Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1862 15 juin 1862
Description : 1862/06/15 (A7,N144). 1862/06/15 (A7,N144).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032981
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 193
ASSOCIATION POLYTECHNIQUE.
Présidence de M. Perdonnet.
Séance du 1er juin 1862.
Conférence sur les travaux du canal de Suez
et le sort des ouvriers en Egypte,
PAR
M. FERDINAND DE LESSEPS.
L'Association polytechnique, instituée four répan-
dre les connaissances scientifiques dans le sein des
classes laborieuses, et dont l'enseignement est si ap-
précié et si fréquenté par la population parisienne,
a, au nom de ses nombreux auditeurs, invité M. Fer-
dinand de Lesseps à venir les entretenir du canal
de Suez et des questions qui s'y rattachent au point
de vue du travail égyptien. Malgré son inexpérience
dans une fonction de cette nature, M. de Lesseps
n'a pas cru pouvoir décliner une invitation aussi
honorable pour lui que sympathique pour l'œuvre
qu'il dirige. En conséquence, il a été convenu qu'il
ferait le dimanche 1er juin, à 10 heures du matin,
l'exposition qui lui était demandée.
Un orateur disait récemment devant le Parlement
d'Angleterre, que le percement de l'isthme était une
entreprise « rivée » dans les affections des Français.
La journée du 1er juin a prouvé avec éclat la pro-
fonde vérité de cette observation.
La nouvelle de cette communication avait attiré à
l'École de médecine une foule de personnes intelli-
gentes de toutes les classes. Dès heures, une masse
compacte envahissait la cour de l'École et assié-
geait toutes les issues qui conduisent à l'amphi-
théâtre. Les portes ont été ouvertes à 9 heures;
immédiatement les bancs de l'enceinte ont tous été
occupés. Pas une place n'était vide. Dans cette réu-
nion, on distinguait des diplomates, des sénateurs,
des députés, des magistrats, des fonctionnaires de
tous les rangs, des écrivains, un grand nombre de
dames, d'élèves de nos diverses Écoles, des hommes
du peuple, des ouvriers de nos principales usines.
L'Ecole polytechnique y était représentée par soixante
à quatre-vingts de ses membres, et un pareil nom-
bre au moins n'a pu pénétrer dans la salle. Deux
mille personnes se pressaient dans cette enceinte,
trop restreinte cependant pour recevoir tous ceux
qui étaient accourus, et qui, débordant au dehors,
n'ont cessé de remplir la cour extérieure et d'y sta-
tionner jusqu'à la fin de la séance.
A 10 heures précises, M. Perdonnet, président de
iP7ïSsoeiatiqn, est entré dans l'assemblée, tenant par
la main M. Ferdinand de Lesseps. Aussitôt une ex-
plosion d'applaudissements a éclaté et s'est prolon-
gée pendant plusieurs minutes. Ils redoublent en-
core après la première émotion. La sympathie et
l'enthousiasme animent tous les visages. Jamais la
pensée de l'union des deux mers n'a reçu une sanc-
tion plus ardente et plus unanime. Il y a sur toutes
les physionomies un inexprimable sentiment d'ac-
cueil affectueux et d'une sorte de solidarité résolue
avec l'œuvre dont on vient écouter et saluer l'his-
toire et les progrès. Au milieu de ces applaudisse-
ments qui se renouvellent sans fléchir, M. le prési-
dent fait signe de la main ; le plus profond silence
s'établit ; la séance est ouverte.
M. le président. — Messieurs, avant de s'adresser à
vous, M. Ferdinand de Lesseps désire que je vous le
présente. En vérité, Messieurs, vous penserez comme
moi que ce n'était nullement nécessaire. (Bravos et ap-
plaudissements prolongés.) Quand on s'appelle Ferdi-
nand de Lesseps, on n'a besoin d'être présenté à qui
que ce soit. (Vive adhésion et nouveaux applaudisse-
ments ) Qui ne sait, Messieurs, la lutte qu'a soutenue
et que soutient encore M. de Lesseps, simple particu-
lier, contre tous les efforts du gouvernement anglais?
(Bravo I bravo 1)
M. Ferdinand de Lesseps. — Messieurs, il ne faut pas
confondre quelques membres du gouvernement an-
glais avec la nation anglaise qui m'a accueilli avec
une grande sympathie ; qui, dans une occasion sem-
blable à celle-ci, a couvert ma voix des mêmes ap-
plaudissements que vous me prodiguez avec tant de
bienveillance. (Très-bien, très-bien!)
M. le président. — Contre le gouvernement anglais,
qu'il ne faut pas confondre, comme le dit M. de Les-
seps, avec la nation anglaise. (Non, non ! bravos !)
Le gouvernement anglais est jaloux, il faut bien le
dire, malgré les protestations tardives de ses hommes
d'Etat, il est jaloux de tout ce qui peut contribuer à la
grandeur de la France. M. de Lesseps, en dépit de ses
ennemis, en dépit des calomnies dont il a été l'objet
dans un grand nombre de journaux inspirés par le
gouvernement anglais — calomnies auxquelles il a ré-
pondu avec une modération excessive, selon moi —
M. de Lesseps triomphera. Grâce à sa persévérance, à
son habileté, à son infatigable activité, grâce aussi à
la protection que lui accorde le gouvernement fran-
çais.
M. Ferdinand de Lesseps. — Et à l'opinion publique !
M. le président. — Grâce surtout à la protection éclai-
rée qu'il a obtenue du vice-roi d'Egypte actuel, au-
jourd'hui à Paris, Saïd-Pacha, petit-fils de Méhémet-
Ali, qui continue et qui complétera l'œuvre de régéné-
ration commencée par son grand-père (Vifs applaudis-
sements.), M. de Lesseps mènera à bonne fin l'œuvre
magnifique qu'il a entreprise, et à laquelle ont con-
couru avec lui des ingénieurs tous Français, tous élèves
de l'Ecole polytechnique (Très-bien, très-bien!): Tala-
bot, Mougel, Voisin, Sciama, etc.; et alors la France, qui
est toujours en tête du progrès, dont le drapeau, vous
le savez, précède toujours une grande idée, la France
sera fière de dire : C'est un de mes enfants qui a exé-
cuté, au profit de toutes les nations, de l'humanité tout
ASSOCIATION POLYTECHNIQUE.
Présidence de M. Perdonnet.
Séance du 1er juin 1862.
Conférence sur les travaux du canal de Suez
et le sort des ouvriers en Egypte,
PAR
M. FERDINAND DE LESSEPS.
L'Association polytechnique, instituée four répan-
dre les connaissances scientifiques dans le sein des
classes laborieuses, et dont l'enseignement est si ap-
précié et si fréquenté par la population parisienne,
a, au nom de ses nombreux auditeurs, invité M. Fer-
dinand de Lesseps à venir les entretenir du canal
de Suez et des questions qui s'y rattachent au point
de vue du travail égyptien. Malgré son inexpérience
dans une fonction de cette nature, M. de Lesseps
n'a pas cru pouvoir décliner une invitation aussi
honorable pour lui que sympathique pour l'œuvre
qu'il dirige. En conséquence, il a été convenu qu'il
ferait le dimanche 1er juin, à 10 heures du matin,
l'exposition qui lui était demandée.
Un orateur disait récemment devant le Parlement
d'Angleterre, que le percement de l'isthme était une
entreprise « rivée » dans les affections des Français.
La journée du 1er juin a prouvé avec éclat la pro-
fonde vérité de cette observation.
La nouvelle de cette communication avait attiré à
l'École de médecine une foule de personnes intelli-
gentes de toutes les classes. Dès heures, une masse
compacte envahissait la cour de l'École et assié-
geait toutes les issues qui conduisent à l'amphi-
théâtre. Les portes ont été ouvertes à 9 heures;
immédiatement les bancs de l'enceinte ont tous été
occupés. Pas une place n'était vide. Dans cette réu-
nion, on distinguait des diplomates, des sénateurs,
des députés, des magistrats, des fonctionnaires de
tous les rangs, des écrivains, un grand nombre de
dames, d'élèves de nos diverses Écoles, des hommes
du peuple, des ouvriers de nos principales usines.
L'Ecole polytechnique y était représentée par soixante
à quatre-vingts de ses membres, et un pareil nom-
bre au moins n'a pu pénétrer dans la salle. Deux
mille personnes se pressaient dans cette enceinte,
trop restreinte cependant pour recevoir tous ceux
qui étaient accourus, et qui, débordant au dehors,
n'ont cessé de remplir la cour extérieure et d'y sta-
tionner jusqu'à la fin de la séance.
A 10 heures précises, M. Perdonnet, président de
iP7ïSsoeiatiqn, est entré dans l'assemblée, tenant par
la main M. Ferdinand de Lesseps. Aussitôt une ex-
plosion d'applaudissements a éclaté et s'est prolon-
gée pendant plusieurs minutes. Ils redoublent en-
core après la première émotion. La sympathie et
l'enthousiasme animent tous les visages. Jamais la
pensée de l'union des deux mers n'a reçu une sanc-
tion plus ardente et plus unanime. Il y a sur toutes
les physionomies un inexprimable sentiment d'ac-
cueil affectueux et d'une sorte de solidarité résolue
avec l'œuvre dont on vient écouter et saluer l'his-
toire et les progrès. Au milieu de ces applaudisse-
ments qui se renouvellent sans fléchir, M. le prési-
dent fait signe de la main ; le plus profond silence
s'établit ; la séance est ouverte.
M. le président. — Messieurs, avant de s'adresser à
vous, M. Ferdinand de Lesseps désire que je vous le
présente. En vérité, Messieurs, vous penserez comme
moi que ce n'était nullement nécessaire. (Bravos et ap-
plaudissements prolongés.) Quand on s'appelle Ferdi-
nand de Lesseps, on n'a besoin d'être présenté à qui
que ce soit. (Vive adhésion et nouveaux applaudisse-
ments ) Qui ne sait, Messieurs, la lutte qu'a soutenue
et que soutient encore M. de Lesseps, simple particu-
lier, contre tous les efforts du gouvernement anglais?
(Bravo I bravo 1)
M. Ferdinand de Lesseps. — Messieurs, il ne faut pas
confondre quelques membres du gouvernement an-
glais avec la nation anglaise qui m'a accueilli avec
une grande sympathie ; qui, dans une occasion sem-
blable à celle-ci, a couvert ma voix des mêmes ap-
plaudissements que vous me prodiguez avec tant de
bienveillance. (Très-bien, très-bien!)
M. le président. — Contre le gouvernement anglais,
qu'il ne faut pas confondre, comme le dit M. de Les-
seps, avec la nation anglaise. (Non, non ! bravos !)
Le gouvernement anglais est jaloux, il faut bien le
dire, malgré les protestations tardives de ses hommes
d'Etat, il est jaloux de tout ce qui peut contribuer à la
grandeur de la France. M. de Lesseps, en dépit de ses
ennemis, en dépit des calomnies dont il a été l'objet
dans un grand nombre de journaux inspirés par le
gouvernement anglais — calomnies auxquelles il a ré-
pondu avec une modération excessive, selon moi —
M. de Lesseps triomphera. Grâce à sa persévérance, à
son habileté, à son infatigable activité, grâce aussi à
la protection que lui accorde le gouvernement fran-
çais.
M. Ferdinand de Lesseps. — Et à l'opinion publique !
M. le président. — Grâce surtout à la protection éclai-
rée qu'il a obtenue du vice-roi d'Egypte actuel, au-
jourd'hui à Paris, Saïd-Pacha, petit-fils de Méhémet-
Ali, qui continue et qui complétera l'œuvre de régéné-
ration commencée par son grand-père (Vifs applaudis-
sements.), M. de Lesseps mènera à bonne fin l'œuvre
magnifique qu'il a entreprise, et à laquelle ont con-
couru avec lui des ingénieurs tous Français, tous élèves
de l'Ecole polytechnique (Très-bien, très-bien!): Tala-
bot, Mougel, Voisin, Sciama, etc.; et alors la France, qui
est toujours en tête du progrès, dont le drapeau, vous
le savez, précède toujours une grande idée, la France
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