Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1862 01 juin 1862
Description : 1862/06/01 (A7,N143). 1862/06/01 (A7,N143).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203297m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION; DES DEUX MERS. 175
ser, afin de me mettre en état de lui fournir les ren-
seignements les plus complets sur le sujet. Mais quoi-
que j'aie fait de. mon mieux pour obtenir moi-même ces
informations, je crains de ne pouvoir lui donner une
réponse très-satisfaisante. Relativement à la manière
dont les travailleurs sont employés, voici l'état des
choses :
La concession accordée par le vice-roi d'Egypte, je
parle de l'arrangement original de janvier 1856 avec la
Compagnie à la tête de laquelle était M. de Lesseps,
stipulait que, pour éviter la trop grande affluence des
étrangers en Egypte, les personnes employées aux
travaux du canal ne pourraient jamais dépasser un
cinquième en Européens, les quatre autres cinquièmes
devant être formés exclusivement d'indigènes. La Com-
pagnie a considéré que, conformément aux engagements
du vice-roi, elle avait le droit d'exiger de lui les bras
nécessaires à ses travaux, puisqu'il lui était interdit
de les tirer d'Europe. En juillet 1856, le vice-roi ren-
dit un décret en vertu duquel il s'engagea à fournir
des travailleurs à la Compagnie, et, dans ce décret,
étaient stipulés les soins que ceux qui les employaient
devaient avoir de ces travailleurs. Ils devaient être lo-
gés, approvisionnés, et on devait leur assurer tout le
bien-être convenable. Pendant quelque temps ces per-
sonnes furent payées par la Compagnie. Il paraîtrait,
toutefois, par ce que j'ai entendu dire, que ces paie-
ments étaient faits d'avance ; mais, même dans ces
conditions, les ouvriers travaillaient à contre-cœur, et
un grand nombre d'entre eux s'enfuirent avec l'argent
avancé. Pour éviter cet état de choses, la Compagnie
résolut de ne plus faire d'avances et de ne payer les
ouvriers qu'à la fin de leur tâche.
Il en fut ainsi pendant quelque temps , jusqu'à ce
que les ouvriers eurent des raisons de croire que les
entrepreneurs avaient cessé les paiements. Les entre-
preneurs le nient, je dois le dire pour rendre justice à
M. de Lesseps. Cependant l'année dernière nous avons
reçu des rapports que les entrepreneurs avaient cessé
de payer les hommes eux-mêmes ; que les paiements
étaient effectués partiellement entre les mains des
cheiks des villages, et que la plus forte somme du
travail étant fournie par le vice-roi lui-même , ainsi
que le racontait tout à l'heure le noble lord Scott, qui
nous a donné tant de renseignements d'une façon si
modeste, la valeur en était passée au compte du pacha
qui, comme vous le savez, est très-fortement intéressé
dans lés travaux comme actionnaire.
Ce fait a été avancé d'un côté et dénié de l'autre.
Mais on admettait que les entrepreneurs étaient entrés
en arrangement avec des maisons grecques, au Caire
et autres villes, pour fournir des ouvriers en recevant
une certaine allocation par tête. C'est là un état de
choses qui pourrait conduire à une grande misère.
(Ecoutez, écoutez ! )
Le noble lord (Scott) nous a dit que plusieurs de ces
hommes avaient à faire 100 milles pour recevoir leur
misérable paie. Or, considérant qu'ils ne travaillent
pas plus d'un mois, qu'en étant renvoyés ils ne reçoi-
vent pas plus de six pence (60 centimes) par jour, et
qu'ils ont à faire 10.0 milles (plus de 150 kilomètres)
pour aller chercher les .14 shillings qu'ils ont gagnés
dans le mois, on conçoit aisément que cette situation
n'a rien d'agréable pour eux ; mais beaucoup de ces
hommes viennent de plus loin encore. On en a trouvé
à la hauteur de la première cataracte, se rendant au
canal de Suez, et, comme c'était l'époque de la moisson,
c'était infliger une grande peine et une grande souf-
france, non-seulement aux hommes, mais aussi àleurs
femmes et à leurs enfants. Le noble lord a déclaré que la
Compagnie reconnaissait employer 26,000 de ces tra-
vailleurs ; elle nie qu'elle en emploie 40,000, mais en
fait elle occupe 56,000 hommes, parce que les hommes
sont remplacés mensuellement et qu'il faut un certain
temps pour opérer le changement des ateliers. Tout ce
que je puis dire, c'est qu'il est probable que cet état
de choses amènera beaucoup de souffrance et de mi-
sère dans le pays.
Quant à la question politique , je n'y entrerai pas.
Une petite portion seulement du travail est exécutée,
et un quart du capital a été dépensé.
En ce qui concerne les autres questions qui m'ont été
adressées et l'interprétation du traité entre l'Angleterre
et les autres puissances , toutes les réponses que je
pourrais faire ne jetteraient aucune lumière sur ce
sujet.
(Après ces paroles de M. Layard, le débat est clos.)
Séance du 22 mai.
M. GRIFFITH demande au sous-secrétaire d'Etat
pour les affaires étrangères, si le gouvernement de
Sa Majesté a l'intention de faire des efforts sérieux
afin de prévenir la continuation par le pacha d'E-
gypte de l'emploi du travail forcé sur le canal de
Suez.
M. LAYARD répond que c'est là un sujet à discuter
entre le gouvernement égyptien et la Compagnie du
canal.
LETTRE A M. UYARD,
SOUS-SECRÉTAIRE D'ÉTAT AU FOREIGN-OFFICË,
Par Ferdinand de Lesseps,
Paris, le 23 mai 1862.
Cher monsieur,
Les interpellations qui vous ont été adressées, le
16 de ce mois, à la Chambre des communes, ont
donné lieu, pendant le débat, à des erreurs que je
crois devoir rectifier, parce qu'elles sont de nature à
répandre dans le public de fausses notions sur l'en-
treprise à la tête de lacluelle j'ai l'honneur d'être
placé. Avant de démontrer le peu de fondement des
allégations dirigées contre la Compagnie du canal
de Suez, je reconnais qu'elle a plus d'un motif d'être
satisfaite de cette discussion. Je remarque d'abord,
entre les orateurs qui ont pris part aux débats et
ser, afin de me mettre en état de lui fournir les ren-
seignements les plus complets sur le sujet. Mais quoi-
que j'aie fait de. mon mieux pour obtenir moi-même ces
informations, je crains de ne pouvoir lui donner une
réponse très-satisfaisante. Relativement à la manière
dont les travailleurs sont employés, voici l'état des
choses :
La concession accordée par le vice-roi d'Egypte, je
parle de l'arrangement original de janvier 1856 avec la
Compagnie à la tête de laquelle était M. de Lesseps,
stipulait que, pour éviter la trop grande affluence des
étrangers en Egypte, les personnes employées aux
travaux du canal ne pourraient jamais dépasser un
cinquième en Européens, les quatre autres cinquièmes
devant être formés exclusivement d'indigènes. La Com-
pagnie a considéré que, conformément aux engagements
du vice-roi, elle avait le droit d'exiger de lui les bras
nécessaires à ses travaux, puisqu'il lui était interdit
de les tirer d'Europe. En juillet 1856, le vice-roi ren-
dit un décret en vertu duquel il s'engagea à fournir
des travailleurs à la Compagnie, et, dans ce décret,
étaient stipulés les soins que ceux qui les employaient
devaient avoir de ces travailleurs. Ils devaient être lo-
gés, approvisionnés, et on devait leur assurer tout le
bien-être convenable. Pendant quelque temps ces per-
sonnes furent payées par la Compagnie. Il paraîtrait,
toutefois, par ce que j'ai entendu dire, que ces paie-
ments étaient faits d'avance ; mais, même dans ces
conditions, les ouvriers travaillaient à contre-cœur, et
un grand nombre d'entre eux s'enfuirent avec l'argent
avancé. Pour éviter cet état de choses, la Compagnie
résolut de ne plus faire d'avances et de ne payer les
ouvriers qu'à la fin de leur tâche.
Il en fut ainsi pendant quelque temps , jusqu'à ce
que les ouvriers eurent des raisons de croire que les
entrepreneurs avaient cessé les paiements. Les entre-
preneurs le nient, je dois le dire pour rendre justice à
M. de Lesseps. Cependant l'année dernière nous avons
reçu des rapports que les entrepreneurs avaient cessé
de payer les hommes eux-mêmes ; que les paiements
étaient effectués partiellement entre les mains des
cheiks des villages, et que la plus forte somme du
travail étant fournie par le vice-roi lui-même , ainsi
que le racontait tout à l'heure le noble lord Scott, qui
nous a donné tant de renseignements d'une façon si
modeste, la valeur en était passée au compte du pacha
qui, comme vous le savez, est très-fortement intéressé
dans lés travaux comme actionnaire.
Ce fait a été avancé d'un côté et dénié de l'autre.
Mais on admettait que les entrepreneurs étaient entrés
en arrangement avec des maisons grecques, au Caire
et autres villes, pour fournir des ouvriers en recevant
une certaine allocation par tête. C'est là un état de
choses qui pourrait conduire à une grande misère.
(Ecoutez, écoutez ! )
Le noble lord (Scott) nous a dit que plusieurs de ces
hommes avaient à faire 100 milles pour recevoir leur
misérable paie. Or, considérant qu'ils ne travaillent
pas plus d'un mois, qu'en étant renvoyés ils ne reçoi-
vent pas plus de six pence (60 centimes) par jour, et
qu'ils ont à faire 10.0 milles (plus de 150 kilomètres)
pour aller chercher les .14 shillings qu'ils ont gagnés
dans le mois, on conçoit aisément que cette situation
n'a rien d'agréable pour eux ; mais beaucoup de ces
hommes viennent de plus loin encore. On en a trouvé
à la hauteur de la première cataracte, se rendant au
canal de Suez, et, comme c'était l'époque de la moisson,
c'était infliger une grande peine et une grande souf-
france, non-seulement aux hommes, mais aussi àleurs
femmes et à leurs enfants. Le noble lord a déclaré que la
Compagnie reconnaissait employer 26,000 de ces tra-
vailleurs ; elle nie qu'elle en emploie 40,000, mais en
fait elle occupe 56,000 hommes, parce que les hommes
sont remplacés mensuellement et qu'il faut un certain
temps pour opérer le changement des ateliers. Tout ce
que je puis dire, c'est qu'il est probable que cet état
de choses amènera beaucoup de souffrance et de mi-
sère dans le pays.
Quant à la question politique , je n'y entrerai pas.
Une petite portion seulement du travail est exécutée,
et un quart du capital a été dépensé.
En ce qui concerne les autres questions qui m'ont été
adressées et l'interprétation du traité entre l'Angleterre
et les autres puissances , toutes les réponses que je
pourrais faire ne jetteraient aucune lumière sur ce
sujet.
(Après ces paroles de M. Layard, le débat est clos.)
Séance du 22 mai.
M. GRIFFITH demande au sous-secrétaire d'Etat
pour les affaires étrangères, si le gouvernement de
Sa Majesté a l'intention de faire des efforts sérieux
afin de prévenir la continuation par le pacha d'E-
gypte de l'emploi du travail forcé sur le canal de
Suez.
M. LAYARD répond que c'est là un sujet à discuter
entre le gouvernement égyptien et la Compagnie du
canal.
LETTRE A M. UYARD,
SOUS-SECRÉTAIRE D'ÉTAT AU FOREIGN-OFFICË,
Par Ferdinand de Lesseps,
Paris, le 23 mai 1862.
Cher monsieur,
Les interpellations qui vous ont été adressées, le
16 de ce mois, à la Chambre des communes, ont
donné lieu, pendant le débat, à des erreurs que je
crois devoir rectifier, parce qu'elles sont de nature à
répandre dans le public de fausses notions sur l'en-
treprise à la tête de lacluelle j'ai l'honneur d'être
placé. Avant de démontrer le peu de fondement des
allégations dirigées contre la Compagnie du canal
de Suez, je reconnais qu'elle a plus d'un motif d'être
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