Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1862 01 juillet 1862
Description : 1862/07/01 (A7,N145). 1862/07/01 (A7,N145).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203299f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 209
contre le projet, lord Palmerston s'égara jusqu'à
l'injure et la diffamation.
Dès ce moment, l'opinion anglaise se montra plus
réservée sans cesser d'être favorable. De mon côté,
je dus adresser au premier ministre, couvert par les
immunités de sa position, une lettre rectificative où
toutes ses allégations étaient réfutées, et où je dus
naturellement protester contre l'attitude plus qu'ag-
gressive qu'il avait prise envers ma personne.1
Cette réponse fut distribuée aux chambres de com-
merce anglaises qui m'avaient si bien accueilli. Elle
fut reproduite par les principaux journaux de la
France et de la Grande-Bretagne. Je la communi-
quai également à nos chambres de commerce, à nos
conseils généraux, etc. Je dois dire qu'en Angleterre,
ces emportements de lord Palmerston furent généra-
lement désapprouvés. En France, ils blessèrent pro-
fondément le sentiment public. Nos chambres de
commerce ainsi que nos conseils généraux y répon-
dirent par l'expression de leur vœu et d'une adhésion
nouvelle adressée au gouvernement de l'Empereur.
Impuissante sur le continent, en désaccord avec
l'opinion de son propre pays, la diplomatie anglaise
sentit la nécessité de déplacer son action et d'agir
plus directement auprès de la Porte pour empêcher
la formation de la Compagnie financière. Afin de
déjouer cette stratégie, je me rendis à Constantinople
où, pendant un séjour de six mois, j'entretins les
meilleures relations avec les ministres et le corps
diplomatique tout entier. A la suite de mes dé-
marches, j'emportai avec moi une déclaration faite aux
ambassadeurs de deux grandes puissances, et consta-
tant que le gouvernement du sultan conservait tou-
jours les mêmes dispositions favorables au canal de
Suez, et que, de son chef, il n'élèverait aucune ob-
jection à la réalisation de cette grande et utile en-
treprise.
Armé de cette déclaration, je retournai auprès du
vice-roi. et il fut convenu que j'irais visiter les divers
pays de l'Europe pour constater l'effet produit sur
l'opinion par les débats publics. Je me transportai
successivement en Russie, en Allemagne, en Italie,
en Espagne. Dans toute cette tournée je ne cessai
de recevoir l'accueil le plus affectueux et le plus
enthousiaste. Partout des banquets me furent
offerts, auxquels prenaient part les personnages les
plus importants. Partout le percement de l'isthme
de Suez fut acclamé comme un des désirs les
plus ardents de notre siècle. A Barcelone, toute la
population se leva pour me donner un témoignage
de son adhésion à notre œuvre. A Marseille, appelée
par Lamartine la façade méridionale de la France,
la manifestation en faveur du canal de Suez prit le
caractère d'une de ces grandes émotions populaires
qui laissent dans la vie d'un homme d'ineffaçables
souvenirs, et que je ne pourrai jamais me rappeler
sans une profonde reconnaissance.
Après cette dernière épreuve, il n'y avait certes
plus à douter. Le canal de Suez était enraciné dans
les instincts comme dans les sympathies du monde.
La question était donc parvenue à toute sa maturité.
Il fallait procéder à la formation de la Compagnie uni-
verselle. Pourtant j'avais à surmonter encore quel-
ques résistances. On me représentait, comme un dan-
ger devant lequel je devais hésiter, l'influence hostile
de l'Angleterre. On prétendait que la souscription ne
réussirait point, parce que je n'étais point financier,
parce que je ne m'étais pas assuré les hautes in-
fluences de la finance. Le public a donné un démenti
éclatant à toutes ces prophéties pessimistes. On me
disait : Personne ne viendra. Tout le monde est
venu (vifs applaudissements). La France seule a fourni
21,229 souscripteurs; je sens le besoin de vous dire
quelques mots sur la composition de cette liste. Per-
mettez-moi de vous lire de quels éléments elle est
formée :
Souscripteurs français.
Corps des ponts et chaussées 249
Magistrature. 267
Banquiers et agents de change 369
Médecins. 433
Instituteurs et professeurs. 434
Clergé. 480
Notaires, avocats et avoués 819
Artisans et mécaniciens. 910
Armée et marine. 973
Hauts fonctionnaires publics et administra-
teurs 1,309
Employés 2,195
Commerçants et industriels 4,763
Propriétaires et rentiers 6,929
Souscripteurs non classés 1,099
21.229
Voici, Messieurs, comment cette souscription a
été définie. Je crois que comme moi vous trouverez
la définition parfaitement juste.
« Il parait difficile de composer une plus remar-
quable représentation de tout ce qui, dans notre so-
ciété lit, médite, gouverne, enseigne, prie, produit,
épargne, agit, combat, travaille. Elle reflète toutes
les expressions de l'opinion et du sentiment français ;
les instincts du peuple, les aspirations de la classe
moyenne, l'intelligence des professions libérales, la
faveur affectueuse de la religion, le patriotisme mi-
litaire, la calme appréciation du magistrat. C'est vé-
ritablement la souscription de la France, de la base
au sommet. »
La Compagnie universelle était fondée; il n'y avait
plus qu'à en organiser les rouages intérieurs. C'est
ce que je fis en formant un conseil d'administration
contre le projet, lord Palmerston s'égara jusqu'à
l'injure et la diffamation.
Dès ce moment, l'opinion anglaise se montra plus
réservée sans cesser d'être favorable. De mon côté,
je dus adresser au premier ministre, couvert par les
immunités de sa position, une lettre rectificative où
toutes ses allégations étaient réfutées, et où je dus
naturellement protester contre l'attitude plus qu'ag-
gressive qu'il avait prise envers ma personne.1
Cette réponse fut distribuée aux chambres de com-
merce anglaises qui m'avaient si bien accueilli. Elle
fut reproduite par les principaux journaux de la
France et de la Grande-Bretagne. Je la communi-
quai également à nos chambres de commerce, à nos
conseils généraux, etc. Je dois dire qu'en Angleterre,
ces emportements de lord Palmerston furent généra-
lement désapprouvés. En France, ils blessèrent pro-
fondément le sentiment public. Nos chambres de
commerce ainsi que nos conseils généraux y répon-
dirent par l'expression de leur vœu et d'une adhésion
nouvelle adressée au gouvernement de l'Empereur.
Impuissante sur le continent, en désaccord avec
l'opinion de son propre pays, la diplomatie anglaise
sentit la nécessité de déplacer son action et d'agir
plus directement auprès de la Porte pour empêcher
la formation de la Compagnie financière. Afin de
déjouer cette stratégie, je me rendis à Constantinople
où, pendant un séjour de six mois, j'entretins les
meilleures relations avec les ministres et le corps
diplomatique tout entier. A la suite de mes dé-
marches, j'emportai avec moi une déclaration faite aux
ambassadeurs de deux grandes puissances, et consta-
tant que le gouvernement du sultan conservait tou-
jours les mêmes dispositions favorables au canal de
Suez, et que, de son chef, il n'élèverait aucune ob-
jection à la réalisation de cette grande et utile en-
treprise.
Armé de cette déclaration, je retournai auprès du
vice-roi. et il fut convenu que j'irais visiter les divers
pays de l'Europe pour constater l'effet produit sur
l'opinion par les débats publics. Je me transportai
successivement en Russie, en Allemagne, en Italie,
en Espagne. Dans toute cette tournée je ne cessai
de recevoir l'accueil le plus affectueux et le plus
enthousiaste. Partout des banquets me furent
offerts, auxquels prenaient part les personnages les
plus importants. Partout le percement de l'isthme
de Suez fut acclamé comme un des désirs les
plus ardents de notre siècle. A Barcelone, toute la
population se leva pour me donner un témoignage
de son adhésion à notre œuvre. A Marseille, appelée
par Lamartine la façade méridionale de la France,
la manifestation en faveur du canal de Suez prit le
caractère d'une de ces grandes émotions populaires
qui laissent dans la vie d'un homme d'ineffaçables
souvenirs, et que je ne pourrai jamais me rappeler
sans une profonde reconnaissance.
Après cette dernière épreuve, il n'y avait certes
plus à douter. Le canal de Suez était enraciné dans
les instincts comme dans les sympathies du monde.
La question était donc parvenue à toute sa maturité.
Il fallait procéder à la formation de la Compagnie uni-
verselle. Pourtant j'avais à surmonter encore quel-
ques résistances. On me représentait, comme un dan-
ger devant lequel je devais hésiter, l'influence hostile
de l'Angleterre. On prétendait que la souscription ne
réussirait point, parce que je n'étais point financier,
parce que je ne m'étais pas assuré les hautes in-
fluences de la finance. Le public a donné un démenti
éclatant à toutes ces prophéties pessimistes. On me
disait : Personne ne viendra. Tout le monde est
venu (vifs applaudissements). La France seule a fourni
21,229 souscripteurs; je sens le besoin de vous dire
quelques mots sur la composition de cette liste. Per-
mettez-moi de vous lire de quels éléments elle est
formée :
Souscripteurs français.
Corps des ponts et chaussées 249
Magistrature. 267
Banquiers et agents de change 369
Médecins. 433
Instituteurs et professeurs. 434
Clergé. 480
Notaires, avocats et avoués 819
Artisans et mécaniciens. 910
Armée et marine. 973
Hauts fonctionnaires publics et administra-
teurs 1,309
Employés 2,195
Commerçants et industriels 4,763
Propriétaires et rentiers 6,929
Souscripteurs non classés 1,099
21.229
Voici, Messieurs, comment cette souscription a
été définie. Je crois que comme moi vous trouverez
la définition parfaitement juste.
« Il parait difficile de composer une plus remar-
quable représentation de tout ce qui, dans notre so-
ciété lit, médite, gouverne, enseigne, prie, produit,
épargne, agit, combat, travaille. Elle reflète toutes
les expressions de l'opinion et du sentiment français ;
les instincts du peuple, les aspirations de la classe
moyenne, l'intelligence des professions libérales, la
faveur affectueuse de la religion, le patriotisme mi-
litaire, la calme appréciation du magistrat. C'est vé-
ritablement la souscription de la France, de la base
au sommet. »
La Compagnie universelle était fondée; il n'y avait
plus qu'à en organiser les rouages intérieurs. C'est
ce que je fis en formant un conseil d'administration
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