Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1862 15 juin 1862
Description : 1862/06/15 (A7,N144). 1862/06/15 (A7,N144).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032981
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUXIMERS. 195
ce point assez éloigné de Pord-Saïd. En attendant, nous
recevons nos blocs d'une autre carrière située tout près
d'Alexandrie et qui nous a été aussi concédée par le
vice-roi. Les blocs nous arrivent donc par la mer ; et
comme vous le savez maintenant, la plage ne descend
dans les profondeurs de la mer que par une déclinai-
son lente et presque insensible ; il en résultait que nos
navires, obligés de jeter l'ancre à 1,500 mètres de la
plage, avaient à décharger à cette distance, avec des
inconvénients de plus d'une sorte, les cargaisons qu'ils
nous apportaient. Nous avons chargé nos ingénieurs
de chercher une meilleure solution du problème, et ils
l'ont trouvée. Sur la ligne de la jetée, au point où les
bâtiments peuvent aborder à l'aise, ils ont résolu la
construction d'un îlot. C'est, je crois, la première fois
qu'une semblable construction est entreprise en mer
dans ces conditions. L'îlot se compose de pieux en fer
enfoncés au moyen d'un cabestan, reliés entre eux et
recouverts d'un tillac ; il a 160 mètres de longueur sur
20 de largeur. Sur ce tillac est installée pour le dé--
chargement une puissante grue, près de laquelle vien-
nent accoster les navires sur un fond de 5 à 6 mètres.
On regardait ce travail comme très-chanceux ; nous l'a-
vons exécuté.
En sortant de Port-Saïd, nous entrons dans le lac
Menzaleh, qui a 50 lieues de circonférence et fait com-
muniquer Port-Saïd avec l'intérieur de l'isthme au sud,
avec Damiette à l'ouest. Nous avons autour de ce lac
une population de 15,000 âmes extrêmement intéres-
sante. Elle descend des anciens pasteurs dont la dy-
nastie, on le sait, a régné 500 ans sur l'Egypte. Elle
exploite de temps immémorial la pêche presque mi-
raculeuse du lac, et est réduite à l'état d'esclave sous
la dépendance du fermier de la pêche ; elle est très-
malheureuse. L'attention du vice-roi ayant été appelée
sur la situation des habitants du lac Menzaleh, Son
Altesse s'est empressée de faire étudier la question, et
les mesures nécessaires vont être prises pour leur af-
franchissement , en substituant au fermage un droit
sur les bateaux, et en remplaçant le monopole de la
vente du poisson par la liberté de la pêche.
Voilà donc une population de 15,000 âmes pour la-
quelle notre œuvre aura été une cause d'affranchis-
sement. Dès le début, elle a senti que nous venions
porter un soulagement à sa détresse ; et, de son côté,
elle nous a prêté un très-utile et très-efficace concours.
Elle se civilise par son contact avec nous, et reçoit de
nous des salaires auxquels elle n'était pas habituée.
Elle nous a beaucoup et volontairement aidés à surmon-
ter les premiers obstacles de notre installation et de
notre travail. Vous entendiez tout à l'heure quelle
était la nature de nos relations avec les Arabes du
désert; vous connaissez maintenant celles qui nous rat-
tachent aux pauvres serfs du lac Menzaleh. Nous leur
avons porté l'aisance dans le présent, l'affranchisse-
ment dans un avenir prochain; cela répond assez à ces
imputations d'oppression et de travail forcé qu'on a
dirigé contre nous, de l'autre côté de la Manche.
Cette population du lac Menzaleh appartient probable-
ment à la race assyrienne. M. Mariette vient de décou-
vrir tout récemment, près de la ville de Sane ou Tsane,
ancienne Avaris ou Tannis, située non loin de la rive
occidentale du lac Menzaleh, au sud-ouest de Port-Saïd,
et qui existait, suivant la Bible, avant Abraham, une
allée de sphinx dont les figures ressemblent à celles
des habitants du lac Menzaleh, ce qui établit un point
historique important; car, jusqu'à présent, on avait
ignoré d'où était partie cette race de pasteurs mar-
chant à la conquête de la basse Égypte. Il y a une
différence énorme de type centre les habitants du lac
Menzaleh et la population de la vallée du Nil, qui est
de race éthiopienne.
Voici un autre fait non moins digne d'intérêt :
M. Mariette a trouvé sur l'épaule d'unie ces sphinx le
cartouche du Pharaon du temps de Joseph, qui était
son premier ministre et qui habitait la ville de Tsane.
C'est à tort qu'on a fixé la résidence des Pharaons à
Héliopolis ou à Memphis, car la Bible rapporte que les
Hébreux, qui étaient venus de la vallée de Gessen, al-
laient dans une journée de la résidence des Pharaons à
Ramsès. Si mon opinion était erronée, la Bible ne
serait pas exacte, et l'étude des lieux démontre la vé-
racité de ses récits.
Cette population si intéressante des bords du lac
Menzaleh a creusé sur une longueur de 40 kilo-
mètres le chenal maritime qui, à travers le lac, met
en communication Port-Saïd et Kantara, travail difficile
et pénible à cause des vases qu'il fallait remuer et en-
lever.
Kantara, où nous arrivons maintenant, est à l'extré-
mité méridionale du lac Menzaleh. Cette station est si-
tuée sur le grand passage de la route qui a toujours
été suivie par les voyageurs allant d'Egypte en Syrie.
A droite et à gauche de notre établissement se trouvent
les traces de villes importantes, dont l'existence est
attestée par une ancienne inscription recueillie dans le
temple de Karnac, à Thèbes.
Cette pierre, couverte d'inscriptions historiques,
nous donne des renseignements sur l'ancien état
de ces contrées, en même temps qu'ils confirment les
récits de la Bible. Cette inscription porte que Seti, l'un
des prédécesseurs du grand Sésostris, venant du pays
de Chanaan en Égypte, s'était arrêté à Zin, qui, dans
la langue égyptienne, voulait dire Boue, même signifi-
cation du mot Peluse en grec, et du mot Tineh en arabe,
parce que le terrain autour duquel est bâtie Péluse,
étant très-bas, était couvert des limons du Nil. De là
le prince aurait traversé une deuxième station, le Magdol
ou Migdol de la Bible, plus tard le Magdolum des Ro-
mains, dont on reconnaît encore parfaitement les ruines
entre Péluse et Kantara. Il se serait ensuite rendu dans
une ville dont nous avons dernièrement trouvé l'empla-
cement non loin de Kantara, et enfin il se serait arrêté
à Héroopolis, l'ancienne Ramsès, au centre de la vallée
de Gessen.
De tous ces détails, le plus curieux sans doute est celui
par lequel l'inscription nous apprend que dans ces pa-
rages se trouvait un canal se dirigeant de l'ouest à l'est,
c'est-à-dire complétement sur la ligne que suit actuel-
lement notre canal d'eau douce dérivé du Nil, dont je
vous parlerai tout à l'heure. Ce canal, nous dit l'inscrip-
tion, était rempli de crocodiles. Or, le bassin qui termine
ce point assez éloigné de Pord-Saïd. En attendant, nous
recevons nos blocs d'une autre carrière située tout près
d'Alexandrie et qui nous a été aussi concédée par le
vice-roi. Les blocs nous arrivent donc par la mer ; et
comme vous le savez maintenant, la plage ne descend
dans les profondeurs de la mer que par une déclinai-
son lente et presque insensible ; il en résultait que nos
navires, obligés de jeter l'ancre à 1,500 mètres de la
plage, avaient à décharger à cette distance, avec des
inconvénients de plus d'une sorte, les cargaisons qu'ils
nous apportaient. Nous avons chargé nos ingénieurs
de chercher une meilleure solution du problème, et ils
l'ont trouvée. Sur la ligne de la jetée, au point où les
bâtiments peuvent aborder à l'aise, ils ont résolu la
construction d'un îlot. C'est, je crois, la première fois
qu'une semblable construction est entreprise en mer
dans ces conditions. L'îlot se compose de pieux en fer
enfoncés au moyen d'un cabestan, reliés entre eux et
recouverts d'un tillac ; il a 160 mètres de longueur sur
20 de largeur. Sur ce tillac est installée pour le dé--
chargement une puissante grue, près de laquelle vien-
nent accoster les navires sur un fond de 5 à 6 mètres.
On regardait ce travail comme très-chanceux ; nous l'a-
vons exécuté.
En sortant de Port-Saïd, nous entrons dans le lac
Menzaleh, qui a 50 lieues de circonférence et fait com-
muniquer Port-Saïd avec l'intérieur de l'isthme au sud,
avec Damiette à l'ouest. Nous avons autour de ce lac
une population de 15,000 âmes extrêmement intéres-
sante. Elle descend des anciens pasteurs dont la dy-
nastie, on le sait, a régné 500 ans sur l'Egypte. Elle
exploite de temps immémorial la pêche presque mi-
raculeuse du lac, et est réduite à l'état d'esclave sous
la dépendance du fermier de la pêche ; elle est très-
malheureuse. L'attention du vice-roi ayant été appelée
sur la situation des habitants du lac Menzaleh, Son
Altesse s'est empressée de faire étudier la question, et
les mesures nécessaires vont être prises pour leur af-
franchissement , en substituant au fermage un droit
sur les bateaux, et en remplaçant le monopole de la
vente du poisson par la liberté de la pêche.
Voilà donc une population de 15,000 âmes pour la-
quelle notre œuvre aura été une cause d'affranchis-
sement. Dès le début, elle a senti que nous venions
porter un soulagement à sa détresse ; et, de son côté,
elle nous a prêté un très-utile et très-efficace concours.
Elle se civilise par son contact avec nous, et reçoit de
nous des salaires auxquels elle n'était pas habituée.
Elle nous a beaucoup et volontairement aidés à surmon-
ter les premiers obstacles de notre installation et de
notre travail. Vous entendiez tout à l'heure quelle
était la nature de nos relations avec les Arabes du
désert; vous connaissez maintenant celles qui nous rat-
tachent aux pauvres serfs du lac Menzaleh. Nous leur
avons porté l'aisance dans le présent, l'affranchisse-
ment dans un avenir prochain; cela répond assez à ces
imputations d'oppression et de travail forcé qu'on a
dirigé contre nous, de l'autre côté de la Manche.
Cette population du lac Menzaleh appartient probable-
ment à la race assyrienne. M. Mariette vient de décou-
vrir tout récemment, près de la ville de Sane ou Tsane,
ancienne Avaris ou Tannis, située non loin de la rive
occidentale du lac Menzaleh, au sud-ouest de Port-Saïd,
et qui existait, suivant la Bible, avant Abraham, une
allée de sphinx dont les figures ressemblent à celles
des habitants du lac Menzaleh, ce qui établit un point
historique important; car, jusqu'à présent, on avait
ignoré d'où était partie cette race de pasteurs mar-
chant à la conquête de la basse Égypte. Il y a une
différence énorme de type centre les habitants du lac
Menzaleh et la population de la vallée du Nil, qui est
de race éthiopienne.
Voici un autre fait non moins digne d'intérêt :
M. Mariette a trouvé sur l'épaule d'unie ces sphinx le
cartouche du Pharaon du temps de Joseph, qui était
son premier ministre et qui habitait la ville de Tsane.
C'est à tort qu'on a fixé la résidence des Pharaons à
Héliopolis ou à Memphis, car la Bible rapporte que les
Hébreux, qui étaient venus de la vallée de Gessen, al-
laient dans une journée de la résidence des Pharaons à
Ramsès. Si mon opinion était erronée, la Bible ne
serait pas exacte, et l'étude des lieux démontre la vé-
racité de ses récits.
Cette population si intéressante des bords du lac
Menzaleh a creusé sur une longueur de 40 kilo-
mètres le chenal maritime qui, à travers le lac, met
en communication Port-Saïd et Kantara, travail difficile
et pénible à cause des vases qu'il fallait remuer et en-
lever.
Kantara, où nous arrivons maintenant, est à l'extré-
mité méridionale du lac Menzaleh. Cette station est si-
tuée sur le grand passage de la route qui a toujours
été suivie par les voyageurs allant d'Egypte en Syrie.
A droite et à gauche de notre établissement se trouvent
les traces de villes importantes, dont l'existence est
attestée par une ancienne inscription recueillie dans le
temple de Karnac, à Thèbes.
Cette pierre, couverte d'inscriptions historiques,
nous donne des renseignements sur l'ancien état
de ces contrées, en même temps qu'ils confirment les
récits de la Bible. Cette inscription porte que Seti, l'un
des prédécesseurs du grand Sésostris, venant du pays
de Chanaan en Égypte, s'était arrêté à Zin, qui, dans
la langue égyptienne, voulait dire Boue, même signifi-
cation du mot Peluse en grec, et du mot Tineh en arabe,
parce que le terrain autour duquel est bâtie Péluse,
étant très-bas, était couvert des limons du Nil. De là
le prince aurait traversé une deuxième station, le Magdol
ou Migdol de la Bible, plus tard le Magdolum des Ro-
mains, dont on reconnaît encore parfaitement les ruines
entre Péluse et Kantara. Il se serait ensuite rendu dans
une ville dont nous avons dernièrement trouvé l'empla-
cement non loin de Kantara, et enfin il se serait arrêté
à Héroopolis, l'ancienne Ramsès, au centre de la vallée
de Gessen.
De tous ces détails, le plus curieux sans doute est celui
par lequel l'inscription nous apprend que dans ces pa-
rages se trouvait un canal se dirigeant de l'ouest à l'est,
c'est-à-dire complétement sur la ligne que suit actuel-
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