Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-07-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juillet 1862 15 juillet 1862
Description : 1862/07/15 (A7,N146). 1862/07/15 (A7,N146).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203300n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. -229
comme obstacle, la jetée, en la conduisant au-delà
de la zone où l'action des lames de fond se fait sentir
et soulève le sable. Ce moyen est celui que nous em-
ployons. Notre jetée ira jusqu'aux fonds de vase. La
vase commence à 6 mètres de profondeur; là le
sable disparaît pour faire place à une vase éternelle
qui remplace le sable et offre un fond excellent pour
la tenue des bâtiments.
Lorsque les vents, à la suite des siècles, auront
amené les sables à l'angle formé entre la jetée et le
rivage, on en sera quitte pour employer des dragues
qui enlèveront ces sables, ou pour prolonger la jetée.
Mais c'est une hypothèse qui ne se réalisera pas avant
des siècles. Nous sommes donc parfaitement à l'abri
de l'envahissement des sables de la mer. Cette théorie,
basée sur l'expérience, nous donne la plus grande sé-
curité pour notre canal.
Les anciens n'avaient pas osé percer l'isthme de
Suez d'une mer à l'autre : d'abord parce qu'ils crai-
gnaient d'ouvrir dans leur pays un passage aux
barbares, ensuite parce qu'ils croyaient à cette diffé-
rence de niveau dont nous avons parlé ; enfin parce
qu'ils ne connaissaient pas le système des jetées,
parce que la vapeur n'était pas inventée et que les
dragues ne l'étaient pas non plus.
Au commencement de ce siècle, M. Lepère lui-
même avait regardé comme fort difficile à résoudre
la question d'entrée dans le canal par la mer Médi-
terranée. C'est pour cela que cet ingénieur illustre,
qui a fait le meilleur ouvrage sur le percement de
l'isthme, ouvrage qui m'a guidé au commencement
de mes études, avait conseillé de refaire seulement le
travail des anciens, de mettre en cômmunication le
Nil avec la mer Rouge.
Notre œuvre est nouvelle, quoique l'idée de la
communication des deux mers soit aussi vieille que
le monde, et nous sommes certains d'arriver au ré-
sultat par le plus court chemin.
Lorsque nous aurons terminé le travail des déblais
à la main, les dragues enlèveront facilement tout ce
qui est sous l'eau. Dans ce moment nous nous occu-
pons de la première partie de notre travail, et notre
entrepreneur général, M. Hardon, duquel j'ai lieu
d'être satisfait, fait dans ce moment, avec notre con-
cours, des sous-traités afin de distribuer les mètres
cubes à draguer à des constructeurs et à des dra-
gueurs expérimentés. Chacun des contractants pren-
dra à ses risques et périls et à un prix déterminé,
l'exécution de 3 à 6 millions de mètres cubes de dra-
gages sous l'eau.
En répartissant ainsi le travail, nous arriverons
certainement à enlever en peu de temps les 30 mil-
lions de mètres cubes que nous avons à draguer sous
l'eau et qui constitueront l'achèvement du canal; car
cette entreprise, à part les grandes difficultés créées
par les hommes et celles que présentaient l'approvi-
sionnement des ouvriers et le transport de matériel,
est d'ailleurs d'une exécution très-simple.
C'est un fossé de 150 kilomètres de longueur et de
56 mètres de largeur sur 8 de profondeur ; ce n'est
pas autre chose.
On se demande quelquefois ce qui arrivera lorsque
les deux mers se réuniront. Il arrivera ce qui est ar-
rivé à Kantara et à Ferdane, quand l'eau, venant de
la Méditerranée à travers le lac Menzaleh est arri-
vée dans la partie qui venait d'être creusée. On a en-
levé le bâtardeau en terre qui séparait les deux sec-
tions du canal, et l'eau est entrée naturellement.
J'assistais à cette opération dans une barque derrière
le bâtardeau. La chose se passera de la même ma-
nière jusqu'à la mer Rouge, et j'espère que dans un
an, nous pourrons inviter un certain nombre de
personnes a assister à une première communication
des deux mers. (Applaudissements.)
On a parlé des ouvriers; je vais vous expliquer
comment se fait notre travail. Nous avons commencé
par engager uniquement des Européens, des hommes
intelligents et dévoués. Ensuite nous avons appelé
les Arabes qui se trouvaient dans le voisinage de nos
travaux. Nous les payions assez cher dans le com-
mencement, car quelques-uns venaient avec leurs
familles. Mais quand il s'est agi de remuer des mas-
ses de terre comme celles dont je viens de parler et
d'en enlever un demi-million de mètres cubes par
mois, chiffre que nous obtenons en ce moment et qui,
je l'espère, sera bientôt doublé, j'ai demandé au vice-
roi l'exécution du traité qu'il avait fait avec la Com-
pagnie, et par lequel il s'engageait à lui fournir des
ouvriers dont le nombre serait fixé par nos ingé-
nieurs.
Tous les grands travaux en Egypte, depuis la
construction des pyramides, ont été exécutés par des
masses de travailleurs dont on prenait très-peu de
soin : aussi périssaient-ils en grand nombre. Par son
traité, le vice-roi était convenu de nous envoyer des
hommes désignés parmi les jeunes gens disponibles
pour les travaux publics de l'Egypte. La population
égyptienne destinée aux travaux publics est d'envi-
ron 3 à 400,000 hommes. Il s'agissait donc de com-
prendre le percement de l'isthme au nombre des tra-
vaux d'utilité publique.
C'est ce qui a été fait. L'autorisation nous a été
donnée de recruter dans cette population d'hommes
jeunes et vigoureux. Nous tenions à honneur de les
bien traiter, de les bien nourrir et de les bien payer.
On ne pouvait pas songer à les faire venir avec leurs
familles, c'eût été doubler les dépenses de transport
et d'approvisionnements. On a pris les hommes dé-
signés dans chaque village et on les a engagés pour
une tâche mensuelle. Chaque homme doit enlever
dans un mois 30 mètres cubes de terre. De cette ma-
nière nous n'avons, pour ainsi dire, pas besoin de
comme obstacle, la jetée, en la conduisant au-delà
de la zone où l'action des lames de fond se fait sentir
et soulève le sable. Ce moyen est celui que nous em-
ployons. Notre jetée ira jusqu'aux fonds de vase. La
vase commence à 6 mètres de profondeur; là le
sable disparaît pour faire place à une vase éternelle
qui remplace le sable et offre un fond excellent pour
la tenue des bâtiments.
Lorsque les vents, à la suite des siècles, auront
amené les sables à l'angle formé entre la jetée et le
rivage, on en sera quitte pour employer des dragues
qui enlèveront ces sables, ou pour prolonger la jetée.
Mais c'est une hypothèse qui ne se réalisera pas avant
des siècles. Nous sommes donc parfaitement à l'abri
de l'envahissement des sables de la mer. Cette théorie,
basée sur l'expérience, nous donne la plus grande sé-
curité pour notre canal.
Les anciens n'avaient pas osé percer l'isthme de
Suez d'une mer à l'autre : d'abord parce qu'ils crai-
gnaient d'ouvrir dans leur pays un passage aux
barbares, ensuite parce qu'ils croyaient à cette diffé-
rence de niveau dont nous avons parlé ; enfin parce
qu'ils ne connaissaient pas le système des jetées,
parce que la vapeur n'était pas inventée et que les
dragues ne l'étaient pas non plus.
Au commencement de ce siècle, M. Lepère lui-
même avait regardé comme fort difficile à résoudre
la question d'entrée dans le canal par la mer Médi-
terranée. C'est pour cela que cet ingénieur illustre,
qui a fait le meilleur ouvrage sur le percement de
l'isthme, ouvrage qui m'a guidé au commencement
de mes études, avait conseillé de refaire seulement le
travail des anciens, de mettre en cômmunication le
Nil avec la mer Rouge.
Notre œuvre est nouvelle, quoique l'idée de la
communication des deux mers soit aussi vieille que
le monde, et nous sommes certains d'arriver au ré-
sultat par le plus court chemin.
Lorsque nous aurons terminé le travail des déblais
à la main, les dragues enlèveront facilement tout ce
qui est sous l'eau. Dans ce moment nous nous occu-
pons de la première partie de notre travail, et notre
entrepreneur général, M. Hardon, duquel j'ai lieu
d'être satisfait, fait dans ce moment, avec notre con-
cours, des sous-traités afin de distribuer les mètres
cubes à draguer à des constructeurs et à des dra-
gueurs expérimentés. Chacun des contractants pren-
dra à ses risques et périls et à un prix déterminé,
l'exécution de 3 à 6 millions de mètres cubes de dra-
gages sous l'eau.
En répartissant ainsi le travail, nous arriverons
certainement à enlever en peu de temps les 30 mil-
lions de mètres cubes que nous avons à draguer sous
l'eau et qui constitueront l'achèvement du canal; car
cette entreprise, à part les grandes difficultés créées
par les hommes et celles que présentaient l'approvi-
sionnement des ouvriers et le transport de matériel,
est d'ailleurs d'une exécution très-simple.
C'est un fossé de 150 kilomètres de longueur et de
56 mètres de largeur sur 8 de profondeur ; ce n'est
pas autre chose.
On se demande quelquefois ce qui arrivera lorsque
les deux mers se réuniront. Il arrivera ce qui est ar-
rivé à Kantara et à Ferdane, quand l'eau, venant de
la Méditerranée à travers le lac Menzaleh est arri-
vée dans la partie qui venait d'être creusée. On a en-
levé le bâtardeau en terre qui séparait les deux sec-
tions du canal, et l'eau est entrée naturellement.
J'assistais à cette opération dans une barque derrière
le bâtardeau. La chose se passera de la même ma-
nière jusqu'à la mer Rouge, et j'espère que dans un
an, nous pourrons inviter un certain nombre de
personnes a assister à une première communication
des deux mers. (Applaudissements.)
On a parlé des ouvriers; je vais vous expliquer
comment se fait notre travail. Nous avons commencé
par engager uniquement des Européens, des hommes
intelligents et dévoués. Ensuite nous avons appelé
les Arabes qui se trouvaient dans le voisinage de nos
travaux. Nous les payions assez cher dans le com-
mencement, car quelques-uns venaient avec leurs
familles. Mais quand il s'est agi de remuer des mas-
ses de terre comme celles dont je viens de parler et
d'en enlever un demi-million de mètres cubes par
mois, chiffre que nous obtenons en ce moment et qui,
je l'espère, sera bientôt doublé, j'ai demandé au vice-
roi l'exécution du traité qu'il avait fait avec la Com-
pagnie, et par lequel il s'engageait à lui fournir des
ouvriers dont le nombre serait fixé par nos ingé-
nieurs.
Tous les grands travaux en Egypte, depuis la
construction des pyramides, ont été exécutés par des
masses de travailleurs dont on prenait très-peu de
soin : aussi périssaient-ils en grand nombre. Par son
traité, le vice-roi était convenu de nous envoyer des
hommes désignés parmi les jeunes gens disponibles
pour les travaux publics de l'Egypte. La population
égyptienne destinée aux travaux publics est d'envi-
ron 3 à 400,000 hommes. Il s'agissait donc de com-
prendre le percement de l'isthme au nombre des tra-
vaux d'utilité publique.
C'est ce qui a été fait. L'autorisation nous a été
donnée de recruter dans cette population d'hommes
jeunes et vigoureux. Nous tenions à honneur de les
bien traiter, de les bien nourrir et de les bien payer.
On ne pouvait pas songer à les faire venir avec leurs
familles, c'eût été doubler les dépenses de transport
et d'approvisionnements. On a pris les hommes dé-
signés dans chaque village et on les a engagés pour
une tâche mensuelle. Chaque homme doit enlever
dans un mois 30 mètres cubes de terre. De cette ma-
nière nous n'avons, pour ainsi dire, pas besoin de
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.95%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.95%.
- Collections numériques similaires Thématique : ingénierie, génie civil Thématique : ingénierie, génie civil /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCthèm02"Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp11" Corpus : ports et travaux maritimes Corpus : ports et travaux maritimes /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "EnPCcorp16"
- Auteurs similaires Desplaces Ernest Desplaces Ernest /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Desplaces Ernest" or dc.contributor adj "Desplaces Ernest")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 13/16
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6203300n/f13.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6203300n/f13.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6203300n/f13.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6203300n
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://heritage.ecoledesponts.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6203300n
Facebook
Twitter