Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-08-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 août 1862 01 août 1862
Description : 1862/08/01 (A7,N147). 1862/08/01 (A7,N147).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62033012
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 245
me hâte de finir. Je n'ai point voulu porter un juge-
ment sur les travaux de l'isthme, quoique peut-être, n'é-
tant ni Français ni actionnaire et n'ayant pas l'honneur
d'être connu par M. de Lesseps, j'eusse là trois raisons
d'être accepté plus volontiers par vos lecteurs ; j'ai
seulement voulu mettre à profit un récent voyage dans
l'isthme pour répondre à des assertions qui ne m'ont
point paru justes, pour repousser la tache d'infamie
qu'on prétendait jeter sur un travail qui s'exécute
simplement et courageusement dans les conditions per-
mises par les lois et le gouvernement de ce pays, tra-
vail qui, il ne faut point en douter, servira grande-
ment à régénérer ce peuple pour lequel vous avez déjà
souvent élevé une éloquente voix.
» Agréez, etc., E. M. »
LA PRESSE ANGLAISE.
Dans sa partie financière, le Times fournit au pu-
blic anglais les renseignements les plus satisfaisants
sur la marche et le progrès des travaux qui s'exécu-
tent dans l'isthme de Suez. Il annonce que vingt -
cinq mille hommes sont employés sur la ligne des opé-
rations, qu'ils effectuent un déblai de 550,000 mètres
cubes par mois, qu'ils sont bien traités, bien nour-
ris, bien payés, et que tout est disposé pour donner
aux travaux une extension encore plus considé-
rable.
Nous ne reproduisons point le texte de ces rensei-
gnements, parce qu'ils n'ont rien qui ne soit connu
de nos lecteurs.
Ces détails, d'après notre correspondance, avaient
fait à Londres une vive et très-favorable impression.
Le lendemain, le Times croyait devoir y ajouter les
réflexions suivantes :
« A l'égard du canal de Suez et de la nouvelle que
nous avons donnée récemment que vingt-cinq mille
indigènes seraient, en ce moment, occupés dans cette
entreprise, on nous fait observer que prenant en
considération les conséquences qui ont été générale-
ment la suite de l'emploi du travail forcé en Egypte,
il serait satisfaisant d'avoir quelques informations
précises sur la manière dont ces hommes sont em-
ployés, que l'on ait ou que l'on n'ait pas recours à
l'usage de la force. Dans les circonstances où nous
nous trouvons, le travail de vingt-cinq mille hommes
serait en Égypte singulièrement rémunératif s'il était
consacré à l'extension de la culture des céréales et
du coton. »
Quant à l'emploi de la force pour les travaux du
canal, les scrupules du Times n'ont pas tardé à être
dissipés. Car il s'en exprime en ces termes dans son
numéro du 29 juillet :
« Relativement à quelques doutes énoncés sur la
manière dont le travail est obtenu au canal de Suez,
le document suivant signé par les chefs des différents
corps d'Arabes employés, nous a été transmis pou
prouver que l'arbitraire y est complètement étran-
ger. »
A la suite de cette note, le Times publie une décla-
rat'on des cheiks arabes attestant la pleine liberté de
leurs hommes, les bons traitements et les soins qu'ils
reçoivent, l'exactitude et la régularité de leur paie.
Mais le Times a une autre objection, et, en vérité,
elle nous. étonne. Il ne s'agit plus pour lui de savoir
si le travail est volontaire, ni d'intervenir selon son
bon plaisir dans les usages et dans les actes inté-
rieurs de l'administration égyptienne. Il va plus loin;
il veut se rendre juge du travail qu'il convient d'as-
signer aux fellahs de préférence à tel autre travail,
et il conclut, en demandant s'il ne conviendrait pas
beaucoup mieux d'employer les fellahs à cultiver du
blé ou du coton qu'à creuser l'isthme de Suez. Il
nous semble que c'est là une question qui regarde
spécialement et exclusivement le gouvernement
égyptien, et si le Times prétend s'y mêler et la ré-
gler, c'est lui qui est le vice-roi d'Egypte et non
plus Mohammed-Saïd. L'Angleterre a besoin de co-
ton, nous le voulons bien ; mais est-ce une raison
pour que le monde entier n'ait d'autre souci ni d'au-
tre devoir que de cultiver le coton ? On a beaucoup
parlé de l'égoïsme britannique, et, en conscience, le
Times nous en offre ici un trait qui n'affaiblira pas
sur ce point le préjugé universel. Au total, notre
confrère trouverait fort légitime le travail forcé,
s'il devait produire du coton. Voilà sa morale et sa
philosophie. A la bonne heure ! Mais si, ses intérêts
et ses préoccupations à part, il voulait envisager
la question en elle-même, nous ne serions pas em-
barrassés de lui prouver que l'Égypte gagnera en-
core plus à ouvrir l'isthme au moyen de ces vingt-
cinq mille hommes qu'à les employer à planter des
cotonniers, indépendamment de cette autre consi-
dération que les travaux du canal sont constitués de
telle manière qu'ils laissenta ux travaux des champs
tous les hommes qui leur sont nécessaires.
Que dirait le Times si, souffrant d'une disette de
blé, l'Égypte prétendait que l'Angleterre devrait em-
ployer toute sa population à produire des céréales ?
C'est pourtant tout l'argument du Times, quand il
veut détourner le travail égyptien de la construction
du canal maritime pour le jeter tout entier dans la
culture du coton.
Le Times, à coup sûr, ne prend pas plus au sérieux
que nous-mêmes de semblables fantaisies. Écartons-
les donc pour son honneur comme pour la gravité de
la discussion. Est-ce qu'il ne serait point temps de
renoncer à cette puérile guerre de chicanes que la
presse anglaise devrait s'appliquer à faire oublier ?
Car le jour approche où ce souvenir sera pour elle
une tache et un ridicule. Écartons-les donc pour don-
ner place aux pensées plus sérieuses et plus raison-
me hâte de finir. Je n'ai point voulu porter un juge-
ment sur les travaux de l'isthme, quoique peut-être, n'é-
tant ni Français ni actionnaire et n'ayant pas l'honneur
d'être connu par M. de Lesseps, j'eusse là trois raisons
d'être accepté plus volontiers par vos lecteurs ; j'ai
seulement voulu mettre à profit un récent voyage dans
l'isthme pour répondre à des assertions qui ne m'ont
point paru justes, pour repousser la tache d'infamie
qu'on prétendait jeter sur un travail qui s'exécute
simplement et courageusement dans les conditions per-
mises par les lois et le gouvernement de ce pays, tra-
vail qui, il ne faut point en douter, servira grande-
ment à régénérer ce peuple pour lequel vous avez déjà
souvent élevé une éloquente voix.
» Agréez, etc., E. M. »
LA PRESSE ANGLAISE.
Dans sa partie financière, le Times fournit au pu-
blic anglais les renseignements les plus satisfaisants
sur la marche et le progrès des travaux qui s'exécu-
tent dans l'isthme de Suez. Il annonce que vingt -
cinq mille hommes sont employés sur la ligne des opé-
rations, qu'ils effectuent un déblai de 550,000 mètres
cubes par mois, qu'ils sont bien traités, bien nour-
ris, bien payés, et que tout est disposé pour donner
aux travaux une extension encore plus considé-
rable.
Nous ne reproduisons point le texte de ces rensei-
gnements, parce qu'ils n'ont rien qui ne soit connu
de nos lecteurs.
Ces détails, d'après notre correspondance, avaient
fait à Londres une vive et très-favorable impression.
Le lendemain, le Times croyait devoir y ajouter les
réflexions suivantes :
« A l'égard du canal de Suez et de la nouvelle que
nous avons donnée récemment que vingt-cinq mille
indigènes seraient, en ce moment, occupés dans cette
entreprise, on nous fait observer que prenant en
considération les conséquences qui ont été générale-
ment la suite de l'emploi du travail forcé en Egypte,
il serait satisfaisant d'avoir quelques informations
précises sur la manière dont ces hommes sont em-
ployés, que l'on ait ou que l'on n'ait pas recours à
l'usage de la force. Dans les circonstances où nous
nous trouvons, le travail de vingt-cinq mille hommes
serait en Égypte singulièrement rémunératif s'il était
consacré à l'extension de la culture des céréales et
du coton. »
Quant à l'emploi de la force pour les travaux du
canal, les scrupules du Times n'ont pas tardé à être
dissipés. Car il s'en exprime en ces termes dans son
numéro du 29 juillet :
« Relativement à quelques doutes énoncés sur la
manière dont le travail est obtenu au canal de Suez,
le document suivant signé par les chefs des différents
corps d'Arabes employés, nous a été transmis pou
prouver que l'arbitraire y est complètement étran-
ger. »
A la suite de cette note, le Times publie une décla-
rat'on des cheiks arabes attestant la pleine liberté de
leurs hommes, les bons traitements et les soins qu'ils
reçoivent, l'exactitude et la régularité de leur paie.
Mais le Times a une autre objection, et, en vérité,
elle nous. étonne. Il ne s'agit plus pour lui de savoir
si le travail est volontaire, ni d'intervenir selon son
bon plaisir dans les usages et dans les actes inté-
rieurs de l'administration égyptienne. Il va plus loin;
il veut se rendre juge du travail qu'il convient d'as-
signer aux fellahs de préférence à tel autre travail,
et il conclut, en demandant s'il ne conviendrait pas
beaucoup mieux d'employer les fellahs à cultiver du
blé ou du coton qu'à creuser l'isthme de Suez. Il
nous semble que c'est là une question qui regarde
spécialement et exclusivement le gouvernement
égyptien, et si le Times prétend s'y mêler et la ré-
gler, c'est lui qui est le vice-roi d'Egypte et non
plus Mohammed-Saïd. L'Angleterre a besoin de co-
ton, nous le voulons bien ; mais est-ce une raison
pour que le monde entier n'ait d'autre souci ni d'au-
tre devoir que de cultiver le coton ? On a beaucoup
parlé de l'égoïsme britannique, et, en conscience, le
Times nous en offre ici un trait qui n'affaiblira pas
sur ce point le préjugé universel. Au total, notre
confrère trouverait fort légitime le travail forcé,
s'il devait produire du coton. Voilà sa morale et sa
philosophie. A la bonne heure ! Mais si, ses intérêts
et ses préoccupations à part, il voulait envisager
la question en elle-même, nous ne serions pas em-
barrassés de lui prouver que l'Égypte gagnera en-
core plus à ouvrir l'isthme au moyen de ces vingt-
cinq mille hommes qu'à les employer à planter des
cotonniers, indépendamment de cette autre consi-
dération que les travaux du canal sont constitués de
telle manière qu'ils laissenta ux travaux des champs
tous les hommes qui leur sont nécessaires.
Que dirait le Times si, souffrant d'une disette de
blé, l'Égypte prétendait que l'Angleterre devrait em-
ployer toute sa population à produire des céréales ?
C'est pourtant tout l'argument du Times, quand il
veut détourner le travail égyptien de la construction
du canal maritime pour le jeter tout entier dans la
culture du coton.
Le Times, à coup sûr, ne prend pas plus au sérieux
que nous-mêmes de semblables fantaisies. Écartons-
les donc pour son honneur comme pour la gravité de
la discussion. Est-ce qu'il ne serait point temps de
renoncer à cette puérile guerre de chicanes que la
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