Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1862 01 juin 1862
Description : 1862/06/01 (A7,N143). 1862/06/01 (A7,N143).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203297m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
174 L'ISTHME DE SUEZ,
Feu Robert Stephenson et autres ingénieurs émi-
nents étaient d'opinion que ce canal était impraticable
et c'était aussi la pensée du noble lord (Palmerston).
Mais l'opposition malavisée du gouvernement anglais
a rivé le piojet dans l'affection des Français. Je crois
notre gouvernement fort intéressé dans la question
d'humanité ; car, à moins qu'il n'use de toute son inr
fluence, il peut être tenu pour responsable des consé-
quences de la politique qu'il a jugé convenable d'adopter.
La personne qui gouverne l'Egypte (the ruler of Egypt)
est sur le point de visiter l'Europe, et j'espère que l'opi-
nion des nations civilisées aura assez d'effet sur lui pour
l'inviter à mettre fin à tout système de travail forcé,
qui n'est pas autre chose que l'esclavage.
Je conclus en demandant au sous-secrétaire d'État
pour les affaires étrangères si le pacha d'Égypte a der-
nièrement obligé dix mille ou vingt mille ouvriers ou
plus à travailler pour la Compagnie du canal de Suez
par travail forcé, la Compagnie s'engageant à payer
pour eux 40 francs par mois au pacha et à donner seu-
lement des rations aux ouvriers ; si la réquisition du
travail forcé sur la population de son pachalik n'est pas
une violation directe des obligations que le pacha a con-
tractées envers la Porte, conformément aux termes du
firman de 1811 par lequel il est tenu d'observer les dis-
positions du hatti-sherif de Gulhané, du Tanzimat, et
de toutes les autres lois, quelle qu'en soit la date, exis-
tantes dans l'empire ottoman ; si la persévérance dans
cette conduite ne pourrait pas être considérée envers
le pacha comme impliquant la forfaiture de son pacha-
lik, et comme invalidant la permission qu'il a dernière-
ment obtenue de la Porte de contracter un emprunt avec
des capitalistes européens; et, cela étant, si le gouverne-
ment de Sa Majesté ne voudra pas s'adresser aux quatre
puissances parties dans la convention du 15 juillet 1860
et dans les notes collectives à la Porte des 30 janvier
et 13 mars 1861, afin d'obliger le pacha à l'observation
de ces stipulations et engagements, ou bien si telle
marche ne sera pas adoptée propre à atteindre ce but?
LORD H. SCOTT. - Venant de visiter l'Égypte, je crois
pouvoir mentionner quelques faits qui intéresseront la
chambre. (Écoutez !) Le gouvernement de SaMajesté paraît
penser que la construction du canal de Suez serait un
projet dangereux pour notre pays au double point de
vue commercial et politique. Je ne puis m'empêcher de
croire, avec toute déférence pour ceux qui professent
l'opinion contraire, que si le canal doit profiter à quel-
qu'un, le commerce britannique en retirera autant d'a-
vantages que le commerce de toute autre nation. (Écou-
tez, écoutez!); car aucun autre pays n'a un plus grand
intérêt à communiquer facilement et rapidement avec
l'Inde.
Sur la question de la praticabilité du canal les opi-
nions varient, les ingénieurs anglais soutenant une opi-
nion et les ingénieurs français l'opinion contraire ; mais
quels que soient ceux qui ont raison, il est certain que
plusieurs années s'écouleront avant qu'aucune des par-
ties du canal puisse être ouverte.
L'honorable membre pour Devizes (M. Griffith), s'est
plaint et justement de la manière dont les ouvrages
étaient exécutés moyennant le travail forcé, mais il
commet quelques erreurs sur les faits réels. Il est très-
vrai qu'aucun grand ouvrage ne peut être exécuté dans
les pays orientaux sans l'intervention du gouverne-
ment; mais en se rappelant que les travailleurs du
canal sont régulièrement payés et bien nourris, on ne
peut pas dire que leur travail soit entièrement forcé.
Ils vivent dans l'isthme beaucoup mieux qu'ils ne font
quand ils sont engagés dans leurs travaux habituels.
Mais il y avait un point qui mérite l'attention du gou-
vernement. Les fellahs sont payés par ce qu'on peut
appeler des billets à ordre (promissory notes), chiffons
de papier payables en argent dans les bureaux du Tré-
sor au Caire. Le gouvernement égyptien étant débiteur
de la Compagnie du canal, celle-ci naturellement s'est
prévalu de ce moyen de réduire le montant de sa
créance. (Écoutez !) Beaucoup de ces pauvres gens ont
à parcourir 100 ou 150 milles pour recouvrer ces billets
et lorsqu'ils arrivent au Caire, ceux-là seulement peu
vent se faire payer qui ont des amis influents, tandis
que le reste reçoit des billets de renouvellement à trois
mois, qu'ils abandonnent presque pour rien aux escomp-
teurs. (Écoutez!) Si le gouvernement de Sa Majesté pou-
vait faire quelque chose pour que ces pauvres gens
reçussent convenablement leur paie, ce serait de sa part
un grand acte d'humanité.
Quant à la Compagnie du canal de Suez elle-même,
il est certain que cette Compagnie est indépendante
des influences que quelquefois on a supposé la diriger;
mais on ne sait pas assez jusqu'à quel point le gou-
vernement égyptien est engagé avec elle. (Écoutez 1)
Le capital de la Compagnie était de 8 millions ster-
ling (200 millions de francs), et le gouvernement a
souscrit près de la moitié de cette somme. Il me semble
donc que le danger réel à appréhender de la tenta-
tive d'exécution de ce canal est d'un caractère beaucoup
plus financier que politique. La Compagnie doit jouir
de priviléges exclusifs, très-imparfaitement connus dans
notre pays. J'ai entendu dire que par un firman spécial
du vice-roi, firman que comme vassal il n'avait pas le
droit d'accorder, la Compagnie du canal de Suez de-
vait posséder en simple fief la totalité du terrain
qu'elle pourrait arroser par le canal alimentaire, et
que sur ce terrain elle devait exercer des droits exclu-
sifs de police et d'administration intérieure. Quand le
jour viendra de liquider les affaires de la Compagnie,
je crains que le gouvernement égyptien ne se trouve si
enchevêtré par sa connexion avec elle, que se dé-
barrasser sera pour lui une œuvre de quelque diffi-
culté. (Écoutez, écoutez.) Cette question s'élèvera :
quelle somme de compensation le gouvernement égyp-
tien devra-t-il payer à la Compagnie appuyée, comme
c'est probable, par le gouvernement français? (Écoutezl)
J'espère que l'honorable sous-secrétaire (M. Layard)
pourra nous déclarer qu'il n'y a dans ces circonstances
aucun danger du sacrifice de l'indépendance -égyp-
tienne, dont le maintien est pour l'Angleterre d'une si
haute importance. (Écoutez, écoutez !)
M. LAYARD, sous-secrétaire d'État pour les affaires étran-
gères. — Je remercie mon honorable ami le membre
pour Devizes de la courtoisie avec laquelle il m'a com-
muniqué d'avance les questions qu'il vient de m'adres-
Feu Robert Stephenson et autres ingénieurs émi-
nents étaient d'opinion que ce canal était impraticable
et c'était aussi la pensée du noble lord (Palmerston).
Mais l'opposition malavisée du gouvernement anglais
a rivé le piojet dans l'affection des Français. Je crois
notre gouvernement fort intéressé dans la question
d'humanité ; car, à moins qu'il n'use de toute son inr
fluence, il peut être tenu pour responsable des consé-
quences de la politique qu'il a jugé convenable d'adopter.
La personne qui gouverne l'Egypte (the ruler of Egypt)
est sur le point de visiter l'Europe, et j'espère que l'opi-
nion des nations civilisées aura assez d'effet sur lui pour
l'inviter à mettre fin à tout système de travail forcé,
qui n'est pas autre chose que l'esclavage.
Je conclus en demandant au sous-secrétaire d'État
pour les affaires étrangères si le pacha d'Égypte a der-
nièrement obligé dix mille ou vingt mille ouvriers ou
plus à travailler pour la Compagnie du canal de Suez
par travail forcé, la Compagnie s'engageant à payer
pour eux 40 francs par mois au pacha et à donner seu-
lement des rations aux ouvriers ; si la réquisition du
travail forcé sur la population de son pachalik n'est pas
une violation directe des obligations que le pacha a con-
tractées envers la Porte, conformément aux termes du
firman de 1811 par lequel il est tenu d'observer les dis-
positions du hatti-sherif de Gulhané, du Tanzimat, et
de toutes les autres lois, quelle qu'en soit la date, exis-
tantes dans l'empire ottoman ; si la persévérance dans
cette conduite ne pourrait pas être considérée envers
le pacha comme impliquant la forfaiture de son pacha-
lik, et comme invalidant la permission qu'il a dernière-
ment obtenue de la Porte de contracter un emprunt avec
des capitalistes européens; et, cela étant, si le gouverne-
ment de Sa Majesté ne voudra pas s'adresser aux quatre
puissances parties dans la convention du 15 juillet 1860
et dans les notes collectives à la Porte des 30 janvier
et 13 mars 1861, afin d'obliger le pacha à l'observation
de ces stipulations et engagements, ou bien si telle
marche ne sera pas adoptée propre à atteindre ce but?
LORD H. SCOTT. - Venant de visiter l'Égypte, je crois
pouvoir mentionner quelques faits qui intéresseront la
chambre. (Écoutez !) Le gouvernement de SaMajesté paraît
penser que la construction du canal de Suez serait un
projet dangereux pour notre pays au double point de
vue commercial et politique. Je ne puis m'empêcher de
croire, avec toute déférence pour ceux qui professent
l'opinion contraire, que si le canal doit profiter à quel-
qu'un, le commerce britannique en retirera autant d'a-
vantages que le commerce de toute autre nation. (Écou-
tez, écoutez!); car aucun autre pays n'a un plus grand
intérêt à communiquer facilement et rapidement avec
l'Inde.
Sur la question de la praticabilité du canal les opi-
nions varient, les ingénieurs anglais soutenant une opi-
nion et les ingénieurs français l'opinion contraire ; mais
quels que soient ceux qui ont raison, il est certain que
plusieurs années s'écouleront avant qu'aucune des par-
ties du canal puisse être ouverte.
L'honorable membre pour Devizes (M. Griffith), s'est
plaint et justement de la manière dont les ouvrages
étaient exécutés moyennant le travail forcé, mais il
commet quelques erreurs sur les faits réels. Il est très-
vrai qu'aucun grand ouvrage ne peut être exécuté dans
les pays orientaux sans l'intervention du gouverne-
ment; mais en se rappelant que les travailleurs du
canal sont régulièrement payés et bien nourris, on ne
peut pas dire que leur travail soit entièrement forcé.
Ils vivent dans l'isthme beaucoup mieux qu'ils ne font
quand ils sont engagés dans leurs travaux habituels.
Mais il y avait un point qui mérite l'attention du gou-
vernement. Les fellahs sont payés par ce qu'on peut
appeler des billets à ordre (promissory notes), chiffons
de papier payables en argent dans les bureaux du Tré-
sor au Caire. Le gouvernement égyptien étant débiteur
de la Compagnie du canal, celle-ci naturellement s'est
prévalu de ce moyen de réduire le montant de sa
créance. (Écoutez !) Beaucoup de ces pauvres gens ont
à parcourir 100 ou 150 milles pour recouvrer ces billets
et lorsqu'ils arrivent au Caire, ceux-là seulement peu
vent se faire payer qui ont des amis influents, tandis
que le reste reçoit des billets de renouvellement à trois
mois, qu'ils abandonnent presque pour rien aux escomp-
teurs. (Écoutez!) Si le gouvernement de Sa Majesté pou-
vait faire quelque chose pour que ces pauvres gens
reçussent convenablement leur paie, ce serait de sa part
un grand acte d'humanité.
Quant à la Compagnie du canal de Suez elle-même,
il est certain que cette Compagnie est indépendante
des influences que quelquefois on a supposé la diriger;
mais on ne sait pas assez jusqu'à quel point le gou-
vernement égyptien est engagé avec elle. (Écoutez 1)
Le capital de la Compagnie était de 8 millions ster-
ling (200 millions de francs), et le gouvernement a
souscrit près de la moitié de cette somme. Il me semble
donc que le danger réel à appréhender de la tenta-
tive d'exécution de ce canal est d'un caractère beaucoup
plus financier que politique. La Compagnie doit jouir
de priviléges exclusifs, très-imparfaitement connus dans
notre pays. J'ai entendu dire que par un firman spécial
du vice-roi, firman que comme vassal il n'avait pas le
droit d'accorder, la Compagnie du canal de Suez de-
vait posséder en simple fief la totalité du terrain
qu'elle pourrait arroser par le canal alimentaire, et
que sur ce terrain elle devait exercer des droits exclu-
sifs de police et d'administration intérieure. Quand le
jour viendra de liquider les affaires de la Compagnie,
je crains que le gouvernement égyptien ne se trouve si
enchevêtré par sa connexion avec elle, que se dé-
barrasser sera pour lui une œuvre de quelque diffi-
culté. (Écoutez, écoutez.) Cette question s'élèvera :
quelle somme de compensation le gouvernement égyp-
tien devra-t-il payer à la Compagnie appuyée, comme
c'est probable, par le gouvernement français? (Écoutezl)
J'espère que l'honorable sous-secrétaire (M. Layard)
pourra nous déclarer qu'il n'y a dans ces circonstances
aucun danger du sacrifice de l'indépendance -égyp-
tienne, dont le maintien est pour l'Angleterre d'une si
haute importance. (Écoutez, écoutez !)
M. LAYARD, sous-secrétaire d'État pour les affaires étran-
gères. — Je remercie mon honorable ami le membre
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