Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-08-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 août 1862 15 août 1862
Description : 1862/08/15 (A7,N148). 1862/08/15 (A7,N148).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203302g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
984 L'ISTHME DE SUEZ,
Non, il n'y a pas actuellement, et il n'y a
jamais eu encore soixante-dix à quatre-vingt mille
hommes employés aux travaux de l'isthme. Le nombre
e plus élevé qu'ils aient eu jusqu'à présent, le chiffre
actuel, est, sur toute la lia-ne, de vingt à vingt-cinq
mille hommes. Nous affirmons le fait d'une manière
absolue, et nous défions toute contradiction sérieuse.
Entendons-nous, cependant. Nous ne prétendons point
par là que ce nombre ne sera pas augmenté. Nous
sommes, au contraire, très-convaincu que le vice-roi
ne se refusera à remplir aucun des engagements
qui l'obligent à fournir à la Compagnie tous les ou-
vriers nécessaires à la prompte et bonne exécution
du canal, en tenant compte des besoins de l'agricul-'
ture, auxquels il a été toujours et préalablement
pourvu. Nous n'insistons sur ce point que pour dé-
montrer au public et à la sincérité de M. Layard
lui-même à quel point il est trompé par les rensei-
gnements fallacieux qui lui sont transmis d'Egypte.
Nous aurions également espéré que l'honorable
sous-secrétaire d'Etat au Foreign - Office aurait
admis, sans hésitation comme sans équivoque, la
nette affirmation de M. F. de Lesseps relativement à
la rétribution exactement payée aux fellahs en re-
tour de leur travail. Nous sommes fâché pour lui
que ses paroles aient été de nature à laisser encore
pour ses auditeurs quelque ombre sur ce fait incon-
testable, et dont il lui est facile de s'assurer dès qu'il
le voudra bien.
Ici - s'arrêtent nos dissentiments avec l'honorable
organe du cabinet anglais, et nous n'avons plus
qu'à nous féliciter du surplus de ses déclarations.
Elles sont à nos yeux décisives et définitives.
M. Griffith demandait l'intervention de son gouverne-
ment po.ur empêcher ou entraver le recrutement des
ouvriers égyptiens ; M. Layard lui répond : « qu'il
n'y a aucun mode par lequel le gouvernement puisse in-
tervenir » dans cette matière. En cela, M. Layard
est profondément dans le droit et dans le respect du
.principe de l'indépendance des gouvernements étran-
gers. Mais il va plus loin. Il déclare que, sur ce su-
jet, l'Angleterre est diplomatiquement et expressé-
ment liée ; qu'elle ne pouvait essayer de porter at-
teinte en cette question à l'autorité du vice-roi d'E-
gypte sans violer les traités qu'elle a signés ; que
dans ces traités, la Turquie, et par conséquent l'E-
gypte, se sont réservé la faculté d'employer même
le travail forcé toutes les fois qu'elles le jugeraient
j&éç&ssaire à leurs besoins ou à leur sollicitude pour
i-es-grands travaux d'utilité publique. Il déclare que
l'Angleterre a souscrit à cette réserve; que, par con-
séquent, autant qu'il était en elle, elle a sanctionné
par son adhésion ce genre de travail, et il aurait
.pu ajouter que l'Angleterre s'était prévalue plus
d'une fois et se prévaut de cet usage : en Egypte,
dans un passé récent, pour la construction des che-
mins de fer d'Alexandrie au Caire et du Caire à Suez,
ainsi que pour les réparations successives et nom-
breuses qu'ont nécessitées ces chemins ; en Turquie,
pour le chemin de fer d'Aïdin concédé à une com-
pagnie britannique; sur le Danube, pour les travaux
de l'embouchure de la Sulina, dirigés par un ingé-
nieur anglais, etc., etc.
Ainsi donc, il est aujourd'hui établi et constaté
par le représentant officiel du Foreign-Office à la
Chambre des communes, que non seulement l'Angle-
terre n'a aucun droit ni aucun moyen légal de s'op-
poser au recrutement des ouvriers, tel qu'il existe
de temps immémorial en Egypte, et tel qu'il doit
encore exister sous peine de stérilité et de ruine pour
le pays; mais encore qu'elle en a reconnu la néces-
sité, accepté la légitimité. Dès lors, sans doute,
toute la question est vidée, et M. Griffith lui-même
n'a plus qu'à reporter sur d'autres objets qui ne lui
manqueront pas, le zèle de sa philanthropie.
Cependant M. Layard, tout en l'éconduisant par
l'exposé du droit et du fait, n'a pas voulu le laisser
sans une consolation. Il lui a fait entendre de la
manière la plus claire qu'au vice-roi seul apparte-
nait toute décision sur ce chapitre; mais en même
temps, il lui a exprimé l'espoir que, proprio motu, ce
prince apprécierait les maux du travail forcé et y
porterait remède. M. Layard n'a eu qu'un tort dans
ces paroles, il ne devait pas parler d'espoir, il devait
parler de certitude ; il ne devait point parler de l'a-
venir, il devait parler du présent et du passé. L'un
des abus les plus affligeants du travail forcé a été
détruit lorsque Mohammed-Saïd a détaché le fellah
de la glèbe, lorsqu'il lui a rendu la liberté de loco-
motion, la liberté de ses cultures et l'entière faculté
de vendre ses produits à qui et comme il l'entend.
Mohammed-Saïd a fait dispâraître un autre et peut-
être le dernier de ces abus réels, lorsque, dans le
contrat par lequel il s'engageait à fournir à la.Com-
pagnie universelle les ouvriers qui lui seraient
nécessaires, il stipulait pour eux les garanties d'un
bon salaire, d'un bon traitement, d'une nourriture
appropriée à leurs besoins, de soins médicaux dans
leurs maladies, en un mot d'un ensemble de pré-
cautions et de mesures telles que n'en présente au-
cune autre entreprise en Europe. Ce jour-là, le
travail forcé en fait a été aboli en Egypte ; le
travail forcé a été remplacé par le travail payé.
L'exemple est donné, l'usage est désormais consacré
et pratiqué : aussi aujourd'hui nous n'hésitons pas à
l'affirmer bien haut, il n'est point pour le fellah
égyptien de travail plus populaire que le travail
dans l'isthme. On ne voit plus dans les contingents
ni un déserteur ni un mécontent. Chacun sait qu'il
emportera au sein de sa famille le fruit de son la-
beur, et chacun s'empresse de terminer sa tâche au
bout de laquelle, après quelques jours d'absence, il re-
Non, il n'y a pas actuellement, et il n'y a
jamais eu encore soixante-dix à quatre-vingt mille
hommes employés aux travaux de l'isthme. Le nombre
e plus élevé qu'ils aient eu jusqu'à présent, le chiffre
actuel, est, sur toute la lia-ne, de vingt à vingt-cinq
mille hommes. Nous affirmons le fait d'une manière
absolue, et nous défions toute contradiction sérieuse.
Entendons-nous, cependant. Nous ne prétendons point
par là que ce nombre ne sera pas augmenté. Nous
sommes, au contraire, très-convaincu que le vice-roi
ne se refusera à remplir aucun des engagements
qui l'obligent à fournir à la Compagnie tous les ou-
vriers nécessaires à la prompte et bonne exécution
du canal, en tenant compte des besoins de l'agricul-'
ture, auxquels il a été toujours et préalablement
pourvu. Nous n'insistons sur ce point que pour dé-
montrer au public et à la sincérité de M. Layard
lui-même à quel point il est trompé par les rensei-
gnements fallacieux qui lui sont transmis d'Egypte.
Nous aurions également espéré que l'honorable
sous-secrétaire d'Etat au Foreign - Office aurait
admis, sans hésitation comme sans équivoque, la
nette affirmation de M. F. de Lesseps relativement à
la rétribution exactement payée aux fellahs en re-
tour de leur travail. Nous sommes fâché pour lui
que ses paroles aient été de nature à laisser encore
pour ses auditeurs quelque ombre sur ce fait incon-
testable, et dont il lui est facile de s'assurer dès qu'il
le voudra bien.
Ici - s'arrêtent nos dissentiments avec l'honorable
organe du cabinet anglais, et nous n'avons plus
qu'à nous féliciter du surplus de ses déclarations.
Elles sont à nos yeux décisives et définitives.
M. Griffith demandait l'intervention de son gouverne-
ment po.ur empêcher ou entraver le recrutement des
ouvriers égyptiens ; M. Layard lui répond : « qu'il
n'y a aucun mode par lequel le gouvernement puisse in-
tervenir » dans cette matière. En cela, M. Layard
est profondément dans le droit et dans le respect du
.principe de l'indépendance des gouvernements étran-
gers. Mais il va plus loin. Il déclare que, sur ce su-
jet, l'Angleterre est diplomatiquement et expressé-
ment liée ; qu'elle ne pouvait essayer de porter at-
teinte en cette question à l'autorité du vice-roi d'E-
gypte sans violer les traités qu'elle a signés ; que
dans ces traités, la Turquie, et par conséquent l'E-
gypte, se sont réservé la faculté d'employer même
le travail forcé toutes les fois qu'elles le jugeraient
j&éç&ssaire à leurs besoins ou à leur sollicitude pour
i-es-grands travaux d'utilité publique. Il déclare que
l'Angleterre a souscrit à cette réserve; que, par con-
séquent, autant qu'il était en elle, elle a sanctionné
par son adhésion ce genre de travail, et il aurait
.pu ajouter que l'Angleterre s'était prévalue plus
d'une fois et se prévaut de cet usage : en Egypte,
dans un passé récent, pour la construction des che-
mins de fer d'Alexandrie au Caire et du Caire à Suez,
ainsi que pour les réparations successives et nom-
breuses qu'ont nécessitées ces chemins ; en Turquie,
pour le chemin de fer d'Aïdin concédé à une com-
pagnie britannique; sur le Danube, pour les travaux
de l'embouchure de la Sulina, dirigés par un ingé-
nieur anglais, etc., etc.
Ainsi donc, il est aujourd'hui établi et constaté
par le représentant officiel du Foreign-Office à la
Chambre des communes, que non seulement l'Angle-
terre n'a aucun droit ni aucun moyen légal de s'op-
poser au recrutement des ouvriers, tel qu'il existe
de temps immémorial en Egypte, et tel qu'il doit
encore exister sous peine de stérilité et de ruine pour
le pays; mais encore qu'elle en a reconnu la néces-
sité, accepté la légitimité. Dès lors, sans doute,
toute la question est vidée, et M. Griffith lui-même
n'a plus qu'à reporter sur d'autres objets qui ne lui
manqueront pas, le zèle de sa philanthropie.
Cependant M. Layard, tout en l'éconduisant par
l'exposé du droit et du fait, n'a pas voulu le laisser
sans une consolation. Il lui a fait entendre de la
manière la plus claire qu'au vice-roi seul apparte-
nait toute décision sur ce chapitre; mais en même
temps, il lui a exprimé l'espoir que, proprio motu, ce
prince apprécierait les maux du travail forcé et y
porterait remède. M. Layard n'a eu qu'un tort dans
ces paroles, il ne devait pas parler d'espoir, il devait
parler de certitude ; il ne devait point parler de l'a-
venir, il devait parler du présent et du passé. L'un
des abus les plus affligeants du travail forcé a été
détruit lorsque Mohammed-Saïd a détaché le fellah
de la glèbe, lorsqu'il lui a rendu la liberté de loco-
motion, la liberté de ses cultures et l'entière faculté
de vendre ses produits à qui et comme il l'entend.
Mohammed-Saïd a fait dispâraître un autre et peut-
être le dernier de ces abus réels, lorsque, dans le
contrat par lequel il s'engageait à fournir à la.Com-
pagnie universelle les ouvriers qui lui seraient
nécessaires, il stipulait pour eux les garanties d'un
bon salaire, d'un bon traitement, d'une nourriture
appropriée à leurs besoins, de soins médicaux dans
leurs maladies, en un mot d'un ensemble de pré-
cautions et de mesures telles que n'en présente au-
cune autre entreprise en Europe. Ce jour-là, le
travail forcé en fait a été aboli en Egypte ; le
travail forcé a été remplacé par le travail payé.
L'exemple est donné, l'usage est désormais consacré
et pratiqué : aussi aujourd'hui nous n'hésitons pas à
l'affirmer bien haut, il n'est point pour le fellah
égyptien de travail plus populaire que le travail
dans l'isthme. On ne voit plus dans les contingents
ni un déserteur ni un mécontent. Chacun sait qu'il
emportera au sein de sa famille le fruit de son la-
beur, et chacun s'empresse de terminer sa tâche au
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