Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1862 15 juillet 1862
Description : 1862/07/15 (A7,N146). 1862/07/15 (A7,N146).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203300n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 227 -
dans l'étude de la nature, n'y eût pas réussi. Il en
était plus jaloux que de chanter en public.
» 5. Mais un soulèvement des nations occidenta-
les, fomenté par un homme d'un caractère auda-
cieux, nommé Vindex, vient d'arracher la Grèce et
l'isthme à Néron, qui donna vainement pour excuse
l'objection des géomètres; car je sais très-bien que les
deux mers sont égales et de niveau. »
Eh bien, Messieurs, cette différence de niveau, à la-
quelle les peuples de l'antiquité croyaient, les sa-
vants n'y croyaient pas. Vous voyez que Lucien n'y
croyait pas. Hérodote rapporte que les peuples y
croyaient; mais quant à lui il donne à entendre
qu'il n'y croit pas. De nos jours, lors de l'expé-
dition française en Egypte, une commission qui,
par ordre du général Bonaparte, fit un projet de
percement de l'isthme, commit une erreur facile à
expliquer par les circonstances au milieu desquelles
elle poursuivait l'exécution de son travail; mais deux
grands mathématiciens, Laplace et Fourrier, ont, pen-
dant toute leur vie, nié l'exactitude des conclusions de
la commission, c'est-à-dire la différence de niveau. La
croyance vulgaire des anciens et des modernes est
aujourd'hui tout à fait rectifiée par l'expérience.
Un nivellement complet a été fait, sous la direc-
tion de M. Talabot, par M. Bourdaloue en 1847, et
cet ingénieur distingué a eu le mérite de constater
le premier l'égalité de niveau des deux mers. Nous
avons fait faire nous-mêmes six nivellements, et il a
été reconnu qu'il n'y a pas, de Suez à Péluse, plus
de différence de niveau qu'entre le même Océan et
la même Méditerranée au détroit de Gibraltar.
Cette question incidente étant vidée, revenons à
la description de l'isthme. La ligne a 150 kilomètres
du nord au sud, est traversée par quatre dépres-
sions considérables : le lac Menzaleh, qui part de
Port-Saïd sur la Méditerranée; le lac Ballah, pro-
longation du lac Menzaleh, avec lequel il commu-
nique; le lac Timsah, séparé du lac Ballah par le
seuil d'El-Guisr; les lacs Amers, séparés du lac
Timsah par le seuil du Serapeum. Ces quatre lacs
sont dans les conditions suivantes : les lacs Menza-
leh et Ballah ont en moyenne 1 mètre au-dessous
du niveau de la mer ; le lac Timsah est en moyenne
à 3 mètres au-dessous du même niveau, quoique
dans certaines parties, et particulièrement dans le
fond de la baie où se trouvera le port, il ait déjà de
7 à 8 mètres de profondeur, au pied de la ville que
nous bâtissons en ce moment. La moyenne des lacs
Amers, au-dessous du niveau de la mer, n'est pas
moindre de 5 mètres, et s'abaisse dans une partie de
son parcours jusqu'à 10 mètres.
La longueur des quatre lacs sur la lig-ne du canal
est de 100 kilomètres, savoir :
Les lacs Menzaleh et Ballah. 52 kilom.
Le lac Timsah 8
Les lacs Amers 40
Total. 100 kilom.
Par conséquent, la nature, sur cet espace de 100
kilomètres, a presque tout fait pour le canal, et elle
épargne en grande partie le travail de l'homme. Il
ne nous reste plus que 50 kilomètres à creuser pour
que la ligne du canal soit au-dessous du niveau des
deux mers.
Ces 50 kilomètres se subdivisent ainsi : les dunes
de Ferdane, et à leur suite le seuil d'El-Guisr, entre
le lac Ballah et le lac Timsah; le seuil du Serapeum,
qui sépare le lac Timsah des lacs Amers, et enfin le
terrain de Suez, qui sépare les lacs Amers de la mer
Rouge. Les dunes de Ferdane ont une longueur de
5 kilomètres, le seuil d'El-Guisr de 11 kilomètres, le
seuil de Serapeum de 12, la plaine de Suez de 22;
total, 50.
- Eh bien, maintenant, rendons-nous compte du tra-
vail à faire pour accomplir la jonction des deux mers.
La plaine de Suez est au-dessus du niveau de la
mer d'une hauteur moyenne de 2 mètres. La plus
grande hauteur de ces terrains est, sur un seul
point, de 8 mètres. Les dunes de Ferdane ont une
moyenne d'élévation de 4 mètres. La seuil d'El-Guisr
a une moyenne de 10mr50 ; la partie la plus
élevée, de 1901,10, et la partie la plus basse de lm,47.
Le Serapeum a en moyenne 5 mètres au-dessus du
niveau de la mer ; la plus grande hauteur est de
10 mètres, et le point le plus bas de 1 m,50.
Il résulte de ces calculs que le seuil d'El-Guisr est
le principal obstacle contre lequel nous ayons à lut-
ter. C'ost celui qu'à présent nous avons attaqué avec
le plus de vigueur, et je puis dire en toute sincé- -
rité que cet obstacle est désormais vaincu.
Les anciens avaient aussi creusé un canal commu-
niquant avec la mer Rouge. "Ce canal a fonctionné
quatre fois : sous les Pharaons et les Ptolémées égyp-
tiens, sous les conquérants perses, sous la domina-
tion romaine et sous les califes arabes ; mais il
n'établissait pas, comme le nôtre, une communica-
tion directe entre les deux mers. Il ne traversait pas
l'isthme tout entier ; il partait du Nil, de l'ouest à
l'est, en suivant la vallée de Gessen aboutissait au
lac Timsah, et, de ce point, descendant vers le sud,
il se rendait à la mer Rouge. Ainsi donc, du lac
Timsah à Suez, le canal a été plusieurs fois établi.
On en voit encore des traces ; les berges sont
conservées, surtout entre Suez et les lacs Amers.
Personne ne doute que nous ne puissions faire au-
jourd'hui ce que les anciens ont fait. Mais il n'en
est pas de même dans la partie qui sépare la Médi-
terranée de Timsah. Là les précédents manquaient
complètement, là tout était nouveau ; en un mot, des
dans l'étude de la nature, n'y eût pas réussi. Il en
était plus jaloux que de chanter en public.
» 5. Mais un soulèvement des nations occidenta-
les, fomenté par un homme d'un caractère auda-
cieux, nommé Vindex, vient d'arracher la Grèce et
l'isthme à Néron, qui donna vainement pour excuse
l'objection des géomètres; car je sais très-bien que les
deux mers sont égales et de niveau. »
Eh bien, Messieurs, cette différence de niveau, à la-
quelle les peuples de l'antiquité croyaient, les sa-
vants n'y croyaient pas. Vous voyez que Lucien n'y
croyait pas. Hérodote rapporte que les peuples y
croyaient; mais quant à lui il donne à entendre
qu'il n'y croit pas. De nos jours, lors de l'expé-
dition française en Egypte, une commission qui,
par ordre du général Bonaparte, fit un projet de
percement de l'isthme, commit une erreur facile à
expliquer par les circonstances au milieu desquelles
elle poursuivait l'exécution de son travail; mais deux
grands mathématiciens, Laplace et Fourrier, ont, pen-
dant toute leur vie, nié l'exactitude des conclusions de
la commission, c'est-à-dire la différence de niveau. La
croyance vulgaire des anciens et des modernes est
aujourd'hui tout à fait rectifiée par l'expérience.
Un nivellement complet a été fait, sous la direc-
tion de M. Talabot, par M. Bourdaloue en 1847, et
cet ingénieur distingué a eu le mérite de constater
le premier l'égalité de niveau des deux mers. Nous
avons fait faire nous-mêmes six nivellements, et il a
été reconnu qu'il n'y a pas, de Suez à Péluse, plus
de différence de niveau qu'entre le même Océan et
la même Méditerranée au détroit de Gibraltar.
Cette question incidente étant vidée, revenons à
la description de l'isthme. La ligne a 150 kilomètres
du nord au sud, est traversée par quatre dépres-
sions considérables : le lac Menzaleh, qui part de
Port-Saïd sur la Méditerranée; le lac Ballah, pro-
longation du lac Menzaleh, avec lequel il commu-
nique; le lac Timsah, séparé du lac Ballah par le
seuil d'El-Guisr; les lacs Amers, séparés du lac
Timsah par le seuil du Serapeum. Ces quatre lacs
sont dans les conditions suivantes : les lacs Menza-
leh et Ballah ont en moyenne 1 mètre au-dessous
du niveau de la mer ; le lac Timsah est en moyenne
à 3 mètres au-dessous du même niveau, quoique
dans certaines parties, et particulièrement dans le
fond de la baie où se trouvera le port, il ait déjà de
7 à 8 mètres de profondeur, au pied de la ville que
nous bâtissons en ce moment. La moyenne des lacs
Amers, au-dessous du niveau de la mer, n'est pas
moindre de 5 mètres, et s'abaisse dans une partie de
son parcours jusqu'à 10 mètres.
La longueur des quatre lacs sur la lig-ne du canal
est de 100 kilomètres, savoir :
Les lacs Menzaleh et Ballah. 52 kilom.
Le lac Timsah 8
Les lacs Amers 40
Total. 100 kilom.
Par conséquent, la nature, sur cet espace de 100
kilomètres, a presque tout fait pour le canal, et elle
épargne en grande partie le travail de l'homme. Il
ne nous reste plus que 50 kilomètres à creuser pour
que la ligne du canal soit au-dessous du niveau des
deux mers.
Ces 50 kilomètres se subdivisent ainsi : les dunes
de Ferdane, et à leur suite le seuil d'El-Guisr, entre
le lac Ballah et le lac Timsah; le seuil du Serapeum,
qui sépare le lac Timsah des lacs Amers, et enfin le
terrain de Suez, qui sépare les lacs Amers de la mer
Rouge. Les dunes de Ferdane ont une longueur de
5 kilomètres, le seuil d'El-Guisr de 11 kilomètres, le
seuil de Serapeum de 12, la plaine de Suez de 22;
total, 50.
- Eh bien, maintenant, rendons-nous compte du tra-
vail à faire pour accomplir la jonction des deux mers.
La plaine de Suez est au-dessus du niveau de la
mer d'une hauteur moyenne de 2 mètres. La plus
grande hauteur de ces terrains est, sur un seul
point, de 8 mètres. Les dunes de Ferdane ont une
moyenne d'élévation de 4 mètres. La seuil d'El-Guisr
a une moyenne de 10mr50 ; la partie la plus
élevée, de 1901,10, et la partie la plus basse de lm,47.
Le Serapeum a en moyenne 5 mètres au-dessus du
niveau de la mer ; la plus grande hauteur est de
10 mètres, et le point le plus bas de 1 m,50.
Il résulte de ces calculs que le seuil d'El-Guisr est
le principal obstacle contre lequel nous ayons à lut-
ter. C'ost celui qu'à présent nous avons attaqué avec
le plus de vigueur, et je puis dire en toute sincé- -
rité que cet obstacle est désormais vaincu.
Les anciens avaient aussi creusé un canal commu-
niquant avec la mer Rouge. "Ce canal a fonctionné
quatre fois : sous les Pharaons et les Ptolémées égyp-
tiens, sous les conquérants perses, sous la domina-
tion romaine et sous les califes arabes ; mais il
n'établissait pas, comme le nôtre, une communica-
tion directe entre les deux mers. Il ne traversait pas
l'isthme tout entier ; il partait du Nil, de l'ouest à
l'est, en suivant la vallée de Gessen aboutissait au
lac Timsah, et, de ce point, descendant vers le sud,
il se rendait à la mer Rouge. Ainsi donc, du lac
Timsah à Suez, le canal a été plusieurs fois établi.
On en voit encore des traces ; les berges sont
conservées, surtout entre Suez et les lacs Amers.
Personne ne doute que nous ne puissions faire au-
jourd'hui ce que les anciens ont fait. Mais il n'en
est pas de même dans la partie qui sépare la Médi-
terranée de Timsah. Là les précédents manquaient
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