Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1862 01 juillet 1862
Description : 1862/07/01 (A7,N145). 1862/07/01 (A7,N145).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203299f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
208 L'ISTHME DE SUEZ,
vice-roi m'accorda une nouvelle concession confir-
mative de la première, et rédigea les statuts destinés
à régir la compagnie financière qu'il restait à cons-
tituer. Il m'ordonna de presser les travaux définitifs
de la commission internationale, préliminaire indis-
pensable pour la formation de la compagnie univer-
selle.
Je me hâtai, on le pense bien, d'obéir à de tels
ordres. La commission internationale fut réunie de
nouveau à Paris. La sous-commission d'Égypte lui
soumit les notes et les observations qu'elle avait re-
cueillies, les plans qu'elle avait préparés. Dans cet in-
tervalle la polémique anglaise avait soulevé de nou-
velles objections sur les inconvénients prétendus de
la baie de Péluse. Elle était inabordable, elle était
intenab'e. Pleine du sentiment de sa responsabilité,
jalouse de ne rien négliger pour s'éclairer et pour
éclairer le public, la commission internationale dé-
cida qu'il serait demandé au vice-roi un de ses na-
vires destiné, sous les ordres d'un officier intelligent
et expérimenté, à séjourner tout un hiver dans la baie
de Péluse, à y étudier le régime de la Méditerranée
sur cette côte, et à recueillir tous les renseignements
capables de fixer son opinion. Elle s'ajourna jusqu'à
ce que ces renseignements supplémentaires lui fussent
parvenus.
Je partis pour diriger l'exécution du programme
de la commission. J'obtins de Son Altesse le navire
nécessaire aux expériences. Le commandement en fut
confié à un marin marseillais digne de toute con-
fiance, qui, sans broncher, stationna tout l'hiver dans
la baie de Péluse, et j'usai du loisir que me faisait
ce retard pour accompagner le vice-roi dans une vi-
site qu'il avait résolue à ses provinces lointaines du
Sennaar. Nous remontâmes le Nil, pendant 800 lieues
et je pus étudier de mes yeux les populations éthio-
piennes jusqu'au fleuve Bleu et au fleuve Blanc ;
nous revînmes par terre jusqu'à la deuxième ca-
taracte. Ces contrées, indiquées sur les cartes
comme déserts ou sables mobiles , sont pourtant
remplies de territoires fertiles, de riches vallées
occupées par une population très-intéressante. Au
retour le prince arrêta un budget réglant les dé-
penses des travaux préparatoires, se chargea d'en
faire les avances, et rendit le décret qui, en assurant
à la future compagnie les ouvriers indigènes qui se-
raient nécessaires, stipulait pour ces derniers des
conditions de travail et de bon traitement jusqu'ici
à peu près inconnues en Egypte.
Nous étions en 1857 ; l'hiver était passé. Les ques-
tions relatives à la baie de Péluse étaient victo-
rieusement résolues.
La commission internationale, munie des nouveaux
ents que je lui apportais, s'assembla pour ne
séparer qu'après avoir complètement accom-
ÇÎ'i la fission à laquelle elle avait été appelée. Le
7
magnifique rapport par lequel, après avoir posé et
débattu toutes les questions, elle présentait à tous
les points de vue la solution du problème, produisit
dans le monde entier une légitime sensation. Il donna
au sentiment public l'autorité démontrée de la
science. Il détermina les manifestations les plus
éclatantes parmi les grandes municipalités étran-
gères, les chambres de commerce, les conseils dé-
partementaux. Il obtint la sanction des corps savants
de l'Europe, à Vienne, à la Haye, à Harlem, à Flo-
rence, à Rome, à Turin, à Naples, à Barcelone, à
Madrid, à Saint-Pétersbourg, etc , et l'Académie
des sciences de Paris, par la voix de son rapporteur,
M. le baron Charles Dupin, déclara que « la concep-
tion et les moyens d'exécution du canal de Suez
étaient les dignes apprêts d'une entreprise utile à
l'ensemble du genre humain. »
Dans cette situation je crus devoir retourner en
Angleterre, oùsousdes inspirations dont il est facile de
deviner la source, une partie de la presse faisait au
projet une guerre acharnée. A Londres, je commençai
par faire publier le rapport si désicif de la commis-
sion internationale. Ensuite je pris la résolution de
m'adresser directement moi-même à cette opinion
anglaise qu'on cherchait à égarer..
Je parcourus, accompagné de notre agent anglais,
M. Daniel Adolphus Lange, le Royaume-Uni, l'An-
gleterre , l'Ecosse et l'Irlande. Dire toutes les villes
où je me présentai ce serait nommer à. peu près
toutes les grandes cités commerciales des trois
royaumes. Partout je me fis entendre dans des mee-
tings publics, nombreux, présidés par les citoyens
les plus considérables, souvent convoqués par les
chambres de commerce elles-mêmes. Je dois ici un
plein hommage au peuple anglais : partout je fus
accueilli avec faveur, écouté avec intérêt et sim-
paihie. Après mes explications, tous ces meetings et
les chambres de commerce de Liverpool, de Man-
chester, de Birmingham, de Hull, de Belfast, de
Dublin, d'Edimbourg, de Newcastle, votèrent en fa-
veur du projet une adhésion unanime, et plus d'une
fois les encouragements qui lui furent décernés al-
lèrent jusqu'à l'enthousiasme.
Je revins à Paris avec les procès-verbaux de ces
réunions préalablement reproduits dans tous les
journaux d'Angleterre.
Ces manifestations devenaient fort embarrassantes
pour les adversaires puissants, mais isolés, du canal.
Pour les arrêter, lord Palmerston usa d'un procédé
dont il connaissait l'efficacité sur l'opinion anglaise,
fort disciplinée quant aux questions extérieures et ré-
pugnant à se mettre, dans ces délicates matières, en
contradiction ouverte avec son gouvernement. Aux
vives attaques de la presse ministérielle vinrent se
joindre des attaques non moins vives au sein du
Parlement britannique, et, dans ses emportements
vice-roi m'accorda une nouvelle concession confir-
mative de la première, et rédigea les statuts destinés
à régir la compagnie financière qu'il restait à cons-
tituer. Il m'ordonna de presser les travaux définitifs
de la commission internationale, préliminaire indis-
pensable pour la formation de la compagnie univer-
selle.
Je me hâtai, on le pense bien, d'obéir à de tels
ordres. La commission internationale fut réunie de
nouveau à Paris. La sous-commission d'Égypte lui
soumit les notes et les observations qu'elle avait re-
cueillies, les plans qu'elle avait préparés. Dans cet in-
tervalle la polémique anglaise avait soulevé de nou-
velles objections sur les inconvénients prétendus de
la baie de Péluse. Elle était inabordable, elle était
intenab'e. Pleine du sentiment de sa responsabilité,
jalouse de ne rien négliger pour s'éclairer et pour
éclairer le public, la commission internationale dé-
cida qu'il serait demandé au vice-roi un de ses na-
vires destiné, sous les ordres d'un officier intelligent
et expérimenté, à séjourner tout un hiver dans la baie
de Péluse, à y étudier le régime de la Méditerranée
sur cette côte, et à recueillir tous les renseignements
capables de fixer son opinion. Elle s'ajourna jusqu'à
ce que ces renseignements supplémentaires lui fussent
parvenus.
Je partis pour diriger l'exécution du programme
de la commission. J'obtins de Son Altesse le navire
nécessaire aux expériences. Le commandement en fut
confié à un marin marseillais digne de toute con-
fiance, qui, sans broncher, stationna tout l'hiver dans
la baie de Péluse, et j'usai du loisir que me faisait
ce retard pour accompagner le vice-roi dans une vi-
site qu'il avait résolue à ses provinces lointaines du
Sennaar. Nous remontâmes le Nil, pendant 800 lieues
et je pus étudier de mes yeux les populations éthio-
piennes jusqu'au fleuve Bleu et au fleuve Blanc ;
nous revînmes par terre jusqu'à la deuxième ca-
taracte. Ces contrées, indiquées sur les cartes
comme déserts ou sables mobiles , sont pourtant
remplies de territoires fertiles, de riches vallées
occupées par une population très-intéressante. Au
retour le prince arrêta un budget réglant les dé-
penses des travaux préparatoires, se chargea d'en
faire les avances, et rendit le décret qui, en assurant
à la future compagnie les ouvriers indigènes qui se-
raient nécessaires, stipulait pour ces derniers des
conditions de travail et de bon traitement jusqu'ici
à peu près inconnues en Egypte.
Nous étions en 1857 ; l'hiver était passé. Les ques-
tions relatives à la baie de Péluse étaient victo-
rieusement résolues.
La commission internationale, munie des nouveaux
ents que je lui apportais, s'assembla pour ne
séparer qu'après avoir complètement accom-
ÇÎ'i la fission à laquelle elle avait été appelée. Le
7
magnifique rapport par lequel, après avoir posé et
débattu toutes les questions, elle présentait à tous
les points de vue la solution du problème, produisit
dans le monde entier une légitime sensation. Il donna
au sentiment public l'autorité démontrée de la
science. Il détermina les manifestations les plus
éclatantes parmi les grandes municipalités étran-
gères, les chambres de commerce, les conseils dé-
partementaux. Il obtint la sanction des corps savants
de l'Europe, à Vienne, à la Haye, à Harlem, à Flo-
rence, à Rome, à Turin, à Naples, à Barcelone, à
Madrid, à Saint-Pétersbourg, etc , et l'Académie
des sciences de Paris, par la voix de son rapporteur,
M. le baron Charles Dupin, déclara que « la concep-
tion et les moyens d'exécution du canal de Suez
étaient les dignes apprêts d'une entreprise utile à
l'ensemble du genre humain. »
Dans cette situation je crus devoir retourner en
Angleterre, oùsousdes inspirations dont il est facile de
deviner la source, une partie de la presse faisait au
projet une guerre acharnée. A Londres, je commençai
par faire publier le rapport si désicif de la commis-
sion internationale. Ensuite je pris la résolution de
m'adresser directement moi-même à cette opinion
anglaise qu'on cherchait à égarer..
Je parcourus, accompagné de notre agent anglais,
M. Daniel Adolphus Lange, le Royaume-Uni, l'An-
gleterre , l'Ecosse et l'Irlande. Dire toutes les villes
où je me présentai ce serait nommer à. peu près
toutes les grandes cités commerciales des trois
royaumes. Partout je me fis entendre dans des mee-
tings publics, nombreux, présidés par les citoyens
les plus considérables, souvent convoqués par les
chambres de commerce elles-mêmes. Je dois ici un
plein hommage au peuple anglais : partout je fus
accueilli avec faveur, écouté avec intérêt et sim-
paihie. Après mes explications, tous ces meetings et
les chambres de commerce de Liverpool, de Man-
chester, de Birmingham, de Hull, de Belfast, de
Dublin, d'Edimbourg, de Newcastle, votèrent en fa-
veur du projet une adhésion unanime, et plus d'une
fois les encouragements qui lui furent décernés al-
lèrent jusqu'à l'enthousiasme.
Je revins à Paris avec les procès-verbaux de ces
réunions préalablement reproduits dans tous les
journaux d'Angleterre.
Ces manifestations devenaient fort embarrassantes
pour les adversaires puissants, mais isolés, du canal.
Pour les arrêter, lord Palmerston usa d'un procédé
dont il connaissait l'efficacité sur l'opinion anglaise,
fort disciplinée quant aux questions extérieures et ré-
pugnant à se mettre, dans ces délicates matières, en
contradiction ouverte avec son gouvernement. Aux
vives attaques de la presse ministérielle vinrent se
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