projet de Waghorn, voulant
établir une communication de terre par l'Egypte
entre les Indes et l'Europe. Une large subvention
est proposée au Parlement, est votée, au moyen de
laquelle l'auteur du projet par l'Euphrate ira tenter
d'établir la navigation sur ce fleuve. Il échoue, et ce
n'est qu'après cet avorteineLt qu'on revient enfin au
plan de Waghorn.
Ce dernier plan s'exécute, mais l'Angleterre est
encore préoccupée de s'en réserver le monopole. C'est
» D. Expliquez au comité les motifs de cette préfé-
rence?
» R. Notre commerce est en Arabie ; de l'Inde, nous
en avons peu ou point avec l'Égypte, et si vous aviez
un commerce de transit avec l'Inde à travers l'Égypte,
ce qui est très-désirable POUR LE MONDE ENTIER, les cités de
la Méditerranée en tireraient proportionnellement plus de béné.
fices que l'Angleterre.
» D. Vous prévoyez donc que la route de l'Euphrate
serait toujours soumise aux opérations commerciales
de notre pays ?
1 R. Oui, je crois que des profits très-considérables
en ressortiraient pour l'Angleterre, par les spéculations
privées et l'activité de nos négociants et des autres in-
dividus.
t D. En supposant que le canal fût accessible aux na-
vires de 600 tonnes, ne serait-il pas, au point de vue
commercial, d'une beaucoup plus grande importance
pour notre pays ?
» R. Je crois que ce serait une œuvre magnifique pour le
monde tout entier d'ouvrir un semblable canal, mais non au-
tant pour l'Angleterre en proportion.
» D. Entendez-vous que le bénéfice du monde tout
entier s'obtiendrait au préjudice du commerce de l'An-
gleterre ?
» R. L'Angleterre, certainement, recueillerait une portion du
bénéfice.
» D. Aussi longtemps qu'elle conserverait la présente
position dans l'Inde, ne recueillerait-elle pas un énorme
bénéfice, en ayant une communication ouverte par cette
route abrégée? » ■
» R. Certainement, toute route qui sera ouverte lui profi-
tera matériellement ; mais ma pensée sur le commerce de
l'Égypte est qu'une grande partie de ce commerce s'arrêterait
dans la Méditerranée, et que la France, l'Espagne, Vtialie
et l'ALLEMAGNE retireraient le premier bénéfice, Y An-
gleterre n'en gardant que la portion restante.
» D. Cette objection n'est-elle pas également appli-
cable, et de la même manière, à la route actuelle par
l'Inde ?
» R. Non, elle ne l'est pas.
» D. Pourquoi non ?
» R. PARCE QUE CES NATIONS ONT A PASSER AUTOUR DU
CAP, ET QUE LA ROUTE PAR L'ÉGYPTE LEUR ABRÉGERAIT
GRANDEMENT LE CHEMIN.
» D. Mais la France aurait-elle ou non un avantage
par l'Euphrate, comme celui qu'elle aurait par l'Égypte?
» R. Non, je ne le pense pas.
» D. Est-ce parce que l'on n'emploierait pas de gros
navires ?
» R. Je pense que l'Angleterre retirerait le principal
bénéfice du passage par l'Euphrate en tous cas.
» D. C'est-à-dire que vous supposez que l'Angle-
terre conserverait le monopole du commerce de l'ru-
phrate ?
» R. C'est cela même.
» D. S'il s'établissait un commerce par les deux
routes, nt-elles pas les mêmes avantages pour
toute la Méditérranée ?
» &'l les principaux chargements se
fer^pla Syrie et l'Angleterre, et par
tiellement pour la France et pour les autres nations,
parce qu'elles ne pourraient pas employer leurs navires;
le trafic serait aux bateaux à vapeur qui sont dans les
mains de nos négociants, qui sauraient naturellement
défendre leurs intérêts.
» D. Lorsque vous dites que la route par l'Euphrate
serait préférable pour l'Angleterre à la route par
l'Égypte , entendez-vous par là que l'Angleterre au-
rait la possession exclusive d'une des routes et non de
l'autre ?
» R. L'Angleterre retirerait un double bénéfice de la
route par l'Euphrate. Elle aurait le gain de son com-
merce en Orient, et l'accroîtrait en le faisant passer
par l'Arabie. (L'Arabie, c'est, dans la pensée du dé-
posant, les pays situés entre Bagdad et la Syrie.) Le
commerce de transit pour l'Europe, s'il y en avait, ap-
partiendrait presque entier à l'Angleterre et en petite
quantité à la France et aux autres nations. La grande
masse, par conséquent, serait, je pense, pour nous.
» D. En supposant que l'Angleterre fît le canal (dans
l'isthme), n'aurait-elle pas aussi le droit d'en profiter exclusive-
ment ? -
» R. Je ne suppose pas qu'à notre époque elle pût
obtenir un droit exclusif sur le canal, même si elle le
faisait à travers l'Égypte. IL SERAIT GÉNÉRAL. » -
Ainsi, d'après le général Chesney, un canal à tra-
vers l'isthme devait être « une œuvre magnifique
» pour le monde entier. » L'Angleterre ne pouvait
manquer d'en recueillir une portion du bénéfice, mais
une partie du commerce ouvert par cette voie de-
vait également profiter aux autres nations euro-
péennes. La route de l'Euphrate, au contraire, assu-
rait aux Anglais le monopole de tout le transit entre ,
l'Orient et l'Occident ; c'est par ce seul motif qu'il lui
donnait la préférence.
Ces considérations frappent fortement le comité
d'enquête. Il insiste sur le point de savoir si le canal
ne pourrait pas donner à l'Angleterre les mêmes
avantages, et il va jusqu'à demander si l'Angleterre
ne pourrait pas s'en emparer pour son usage exclu-
sif. Evidemment, dans ce cas, il pencherait pour le
canal, mais la réponse du général est négative. Il
persiste. La route de l'Euphrate sera une route
exclusivement anglaise. La route par l'isthme sera
une route générale, utile à toutes les nations. Dès
lors l'enquête prend une toute autre direction. Il
n'est plus question du canal. Le comité a fait son
choix. On renonce, à la fois, et à l'établissement du
canal lui-même, et au projet de Waghorn, voulant
établir une communication de terre par l'Egypte
entre les Indes et l'Europe. Une large subvention
est proposée au Parlement, est votée, au moyen de
laquelle l'auteur du projet par l'Euphrate ira tenter
d'établir la navigation sur ce fleuve. Il échoue, et ce
n'est qu'après cet avorteineLt qu'on revient enfin au
plan de Waghorn.
Ce dernier plan s'exécute, mais l'Angleterre est
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