Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1862 01 juin 1862
Description : 1862/06/01 (A7,N143). 1862/06/01 (A7,N143).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203297m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 1T7
et un an. Des magistrats obligent les enfants à ob-
server l'engagement par lequel ils sont liés, toutes
!es fois qu'ils y résistent, quoique leur consentement
n'ait jamais été demandé. L'apprenti fait partie de
la propriété du maître, tant qu'il est au-dessous de
vingt et un ans. Les héritiers du maître en héritent
en cas de mort de celui-ci. Tel de ces apprentis a
été acheté à un homme par un autre homme, pour
le prix de 12 francs. Il n'est pas rare qu'appar-
tenant à un propriétaire sans argent , celui-ci le
loue et reçoive le prix de son travail excédant le sa-
laire qu'il doit aux parents. L'apprenti est puni par
des coups et par la privation de nourriture. »
Ce tableau a été tracé par l'un des écrivains les
plus populaires de l'Angleterre, et le pays qui lui en
a fourni le sujet, c'est l'Angleterre.
Vous savez mieux que moi, cher monsieur, vous
qui avez défendu avec tant d'éclat et de chaleur la
cause des Hindous, tout ce que je pourrais dire sur
l'état des travailleurs dans les possessions anglaises
de l'Inde, si je voulais consulter vos discours et vos
écrits.
Pourtant si, au nom de la civilisation et de l'hu-
manité, la France se permettait de se mêler à ces
questions douloureuses par ses agents ou par des
observations officielles, quelle juste irritation cette
ingérence ne soulèverait-elle pas en Angleterre, et
pourquoi, si vous avez le droit d'intervenir en
faveur des fellahs d'Egypte, d'autres pays n'au-
raient-ils pas le droit d'intervenir en faveur des ap-
prentis de vos industriels et des Ryots de l'Hin-
doustan ?
C'est que, tout en sentant le besoin de remédier à
de pareils abus, les gouvernements et les peuples
doivent, avant tout, avoir un respect réciproque de
leur dignité et de leur indépendance ; et une inter-
vention irrégulière, bien loin d'adoucir ces plaies,
n'est propre qu'à les envenimer.
Cependant, en ce qui me concerne, je n'admets
pas une fin de non-recevoir dans une question d'hu-
manité. On incrimine la Compagnie de Suez et le
gouvernement égyptien. Je suis prêt à les défendre.
Voyons donc dans quelles conditions fonctionne ce
prétendu travail forcé.
J'invoque l'autorité du discours de lord Henry
Scott, dont vous même avez fait l'éloge. Il a dit :
« Il est vrai qu'un grand ouvrage ne peut être
exécuté, dans les pays orientaux, sans l'intervention
du gouvernement ; mais en se rappelant que les tra-
vailleurs du canal sont régulièrement payés et bien
nourris, on ne peut pas dire que leur travail soit en-
tièrement forcé. Ils vivent, dans l'isthme, beaucoup
mieux qu'ils ne le font, quand ils sont engagés dans
leurs travaux habituels. »
Voici donc un témoin anglais qui constate le bon
traitement des ouvriers. Parlons du recrutement de
ces ouvriers, effectué avec l'aide du gouvernement
égyptien.
Moins qu'aucun autre pays, l'Angleterre est en
état de nier le droit qu'a l'Égypte de lever des ou-
vriers pour les travaux d'utilité publique. C'est par
ce mode de recrutement qu'a été construit, sous le
vice-roi Abbas-Pacha, le chemin de fer d'Alexandrie
au Caire, grâce à la pression et à l'insistance des
agents britanniques. C'est par ce mode de recrute-
ment et sous les mêmes influences, que ce chemin,
si désiré par l'Angleterre, a été prolongé du Caire à
Suez. C'est ainsi encore que, récemment, de fortes
tempêtes ou des débordements du Nil ayant occa-
sionné d'énormes dégâts à cette voie ferrée, des ar-
mées d'ouvriers ont été rassemblées. Le chiffre s'en
est élevé, il y a peu de mois, à cinquante mille hom-
mes, réunis en si grand nombre, pour empêcher une
longue interruption dans le service du transport des
malles entre l'Inde et l'Angleterre.
Je ne parle pas des souffrances causées par la
précipitation de ces rassemblements dans des solitu-
des, où tous les approvisionnements n'avaient pas
été préparés à l'avance, comme ils l'ont été pour
les opérations du canal de Suez. L'urgence parlait
et l'Angleterre aussi. Mais certes, après de tels faits,
ce n'est point en Angleterre qu'on peut prétendre
que le gouvernement égyptien n'a pas un droit que
l'Angleterre a si souvent invoqué, exploité et en quel-
que sorte imposé.
Ce point étant établi, l'action du gouvernement
pour la réunion d'un grand nombre de travailleurs
était indispensable en Égypte, comme dans le reste
de l'empire ottoman ; la négation de cette faculté
n'étant que la négation de la possibilité de l'exécu-
tion de toute œuvre d'utilité publique dans les pays
orientaux, il reste à examiner si au point de vue de
l'intérêt général, et surtout au point de vue de l'hu-
manité, tout n'a pas été combiné, dans les arrange-
ments contractés entre la Compagnie et le vice-roi,
pour le bien-être des fellahs et pour le perfectionne-
ment des conditions du travail demandé à la popu-
lation égyptienne.
Vous avez parlé, cher monsieur, du traité conclu
entre Son Altesse et la Compagnie du canal, dans
le but de prévenir la trop grande affluence des étran-
gers en Égypte et d'assurer aux travaux les bras
qui leur sont nécessaires. J'ajouterai que cet arran-
gement a eu pour cause déterminante, l'intention
d'enlever à votre gouvernement l'une de ses inquié-
tudes : celle de voir la Compagnie menacer l'indé-
pendance égyptienne par une agglomération consi-
dérable de travailleurs européens. Le gouvernement
égyptien est lié par ce contrat, qui est l'une des
bases sur lesquelles les actionnaires ont été appelés
à souscrire. Son inexécution serait le seul cas qui
pourrait autoriser notre gouvernement à intervenir
et un an. Des magistrats obligent les enfants à ob-
server l'engagement par lequel ils sont liés, toutes
!es fois qu'ils y résistent, quoique leur consentement
n'ait jamais été demandé. L'apprenti fait partie de
la propriété du maître, tant qu'il est au-dessous de
vingt et un ans. Les héritiers du maître en héritent
en cas de mort de celui-ci. Tel de ces apprentis a
été acheté à un homme par un autre homme, pour
le prix de 12 francs. Il n'est pas rare qu'appar-
tenant à un propriétaire sans argent , celui-ci le
loue et reçoive le prix de son travail excédant le sa-
laire qu'il doit aux parents. L'apprenti est puni par
des coups et par la privation de nourriture. »
Ce tableau a été tracé par l'un des écrivains les
plus populaires de l'Angleterre, et le pays qui lui en
a fourni le sujet, c'est l'Angleterre.
Vous savez mieux que moi, cher monsieur, vous
qui avez défendu avec tant d'éclat et de chaleur la
cause des Hindous, tout ce que je pourrais dire sur
l'état des travailleurs dans les possessions anglaises
de l'Inde, si je voulais consulter vos discours et vos
écrits.
Pourtant si, au nom de la civilisation et de l'hu-
manité, la France se permettait de se mêler à ces
questions douloureuses par ses agents ou par des
observations officielles, quelle juste irritation cette
ingérence ne soulèverait-elle pas en Angleterre, et
pourquoi, si vous avez le droit d'intervenir en
faveur des fellahs d'Egypte, d'autres pays n'au-
raient-ils pas le droit d'intervenir en faveur des ap-
prentis de vos industriels et des Ryots de l'Hin-
doustan ?
C'est que, tout en sentant le besoin de remédier à
de pareils abus, les gouvernements et les peuples
doivent, avant tout, avoir un respect réciproque de
leur dignité et de leur indépendance ; et une inter-
vention irrégulière, bien loin d'adoucir ces plaies,
n'est propre qu'à les envenimer.
Cependant, en ce qui me concerne, je n'admets
pas une fin de non-recevoir dans une question d'hu-
manité. On incrimine la Compagnie de Suez et le
gouvernement égyptien. Je suis prêt à les défendre.
Voyons donc dans quelles conditions fonctionne ce
prétendu travail forcé.
J'invoque l'autorité du discours de lord Henry
Scott, dont vous même avez fait l'éloge. Il a dit :
« Il est vrai qu'un grand ouvrage ne peut être
exécuté, dans les pays orientaux, sans l'intervention
du gouvernement ; mais en se rappelant que les tra-
vailleurs du canal sont régulièrement payés et bien
nourris, on ne peut pas dire que leur travail soit en-
tièrement forcé. Ils vivent, dans l'isthme, beaucoup
mieux qu'ils ne le font, quand ils sont engagés dans
leurs travaux habituels. »
Voici donc un témoin anglais qui constate le bon
traitement des ouvriers. Parlons du recrutement de
ces ouvriers, effectué avec l'aide du gouvernement
égyptien.
Moins qu'aucun autre pays, l'Angleterre est en
état de nier le droit qu'a l'Égypte de lever des ou-
vriers pour les travaux d'utilité publique. C'est par
ce mode de recrutement qu'a été construit, sous le
vice-roi Abbas-Pacha, le chemin de fer d'Alexandrie
au Caire, grâce à la pression et à l'insistance des
agents britanniques. C'est par ce mode de recrute-
ment et sous les mêmes influences, que ce chemin,
si désiré par l'Angleterre, a été prolongé du Caire à
Suez. C'est ainsi encore que, récemment, de fortes
tempêtes ou des débordements du Nil ayant occa-
sionné d'énormes dégâts à cette voie ferrée, des ar-
mées d'ouvriers ont été rassemblées. Le chiffre s'en
est élevé, il y a peu de mois, à cinquante mille hom-
mes, réunis en si grand nombre, pour empêcher une
longue interruption dans le service du transport des
malles entre l'Inde et l'Angleterre.
Je ne parle pas des souffrances causées par la
précipitation de ces rassemblements dans des solitu-
des, où tous les approvisionnements n'avaient pas
été préparés à l'avance, comme ils l'ont été pour
les opérations du canal de Suez. L'urgence parlait
et l'Angleterre aussi. Mais certes, après de tels faits,
ce n'est point en Angleterre qu'on peut prétendre
que le gouvernement égyptien n'a pas un droit que
l'Angleterre a si souvent invoqué, exploité et en quel-
que sorte imposé.
Ce point étant établi, l'action du gouvernement
pour la réunion d'un grand nombre de travailleurs
était indispensable en Égypte, comme dans le reste
de l'empire ottoman ; la négation de cette faculté
n'étant que la négation de la possibilité de l'exécu-
tion de toute œuvre d'utilité publique dans les pays
orientaux, il reste à examiner si au point de vue de
l'intérêt général, et surtout au point de vue de l'hu-
manité, tout n'a pas été combiné, dans les arrange-
ments contractés entre la Compagnie et le vice-roi,
pour le bien-être des fellahs et pour le perfectionne-
ment des conditions du travail demandé à la popu-
lation égyptienne.
Vous avez parlé, cher monsieur, du traité conclu
entre Son Altesse et la Compagnie du canal, dans
le but de prévenir la trop grande affluence des étran-
gers en Égypte et d'assurer aux travaux les bras
qui leur sont nécessaires. J'ajouterai que cet arran-
gement a eu pour cause déterminante, l'intention
d'enlever à votre gouvernement l'une de ses inquié-
tudes : celle de voir la Compagnie menacer l'indé-
pendance égyptienne par une agglomération consi-
dérable de travailleurs européens. Le gouvernement
égyptien est lié par ce contrat, qui est l'une des
bases sur lesquelles les actionnaires ont été appelés
à souscrire. Son inexécution serait le seul cas qui
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