Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1862 01 juillet 1862
Description : 1862/07/01 (A7,N145). 1862/07/01 (A7,N145).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203299f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L UNION DES DEUX MERS. 2i3
mille lieues, épargne aux navigateurs la double et
pénible traversée de la ligne. Il n'est donc pas exagéré
de dire que 4 millions de tonneaux au moins passeront
par notre canal, c'est-à-dire un tonnage égal à celui
de Marseille l'année dernière, inférieur à celui de
Liverpool qui est de 6 millions de tonnes, et à ce-
lui de Gibraltar qui est de 5 millions. Le détroit
des Dardanelles aboutit à une mer fermée; et cepen-
dant 5 millions de tonneaux franchissent annuelle-
ment ce détroit.
En évaluant à 4 millions le passage qui s'effec-
tuera par l'isthme, je crois être certainement loin de
toute exagération, sans même avoir à rappeler l'his-
toire des chemins de fer, ces modernes abréviateurs
du temps et de la distance. Or, 5 millions de
tonneaux à 10 francs donneront 40 millions de francs
de ce seul chef.
Maintenant nous avons nos terrains, terrains à
bâtir, terrains à cultiver. Dans l'isthme nous fon-
dons deux villes, Port-Saïd et Timsah, et nous don-
nons à une troisième ville, Suez, un considérable dé-
veloppement. L'isthme percé sera l'entrepôt de tout
le commerce entre l'Orient et l'Occident, c'est-à-dire,
dans un temps donné, une vaste colonie universelle.
Tout le terrain sur la ligne du canal nous appar-
tient. Quelle en sera la valeur à mesure que s'y por-
tera l'infaillible affluence des traficants et des navi-
gateurs ! Si j'en devais croire des autorités compé-
tentes et qui ont formé leur conviction sur les lieux,
cette valeur suffirait à couvrir la dépense totale de
l'exécution du canal.
Nous avons de plus nos terres cultivables sur l'é-
tendue de l'isthme et de Zagazig à Timsah. Tous ces
terrains bibliques, autrefois si fertiles, sont prêts à le
redevenir au moyen de la dérivation de nos canaux.
J'ai parcouru ces déserts, qui ne sont des déserts
que parce que les populations en ont disparu. 40 ou
50,000 Bédouins n'attendent que le moment de les
féconder. Déjà 7,000 d'entre eux sont à l'œuvre. Ces
populations feront revivre ces solitudes qui autrefois
étaient la vallée de Gessen, la grasse terre des pâ-
turages. Autrefois l'isthme était couvert de villes
nombreuses et florissantes. Péluse seule comptait de
8 à 900,000 habitants. Notre civilisation fera-t-elle
donc moins pour ces contrées qu'elle aura rendues à
la vie que ne fit la civilisation antique?
Mais ces considérations disparaissent pour vous
devant les résultats moraux et civilisateurs de l'œu-
vre. C'est la conviction de ces résultats qui vous
anime, qui vous a réunis dans cette enceinte et qui
vous a fait m'écouter avec tant de bienveillance. La
religion, la science, l'industrie, le commerce vont
s'ouvrir une nouvelle route pour la propagande de la
civilisation parmi sept cent millions d'âmes livrées
aux ténèbres de l'ignorance, de la barbarie et de
l'oppression. Les pavillons de tous les pays iront sil-
lonner des mers qui, jusqu'ici, leur étaient presque in-
connues ; un grand pas sera fait pour le rapproche-
ment, l'égalité et la fraternité des races humaines qui
n'ont pas encore réellement existé dans le monde. (Ap-
plaudissements.) La mer, qui occupe les trois quarts
de notre globe, deviendra de plus en plus le domaine
de tous, et non le monopole de quelques-uns. Les
richesses se multiplieront en même temps que les
lumières, et le monde n'oubliera pas que notre pays
de France, qui inscrivait jadis en tête de ses chro-
niques gesta Dei per Francos, est encore ici resté fidète
à son rôle traditionnel d'initiateur des grandes idées
et d'ouvrier de l'humanité. » (Triple salve d'applau-
dissements.)
SABBATIER,
Sténographe du Moniteur universel.
LA PRESSE ET LA CONFÉRENCE DU 22 JUIN.
On lit dans le Constitutionnel du 24 :
« M. Ferdinand de Lesseps a fait hier à l'Association
polytechnique une nouvelle conférence sur les travaux
du canal de Suez. Accueilli avec la même sympathie
et les mêmes applaudissements que dans la séance pré-
cédente, il a su intéresser, émouvoir ses nombreux au-
diteurs, par l'exposé fidèle des diverses phases de sa
grande entreprise et des péripéties qu'elle a subies.
Quoi de plus attachant, en effet, que cette lutte d'un
simple particulier contre un gouvernement induit en
erreur ! Quoi de plus satisfaisant que le triomphe,
longtemps contesté, mais définitivement acquis, d'un
seul homme défendant une bonne cause contre les at-
taques d'hommes d'État tout-puissants !
» M. de Lesseps n'apas eu besoin de rechercher l'élo-
quence; il en a puisé naturellement les effets dans une
conviction profonde, et dans un cœur rempli des plus
nobl. s sentiments. Il a successivement raconté ses
voyages en Egypte, à Constantinople, en Angleterre,
où sa présence a déjoué tour à tour les manœuvres les
mieux combinées de ses adversaires, où sa parole loyale
et la droiture de ses intentions ont toujours vaincu
l'intrigue, forte seulement en son absence. Il a ensuite
décrit l'état actuel des travaux du canal, et il a terminé
en faisant ressortir les avantages immenses que la ci-
vilisation et l'humanité trouveront dans l'exécution,
maintenant assurée, de son projet.
» Inutile de dire que l'intelligente assemblée s'est cha-
leureusement associée aux luttes, aux crises et au suc-
cès dont l'orateur lui présentait l'historique.
» Qui connaît le public français sait d'avance avec
quelle perspicacité, avec quelle promptitude il saisit
les moindres allusions; il devine les intentions et com-
plète une pensée qui, dans beaucoup de cas, ne peut
pas être exprimée sans réserve.
» Pendant que les auditeurs qui remplissaient jusqu'au
fatte l'amphithéâtre de l'Ecole de médecine écoutaient
avec de chaleureux témoignages la parole élégante et
mille lieues, épargne aux navigateurs la double et
pénible traversée de la ligne. Il n'est donc pas exagéré
de dire que 4 millions de tonneaux au moins passeront
par notre canal, c'est-à-dire un tonnage égal à celui
de Marseille l'année dernière, inférieur à celui de
Liverpool qui est de 6 millions de tonnes, et à ce-
lui de Gibraltar qui est de 5 millions. Le détroit
des Dardanelles aboutit à une mer fermée; et cepen-
dant 5 millions de tonneaux franchissent annuelle-
ment ce détroit.
En évaluant à 4 millions le passage qui s'effec-
tuera par l'isthme, je crois être certainement loin de
toute exagération, sans même avoir à rappeler l'his-
toire des chemins de fer, ces modernes abréviateurs
du temps et de la distance. Or, 5 millions de
tonneaux à 10 francs donneront 40 millions de francs
de ce seul chef.
Maintenant nous avons nos terrains, terrains à
bâtir, terrains à cultiver. Dans l'isthme nous fon-
dons deux villes, Port-Saïd et Timsah, et nous don-
nons à une troisième ville, Suez, un considérable dé-
veloppement. L'isthme percé sera l'entrepôt de tout
le commerce entre l'Orient et l'Occident, c'est-à-dire,
dans un temps donné, une vaste colonie universelle.
Tout le terrain sur la ligne du canal nous appar-
tient. Quelle en sera la valeur à mesure que s'y por-
tera l'infaillible affluence des traficants et des navi-
gateurs ! Si j'en devais croire des autorités compé-
tentes et qui ont formé leur conviction sur les lieux,
cette valeur suffirait à couvrir la dépense totale de
l'exécution du canal.
Nous avons de plus nos terres cultivables sur l'é-
tendue de l'isthme et de Zagazig à Timsah. Tous ces
terrains bibliques, autrefois si fertiles, sont prêts à le
redevenir au moyen de la dérivation de nos canaux.
J'ai parcouru ces déserts, qui ne sont des déserts
que parce que les populations en ont disparu. 40 ou
50,000 Bédouins n'attendent que le moment de les
féconder. Déjà 7,000 d'entre eux sont à l'œuvre. Ces
populations feront revivre ces solitudes qui autrefois
étaient la vallée de Gessen, la grasse terre des pâ-
turages. Autrefois l'isthme était couvert de villes
nombreuses et florissantes. Péluse seule comptait de
8 à 900,000 habitants. Notre civilisation fera-t-elle
donc moins pour ces contrées qu'elle aura rendues à
la vie que ne fit la civilisation antique?
Mais ces considérations disparaissent pour vous
devant les résultats moraux et civilisateurs de l'œu-
vre. C'est la conviction de ces résultats qui vous
anime, qui vous a réunis dans cette enceinte et qui
vous a fait m'écouter avec tant de bienveillance. La
religion, la science, l'industrie, le commerce vont
s'ouvrir une nouvelle route pour la propagande de la
civilisation parmi sept cent millions d'âmes livrées
aux ténèbres de l'ignorance, de la barbarie et de
l'oppression. Les pavillons de tous les pays iront sil-
lonner des mers qui, jusqu'ici, leur étaient presque in-
connues ; un grand pas sera fait pour le rapproche-
ment, l'égalité et la fraternité des races humaines qui
n'ont pas encore réellement existé dans le monde. (Ap-
plaudissements.) La mer, qui occupe les trois quarts
de notre globe, deviendra de plus en plus le domaine
de tous, et non le monopole de quelques-uns. Les
richesses se multiplieront en même temps que les
lumières, et le monde n'oubliera pas que notre pays
de France, qui inscrivait jadis en tête de ses chro-
niques gesta Dei per Francos, est encore ici resté fidète
à son rôle traditionnel d'initiateur des grandes idées
et d'ouvrier de l'humanité. » (Triple salve d'applau-
dissements.)
SABBATIER,
Sténographe du Moniteur universel.
LA PRESSE ET LA CONFÉRENCE DU 22 JUIN.
On lit dans le Constitutionnel du 24 :
« M. Ferdinand de Lesseps a fait hier à l'Association
polytechnique une nouvelle conférence sur les travaux
du canal de Suez. Accueilli avec la même sympathie
et les mêmes applaudissements que dans la séance pré-
cédente, il a su intéresser, émouvoir ses nombreux au-
diteurs, par l'exposé fidèle des diverses phases de sa
grande entreprise et des péripéties qu'elle a subies.
Quoi de plus attachant, en effet, que cette lutte d'un
simple particulier contre un gouvernement induit en
erreur ! Quoi de plus satisfaisant que le triomphe,
longtemps contesté, mais définitivement acquis, d'un
seul homme défendant une bonne cause contre les at-
taques d'hommes d'État tout-puissants !
» M. de Lesseps n'apas eu besoin de rechercher l'élo-
quence; il en a puisé naturellement les effets dans une
conviction profonde, et dans un cœur rempli des plus
nobl. s sentiments. Il a successivement raconté ses
voyages en Egypte, à Constantinople, en Angleterre,
où sa présence a déjoué tour à tour les manœuvres les
mieux combinées de ses adversaires, où sa parole loyale
et la droiture de ses intentions ont toujours vaincu
l'intrigue, forte seulement en son absence. Il a ensuite
décrit l'état actuel des travaux du canal, et il a terminé
en faisant ressortir les avantages immenses que la ci-
vilisation et l'humanité trouveront dans l'exécution,
maintenant assurée, de son projet.
» Inutile de dire que l'intelligente assemblée s'est cha-
leureusement associée aux luttes, aux crises et au suc-
cès dont l'orateur lui présentait l'historique.
» Qui connaît le public français sait d'avance avec
quelle perspicacité, avec quelle promptitude il saisit
les moindres allusions; il devine les intentions et com-
plète une pensée qui, dans beaucoup de cas, ne peut
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