Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1862 15 juillet 1862
Description : 1862/07/15 (A7,N146). 1862/07/15 (A7,N146).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203300n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
230 L'ISTHME DE SUEZ,
les surveiller. Cette tâche incombe à leurs chefs qui
les accompagnent.
Le mètre cube leur est payé 40, 50 et 60 cen-
times, suivant la nature du terrain, prix rémunéra-
teur pour un Arabe. Je ne dis pas qu'il le serait pour
un Européen, qui a un loyer à payer et qui est accou-
tumé à bien vivre. Les fellahs aiment mieux vivre
en plein air que dans les cabanes que nous leur avons
construites, et avec un peu de biscuit, des lentilles
et des oignons, ils vivent parfaitement et sont heu-
reux à leur manière. De sorte que l'ouvrier égyptien
qui retourne dans son village avec 8 ou 10 francs
après l'achèvement de sa tâche mensuelle et après
avoir payé sa nourriture, est convenablement ré-
tribué.
Chez nous, beaucoup de bons ouvriers, après avoir
payé leur loyer et avoir pourvu aux besoins de leurs
familles, n'ont pas un centime. Les fellahs égyptiens,
comme les hommes de tous les pays, tiennent encore
moins à l'argent qu'aux égards et aux bons traite-
ments. Les hommes qui ne sont engagés que men-
suellement ne font aucunement faute à l'agriculture
du pays. L'ouvrier égyptien est traité par nous tout
aussi bien que l'ouvrier européen l'est en Europe.
A mon dernier voyage dans l'isthme, une famille
très-distinguée de Milan était venue pour visiter
nos travaux. Je voulus faire jouir cette famille du
spectacle que présente un ensemble de vingt mille ou-
vriers travaillant avec entrain et gaieté. Comme ils
étaient placés sur une seule ligne, au fond de la tran-
chée, on demandait: Où sont donc les travailleurs ? La
caravane s'avança de quelques pas. et immédiate-
ment elle aperçut cette multitude d'hommes, les uns
creusant la terre, les autres la chargeant sur leurs
épaules pour la porter sur la berge, en chantant et
avec une animation que donnent seulement le bien-
être et la liberté. Ce spectacle fut si émouvant pour
mes visiteurs, que je les vis verser des larmes ; ils
ne pouvaient autrement exprimer leur admiration.
(Applaudissements.)
Puisque nous nous trouvons en ce moment sur le
terrain où le mouvement des sables pourrait être à
craindre, permettez-moi de reprendre en quelques
mots, avec un complément de détails, un sujet que
j'ai déjà traité dans notre première conférence Le
mouvement des sables qui se produit sur la terre
pourrait être dangereux sur les deux élévations
d'El-Guisr et du Serapeum. Mais remarquez sur la
carte que dans les bassins qui sont au pied de ces
élévations il n'y a aucune accumulation de sable ;
ces bassins sont protégés, depuis les temps les plus
reculés, par les dunes qui se sont formées à l'abri de
certaines végétations, lesquelles ont arrêté les sables
soulevés par la tempête et poussés en rouleaux.
Quant à la partie des sables qui dépasse la hauteur
des dunes et qui est enlevée par la tempête, elle est
trop violemment poussée pour rester en chemin ; elle
vient continuellement garnir ces immenses dunes
qui forment sur la frontière d'Égypte et de Syrie
des montagnes de 3 à 400 mètres de haut. Si le canal
avait dû passer par là, il eût été impossible de le
réédifier ; mais pour imit T le travail de la nature,
nos ingénieurs ont, sur toute cette longueur de 12
kilomètres, placé de distance en distance des poteaux,
et entre ces poteaux ils ont mis des plants de ta-
marix, qui croissent en abondance dans le désert.
Ces plants, qui sont à peu près de 2 mètres de hau-
teur, forment une palissade qui suffit pour arrêter
les rouleaux de sable, et cela sans que la dépense
soit considérable. Les sables voyageurs viendront
s'accumuler au pied de ces palissades, et quand
nous y aurons ajouté la terre des déblais considéra-
bles que nous avons à faire pour creuser le canal,
nous aurons, à une distance de quelques centaines
de mètres de la tranchée, des dunes artificielles qui
le protégeront. De même que le sable n'entre pas
dans le creux des bassins naturels, il n'entrera pas
dans notre canal, qui est bien plus étroit que ces
bassins. Afin de vous en donner une preuve, déjà vé-
rifiée par l'expérience, permettez-moi de vous lire
une lettre que m'écrit M. Voisin, notre ingénieur en
chef, pour me rendre compte de l'effet de nos palis-
sades. Le fait est tout nouveau, puisque c'est quel-
ques jours avant mon départ de l'isthme qu'on
avait commencé à les établir. Voici ce que m'écrit
M. Voisin à la date du 1er mai :
« Nous croyons inutile de rappeler que ces palis-
sades ont été entreprises dans toute l'étendue des
chantiers du seuil d'El-Guisr; on en a mis un double
rang à la traversée des dunes d'El-Ferdane, avec
quelques épis transversaux.
» La longueur exécutée en avril a été
de 5,851m,50
» La longueur exécutée antérieure-
ment était de 10,823 »
» Longueur totale. 16,674m,50
» Le travail peut être considéré comme terminé, à
moins que l'expérience ne vienne à démontrer la
nécessité de doubler encore les palissades sur quel-
ques autres points.
,) Ces palissades produisent un excellent effet. Pen-
dant les vents de khamsin du mois d'avril, elles ont
arrêté une grande quantité de sable. Nul doute qu'en
complétant le système par la double rangée et par
des épis transversaux, ou ne parvienne à un résultat
complétement satisfaisant. »
Ainsi cette immense difficulté qu'on nous opposait,
qu'on regardait comme insoluble, n'existe plus. Nous
l'avons résolue, comme le prouve une expérience
très-récente. Rien ne saurait donc arrêter l'exécution
du canal : aussi puis-je vous assurer qu'il s'exécutera
les surveiller. Cette tâche incombe à leurs chefs qui
les accompagnent.
Le mètre cube leur est payé 40, 50 et 60 cen-
times, suivant la nature du terrain, prix rémunéra-
teur pour un Arabe. Je ne dis pas qu'il le serait pour
un Européen, qui a un loyer à payer et qui est accou-
tumé à bien vivre. Les fellahs aiment mieux vivre
en plein air que dans les cabanes que nous leur avons
construites, et avec un peu de biscuit, des lentilles
et des oignons, ils vivent parfaitement et sont heu-
reux à leur manière. De sorte que l'ouvrier égyptien
qui retourne dans son village avec 8 ou 10 francs
après l'achèvement de sa tâche mensuelle et après
avoir payé sa nourriture, est convenablement ré-
tribué.
Chez nous, beaucoup de bons ouvriers, après avoir
payé leur loyer et avoir pourvu aux besoins de leurs
familles, n'ont pas un centime. Les fellahs égyptiens,
comme les hommes de tous les pays, tiennent encore
moins à l'argent qu'aux égards et aux bons traite-
ments. Les hommes qui ne sont engagés que men-
suellement ne font aucunement faute à l'agriculture
du pays. L'ouvrier égyptien est traité par nous tout
aussi bien que l'ouvrier européen l'est en Europe.
A mon dernier voyage dans l'isthme, une famille
très-distinguée de Milan était venue pour visiter
nos travaux. Je voulus faire jouir cette famille du
spectacle que présente un ensemble de vingt mille ou-
vriers travaillant avec entrain et gaieté. Comme ils
étaient placés sur une seule ligne, au fond de la tran-
chée, on demandait: Où sont donc les travailleurs ? La
caravane s'avança de quelques pas. et immédiate-
ment elle aperçut cette multitude d'hommes, les uns
creusant la terre, les autres la chargeant sur leurs
épaules pour la porter sur la berge, en chantant et
avec une animation que donnent seulement le bien-
être et la liberté. Ce spectacle fut si émouvant pour
mes visiteurs, que je les vis verser des larmes ; ils
ne pouvaient autrement exprimer leur admiration.
(Applaudissements.)
Puisque nous nous trouvons en ce moment sur le
terrain où le mouvement des sables pourrait être à
craindre, permettez-moi de reprendre en quelques
mots, avec un complément de détails, un sujet que
j'ai déjà traité dans notre première conférence Le
mouvement des sables qui se produit sur la terre
pourrait être dangereux sur les deux élévations
d'El-Guisr et du Serapeum. Mais remarquez sur la
carte que dans les bassins qui sont au pied de ces
élévations il n'y a aucune accumulation de sable ;
ces bassins sont protégés, depuis les temps les plus
reculés, par les dunes qui se sont formées à l'abri de
certaines végétations, lesquelles ont arrêté les sables
soulevés par la tempête et poussés en rouleaux.
Quant à la partie des sables qui dépasse la hauteur
des dunes et qui est enlevée par la tempête, elle est
trop violemment poussée pour rester en chemin ; elle
vient continuellement garnir ces immenses dunes
qui forment sur la frontière d'Égypte et de Syrie
des montagnes de 3 à 400 mètres de haut. Si le canal
avait dû passer par là, il eût été impossible de le
réédifier ; mais pour imit T le travail de la nature,
nos ingénieurs ont, sur toute cette longueur de 12
kilomètres, placé de distance en distance des poteaux,
et entre ces poteaux ils ont mis des plants de ta-
marix, qui croissent en abondance dans le désert.
Ces plants, qui sont à peu près de 2 mètres de hau-
teur, forment une palissade qui suffit pour arrêter
les rouleaux de sable, et cela sans que la dépense
soit considérable. Les sables voyageurs viendront
s'accumuler au pied de ces palissades, et quand
nous y aurons ajouté la terre des déblais considéra-
bles que nous avons à faire pour creuser le canal,
nous aurons, à une distance de quelques centaines
de mètres de la tranchée, des dunes artificielles qui
le protégeront. De même que le sable n'entre pas
dans le creux des bassins naturels, il n'entrera pas
dans notre canal, qui est bien plus étroit que ces
bassins. Afin de vous en donner une preuve, déjà vé-
rifiée par l'expérience, permettez-moi de vous lire
une lettre que m'écrit M. Voisin, notre ingénieur en
chef, pour me rendre compte de l'effet de nos palis-
sades. Le fait est tout nouveau, puisque c'est quel-
ques jours avant mon départ de l'isthme qu'on
avait commencé à les établir. Voici ce que m'écrit
M. Voisin à la date du 1er mai :
« Nous croyons inutile de rappeler que ces palis-
sades ont été entreprises dans toute l'étendue des
chantiers du seuil d'El-Guisr; on en a mis un double
rang à la traversée des dunes d'El-Ferdane, avec
quelques épis transversaux.
» La longueur exécutée en avril a été
de 5,851m,50
» La longueur exécutée antérieure-
ment était de 10,823 »
» Longueur totale. 16,674m,50
» Le travail peut être considéré comme terminé, à
moins que l'expérience ne vienne à démontrer la
nécessité de doubler encore les palissades sur quel-
ques autres points.
,) Ces palissades produisent un excellent effet. Pen-
dant les vents de khamsin du mois d'avril, elles ont
arrêté une grande quantité de sable. Nul doute qu'en
complétant le système par la double rangée et par
des épis transversaux, ou ne parvienne à un résultat
complétement satisfaisant. »
Ainsi cette immense difficulté qu'on nous opposait,
qu'on regardait comme insoluble, n'existe plus. Nous
l'avons résolue, comme le prouve une expérience
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