Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-06-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 juin 1862 15 juin 1862
Description : 1862/06/15 (A7,N144). 1862/06/15 (A7,N144).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032981
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
190 L'ISTHME DE SUEZ,
cas , Son Altesse, dit que les eaux des deux mers
seront unies dans un an à partir de ce jour, et qu'a-
lors aura lieu une cérémonie solennelle, une fête
universelle. On y invitera les savants de toutes les
parties du monde, ainsi que ceux qui se sont asso-
ciés à l'œuvre par leurs capitaux ; cela ne veut pas
dire toutefois que le canal sera ouvert à la naviga-
tion d'ici à douze mois. Ce dernier fait ne se réali-
sera pas au moins avant trois ans ; mais il y aura
une réunion des eaux des deux mers et un pareil
triomphe doit être célébré avec la plus grande
pompe. M. Gudin, le fameux peintre de marine fran-
-- çais, .est engagé par le vice-roi à être présent, afin de
prendre des dessins pour un grand tableau histo-
rique en mémoire de cet événement certainement
merveilleux. M. Gudin à coup sûr justifiera la con-
fiance du vice-roi d'Egypte. »
Nous aimons à recueillir de tels aveux dans une
bouche aussi peu suspecte, et nous y trouvons un
nouvel indice de la conversion progressive d'un
journal qui jusqu'ici s'était signalé par son ardente
opposition au canal. Pour en sentir toute la portée, il
faut se rappelerque le Morning Post recevait et publiait,
il y a peu de temps encore, des lettres d'Alexandrie
où on lui racontait que le vice-roi était sous l'op-
pression de M. de Lesseps et qu'au fond il ne de-
mandait pas mieux que d'être débarrassé de son
projet. Son récit actuel est donc la rétractation
d'une erreur et d'une inexactitude. Le vice-roi se pré-
occupe beaucoup du canal ; il a confiance dans son
achèvement matériel; il est convaincu de la gran-
deur de ses avantages financiers, et ici encore nous
avons à constater dans le Morning Post une amélio-
ration satisfaisante.
Autrefois, il ne croyait ni à la possibilité de l'exé-
cution ni au succès de l'opération financière. Il
n'élève plus de doute que sur ce dernier point. Nous
devons ajouter au surplus qu'en présence des faits
il avait déjà reconnu que l'exécution n'était plus im-
possible.
La seconde correspondance n'est pas moins cu-
rieuse que la première. Commençons par la repro-
duire :
« Paris, 29 mai.
» Plusieurs étrangers considèrent la diplomatie
anglaise comme le système le plus mystérieux, le
plus égoïste et en même temps le plus habile, tour-
nant chaque événement en faveur de la Grande Bre-
tagne, au détriment du reste du monde. Notre gou-
vernement, nous le savons, commet tout autant de
bévues que les autres, et cependant ses erreurs
mêmes et ses faux calculs sont considérés par les
étrangers comme des actes d'une haute sagesse :
« Ah! disent-ils, l'Angletsrre ici a quelque pensée
» secrète. )) Aucune question du jour n'a donné nais-
sance à plus d'étonnement et à plus de commentaires
au dehors que l'opposition de quelques hommes
d'État britanniques au canal projeté de Suez. Les
Français s'écrient : « Comment l'Angleterre peut-elle
» élever des difficultés à propos d'une nouvelle route
» commerciale dont personne ne retirera autant de
» bénéfice qu'elle? » Quant au danger dont le canal
de Suez menacerait nos possessions indiennes, on
répond que les inventions de guerre modernes ont
si complétement changé les moyens d'attaque et de
défense, comme ceux de transport et de rapide com-
munication, que le canal de Suez pourrait en tout
temps être rendu inutile aux amis et aux ennemis.
Les Français ont toujours eu plus de confiance
dans les opinions de leurs ingénieurs que dans celles
des ingénieurs étrangers. Ils ont souscrit pour l'ou-
vrage et ils l'ont commencé, comme le monde entier
le sait, et ils sont toujours pleins de confiance dans
le résultat. La présence du vice-roi d'Égypte et de
M. de Lesseps à Paris a de nouveau attiré sur le
canal de Suez une attention extraordinaire, et les
journaux sont encore une fois occupés à cet égard
dans des discussions rétrospectives en même temps
que des promesses futures de son succès. »
Tout est expressif et remarquable dans ce petit
nombre de lignes. Dès le début l'écrivain laisse per-
cer le sentiment de la faute commise de l'autre côté
du détroit dans la circonstance dont il va bientôt
nous parler, et il va même jusqu'à ranger cette faute
dans l'ordre des bévues et des faux calculs. Il avoue
ensuite les mauvais effets produits en France et dans
toute l'Europe par la résistance opposée au percement
de l'isthme. Il confirme ce que nous avons souvent dit
du dissentiment qui existait sur ce point entre la
nation anglaise et son gouvernement. Il constate
que cette opposition était restreinte à quelques hom-
mes d'État, isolant ainsi la nation de ces hommes.
Il dément enfin cette erreur si longtemps entretenue
chez nos voisins sur les prétendus dangers auxquels
le canal de Suez devait exposer l'empire britannique
dans l'Inde. En un mot, le correspondant du Morning
Post démolit l'un après l'autre tous les arguments si
souvent exploités par son journal sous une inspira-
tion bien connue. Il constate la confiance de plus en
plus profonde en France dans le résultat définitif de
l'œuvre. Mais ici, il donne à cette confiance un motif
sur lequel nous ne pouvons pas être d'accord avec
lui. Il prétend, en effet, que cette confiance prend
sa source dans la foi qu'inspirent aux Français leurs
propres ingénieurs, exclusivement aux ingénieurs
étrangers. Cette dernière expression est au moins
impropre dans sa généralité. L'opinion des ingénieurs
français sur le canal de Suez est celle des ingénieurs
de l'Europe, celle de tous les corps savants de l'Eu-
rope, celle de tous les gouvernements de l'Europe et
il ne nous sera pas difficile d'en fournir les preuves
au Morning Post. Dans la commission internationale,
cas , Son Altesse, dit que les eaux des deux mers
seront unies dans un an à partir de ce jour, et qu'a-
lors aura lieu une cérémonie solennelle, une fête
universelle. On y invitera les savants de toutes les
parties du monde, ainsi que ceux qui se sont asso-
ciés à l'œuvre par leurs capitaux ; cela ne veut pas
dire toutefois que le canal sera ouvert à la naviga-
tion d'ici à douze mois. Ce dernier fait ne se réali-
sera pas au moins avant trois ans ; mais il y aura
une réunion des eaux des deux mers et un pareil
triomphe doit être célébré avec la plus grande
pompe. M. Gudin, le fameux peintre de marine fran-
-- çais, .est engagé par le vice-roi à être présent, afin de
prendre des dessins pour un grand tableau histo-
rique en mémoire de cet événement certainement
merveilleux. M. Gudin à coup sûr justifiera la con-
fiance du vice-roi d'Egypte. »
Nous aimons à recueillir de tels aveux dans une
bouche aussi peu suspecte, et nous y trouvons un
nouvel indice de la conversion progressive d'un
journal qui jusqu'ici s'était signalé par son ardente
opposition au canal. Pour en sentir toute la portée, il
faut se rappelerque le Morning Post recevait et publiait,
il y a peu de temps encore, des lettres d'Alexandrie
où on lui racontait que le vice-roi était sous l'op-
pression de M. de Lesseps et qu'au fond il ne de-
mandait pas mieux que d'être débarrassé de son
projet. Son récit actuel est donc la rétractation
d'une erreur et d'une inexactitude. Le vice-roi se pré-
occupe beaucoup du canal ; il a confiance dans son
achèvement matériel; il est convaincu de la gran-
deur de ses avantages financiers, et ici encore nous
avons à constater dans le Morning Post une amélio-
ration satisfaisante.
Autrefois, il ne croyait ni à la possibilité de l'exé-
cution ni au succès de l'opération financière. Il
n'élève plus de doute que sur ce dernier point. Nous
devons ajouter au surplus qu'en présence des faits
il avait déjà reconnu que l'exécution n'était plus im-
possible.
La seconde correspondance n'est pas moins cu-
rieuse que la première. Commençons par la repro-
duire :
« Paris, 29 mai.
» Plusieurs étrangers considèrent la diplomatie
anglaise comme le système le plus mystérieux, le
plus égoïste et en même temps le plus habile, tour-
nant chaque événement en faveur de la Grande Bre-
tagne, au détriment du reste du monde. Notre gou-
vernement, nous le savons, commet tout autant de
bévues que les autres, et cependant ses erreurs
mêmes et ses faux calculs sont considérés par les
étrangers comme des actes d'une haute sagesse :
« Ah! disent-ils, l'Angletsrre ici a quelque pensée
» secrète. )) Aucune question du jour n'a donné nais-
sance à plus d'étonnement et à plus de commentaires
au dehors que l'opposition de quelques hommes
d'État britanniques au canal projeté de Suez. Les
Français s'écrient : « Comment l'Angleterre peut-elle
» élever des difficultés à propos d'une nouvelle route
» commerciale dont personne ne retirera autant de
» bénéfice qu'elle? » Quant au danger dont le canal
de Suez menacerait nos possessions indiennes, on
répond que les inventions de guerre modernes ont
si complétement changé les moyens d'attaque et de
défense, comme ceux de transport et de rapide com-
munication, que le canal de Suez pourrait en tout
temps être rendu inutile aux amis et aux ennemis.
Les Français ont toujours eu plus de confiance
dans les opinions de leurs ingénieurs que dans celles
des ingénieurs étrangers. Ils ont souscrit pour l'ou-
vrage et ils l'ont commencé, comme le monde entier
le sait, et ils sont toujours pleins de confiance dans
le résultat. La présence du vice-roi d'Égypte et de
M. de Lesseps à Paris a de nouveau attiré sur le
canal de Suez une attention extraordinaire, et les
journaux sont encore une fois occupés à cet égard
dans des discussions rétrospectives en même temps
que des promesses futures de son succès. »
Tout est expressif et remarquable dans ce petit
nombre de lignes. Dès le début l'écrivain laisse per-
cer le sentiment de la faute commise de l'autre côté
du détroit dans la circonstance dont il va bientôt
nous parler, et il va même jusqu'à ranger cette faute
dans l'ordre des bévues et des faux calculs. Il avoue
ensuite les mauvais effets produits en France et dans
toute l'Europe par la résistance opposée au percement
de l'isthme. Il confirme ce que nous avons souvent dit
du dissentiment qui existait sur ce point entre la
nation anglaise et son gouvernement. Il constate
que cette opposition était restreinte à quelques hom-
mes d'État, isolant ainsi la nation de ces hommes.
Il dément enfin cette erreur si longtemps entretenue
chez nos voisins sur les prétendus dangers auxquels
le canal de Suez devait exposer l'empire britannique
dans l'Inde. En un mot, le correspondant du Morning
Post démolit l'un après l'autre tous les arguments si
souvent exploités par son journal sous une inspira-
tion bien connue. Il constate la confiance de plus en
plus profonde en France dans le résultat définitif de
l'œuvre. Mais ici, il donne à cette confiance un motif
sur lequel nous ne pouvons pas être d'accord avec
lui. Il prétend, en effet, que cette confiance prend
sa source dans la foi qu'inspirent aux Français leurs
propres ingénieurs, exclusivement aux ingénieurs
étrangers. Cette dernière expression est au moins
impropre dans sa généralité. L'opinion des ingénieurs
français sur le canal de Suez est celle des ingénieurs
de l'Europe, celle de tous les corps savants de l'Eu-
rope, celle de tous les gouvernements de l'Europe et
il ne nous sera pas difficile d'en fournir les preuves
au Morning Post. Dans la commission internationale,
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