Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1862 15 juillet 1862
Description : 1862/07/15 (A7,N146). 1862/07/15 (A7,N146).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203300n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 223
possible au point de vue technique, ni comme inutile
ou dangereuse au pointée vue commercial ou politique.
Il y a même des orateurs qui ne font plus difficulté de
reconnaître que l'Angleterre ne sera pas la dernière à
profiter de la route nouvelle et abrégée qu'il s'agit d'ou-
vrir au commerce du monde; telle est en particulier
l'impression que lord Henri Scott a rapportée d'uu
voyage qu'il vient de faire en Egypte. Mais si 1 on se
rend à l'évidence et au vœu général de l'Europe, si l'on
n'ose plus attaquer le projet en principe, on ne laisse
pas d'en suivre et d'en contrôler l'exécution d'un œil
jaloux; on ne s'interdit pas les critiques de détail, les
chicanes, tranchons le mot, les commérages. Donc, il y
a quelques jours, l'honorable M. Griffith venait dénon-
cer à la Chambre les prétendues rigueurs du régime
auquel sont assujettis les ouvriers indigènes employés
à la construction du canal. La première de toutes ces
rigueurs, c'est ce qu'il appelle «le travail forcé. Il A ce
grief, l'orateur en ajoute un autre : c'est que la Com-
pagnie, au lieu de payer à chaque travailleur son sa-
laire du mois, le verserait entre les mains du vice-roi,
de telle sorte que les travailleurs seraient réduits aux
rations qui leur sont fournies. Là-dessus la conversation
s'échauffe, l'imagination se met de la partie, et chaque
orateur apporte une version arrangée et brodée à sa
manière. Celui-ci croit savoir que les ouvriers indigènes
toucheraient leur paie entière, mais qu'ils la recevraient
en billets à ordre payables au Caire par la Trésorerie
égyptienne, la Compagnie trouvant ainsi le moyen de
réduire la créance qu'elle a sur le gouvernement. Le
même orateur ajoute que les malheureux ouvriers
seraient ainsi contraints de faire un voyage de 150
milles pour toucht r en argent le prix de leur tra-
vail , et que s'ils ne sont pas appuyés par des amis
influents, on ne leur délivre au Caire que de nouveaux
billets à échéance qu'ils sont dans la nécessité d'aban-
donner, à peu près pour rien, aux escompteurs de pro-
fession. Un troisième orateur, qui se prétend et qui de-
vrait être mieux renseigné que les autres, puisque ses
paroles ont un caractère officiel, raconte que les ou-
vriers auraient été payés tantôt par la Compagnie, tan-
tôt par les entrepreneurs; mais à une certaine époque,
les entrepreneurs auraient cessé leurs paiements.
Par un sentiment de susceptibilité facile à compren
dre, M. Ferdinand de Lesseps a voulu protester contre
ces imputations également blessantes pour la Com-
pagnie dont il est le président et pour le vice-roi d'E-
gypte, qui vient de recevoir l'hospitalité de la France
et qui reçoit en ce moment celle de l'Angleterre. C'est
ce qu'il a fait dans une lettre adressée à M. Layard,
sous-secrétaire d'Etat des affaires étrangères, qui avait
pris la parole, au nom du gouvernement, dans ce débat.
Sans approuver et sans apprécier le régime du travail
forcé qui paraît exister à l'état de coutume en Egypte
comme dans tous les pays orientaux, M. de Lesseps se
demande si l'Angleterre a qualité pour s'immiscer dans
les affaires intérieures d'un pays indépendant, et pour-
quoi, si elle a le droit d'intervenir en faveur des fellahs
en Egypte, d'autres pays, la France par exemple, n'au-
raient pas le droit d'intervenir en faveur des ouvriers
indigènes dans les possessions anglaises de l'Inde. Peut-
on contester au gouvernement égyptien la faculté dont
il a toujours usé jusqu'à présent de lever, en cas de
besoin, par voie de réquisition forcée, un nombre suffi-
sant de travailleurs? M. de Lesseps établit qu'en fait
refuser au gouvernement égyptien un pareil droit, c'est
lui refuser le moyen d'exécuter aucune grande entre-
prise d'utilité publique. Subsidiairement il fait remar-
quer que moins qu'aucune autre puissance l'Angleterre
serait fondée à critiquer, à condamner l'exercice d'un
droit qu'elle a reconnu virtuellement, et qu'elle ne s'est
fait aucun scrupule d'exploiter toutes les fois qu'elle y
a trouvé son intérêt. C'est, en effet, par ce mode de re-
crutement qu'ont été réunis des ouvriers qui ont cons-
truit le chemin de fer d'Alexandrie à Suez, entrepris
sous le dernier vice-roi, grâce à l'impulsion ou plutôt
grâce à la volonté, qui s'imposait facilement alors, des
agents britanniques. C'est encore par ce moyen, dit
M. de Lesseps, que tout récemmeut des fortes tempêtes
ou des débordements du Nil ayant occasionné d'énormes
dégâts à cette voie ferrée, des armées d'ouvriers qui se
sont élevées jusqu'à cinquante mille hommes ont été
rassemblées pour empêcher une longue interruption
dans le service du transport des malles entre l'Inde et
l'Angleterre.
Dès lors, à quoi se réduit ce qu'il peuty avoir de sé-
rieux dads les préoccupations qui se sont fait jour à la
Chambre des communes? Uniquement à savoir si les
intérêts supérieurs de l'humanité n'ont pas été sacri-
fiés à des intérêts secondaires, et si, dans les arrange-
ments intervenus entre le vice-rci d'Egypte et la
Compagnie du canal, toutes les précautions ont été
prises pour assurer le bien-être et pour améliorer la
condition des travailleurs ainsi rassemblés pour l'exé-
cution de cette grande entreprise. Or, il suffit à M. de
Lesseps de rappeler que les règlements ont fait à cet
égard tout ce qu'ils pouvaient faire en assurant aux
ouvriers un salaire supérieur à la paie ordinaire, ainsi
qu'une bonne nourriture; en les mettant à l'abri des
châtiments corporels, et en stipulant non-seulement
qu'ils seront soignés gratuitement, s'ils sont malades,
mais encore qu'ils toucheront, -eu -ce cas, la moitié de
leur salaire. Arrivant aux faits qui ont été dénoncés
au Parlement, M. de Lesseps déclare de la manière la
plus nette t qu'il n'y a rien de vrai dans cette asser-
tion que sous une forme ou dans une proportion quel-
conque les salaires des hommes auraient été retenus
par la Compagnie, pour être versés, soit en argent,
soit en compte, entre les mains du vice-roi. » Il af-
firme que les hommes ont toujours été directement et
personnellement payés. Ils ont toujours été payés en
argent et non en papier. Ils ont toujours été payés sur
les lieux où ils avaient travaillé. Il est faux par consé-
quent qu'ils aient de longs voyages à faire pour toji---iV
cher leur paie, et qu'ils soient livrés aux usuriers- du
Caire. Il est faux que les entrepreneurs aient inter-
rompu leurs paiements, et que jamais un ouvrier ait
été licencié sans que son compte fût réglé et soldé.
M. de Lesseps a donc le droit de prétendre que la Com-
pagnie, loin d'apporter la misère aux fellahs, comme
on l'en accuse, leur apportera des millions en salaires
qui se répandront dans les campagnes et atténueront
possible au point de vue technique, ni comme inutile
ou dangereuse au pointée vue commercial ou politique.
Il y a même des orateurs qui ne font plus difficulté de
reconnaître que l'Angleterre ne sera pas la dernière à
profiter de la route nouvelle et abrégée qu'il s'agit d'ou-
vrir au commerce du monde; telle est en particulier
l'impression que lord Henri Scott a rapportée d'uu
voyage qu'il vient de faire en Egypte. Mais si 1 on se
rend à l'évidence et au vœu général de l'Europe, si l'on
n'ose plus attaquer le projet en principe, on ne laisse
pas d'en suivre et d'en contrôler l'exécution d'un œil
jaloux; on ne s'interdit pas les critiques de détail, les
chicanes, tranchons le mot, les commérages. Donc, il y
a quelques jours, l'honorable M. Griffith venait dénon-
cer à la Chambre les prétendues rigueurs du régime
auquel sont assujettis les ouvriers indigènes employés
à la construction du canal. La première de toutes ces
rigueurs, c'est ce qu'il appelle «le travail forcé. Il A ce
grief, l'orateur en ajoute un autre : c'est que la Com-
pagnie, au lieu de payer à chaque travailleur son sa-
laire du mois, le verserait entre les mains du vice-roi,
de telle sorte que les travailleurs seraient réduits aux
rations qui leur sont fournies. Là-dessus la conversation
s'échauffe, l'imagination se met de la partie, et chaque
orateur apporte une version arrangée et brodée à sa
manière. Celui-ci croit savoir que les ouvriers indigènes
toucheraient leur paie entière, mais qu'ils la recevraient
en billets à ordre payables au Caire par la Trésorerie
égyptienne, la Compagnie trouvant ainsi le moyen de
réduire la créance qu'elle a sur le gouvernement. Le
même orateur ajoute que les malheureux ouvriers
seraient ainsi contraints de faire un voyage de 150
milles pour toucht r en argent le prix de leur tra-
vail , et que s'ils ne sont pas appuyés par des amis
influents, on ne leur délivre au Caire que de nouveaux
billets à échéance qu'ils sont dans la nécessité d'aban-
donner, à peu près pour rien, aux escompteurs de pro-
fession. Un troisième orateur, qui se prétend et qui de-
vrait être mieux renseigné que les autres, puisque ses
paroles ont un caractère officiel, raconte que les ou-
vriers auraient été payés tantôt par la Compagnie, tan-
tôt par les entrepreneurs; mais à une certaine époque,
les entrepreneurs auraient cessé leurs paiements.
Par un sentiment de susceptibilité facile à compren
dre, M. Ferdinand de Lesseps a voulu protester contre
ces imputations également blessantes pour la Com-
pagnie dont il est le président et pour le vice-roi d'E-
gypte, qui vient de recevoir l'hospitalité de la France
et qui reçoit en ce moment celle de l'Angleterre. C'est
ce qu'il a fait dans une lettre adressée à M. Layard,
sous-secrétaire d'Etat des affaires étrangères, qui avait
pris la parole, au nom du gouvernement, dans ce débat.
Sans approuver et sans apprécier le régime du travail
forcé qui paraît exister à l'état de coutume en Egypte
comme dans tous les pays orientaux, M. de Lesseps se
demande si l'Angleterre a qualité pour s'immiscer dans
les affaires intérieures d'un pays indépendant, et pour-
quoi, si elle a le droit d'intervenir en faveur des fellahs
en Egypte, d'autres pays, la France par exemple, n'au-
raient pas le droit d'intervenir en faveur des ouvriers
indigènes dans les possessions anglaises de l'Inde. Peut-
on contester au gouvernement égyptien la faculté dont
il a toujours usé jusqu'à présent de lever, en cas de
besoin, par voie de réquisition forcée, un nombre suffi-
sant de travailleurs? M. de Lesseps établit qu'en fait
refuser au gouvernement égyptien un pareil droit, c'est
lui refuser le moyen d'exécuter aucune grande entre-
prise d'utilité publique. Subsidiairement il fait remar-
quer que moins qu'aucune autre puissance l'Angleterre
serait fondée à critiquer, à condamner l'exercice d'un
droit qu'elle a reconnu virtuellement, et qu'elle ne s'est
fait aucun scrupule d'exploiter toutes les fois qu'elle y
a trouvé son intérêt. C'est, en effet, par ce mode de re-
crutement qu'ont été réunis des ouvriers qui ont cons-
truit le chemin de fer d'Alexandrie à Suez, entrepris
sous le dernier vice-roi, grâce à l'impulsion ou plutôt
grâce à la volonté, qui s'imposait facilement alors, des
agents britanniques. C'est encore par ce moyen, dit
M. de Lesseps, que tout récemmeut des fortes tempêtes
ou des débordements du Nil ayant occasionné d'énormes
dégâts à cette voie ferrée, des armées d'ouvriers qui se
sont élevées jusqu'à cinquante mille hommes ont été
rassemblées pour empêcher une longue interruption
dans le service du transport des malles entre l'Inde et
l'Angleterre.
Dès lors, à quoi se réduit ce qu'il peuty avoir de sé-
rieux dads les préoccupations qui se sont fait jour à la
Chambre des communes? Uniquement à savoir si les
intérêts supérieurs de l'humanité n'ont pas été sacri-
fiés à des intérêts secondaires, et si, dans les arrange-
ments intervenus entre le vice-rci d'Egypte et la
Compagnie du canal, toutes les précautions ont été
prises pour assurer le bien-être et pour améliorer la
condition des travailleurs ainsi rassemblés pour l'exé-
cution de cette grande entreprise. Or, il suffit à M. de
Lesseps de rappeler que les règlements ont fait à cet
égard tout ce qu'ils pouvaient faire en assurant aux
ouvriers un salaire supérieur à la paie ordinaire, ainsi
qu'une bonne nourriture; en les mettant à l'abri des
châtiments corporels, et en stipulant non-seulement
qu'ils seront soignés gratuitement, s'ils sont malades,
mais encore qu'ils toucheront, -eu -ce cas, la moitié de
leur salaire. Arrivant aux faits qui ont été dénoncés
au Parlement, M. de Lesseps déclare de la manière la
plus nette t qu'il n'y a rien de vrai dans cette asser-
tion que sous une forme ou dans une proportion quel-
conque les salaires des hommes auraient été retenus
par la Compagnie, pour être versés, soit en argent,
soit en compte, entre les mains du vice-roi. » Il af-
firme que les hommes ont toujours été directement et
personnellement payés. Ils ont toujours été payés en
argent et non en papier. Ils ont toujours été payés sur
les lieux où ils avaient travaillé. Il est faux par consé-
quent qu'ils aient de longs voyages à faire pour toji---iV
cher leur paie, et qu'ils soient livrés aux usuriers- du
Caire. Il est faux que les entrepreneurs aient inter-
rompu leurs paiements, et que jamais un ouvrier ait
été licencié sans que son compte fût réglé et soldé.
M. de Lesseps a donc le droit de prétendre que la Com-
pagnie, loin d'apporter la misère aux fellahs, comme
on l'en accuse, leur apportera des millions en salaires
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