Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1862 01 juillet 1862
Description : 1862/07/01 (A7,N145). 1862/07/01 (A7,N145).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203299f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 211
tous nos actes précédents et nous investissait de ses
pleins pouvoirs pour l'exécution de l'entreprise.
Après ces explications, je vais rapidement, car
l'heure s'écoule, parcourir avec vous sur la carte les
divers points qui sont en ce moment le théâtre de
nos travaux. Je m'efforcerai autant que possible de
ne point répéter ce qu'a dû vous apprendre le
compte rendu de ma dernière séance, qui a été publié
et vous a été distribué.
(Ici M. de Lesseps se tourne et indique une vaste
carte déployée aux regards de l'assemblée.)
Voici l'isthme de Suez. Il a vingt-cinq lieues en
ligne droite. Mais le canal, par les inflexions qu'il
parcourt, aura 150 kilomètres d'une mer à l'autre.
L'ouvrage consiste à ouvrir une grande tranchée de
150 kilomètres de long sur 56 mètres de large et
8 mètres de profondeur. Nous avions à enlever
50 millions de mètres cubes de terre et à jeter en
mer 1,250 mille mètres cubes de pierres.
Vous connaissez déjà Port-Saïd. Vous savez que
cette plage aride et déserte, il y a peu d'années, est
aujourd'hui une ville de 4,000 habitants, Eu-
ropéens et indigènes, avec un hôpital, un phare,
avec église, mosquée, magasins fournis abondam-
ment des objets nécessaires à la vie civilisée, et dont
le port est annuellement hanté par des centaines de
navires. Vous savez que cette ville , conquise sur le
sable et sur l'eau, contient de vastes dépôts, des
chantiers, des ateliers munis de mécanismes puis-
sants, soit pour le montage des dragues, soit pour
les besoins si divers de la construction. Au lac Men-
zaleh, après Port-Saïd, nous avons creusé un chenal
de petite dimension, destiné à servir au transport
des vivres et des approvisionnements entre Ferdane
et Port-Saïd. Le chenal d'abord exécuté n'avait que
peu de profondeur, car il était essentiel d'établir le
passage sans retard. Nous avons eu à relever des
bourrelets en certains endroits qui, minés par les eaux,
se sont éboulés. C'est ainsi que quelques portions de
ce chenal ont été encombrées l'année dernière, après
la crue extraordinaire des eaux du Nil; mais dans
ce moment nous avons quatorze dragues qui élèvent
les bourrelets de façon à nous protéger contre de sem-
blables accidents. J'ai reçu, il y a quelques jours,
des nouvelles qui m'annoncent que ce travail est sur
le point d'être terminé.
A Kantara, extrémité méridionale du Menzaleh, le
canal maritime à petite section a déjà 40 kilo-
mètres. Non loin à l'ouest sont les ruines de la
Taphné de la Bible, aujourd'hui Dephné où, d'après
le livre saint, se trouvaient de vastes briqueteries,
dont on voit encore des traces. Nous nous occupons
de les rétablir ainsi que celles de Ramsès.
En quittant Kantara, nous entrons dans le lac Bal-
lah. Il est à sec, quoique au-dessous du niveau de
la mer. Sur sa surface s'étendent de grandes couches
de plâtre qui nous seront très-utiles. Au bout du
lac Ballah, nous touchons aux dunes de Ferdane, où
s'arrête pour le moment la rigole maritime après
un trajet de 65 kilomètres. Aux dunes de Fer-
dane succède le seuil d'El-Guisr qui est le point le
plus élevé de l'isthme. D'une étendue de 10 kilo-
mètres sa hauteur moyenne est de 10 mètres au-des-
sus du niveau de la mer. C'est ce seuil sur lequel
est concentré en ce moment le principal effort du
travail. Les déblais déjà effectués sur ce point doivent
être à l'heure qu'il est de 3 millions de mètres
cubes.
Venant après le seuil d'El-Guisr, le lac Timsah,
au centre de l'isthme, est destiné à être le port in-
térieur du canal. Il y aura peu à faire dans ce lac,
car il est presque partout à plusieurs mètres au-des-
sous du niveau de la mer. Sur le plateau qui le do-
mine commence déjà à s'élever la ville de Timsah.
Entre le lac Timsah et le vaste bassin des lacs
Amers, se présente un second seuil qui les sépare.
Le seuil du Serapeum, long de 12 kilomètres, a une
hauteur moyenne d'environ 5 mètres au-dessus du
niveau de la mer, ce qui donne en déblais à sec,
c'est-à-dire jusqu'au niveau d'eau, 2,800,000 mètres
cubes de terre à enlever.
Dans les lacs Amers, sur une traversée de 36 ki-
lomètres, il n'y a rien à creuser, ces terrains étant à
une très-grande profondeur au-dessous du niveau de
la mer.
C'est ici que nous rencontrons le point où l'ancien
canal se dirigeait sur la mer Rouge après avoir tra
versé les lacs Amers. Il existe encore entre Suez et
les lacs ; sur plusieurs points on marche entre ses
berges parfaitement conservées. Malgré cela nous
n'utiliserons pas ce vieux canal. Le nôtre ne suit pas
le même tracé; il coupe la plaine basse et presque
unie qui sépare les lacs Amers de Suez. Cette plaine
a 22 kilomètres de long et une hauteur moyenne
d'un peu plus de 2 mètres au-dessus du niveau de
la mer. Au bout de cette plaine le canal maritime
se dirigera sans jetées vers le mouillage où s'ancrent
maintenant les navires venant des Indes.
Dans douze à quinze mois'nous espérons que la
communication sera ouverte à la navigation des bar-
ques, et que trois ans après le passage sera prati-
cable pour les plus grands navires. Dans ce but, nous
employons tous les moyens nécessaires. Nos res-
sources financières sont abondantes. Sur notre capital
de 200 millions nous avons dépensé 32 millions, indé-
pendamment du service des intérêts à nos action-
naires, intérêts à peu près compensés par les recettes
provenant du placement de nos capitaux disponi-
bles. Avec l'appel de fonds du troisième cinquième,
que nous avons décidé pour le 1er juillet prochain,
nous aurons à notre disposition une somme de 80 mil-
lions, plus que suffisante pour assurer le résultat
tous nos actes précédents et nous investissait de ses
pleins pouvoirs pour l'exécution de l'entreprise.
Après ces explications, je vais rapidement, car
l'heure s'écoule, parcourir avec vous sur la carte les
divers points qui sont en ce moment le théâtre de
nos travaux. Je m'efforcerai autant que possible de
ne point répéter ce qu'a dû vous apprendre le
compte rendu de ma dernière séance, qui a été publié
et vous a été distribué.
(Ici M. de Lesseps se tourne et indique une vaste
carte déployée aux regards de l'assemblée.)
Voici l'isthme de Suez. Il a vingt-cinq lieues en
ligne droite. Mais le canal, par les inflexions qu'il
parcourt, aura 150 kilomètres d'une mer à l'autre.
L'ouvrage consiste à ouvrir une grande tranchée de
150 kilomètres de long sur 56 mètres de large et
8 mètres de profondeur. Nous avions à enlever
50 millions de mètres cubes de terre et à jeter en
mer 1,250 mille mètres cubes de pierres.
Vous connaissez déjà Port-Saïd. Vous savez que
cette plage aride et déserte, il y a peu d'années, est
aujourd'hui une ville de 4,000 habitants, Eu-
ropéens et indigènes, avec un hôpital, un phare,
avec église, mosquée, magasins fournis abondam-
ment des objets nécessaires à la vie civilisée, et dont
le port est annuellement hanté par des centaines de
navires. Vous savez que cette ville , conquise sur le
sable et sur l'eau, contient de vastes dépôts, des
chantiers, des ateliers munis de mécanismes puis-
sants, soit pour le montage des dragues, soit pour
les besoins si divers de la construction. Au lac Men-
zaleh, après Port-Saïd, nous avons creusé un chenal
de petite dimension, destiné à servir au transport
des vivres et des approvisionnements entre Ferdane
et Port-Saïd. Le chenal d'abord exécuté n'avait que
peu de profondeur, car il était essentiel d'établir le
passage sans retard. Nous avons eu à relever des
bourrelets en certains endroits qui, minés par les eaux,
se sont éboulés. C'est ainsi que quelques portions de
ce chenal ont été encombrées l'année dernière, après
la crue extraordinaire des eaux du Nil; mais dans
ce moment nous avons quatorze dragues qui élèvent
les bourrelets de façon à nous protéger contre de sem-
blables accidents. J'ai reçu, il y a quelques jours,
des nouvelles qui m'annoncent que ce travail est sur
le point d'être terminé.
A Kantara, extrémité méridionale du Menzaleh, le
canal maritime à petite section a déjà 40 kilo-
mètres. Non loin à l'ouest sont les ruines de la
Taphné de la Bible, aujourd'hui Dephné où, d'après
le livre saint, se trouvaient de vastes briqueteries,
dont on voit encore des traces. Nous nous occupons
de les rétablir ainsi que celles de Ramsès.
En quittant Kantara, nous entrons dans le lac Bal-
lah. Il est à sec, quoique au-dessous du niveau de
la mer. Sur sa surface s'étendent de grandes couches
de plâtre qui nous seront très-utiles. Au bout du
lac Ballah, nous touchons aux dunes de Ferdane, où
s'arrête pour le moment la rigole maritime après
un trajet de 65 kilomètres. Aux dunes de Fer-
dane succède le seuil d'El-Guisr qui est le point le
plus élevé de l'isthme. D'une étendue de 10 kilo-
mètres sa hauteur moyenne est de 10 mètres au-des-
sus du niveau de la mer. C'est ce seuil sur lequel
est concentré en ce moment le principal effort du
travail. Les déblais déjà effectués sur ce point doivent
être à l'heure qu'il est de 3 millions de mètres
cubes.
Venant après le seuil d'El-Guisr, le lac Timsah,
au centre de l'isthme, est destiné à être le port in-
térieur du canal. Il y aura peu à faire dans ce lac,
car il est presque partout à plusieurs mètres au-des-
sous du niveau de la mer. Sur le plateau qui le do-
mine commence déjà à s'élever la ville de Timsah.
Entre le lac Timsah et le vaste bassin des lacs
Amers, se présente un second seuil qui les sépare.
Le seuil du Serapeum, long de 12 kilomètres, a une
hauteur moyenne d'environ 5 mètres au-dessus du
niveau de la mer, ce qui donne en déblais à sec,
c'est-à-dire jusqu'au niveau d'eau, 2,800,000 mètres
cubes de terre à enlever.
Dans les lacs Amers, sur une traversée de 36 ki-
lomètres, il n'y a rien à creuser, ces terrains étant à
une très-grande profondeur au-dessous du niveau de
la mer.
C'est ici que nous rencontrons le point où l'ancien
canal se dirigeait sur la mer Rouge après avoir tra
versé les lacs Amers. Il existe encore entre Suez et
les lacs ; sur plusieurs points on marche entre ses
berges parfaitement conservées. Malgré cela nous
n'utiliserons pas ce vieux canal. Le nôtre ne suit pas
le même tracé; il coupe la plaine basse et presque
unie qui sépare les lacs Amers de Suez. Cette plaine
a 22 kilomètres de long et une hauteur moyenne
d'un peu plus de 2 mètres au-dessus du niveau de
la mer. Au bout de cette plaine le canal maritime
se dirigera sans jetées vers le mouillage où s'ancrent
maintenant les navires venant des Indes.
Dans douze à quinze mois'nous espérons que la
communication sera ouverte à la navigation des bar-
ques, et que trois ans après le passage sera prati-
cable pour les plus grands navires. Dans ce but, nous
employons tous les moyens nécessaires. Nos res-
sources financières sont abondantes. Sur notre capital
de 200 millions nous avons dépensé 32 millions, indé-
pendamment du service des intérêts à nos action-
naires, intérêts à peu près compensés par les recettes
provenant du placement de nos capitaux disponi-
bles. Avec l'appel de fonds du troisième cinquième,
que nous avons décidé pour le 1er juillet prochain,
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