Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1862 01 juillet 1862
Description : 1862/07/01 (A7,N145). 1862/07/01 (A7,N145).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203299f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 207
présence à Londres. Je recherchai, pour y représenter
la science anglaise, les hommes les plus compétents
dans les questions d'art et de navigation qui devaient
s'y débattre. MM. Rendel, considéré comme le premier
ingénieur de l'Angleterre, Charles Manby, secrétaire
de l'association des ingénieurs, Mac-Clean, autre in-
génieur distingué, et un marin, le capitaine Harris,
qui avait fait soixante-dix voyages, tant d'aller que
de retour, entre les Indes et Suez, auxquels je pro-
posai de faire partie de cette commission, acceptèrent
avec empressement. Pour la France, je désignai deux
ingénieurs, M. Renaud, inspecteur général des ponts
et chaussées, ancien directeur des travaux du port
du Havre, M. Lieussou, ingénieur hydrographe
de la marine impériale , l'un des hommes les plus
distingués de son corps, et deux membres du con-
seil de l'amirauté impériale, M. le vice-amiral Ri-
gault de Genouilly et M. le contre-amiral , alors
capitaine de vaisseau Jaurès. Précédemment, et sur
la demande que je leur en avais adressée, les gou-
vernements de Vienne, de Berlin, des Pays-Bas, d'Ita-
lie et d'Espagne, avaient désigné eux-mêmes, pour
compléter ce grand tribunal scientifique de l'Europe,
l'Autriche, M. de Negrelli, inspecteur général des che-
mins de fer de l'empire ; la Prusse, M. Lentzé, ingé-
nieur en chef des travaux de la Vistule; la Néerlande,
M. Conrad, inspecteur du Waterstaadt; l'Italie,
M. Paleocapa, son ministre des travaux publics; l'Es-
pagne , M. Montésinos, son directeur général des
travaux publics.
A mon retour à Paris, mon premier soin fut de
convoquer la commission internationale. De tous les
points de l'Europe, au jour indiqué, à l'heure pré-
cise, tous ces hommes éminents se trouvaient exac-
tement au rendez-vous. Les délibérations s'ouvrirent
sur-le-champ. Le résultat en fut que la com-
mission ne devait se prononcer qu'en pleine con-
naissance de cause, qu'elle devait avant tout vérifier
par elle-même le terrain ; et, en conséquence, elle
choisit une délégation ou sous-commission de cinq
de ses membres pour aller en Egypte examiner les
lieux et lui rendre compte de cette inspection.
J'accompagnai les cinq commissaires dans leur
exploration.
Le vice-roi mit à leur disposition ses chemins de
fer et ses bateaux à vapeur ; il les reçut dans son
campement au barrage du Nil. Frappé de l'accueil
qu'il leur faisait je dis au prince : « Vous recevez
» ces Messieurs comme des têtes couronnées. » Il me
répondit publiquement : « Mais ils sont les têtes cou-
» ronnées de la science ? » (Vifs applaudissements.)
La sous-commission fit une excursion dans la
haute Egypte pour étudier le régime du Nil, et ici,
il peut vous intéresser de savoir que rien de ce que
nous avons appris dans notre enfance sur les débor-
dements de ce fleuve n'est exact. On nous a enseigné
que le Nil débordait et qu'il arrosait ainsi la terre
égyptienne. Or, dans sa crue, ce grand fleuve descen-
dant avec rapidité de 1,200 lieues connues, sans
compter l'inconnu, emporterait, s'il débordait, les
villages et les villes.
Il est, au contraire, contenu dans son lit par des
berges très-élevées. Mais le long de ces berges mêmes,
depuis la plus haute antiquité, on a pratiqué des
canaux qui se succèdent à de courtes distances de-
puis la première cataracte jusqu'à la mer. Ces ca-
naux principaux reçoivent les hautes eaux et les
portent dans de vastes plaines cultivées, formant
comme d'immenses bassins dont quelques-uns ont
plus de 20 lieues d'étendue.
Les canaux principaux se subdivisent eux-mêmes
en canaux secondaires faisant pénétrer partout l'eau,
c'est-à-dire la fertilité.
C'est de là que viennent les magnifiques récoltes
de blé pour lesquelles l'Egypte est célèbre. Dans ces
bassins, en effet, dès que le soleil a fait évaporer les
eaux, il suffit de jeter sur le limon qui reste la se-
mence qui s'y enfonce sans labour.
Les plus raffinés cependant l'aident parfois en
pressant le grain au moyen d'une planche. Trois
mois après, ces plaines sont couvertes de mois-
sons admirables.
La sous-commission, à propos du Nil, eut aussi à
examiner une autre question. Il s'agissait de savoir
si les sables charriés par le fleuve aboutissaient à la
pointe de Damiette d'où, sous la direction des cou-
rants marins, ils pouvaient contribuer à gêner l'entrée
du canal. Il lui fut démontré que ces sables ces-
saient de paraître à 4 lieues de l'embouchure ,
qu'à cette distance le lit du fleuve n'avait plus que
des limons, et que ces limons eux-mêmes, délayés et
transportés au loin par l'impulsion des eaux, al-
laient se déposer ou s'absorber dans la haute mer.
Ce point résolu, la sous-commission étudia suc-
cessivement Suez et sa rade, les divers points du
tracé que le canal devait parcourir, la baie de Pé-
luse, et s'embarqua pour Alexandrie sur un bateau
à vapeur du vice-roi où le prince avait accumulé
toutes les courtoisies de son hospitalité. Elle ren-
trait dans cette dernière ville le 1" janvier 1856.
Saïd-Pacha nous accueillit à l'entrée de son palais.
Je lui présentai les conclusions de la sous-commis-
sion se prononçant en faveur de l'adoption du tracé
direct d'une mer à l'autre, sur la facilité de l'exécu-
tion, sur les bonnes conditions de la haie de Péluse,
sur l'avantage d'établir le débouché du canal au
point qui est aujourd'hui Port-SaïJ, et sur cette im-
portante déclaration que, dans sa conviction, le tra-
vail serait fait moyennant une dépense qui ne dé-
passerait pas 200 millions de francs.
A la suite de ces résultats, le 5 janvier 1856, le
présence à Londres. Je recherchai, pour y représenter
la science anglaise, les hommes les plus compétents
dans les questions d'art et de navigation qui devaient
s'y débattre. MM. Rendel, considéré comme le premier
ingénieur de l'Angleterre, Charles Manby, secrétaire
de l'association des ingénieurs, Mac-Clean, autre in-
génieur distingué, et un marin, le capitaine Harris,
qui avait fait soixante-dix voyages, tant d'aller que
de retour, entre les Indes et Suez, auxquels je pro-
posai de faire partie de cette commission, acceptèrent
avec empressement. Pour la France, je désignai deux
ingénieurs, M. Renaud, inspecteur général des ponts
et chaussées, ancien directeur des travaux du port
du Havre, M. Lieussou, ingénieur hydrographe
de la marine impériale , l'un des hommes les plus
distingués de son corps, et deux membres du con-
seil de l'amirauté impériale, M. le vice-amiral Ri-
gault de Genouilly et M. le contre-amiral , alors
capitaine de vaisseau Jaurès. Précédemment, et sur
la demande que je leur en avais adressée, les gou-
vernements de Vienne, de Berlin, des Pays-Bas, d'Ita-
lie et d'Espagne, avaient désigné eux-mêmes, pour
compléter ce grand tribunal scientifique de l'Europe,
l'Autriche, M. de Negrelli, inspecteur général des che-
mins de fer de l'empire ; la Prusse, M. Lentzé, ingé-
nieur en chef des travaux de la Vistule; la Néerlande,
M. Conrad, inspecteur du Waterstaadt; l'Italie,
M. Paleocapa, son ministre des travaux publics; l'Es-
pagne , M. Montésinos, son directeur général des
travaux publics.
A mon retour à Paris, mon premier soin fut de
convoquer la commission internationale. De tous les
points de l'Europe, au jour indiqué, à l'heure pré-
cise, tous ces hommes éminents se trouvaient exac-
tement au rendez-vous. Les délibérations s'ouvrirent
sur-le-champ. Le résultat en fut que la com-
mission ne devait se prononcer qu'en pleine con-
naissance de cause, qu'elle devait avant tout vérifier
par elle-même le terrain ; et, en conséquence, elle
choisit une délégation ou sous-commission de cinq
de ses membres pour aller en Egypte examiner les
lieux et lui rendre compte de cette inspection.
J'accompagnai les cinq commissaires dans leur
exploration.
Le vice-roi mit à leur disposition ses chemins de
fer et ses bateaux à vapeur ; il les reçut dans son
campement au barrage du Nil. Frappé de l'accueil
qu'il leur faisait je dis au prince : « Vous recevez
» ces Messieurs comme des têtes couronnées. » Il me
répondit publiquement : « Mais ils sont les têtes cou-
» ronnées de la science ? » (Vifs applaudissements.)
La sous-commission fit une excursion dans la
haute Egypte pour étudier le régime du Nil, et ici,
il peut vous intéresser de savoir que rien de ce que
nous avons appris dans notre enfance sur les débor-
dements de ce fleuve n'est exact. On nous a enseigné
que le Nil débordait et qu'il arrosait ainsi la terre
égyptienne. Or, dans sa crue, ce grand fleuve descen-
dant avec rapidité de 1,200 lieues connues, sans
compter l'inconnu, emporterait, s'il débordait, les
villages et les villes.
Il est, au contraire, contenu dans son lit par des
berges très-élevées. Mais le long de ces berges mêmes,
depuis la plus haute antiquité, on a pratiqué des
canaux qui se succèdent à de courtes distances de-
puis la première cataracte jusqu'à la mer. Ces ca-
naux principaux reçoivent les hautes eaux et les
portent dans de vastes plaines cultivées, formant
comme d'immenses bassins dont quelques-uns ont
plus de 20 lieues d'étendue.
Les canaux principaux se subdivisent eux-mêmes
en canaux secondaires faisant pénétrer partout l'eau,
c'est-à-dire la fertilité.
C'est de là que viennent les magnifiques récoltes
de blé pour lesquelles l'Egypte est célèbre. Dans ces
bassins, en effet, dès que le soleil a fait évaporer les
eaux, il suffit de jeter sur le limon qui reste la se-
mence qui s'y enfonce sans labour.
Les plus raffinés cependant l'aident parfois en
pressant le grain au moyen d'une planche. Trois
mois après, ces plaines sont couvertes de mois-
sons admirables.
La sous-commission, à propos du Nil, eut aussi à
examiner une autre question. Il s'agissait de savoir
si les sables charriés par le fleuve aboutissaient à la
pointe de Damiette d'où, sous la direction des cou-
rants marins, ils pouvaient contribuer à gêner l'entrée
du canal. Il lui fut démontré que ces sables ces-
saient de paraître à 4 lieues de l'embouchure ,
qu'à cette distance le lit du fleuve n'avait plus que
des limons, et que ces limons eux-mêmes, délayés et
transportés au loin par l'impulsion des eaux, al-
laient se déposer ou s'absorber dans la haute mer.
Ce point résolu, la sous-commission étudia suc-
cessivement Suez et sa rade, les divers points du
tracé que le canal devait parcourir, la baie de Pé-
luse, et s'embarqua pour Alexandrie sur un bateau
à vapeur du vice-roi où le prince avait accumulé
toutes les courtoisies de son hospitalité. Elle ren-
trait dans cette dernière ville le 1" janvier 1856.
Saïd-Pacha nous accueillit à l'entrée de son palais.
Je lui présentai les conclusions de la sous-commis-
sion se prononçant en faveur de l'adoption du tracé
direct d'une mer à l'autre, sur la facilité de l'exécu-
tion, sur les bonnes conditions de la haie de Péluse,
sur l'avantage d'établir le débouché du canal au
point qui est aujourd'hui Port-SaïJ, et sur cette im-
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