Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1862 01 août 1862
Description : 1862/08/01 (A7,N147). 1862/08/01 (A7,N147).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033012
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 237
sible en elle-même est, en effet, mise en doute par de
nombreux adversaires. On ne comprend pas comment
un canal creusé au milieu de montagnes de sables mou-
vants pourra échapper à l'action de ces sables, qui ne
cessent de voler dans le désert. Dans une seule nuit, ils
pourraient occasionner la perte de millions aux heureux
propriétaires. Si l'on s'en rapporte aux derniers travaux
des ingénieurs, le niveau des deux mers serait complè-
tement le même, de telle sorte qu'on ne doit pas
compter sur un fort courant. Le vent et le sable pro-
mènent continuellement leur action sur le désert ; et
dans le cas le plus favorable, des milliers d'hommes
devront être sans cesse occupés à désensabler le canal
pour livrer passage a la navigation. C'est pour cette
raison que ce canal a déjà coûté des sommes énor-
mes, et n'est encore qu'à peine commencé. La partie
exécutée jusqu'à présent n'est qu'un canal de très-pe-
tite dimension. Il sert seulement à amener de l'eau
douce aux travailleurs et aux pays environnants; il ne
saurait donner passage à un cutter, c'est-à dire à un
navire allant dans l'Inde. Des masses d'hommes sont
occupés à l'entreprise, car le vice-roi y est engagé
pour des sommes considérables. En conséquence, il re-
crute des travailleurs comme il recruterait des soldats,
et il les envoie au désert Alors, comment se fait-il que
les étrangers qui voyagent en Egypte, non-seulement
pensent, mais encore soutiennent que le canal est une
chimère, et qu'il ne sera jamais terminé? Telle est
pourtant l'opinion générale, telle est celle qu'on entend
partout exprimer !
» Le vice-roi, par suite d'une circonstance particulière,
doit être, si ce que l'on dit est vrai, l'actionnaire prin-
cipal du canal. Ce que personne ne saurait contredire,
c'est qu'il suffit à M. de Lesseps, qui n'est qu'un spécu-
lateur, de faire figurer un capital simulé sur le papier,
pour compter sur ses actionnaires du continent, et de
représenter le vice-roi, à coup sûr très-intéressé dans
l'entreprise, pour une somme importante, et cela pour
la forme, pro Jormâ. Saïd-Pacha qui, tout d'abord, avait
bien compris la portée de cette combinaison, finit
néanmoins par souscrire les actions demandées, et se
décida, sur la proposition de M. de Lesseps, à payer en
nature, c'est-à-dire en travail, la somme dont il était
débiteur.
» Deux difficultés furent ainsi résolues. Le vice-roi,
qui ne voulait point donner d'argent comptant, fut dis-
pensé d'en donner; et M. de Lesseps, qui manquait
complètement de travailleurs, et qui, de plus, n'entre-
voyait aucun moyen de s'en procurer de bons et en
nombre suffisant, fut délivré de cette préoccupation.
Chaque mois, le gouvernement égyptien lève un nom-
bre de recrues fixé à l'avance, et les livre à M. de
Lesseps, qui les fait travailler sans relâche. C'est par
ce moyen qu'on est parvenu à creuser un petit canal
qui amène de l'eau douce sur les chantiers. Ce canal
peut étendre ses ramifications au loin. Par lui, on es-
père convertir le désert en jardin. C'est, dit-on, la
pierre angulaire de l'édifice.
» Partout, même en Egypte, règne cette opinion que
le canal, s'il est jamais praticable, ne saurait en tous
cas être susceptible de produit. Beaucoup de personnes
assurent qu'il ne pourra jamais donner un intérêt de
4 3/2 0/0 au capital qui sera dépensé. Quel peut donc
être le motif qui a poussé un homme aussi habile que
M. de Lesseps à entreprendre et exécuter un pareil
travail avec tant d'ardeur? Comme d'autres,, il a dû en
prévoir les résultats ; il doit donc avoir d'autres des-
seins, et ces desseins ne sauraient échapper aux regards
de personne.
» La Compagnie à la tête de laquelle se trouve M. de
Lesseps dispose encore en ce moment de ressources
considérables. C'est grâce à ces ressources qu'elle a
acquis dernièrement, dans le voisinage du canal, un
domaine étendu et fertile. Les terres environnantes
s'alimentent à l'aide de ce canal, et déjà une colonie
de Français considérable, et qui naturellement doit
s'accroitre encore, s'est fixée dans le voisinage.
» La vente de ces terres serait, il est vrai, pour les
actionnaires, une spéculation très-avantageuse, surtout
si le canal maritime était jamais achevé et navigable.
Mais cela n'est pas le cas qui arrive. Les Français n'oc-
cupent ces terres, et bien d'autres encore peut-être,
que pour avoir un pied ferme en Egypte.
» Aucun membre de notre expédition n'a malheureu-
sement pu visiter le canal. Nous avions trop peu de
temps devant nous, mais je viens de vous exposer les im-
pressions que nous avons recueillies. La partie com-
mencée ne doit avoir que de 10 à 15 pieds de large,
sur peu de profondeur. Aussi les ingénieurs em-
ployés sur les lieux avouent qu'avec les ressources dont
on dispose actuellement en travailleurs, il faudra au
moins cinquante ans pour mener les travaux à bonne
fin. Combien faudra-t-il consacrer de millions pour ar-
river au but, c'est ce qu'il serait difficile de calculer ;
mais, ce qui est certain, c'est qu'il y a des actions of-
frant plus de garanties de sécurité que n'en offrent
celles du canal de Suez.
» FRÉDÉRIC GEMTACMR. *
La Gazette de Cologne a été longtemps l'un des
avocats les plus chaleureux du canal de Suez. Elle
a soutenu cette entreprise avec une persistance et
une énergie dont nous nous souvenons, et pour réfu-
ter ses doutes ou ses allégations, nous n'aurions
qu'à recourir à ses collections de 1856, 1857,
1858, etc., etc.
Nous n'entendons pas dire par là que ce journal
est lié par ses antécédents ; s'il s'est trompé, il est -
toujours à temps de reconnaître une erreur ; mais,
du moins, faut-il que le changement absolu que
nous signalons soit fondé sur des faits qui aient
quelque solidité, quelque substance, quelque valeur,
et c'est là ce qui, selon nous, manque complétement
à la nouvelle correspondance dont le journal se fait
l'éditeur.
L'article de la Gazette de Cologne n'est pas autre
chose, en effet, qu'une répétition des objections vieil-
lies, rebattues et complétement démolies, si souvent
renouvelées par le Morning Post, et auxquelles il a
lui-même renoncé. C'est tout simplement une polé-
sible en elle-même est, en effet, mise en doute par de
nombreux adversaires. On ne comprend pas comment
un canal creusé au milieu de montagnes de sables mou-
vants pourra échapper à l'action de ces sables, qui ne
cessent de voler dans le désert. Dans une seule nuit, ils
pourraient occasionner la perte de millions aux heureux
propriétaires. Si l'on s'en rapporte aux derniers travaux
des ingénieurs, le niveau des deux mers serait complè-
tement le même, de telle sorte qu'on ne doit pas
compter sur un fort courant. Le vent et le sable pro-
mènent continuellement leur action sur le désert ; et
dans le cas le plus favorable, des milliers d'hommes
devront être sans cesse occupés à désensabler le canal
pour livrer passage a la navigation. C'est pour cette
raison que ce canal a déjà coûté des sommes énor-
mes, et n'est encore qu'à peine commencé. La partie
exécutée jusqu'à présent n'est qu'un canal de très-pe-
tite dimension. Il sert seulement à amener de l'eau
douce aux travailleurs et aux pays environnants; il ne
saurait donner passage à un cutter, c'est-à dire à un
navire allant dans l'Inde. Des masses d'hommes sont
occupés à l'entreprise, car le vice-roi y est engagé
pour des sommes considérables. En conséquence, il re-
crute des travailleurs comme il recruterait des soldats,
et il les envoie au désert Alors, comment se fait-il que
les étrangers qui voyagent en Egypte, non-seulement
pensent, mais encore soutiennent que le canal est une
chimère, et qu'il ne sera jamais terminé? Telle est
pourtant l'opinion générale, telle est celle qu'on entend
partout exprimer !
» Le vice-roi, par suite d'une circonstance particulière,
doit être, si ce que l'on dit est vrai, l'actionnaire prin-
cipal du canal. Ce que personne ne saurait contredire,
c'est qu'il suffit à M. de Lesseps, qui n'est qu'un spécu-
lateur, de faire figurer un capital simulé sur le papier,
pour compter sur ses actionnaires du continent, et de
représenter le vice-roi, à coup sûr très-intéressé dans
l'entreprise, pour une somme importante, et cela pour
la forme, pro Jormâ. Saïd-Pacha qui, tout d'abord, avait
bien compris la portée de cette combinaison, finit
néanmoins par souscrire les actions demandées, et se
décida, sur la proposition de M. de Lesseps, à payer en
nature, c'est-à-dire en travail, la somme dont il était
débiteur.
» Deux difficultés furent ainsi résolues. Le vice-roi,
qui ne voulait point donner d'argent comptant, fut dis-
pensé d'en donner; et M. de Lesseps, qui manquait
complètement de travailleurs, et qui, de plus, n'entre-
voyait aucun moyen de s'en procurer de bons et en
nombre suffisant, fut délivré de cette préoccupation.
Chaque mois, le gouvernement égyptien lève un nom-
bre de recrues fixé à l'avance, et les livre à M. de
Lesseps, qui les fait travailler sans relâche. C'est par
ce moyen qu'on est parvenu à creuser un petit canal
qui amène de l'eau douce sur les chantiers. Ce canal
peut étendre ses ramifications au loin. Par lui, on es-
père convertir le désert en jardin. C'est, dit-on, la
pierre angulaire de l'édifice.
» Partout, même en Egypte, règne cette opinion que
le canal, s'il est jamais praticable, ne saurait en tous
cas être susceptible de produit. Beaucoup de personnes
assurent qu'il ne pourra jamais donner un intérêt de
4 3/2 0/0 au capital qui sera dépensé. Quel peut donc
être le motif qui a poussé un homme aussi habile que
M. de Lesseps à entreprendre et exécuter un pareil
travail avec tant d'ardeur? Comme d'autres,, il a dû en
prévoir les résultats ; il doit donc avoir d'autres des-
seins, et ces desseins ne sauraient échapper aux regards
de personne.
» La Compagnie à la tête de laquelle se trouve M. de
Lesseps dispose encore en ce moment de ressources
considérables. C'est grâce à ces ressources qu'elle a
acquis dernièrement, dans le voisinage du canal, un
domaine étendu et fertile. Les terres environnantes
s'alimentent à l'aide de ce canal, et déjà une colonie
de Français considérable, et qui naturellement doit
s'accroitre encore, s'est fixée dans le voisinage.
» La vente de ces terres serait, il est vrai, pour les
actionnaires, une spéculation très-avantageuse, surtout
si le canal maritime était jamais achevé et navigable.
Mais cela n'est pas le cas qui arrive. Les Français n'oc-
cupent ces terres, et bien d'autres encore peut-être,
que pour avoir un pied ferme en Egypte.
» Aucun membre de notre expédition n'a malheureu-
sement pu visiter le canal. Nous avions trop peu de
temps devant nous, mais je viens de vous exposer les im-
pressions que nous avons recueillies. La partie com-
mencée ne doit avoir que de 10 à 15 pieds de large,
sur peu de profondeur. Aussi les ingénieurs em-
ployés sur les lieux avouent qu'avec les ressources dont
on dispose actuellement en travailleurs, il faudra au
moins cinquante ans pour mener les travaux à bonne
fin. Combien faudra-t-il consacrer de millions pour ar-
river au but, c'est ce qu'il serait difficile de calculer ;
mais, ce qui est certain, c'est qu'il y a des actions of-
frant plus de garanties de sécurité que n'en offrent
celles du canal de Suez.
» FRÉDÉRIC GEMTACMR. *
La Gazette de Cologne a été longtemps l'un des
avocats les plus chaleureux du canal de Suez. Elle
a soutenu cette entreprise avec une persistance et
une énergie dont nous nous souvenons, et pour réfu-
ter ses doutes ou ses allégations, nous n'aurions
qu'à recourir à ses collections de 1856, 1857,
1858, etc., etc.
Nous n'entendons pas dire par là que ce journal
est lié par ses antécédents ; s'il s'est trompé, il est -
toujours à temps de reconnaître une erreur ; mais,
du moins, faut-il que le changement absolu que
nous signalons soit fondé sur des faits qui aient
quelque solidité, quelque substance, quelque valeur,
et c'est là ce qui, selon nous, manque complétement
à la nouvelle correspondance dont le journal se fait
l'éditeur.
L'article de la Gazette de Cologne n'est pas autre
chose, en effet, qu'une répétition des objections vieil-
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