Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1862 01 août 1862
Description : 1862/08/01 (A7,N147). 1862/08/01 (A7,N147).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033012
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
234 L'ISTHME DE SUEZ,
tifs, par des achats particuliers qui substitueraient
une influença étrangère aux transactions spontanées
du public.
Je suis donc obligé d'opposer la dénégation la plus
absolue aux assertions ou aux insinuations de la
circulaire.
Si, par la solidité de leur tenue, les actions du
canal de Suez déconcertent ceux qui auraient désiré
spéculer sur leur dépréciation, la cause en appar-
tient tout entière à la confiance du public et à celle
des actionnaires associés à notre grande entreprise
pour en atteindre les résultats, et non pour exploiter
les chances d'une hausse ou d'une prime artifi-
cielles.
J'ai cru vous devoir ces explications afin que vous
puissiez, le cas échéant, éclairer sur la vérité des
faits ceux de nos actionnaires avec lesquels vous
êtes en rapport, et afin de vous mettre vous-même
en garde contre des observations qui, dans l'avenir,
pourraient émaner de la même source.
Veuillez agréer, Monsieur, la nouvelle assurance
de mes sentiments les plus distingués et dévoués.
Le Président,
FERD. DE LESSEPS.
CHRONIQUE DE L'ISTHME.
Les chaleurs des mois de juin et juillet n'ont di-
minué en rien l'activité sur tout le parcours de
l'isthme. Les fellahs travaillent avec le même entrain
et la même gaieté. Tous les voyageurs qui arrivent
de l'isthme s'accordent à constater leur animation.
Aussitôt que la somme de travail qui leur a été in-
diquée est exécutée, les contingents pouvant re-
tourner dans leurs familles, on est souvent obligé de
modérer leur zèle, et on a dû en empêcher plusieurs
de consacrer leurs nuits à l'accomplissement de leurs
tâches.
De nouvelles et importantes améliorations s'exé-
cutent dans le parcours de Port-Saïd à Kantara. On
continue l'élargissement du chenal maritime à travers
le lac Menzaleh. Quatorze dragues, échelonnées de
distance en distance, sont en mouvement ; elles se-
ront bientôt portées à vingt-quatre. Elles versent sans
cesse sur la berge, soit directement, soit par des cha-
lans, le produit du curage. On établit avec ces déblais,
à droite et à gauche, des bourrelets de 2 mètres d'é-
lévation, qui deviendront les berges définitives. Un
certain nombre de fellahs ont été momentanément
détachés du seuil pour faire les terrassements qui
affermissent les remblais, en suivant le travail des
dragues. On espère que, au mois de septembre, cette
opération sera terminée de Port-Saïd à Kantara, et
alors, sur cet espace, les berges marqueront à l'œil
la largeur du canal dans toute Hl. dimension. I-ap-
profondissement du chenal s'effectuera ainsi progres-
sivement, et toujours au moyen des dragues. De
nouvelles dragues, plus puissantes même que celles
qui se trouvent déjà en fonctions, vont être comman -
dées.
Ce bourrelet de 1 mètres d'élévation est plus que
suffisant pour garantir le canal contre les plus hautes
eaux du lac Menzaleh. On continuera ensuite le
même travail de Kantara à Ferdane, à travers le lac
Ballah, que le Nil n'envahit qu'à peu près deux mois
après le lac Menzaleh.
Chaque drague a environ 1,500 mètres courant
de bourrelets à exécuter. Chacune peut faire 40
mètres d'avancement par jour.
Les travaux du seuil ne se ralentissent pas. La
section navigable du canal est ouverte jusqu'au
chantier n° 4. On sait que le seuil tout entier avait
été divisé en six chantiers, le premier commençant
aux dunes de Ferdane, le dernier arrivant à Timsah.
Il ne reste donc plus, pour aboutir à ce dernier «
point, que le creusement entre les chantiers 4 et 6,
c'est-à-dire 4 kilomètres environ, dont les déblais sont
déjà fort avancés.
L'ouverture de la navigation jusqu'à Timsah serait
achevée maintenant, si l'entreprise, modifiant quel-
que peu ses projets primitifs, n'avait pas augmenté,
en évasant considérablement les talus dans la tra-
versée du seuil, le nombre des mètres cubes à enle-
ver. Elle a travaillé pour l'avenir. Au surplus, tous
nos correspondants s'accordent à annoncer pour le
mois d'octobre la réunion de la Méditerranée avec le
lac Timsah.
A ce moment, les grandes chaleurs seront passées,
il sera plus facile de transporter les ateliers des ter-
rassiers entre Timsah et Suez, et d'installer de nou-
veaux campements.
Il y a deux ans, Port-Saïd comptait une popula-
tion de 300 âmes à peine; aujourd'hui, on l'évalue à
4 à 5,000 âmes environ, dont un dixième de femmes
et enfants. -
Timsah semble promettre de marcher dignement
sur ses traces. On y voit vingt îlots de maisons où
les ouvriers et leurs chefs iront s'installer à la fin
d'octobre. A côté, le village arabe du Seuil prend
aussi des proportions considérables. Des marchands
de toute espèce viennent s'y fixer. Un actionnaire de
la Compagnie, M. Malo, qui passait au Seuil, dans
le courant du mois d'avril, donnait à cette époque
au village une population d'environ 500 hommes.
En quatre mois cette population a été quadruplée.
Nos dernières correspondances portent à environ
2,000 âmes la population indigène du village du
Seuil. Quelle sera l'importance de Port-Saïd et de
Timsah dans quelques, années ? c'est ce qu'il est im-
possible aujourd'hui de prévoir. Les villes d'Austra-
lie ont à peine quinze années d'existence, leur popu-
tifs, par des achats particuliers qui substitueraient
une influença étrangère aux transactions spontanées
du public.
Je suis donc obligé d'opposer la dénégation la plus
absolue aux assertions ou aux insinuations de la
circulaire.
Si, par la solidité de leur tenue, les actions du
canal de Suez déconcertent ceux qui auraient désiré
spéculer sur leur dépréciation, la cause en appar-
tient tout entière à la confiance du public et à celle
des actionnaires associés à notre grande entreprise
pour en atteindre les résultats, et non pour exploiter
les chances d'une hausse ou d'une prime artifi-
cielles.
J'ai cru vous devoir ces explications afin que vous
puissiez, le cas échéant, éclairer sur la vérité des
faits ceux de nos actionnaires avec lesquels vous
êtes en rapport, et afin de vous mettre vous-même
en garde contre des observations qui, dans l'avenir,
pourraient émaner de la même source.
Veuillez agréer, Monsieur, la nouvelle assurance
de mes sentiments les plus distingués et dévoués.
Le Président,
FERD. DE LESSEPS.
CHRONIQUE DE L'ISTHME.
Les chaleurs des mois de juin et juillet n'ont di-
minué en rien l'activité sur tout le parcours de
l'isthme. Les fellahs travaillent avec le même entrain
et la même gaieté. Tous les voyageurs qui arrivent
de l'isthme s'accordent à constater leur animation.
Aussitôt que la somme de travail qui leur a été in-
diquée est exécutée, les contingents pouvant re-
tourner dans leurs familles, on est souvent obligé de
modérer leur zèle, et on a dû en empêcher plusieurs
de consacrer leurs nuits à l'accomplissement de leurs
tâches.
De nouvelles et importantes améliorations s'exé-
cutent dans le parcours de Port-Saïd à Kantara. On
continue l'élargissement du chenal maritime à travers
le lac Menzaleh. Quatorze dragues, échelonnées de
distance en distance, sont en mouvement ; elles se-
ront bientôt portées à vingt-quatre. Elles versent sans
cesse sur la berge, soit directement, soit par des cha-
lans, le produit du curage. On établit avec ces déblais,
à droite et à gauche, des bourrelets de 2 mètres d'é-
lévation, qui deviendront les berges définitives. Un
certain nombre de fellahs ont été momentanément
détachés du seuil pour faire les terrassements qui
affermissent les remblais, en suivant le travail des
dragues. On espère que, au mois de septembre, cette
opération sera terminée de Port-Saïd à Kantara, et
alors, sur cet espace, les berges marqueront à l'œil
la largeur du canal dans toute Hl. dimension. I-ap-
profondissement du chenal s'effectuera ainsi progres-
sivement, et toujours au moyen des dragues. De
nouvelles dragues, plus puissantes même que celles
qui se trouvent déjà en fonctions, vont être comman -
dées.
Ce bourrelet de 1 mètres d'élévation est plus que
suffisant pour garantir le canal contre les plus hautes
eaux du lac Menzaleh. On continuera ensuite le
même travail de Kantara à Ferdane, à travers le lac
Ballah, que le Nil n'envahit qu'à peu près deux mois
après le lac Menzaleh.
Chaque drague a environ 1,500 mètres courant
de bourrelets à exécuter. Chacune peut faire 40
mètres d'avancement par jour.
Les travaux du seuil ne se ralentissent pas. La
section navigable du canal est ouverte jusqu'au
chantier n° 4. On sait que le seuil tout entier avait
été divisé en six chantiers, le premier commençant
aux dunes de Ferdane, le dernier arrivant à Timsah.
Il ne reste donc plus, pour aboutir à ce dernier «
point, que le creusement entre les chantiers 4 et 6,
c'est-à-dire 4 kilomètres environ, dont les déblais sont
déjà fort avancés.
L'ouverture de la navigation jusqu'à Timsah serait
achevée maintenant, si l'entreprise, modifiant quel-
que peu ses projets primitifs, n'avait pas augmenté,
en évasant considérablement les talus dans la tra-
versée du seuil, le nombre des mètres cubes à enle-
ver. Elle a travaillé pour l'avenir. Au surplus, tous
nos correspondants s'accordent à annoncer pour le
mois d'octobre la réunion de la Méditerranée avec le
lac Timsah.
A ce moment, les grandes chaleurs seront passées,
il sera plus facile de transporter les ateliers des ter-
rassiers entre Timsah et Suez, et d'installer de nou-
veaux campements.
Il y a deux ans, Port-Saïd comptait une popula-
tion de 300 âmes à peine; aujourd'hui, on l'évalue à
4 à 5,000 âmes environ, dont un dixième de femmes
et enfants. -
Timsah semble promettre de marcher dignement
sur ses traces. On y voit vingt îlots de maisons où
les ouvriers et leurs chefs iront s'installer à la fin
d'octobre. A côté, le village arabe du Seuil prend
aussi des proportions considérables. Des marchands
de toute espèce viennent s'y fixer. Un actionnaire de
la Compagnie, M. Malo, qui passait au Seuil, dans
le courant du mois d'avril, donnait à cette époque
au village une population d'environ 500 hommes.
En quatre mois cette population a été quadruplée.
Nos dernières correspondances portent à environ
2,000 âmes la population indigène du village du
Seuil. Quelle sera l'importance de Port-Saïd et de
Timsah dans quelques, années ? c'est ce qu'il est im-
possible aujourd'hui de prévoir. Les villes d'Austra-
lie ont à peine quinze années d'existence, leur popu-
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