Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-07-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juillet 1862 01 juillet 1862
Description : 1862/07/01 (A7,N145). 1862/07/01 (A7,N145).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203299f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
èl2 L'ISTHME DE SUEZ,
que -nous devons atteindre, à savoir la jonction des
deux mers par un grand canal maritime navigable.
La dépense a été en rapport avec les résultats ob-
tenus , car, après avoir amené des ouvriers dans le
désert il fallait avoir des magasins, des approvision-
nements de toute espèce. En France, en quelque
point que vous ayez à réunir des travailleurs, les
chemins de fer, les voies navigables, les routes car-
rosables ne cessent de vous alimenter; vous trouvez
partout les ressources qu'offre une société fortement
constituée. Là-bas, dans un désert, tout était à créer
et tout a été créé de façon à assurer l'approvision-
nement et le bien-être de 40,000 hommes. Nous en
avons en ce moment 25,000 ; nous en aurons bientôt
40,000.
Je vous ai parlé, dans notre dernière conférence,
du service médical, nos médecins en effet, sont ad-
mirables de dévouement, et c'est un devoir pour
moi, dans cette enceinte consacrée à l'étude de la
médecine, de leur rendre de nouveau l'hommage
qu'ils ont si bien mérité. On nous a accusés de né-
gliger les Arabes et même de les dépouiller du fruit
de leur travail ; nos médecins donnent leur vie
pour eux ! Permettez-moi de vous lire une lettre qui,
dans de douloureuses circonstances , m'était récem-
ment écrite par M. Aubert-Roche, notre médecin en
chef :
« Je commence par vous dire que, malgré la nou-
velle que je vais vous donner, la santé dans l'is-
thme demeure excellente.
» Une épidémie de typhus s'est manifestée au
chantier n° 6, sur le seuil. Grâces aux mesures pri-
ses par le service de santé, quinze hommes seule-
ment ont succombé. Cette épidémie ne s'est pas dé-
veloppée ; elle serait même passée inaperçue, si le
corps médical n'avait été gravement frappé.
» Le. docteur Bougoin et le pharmacien Voss sont
les seuls Européens qui aient été atteints. Le docteur
Bougoin est mort; il avait trente-cinq ans. C'est
une perte cruelle'. Vous savez combien il avait
donné de preuves d'intelligence et de dévouement. Il
a été frappé au champ d'honneur. Le pharmacien
Voss va mieux et sera sauvé.
» Le docteur égyptien Ibrahim a été également
atteint, ainsi que son aide-médecin arabe; le pre-
mier est guéri, le second n'est pas encore hors de
danger.
» Cette épidémie, apportée par un contingent ve-
nant de la haute Egypte, ne modifie en rien l'opi-
nion que l'on doit avoir sur la salubrité de l'isthme.
Elle la démontre, au contraire, par la rapide extinc-
tion de la maladie venue du dehors. Loin de se ré-
pandre, le typhus s'est concentré parmi les hommes
seuls du contingent qui l'avait apporté avec lui, et
qui étaient cantonnés au chantier no 6, au nombre
de 1,825.
- » Les autres contingents agglomérés à leur suite
s'élevaient à 20,657 hommes, parmi lesquels il n'y a
pas eu un seul mort ni un seul cas de typhus.
» L'épidémie a commencé le 14 avril. Elle a duré
un mois. La cause nous en est parfaitement connue.
Personne sur les chantiers ne s'en est douté. Les
précautions avaient été prises et les malades ont été
traités sans qu'on prononçât le nom de la maladie.
La mort seule du docteur Bougoin a jeté un instant
quelque alarme dans les esprits.
» Aujourd'hui tout est terminé. Les inquiétudes
ont disparu. C'est surtout le service de santé qui a
souffert. Le docteur Companyo, dont la conduite a été
admirable, a dû céder à la fatigue et s'aliter. Nous
avons renouvelé et doublé le service médical au seuil,
installé préventivement dans chaque chantier des
ambulances avec des médecins arabes. Partout le ser-
vice est assuré.
» En regard de la situation d'extrême salubrité de
l'isthme pour notre personnel d'employés et d'ou-
vriers, voici la situation de notre corps médical au-
quel est confiée une si grave mission :
» Le docteur Panet est mort l'année dernière ; le
docteur Bougoincette année ; le docteur Bourbou-
baki est gravement malade ; le docteur Ibrahim vient
d'échapper au typhus ; la santé du docteur Com-
panyo est affectée; le pharmacien Voss est encore
souffrant.
» Nous continuerons tous, jusqu'au bout, à payer
de nos personnes. » (Vifs applaudissements.).
Je vous ai montré quelles étaient les ressources
de la Compagnie universelle et ses moyens d'exécu-
tion; il me reste à vous indiquer les avantages que
retireront de cette grande œuvre ceux qui lui donnent
leur concours. Bien que vous n'ayez par intérêt à
-examiner ce côté de la question, il est utile que cha-
cun de vous sache qu'une entreprise, dans laquelle
un capital de 200 millions a été engagé, ne sera pas
sans rémunération pour les fonds qui s'y sont asso-
ciés.
Nous avons troisjbranches considérables de reve-
nus; nous avons le passage de la navigation dans
notre canal maritime, et ce passage du commerce du
monde mettant en communication l'Europe et l'Amé-
rique avec l'Asie;l'Afrique et l'Océanie, nous promet
certes une belle moisson. (M. de Lesseps indique la carte
du globe.) Voici le golfe du Mexique où sont main-
tenant nos soldats ; voici New-York, Boston, le Ca-
nada. Ainsi, de l'ouest à l'est le courant est direct
sur l'Egypte et sur les Indes. Aujourd'hui, l'Eu-
rope est obligée de faire 6,000 lieues, de longer
le Brésil afin de prendre les vents alisés, de couper
la ligne deux fois pour arriver dans ces grands
archipels, dans ces grands continents baignés
par les mers asiatiques. Vous voyez que 'de temps
perdu : notre route abrége la distance de trois
que -nous devons atteindre, à savoir la jonction des
deux mers par un grand canal maritime navigable.
La dépense a été en rapport avec les résultats ob-
tenus , car, après avoir amené des ouvriers dans le
désert il fallait avoir des magasins, des approvision-
nements de toute espèce. En France, en quelque
point que vous ayez à réunir des travailleurs, les
chemins de fer, les voies navigables, les routes car-
rosables ne cessent de vous alimenter; vous trouvez
partout les ressources qu'offre une société fortement
constituée. Là-bas, dans un désert, tout était à créer
et tout a été créé de façon à assurer l'approvision-
nement et le bien-être de 40,000 hommes. Nous en
avons en ce moment 25,000 ; nous en aurons bientôt
40,000.
Je vous ai parlé, dans notre dernière conférence,
du service médical, nos médecins en effet, sont ad-
mirables de dévouement, et c'est un devoir pour
moi, dans cette enceinte consacrée à l'étude de la
médecine, de leur rendre de nouveau l'hommage
qu'ils ont si bien mérité. On nous a accusés de né-
gliger les Arabes et même de les dépouiller du fruit
de leur travail ; nos médecins donnent leur vie
pour eux ! Permettez-moi de vous lire une lettre qui,
dans de douloureuses circonstances , m'était récem-
ment écrite par M. Aubert-Roche, notre médecin en
chef :
« Je commence par vous dire que, malgré la nou-
velle que je vais vous donner, la santé dans l'is-
thme demeure excellente.
» Une épidémie de typhus s'est manifestée au
chantier n° 6, sur le seuil. Grâces aux mesures pri-
ses par le service de santé, quinze hommes seule-
ment ont succombé. Cette épidémie ne s'est pas dé-
veloppée ; elle serait même passée inaperçue, si le
corps médical n'avait été gravement frappé.
» Le. docteur Bougoin et le pharmacien Voss sont
les seuls Européens qui aient été atteints. Le docteur
Bougoin est mort; il avait trente-cinq ans. C'est
une perte cruelle'. Vous savez combien il avait
donné de preuves d'intelligence et de dévouement. Il
a été frappé au champ d'honneur. Le pharmacien
Voss va mieux et sera sauvé.
» Le docteur égyptien Ibrahim a été également
atteint, ainsi que son aide-médecin arabe; le pre-
mier est guéri, le second n'est pas encore hors de
danger.
» Cette épidémie, apportée par un contingent ve-
nant de la haute Egypte, ne modifie en rien l'opi-
nion que l'on doit avoir sur la salubrité de l'isthme.
Elle la démontre, au contraire, par la rapide extinc-
tion de la maladie venue du dehors. Loin de se ré-
pandre, le typhus s'est concentré parmi les hommes
seuls du contingent qui l'avait apporté avec lui, et
qui étaient cantonnés au chantier no 6, au nombre
de 1,825.
- » Les autres contingents agglomérés à leur suite
s'élevaient à 20,657 hommes, parmi lesquels il n'y a
pas eu un seul mort ni un seul cas de typhus.
» L'épidémie a commencé le 14 avril. Elle a duré
un mois. La cause nous en est parfaitement connue.
Personne sur les chantiers ne s'en est douté. Les
précautions avaient été prises et les malades ont été
traités sans qu'on prononçât le nom de la maladie.
La mort seule du docteur Bougoin a jeté un instant
quelque alarme dans les esprits.
» Aujourd'hui tout est terminé. Les inquiétudes
ont disparu. C'est surtout le service de santé qui a
souffert. Le docteur Companyo, dont la conduite a été
admirable, a dû céder à la fatigue et s'aliter. Nous
avons renouvelé et doublé le service médical au seuil,
installé préventivement dans chaque chantier des
ambulances avec des médecins arabes. Partout le ser-
vice est assuré.
» En regard de la situation d'extrême salubrité de
l'isthme pour notre personnel d'employés et d'ou-
vriers, voici la situation de notre corps médical au-
quel est confiée une si grave mission :
» Le docteur Panet est mort l'année dernière ; le
docteur Bougoincette année ; le docteur Bourbou-
baki est gravement malade ; le docteur Ibrahim vient
d'échapper au typhus ; la santé du docteur Com-
panyo est affectée; le pharmacien Voss est encore
souffrant.
» Nous continuerons tous, jusqu'au bout, à payer
de nos personnes. » (Vifs applaudissements.).
Je vous ai montré quelles étaient les ressources
de la Compagnie universelle et ses moyens d'exécu-
tion; il me reste à vous indiquer les avantages que
retireront de cette grande œuvre ceux qui lui donnent
leur concours. Bien que vous n'ayez par intérêt à
-examiner ce côté de la question, il est utile que cha-
cun de vous sache qu'une entreprise, dans laquelle
un capital de 200 millions a été engagé, ne sera pas
sans rémunération pour les fonds qui s'y sont asso-
ciés.
Nous avons troisjbranches considérables de reve-
nus; nous avons le passage de la navigation dans
notre canal maritime, et ce passage du commerce du
monde mettant en communication l'Europe et l'Amé-
rique avec l'Asie;l'Afrique et l'Océanie, nous promet
certes une belle moisson. (M. de Lesseps indique la carte
du globe.) Voici le golfe du Mexique où sont main-
tenant nos soldats ; voici New-York, Boston, le Ca-
nada. Ainsi, de l'ouest à l'est le courant est direct
sur l'Egypte et sur les Indes. Aujourd'hui, l'Eu-
rope est obligée de faire 6,000 lieues, de longer
le Brésil afin de prendre les vents alisés, de couper
la ligne deux fois pour arriver dans ces grands
archipels, dans ces grands continents baignés
par les mers asiatiques. Vous voyez que 'de temps
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