Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1862 01 août 1862
Description : 1862/08/01 (A7,N147). 1862/08/01 (A7,N147).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033012
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 243
M. LAYARD ET LA PRESSE ÉGYPTIENNE.
Le Spectateur égyptien, journal italien qui s'imprime
à Alexandrie, a publié, dans son numéro du 18 juin
dernier, une lettre qu'il annonce lui avoir été adres-
sée par un de ses collaborateurs, et que nous croyons
devoir reproduire in extenso.
Cette lettre est une réfutation nouvelle des asser-
tions émises par M. Layard à la Chambre des com-
munes d'Angleterre, le 16 mai, et la pleine confir-
mation de tout ce que nous avons déjà dit sur ce
prétendu travail forcé auquel seraient condamnés
les fellahs égyptiens, pour l'exécution des travaux de
l'isthme de Suez. Elle affirme, comme au reste l'a
déjà et si bien fait la lettre de M. de Lesseps à
M. Layard, que le recrutement des ouvriers se fait
régulièrement suivant les usages constants du pays.
Elle affirme les bons traitements dont les fellahs sont
l'objet. Elle affirme qu'ils ont toujours été payés sur
les chantiers mêmes, en livres sterling, et nous pen-
sons que l'Angleterre n'a rien à dire à cette mon-
naie; elle affirme qu'ils sont entourés de tous les
soins possibles ; elle affirme que tous les vingt ou
trente jours, les contingents dont le travail est ter-
miné sont remplacés par des contingents nouveaux.
Elle affirme, enfin, qu'il est une chose que l'on peut
certifier, c'est que de tous les travaux qui sont en cours
d'exécution en Egypte, il n'en est pas un auquel l'A-
rabe ne préfère celui de l'isthme de Suez.
Les philanthropes britanniques peuvent se rassurer
à l'avenir ; tranquilles sur le sort des fellahs qui ne
sont pas à la charge de leur gouvernement, ils au-
ront tout le loisir de porter leur bienveillantè
sollicitude sur d'autres travailleurs qui sont plus
près d'eux, dans la Grande-Bretagne, et plus loin,
dans les Indes.
Ajoutons, en passant, que les détails qu'on va lire
sont une dénégation de plus infligée encore par un
temoin oculaire aux rapports adressés à la Gazette
de Cologne.
Voici la correspondance du Spectateur égyptien :
FLEURY.
« Monsieur le rédacteur,
» Lorsque l'on considère, avec le sang-froid néces-
saire à tout consciencieux examen, l'opposition que,
depuis plusieurs années, on n'a cessé de faire un peu
partout au percement de l'isthme de Suez, on en vient
à se demander naturellement quels peuvent être les
mobiles de cet acharnement.
» L'opposition que l'on fait à cette grandiose entre-
prise pourrait se diviser en deux parties bien distinc-
tes : d'abord celle qui pourrait être raisonnable parce
qu'elle s'appuie sur telle ou telle conviction acquise
par un travail d'examen ou sur telle ou telle opinion
politique, et l'opposition qui n'est pas raisonnable parce
qu'elle ne raisonne pas et ne veut pas raisonner,
qui rejette sans discussion, qui nie sans examen,
s'oppose sans raison. — De cette dernière il n'y a pas
lieu de s'occuper ; à mesure que le travail avancera
elle devra diminuer, et bientôt, il faut l'espérer, elle
n'existera plus qu'à l'état de légende. — Il n'en est pas
de mémo du premier cas; l'opposition est le fait
d'hommes sérieux, réfléchis et qui n'ont point pour
habitude de jeter au vent leurs paroles pour la seule
satisfaction d'attirer l'attention sur eux par des extra-
vagances, de dire quelque chose pour être cités dans
un journal. Et si je dis ceci, c'est qu'il y a à peine
quelques jours que le parlement anglais s'est occupé à
deux reprises différentes de l'isthme de Suez. La dis-
cussion a été froide, sérieuse, mais courte, et cepen-
dant que d'assertions erronées, que de fausses supposi-
tions a-t- on dû entendre successivement se produire !
Dans une lettre à M. Layard, secrétaire pour le minis-
tère des affaires étrangères, M. de Lesseps a relevé
toutes ces erreurs; il ajoute en finissant: « Pourquoi
» donc chercher à jeter par des hypothèses ou des
» doutes arbitraires du discrédit sur une entreprise si
» utile? »
» En effet, .pourquoi ?
» Il serait difficile de s'en rendre compte d'une façon
honorable pour les honorables contradicteurs, et dès
lors il vaut mieux supposer qu'ils sont encore trompés
sur tout ce qui regarde les travaux de l'entreprise,
comme ils l'étaient jadis sur son impossibilité maté-
rielle ou sur les graves complications politiques que,
disait-on, elle ne pouvait manquer d'amener. Il est
nécessaire de croire qu'ils sont toujours et constam-
ment trompés, car il a été démontré que l'Angleterre
n'a rien à perdre au percement de l'isthme de Suez et
qu'elle y a beaucoup à gagner. L'Angleterre n'a donné
ni un homme ni un shilling pour mettre à exécution
cette grande idée ; on sait du reste que rien ne s'éloi-
gne plus de son système que de dépenser ses hommes
ou son argent pour des idées, quelque grandes qu'elles
puissent être. Rendons justice cependant aux hommes
d'Etat éminents qui gouvernent ce grand pays : impas-
sibles, ils regardent faire la France, et la France saura
encore exécuter toute seule ce qui lui semblera grand
ou juste, sans se préoccuper, si ce n'est dans une cer-
taine mesure, des opinions contraires qui pourront se
produire autour d'elle.
» Dans ce nouvel assaut contre l'isthme de Suez, on
a parlé de travail forcé ; on a pleuré des larmes bien
amères sur la condition de ces malheureux fellahs qui,
pour la première fois depuis plusieurs siècles, sont con-
damnés à recevoir un salaire pour leur travail.
-1) Pauvres fellahs 1
» Je ne sache pas qu'il faille s'arrêter devant ce pré-
tendu spectre qu'on a appelé le travail forcé, et dont l'i-
dée bien certainement n'effraye absolument personne
en ce pays. Il a déjà été dit et assez clairement dé-
montré, qu'il n'y a pas de travaux possibles en Egypte
si ce n'est en exigeant de toutes les provinces un cer-
tain nombre d'hommes qu'on fait travailler. Seule-
ment, il est à noter que la Compagnie de Suez les
emploie en les nourrissant, en les payant, en ayant
d'eux tous les soins possibles, et les renvoie régulière-
M. LAYARD ET LA PRESSE ÉGYPTIENNE.
Le Spectateur égyptien, journal italien qui s'imprime
à Alexandrie, a publié, dans son numéro du 18 juin
dernier, une lettre qu'il annonce lui avoir été adres-
sée par un de ses collaborateurs, et que nous croyons
devoir reproduire in extenso.
Cette lettre est une réfutation nouvelle des asser-
tions émises par M. Layard à la Chambre des com-
munes d'Angleterre, le 16 mai, et la pleine confir-
mation de tout ce que nous avons déjà dit sur ce
prétendu travail forcé auquel seraient condamnés
les fellahs égyptiens, pour l'exécution des travaux de
l'isthme de Suez. Elle affirme, comme au reste l'a
déjà et si bien fait la lettre de M. de Lesseps à
M. Layard, que le recrutement des ouvriers se fait
régulièrement suivant les usages constants du pays.
Elle affirme les bons traitements dont les fellahs sont
l'objet. Elle affirme qu'ils ont toujours été payés sur
les chantiers mêmes, en livres sterling, et nous pen-
sons que l'Angleterre n'a rien à dire à cette mon-
naie; elle affirme qu'ils sont entourés de tous les
soins possibles ; elle affirme que tous les vingt ou
trente jours, les contingents dont le travail est ter-
miné sont remplacés par des contingents nouveaux.
Elle affirme, enfin, qu'il est une chose que l'on peut
certifier, c'est que de tous les travaux qui sont en cours
d'exécution en Egypte, il n'en est pas un auquel l'A-
rabe ne préfère celui de l'isthme de Suez.
Les philanthropes britanniques peuvent se rassurer
à l'avenir ; tranquilles sur le sort des fellahs qui ne
sont pas à la charge de leur gouvernement, ils au-
ront tout le loisir de porter leur bienveillantè
sollicitude sur d'autres travailleurs qui sont plus
près d'eux, dans la Grande-Bretagne, et plus loin,
dans les Indes.
Ajoutons, en passant, que les détails qu'on va lire
sont une dénégation de plus infligée encore par un
temoin oculaire aux rapports adressés à la Gazette
de Cologne.
Voici la correspondance du Spectateur égyptien :
FLEURY.
« Monsieur le rédacteur,
» Lorsque l'on considère, avec le sang-froid néces-
saire à tout consciencieux examen, l'opposition que,
depuis plusieurs années, on n'a cessé de faire un peu
partout au percement de l'isthme de Suez, on en vient
à se demander naturellement quels peuvent être les
mobiles de cet acharnement.
» L'opposition que l'on fait à cette grandiose entre-
prise pourrait se diviser en deux parties bien distinc-
tes : d'abord celle qui pourrait être raisonnable parce
qu'elle s'appuie sur telle ou telle conviction acquise
par un travail d'examen ou sur telle ou telle opinion
politique, et l'opposition qui n'est pas raisonnable parce
qu'elle ne raisonne pas et ne veut pas raisonner,
qui rejette sans discussion, qui nie sans examen,
s'oppose sans raison. — De cette dernière il n'y a pas
lieu de s'occuper ; à mesure que le travail avancera
elle devra diminuer, et bientôt, il faut l'espérer, elle
n'existera plus qu'à l'état de légende. — Il n'en est pas
de mémo du premier cas; l'opposition est le fait
d'hommes sérieux, réfléchis et qui n'ont point pour
habitude de jeter au vent leurs paroles pour la seule
satisfaction d'attirer l'attention sur eux par des extra-
vagances, de dire quelque chose pour être cités dans
un journal. Et si je dis ceci, c'est qu'il y a à peine
quelques jours que le parlement anglais s'est occupé à
deux reprises différentes de l'isthme de Suez. La dis-
cussion a été froide, sérieuse, mais courte, et cepen-
dant que d'assertions erronées, que de fausses supposi-
tions a-t- on dû entendre successivement se produire !
Dans une lettre à M. Layard, secrétaire pour le minis-
tère des affaires étrangères, M. de Lesseps a relevé
toutes ces erreurs; il ajoute en finissant: « Pourquoi
» donc chercher à jeter par des hypothèses ou des
» doutes arbitraires du discrédit sur une entreprise si
» utile? »
» En effet, .pourquoi ?
» Il serait difficile de s'en rendre compte d'une façon
honorable pour les honorables contradicteurs, et dès
lors il vaut mieux supposer qu'ils sont encore trompés
sur tout ce qui regarde les travaux de l'entreprise,
comme ils l'étaient jadis sur son impossibilité maté-
rielle ou sur les graves complications politiques que,
disait-on, elle ne pouvait manquer d'amener. Il est
nécessaire de croire qu'ils sont toujours et constam-
ment trompés, car il a été démontré que l'Angleterre
n'a rien à perdre au percement de l'isthme de Suez et
qu'elle y a beaucoup à gagner. L'Angleterre n'a donné
ni un homme ni un shilling pour mettre à exécution
cette grande idée ; on sait du reste que rien ne s'éloi-
gne plus de son système que de dépenser ses hommes
ou son argent pour des idées, quelque grandes qu'elles
puissent être. Rendons justice cependant aux hommes
d'Etat éminents qui gouvernent ce grand pays : impas-
sibles, ils regardent faire la France, et la France saura
encore exécuter toute seule ce qui lui semblera grand
ou juste, sans se préoccuper, si ce n'est dans une cer-
taine mesure, des opinions contraires qui pourront se
produire autour d'elle.
» Dans ce nouvel assaut contre l'isthme de Suez, on
a parlé de travail forcé ; on a pleuré des larmes bien
amères sur la condition de ces malheureux fellahs qui,
pour la première fois depuis plusieurs siècles, sont con-
damnés à recevoir un salaire pour leur travail.
-1) Pauvres fellahs 1
» Je ne sache pas qu'il faille s'arrêter devant ce pré-
tendu spectre qu'on a appelé le travail forcé, et dont l'i-
dée bien certainement n'effraye absolument personne
en ce pays. Il a déjà été dit et assez clairement dé-
montré, qu'il n'y a pas de travaux possibles en Egypte
si ce n'est en exigeant de toutes les provinces un cer-
tain nombre d'hommes qu'on fait travailler. Seule-
ment, il est à noter que la Compagnie de Suez les
emploie en les nourrissant, en les payant, en ayant
d'eux tous les soins possibles, et les renvoie régulière-
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