Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-06-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 juin 1862 01 juin 1862
Description : 1862/06/01 (A7,N143). 1862/06/01 (A7,N143).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203297m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
180 L'ISTHME DE SUEZ,
lises sont insignifiants. Exagérons-nous toutefois et
nos correspondants se font-ils illusion à eux-mêmes ?
Là-dessus nous ne cherchons qu'à recueillir les té-
moignages impartiaux, oculaires, et nous en avons
déjà reproduit un certain nombre. Ces renseigne-
ments pénètrent de plus en plus même dans l'opi-
nion d'Alexandrie, où l'on a si longtemps ignoré ou
voulu ignorer ce qui se passait dans l'isthme. Les
conversions s'y opèrent comme ailleurs parmi les
incrédules, et comme preuve nous pouvons citer
l'extrait suivant d'une correspondance de la Gazette
du Midi, en date d'Alexandrie 18 mai :
« Des renseignements qui m'ont été donnés par
une personne digne de toute confiance, confirment
en tout point ceux qu'a publiés le journal l'Isthme
de Suez, du 1er avril dernier. Je me dispense de vous
les transmettre; je me contenterai de vous assurer
que cette œuvre qui paraissait impossible par ses
proportions colossales, marche si bien aujourd'hui
que ses anciens ennemis les plus acharnés ne dou-
tent plus de sa réussite. Il est probable même que,
dans quinze à dix-huit mois, les deux mers séparées
par le désert confondront leurs eaux. Tout ne sera
pas encore terminé au point de permettre le passage
des gros navires, mais le plus difficile aura été fait.
» La persévérance de l'infatigable M. de Lesseps
sera donc couronnée d'un plein succès ; rien ne l'a
arrêté jusqu'à présent; il a su, par sa capacité et son
énergie, braver les difficultés les plus insurmonta-
bles en apparence. Cette entreprise toute civilisa-
trice, qui rapprochera les hommes éclairés de ceux
qui ont tant besoin de le devenir, illustrera autant
celui qui en a eu la pensée que le prince intelligent
et hardi qui non-seulement l'a autorisée, mais l'a
aidée de toutes les manières. Notre vice-roi a bien
montré, en cette difficile circonstance, qu'il était le
digne fils du fondateur de la dynastie égyptienne. »
D'un autre côté, nous recevons d'un des princi-
paux actionnaires du canal, homme compétent, l'un
des chefs d'une des premières maisons de construc-
teurs et d'armateurs de Dunkerque, la relation d'un
voyage de dix-huit jours qu'il achevait dans l'isthme
vers le commencement d'avril dernier. Cette relation
nous a paru l'une des plus capables d'attacher nos
lecteurs en même temps que de les instruire sur le
véritable état des choses. Ici ce n'est point seulement
la curiosité ou l'enthousiasme qui parlent, c'est la sol-
licitude et en quelque sorte la surveillance d'un in-
téressé qui a voulu voir par lui-même où en étaient
ses affaires et comment elles sont conduites. Voici
donc ce récit dans sa simplicité expressive :
ERNEST DESPLACES.
Relation d'un actionnaire.
A M. le rédacteur gérant du journal l'IsiiiME DE SUEZ.
Monsieur,
Arrivé depuis peu à Alexandrie, après une tournée
de dix huit jours sur les travaux de l'isthme, je crois
devoir, par votre intermédiaire, rendre compte de mes
impressions de voyage à ceux qu'intéresse le succès
d'une si grande œuvre. Depuis longtemps on a épuisé
pour et contre le percement de l'isthme de Suez
tous les arguments de la logique ; la Compagnie
a maintenant soif de faits accomplis. Je crois donc que
les principaux intéressés ne peuvent prendre de parti
plus propre à augmenter leur confiance et à justifier
leur sécurité que de tenter ce curieux pèlerinage. Ils
ne considéreront plus ensuite l'Egypte comme la li-
mite du monde civilisé, et auront encore la satisfac-
tion d'avoir contribué pour leur petite part à main-
tenir parmi leurs coassociés l'ardeur et la persévé-
rance nécessaires pour arriver au but.
Il me serait, en effet, impossible de présenter un
rapport plus favorable à la marche générale des tra-
vaux que le récit pur et simple de mon voyage.
D'Alexandrie, je me suis rendu à Zagazig par che-
min de fer. Surpris dans cette dernière ville par les
fêtes du Baïram et forcés de nous y arrêter deux
jours, nous en profitons pour visiter les vastes chan-
tiers de l'entreprise dont l'enceinte est formée par
16,000 brouettes qui cèdent pour le moment le pas
à la couffe égyptienne. Le mouvement, tant des
hommes que des marchandises, y est des plus consi-
dérables. Le chemin de fer y apportait environ 1,500
hommes par jour que l'on dirigeait immédiatement
sur le seuil. Le lendemain de notre arrivée, nous
vîmes expédier 100,000 kilos de marchandises di-
verses, dont 60,000 kilos de biscuits (il y en avait à
cette date 100,000 kilos au seuil ou s'y rendant). On
les charge sur des radeaux composés de planches
que l'on démonte à Timsah et qui y servent aux
nouvelles constructions.
Nous partons le 1er avril à 10 heures du matin par
le canal de l'Ouady. Toute la journée nous rencon-
trons des barques arabes, des radeaux et de nombreu-
ses bandes de travailleurs qui se dirigent vers le seuil.
Nous arrivons à Tel-el-Kebir à 5 heures du soir
et nous y trouvons le spectacle de l'animation la plus
grande ; 8,000 fellahs tant allant au seuil que re-
venant, sont campés sur les deux rives du canal. En
débarquant nous ne pouvons nous empêcher d'admi-
rer la luxuriante végétation des 35 hectares de jar-
dins qui entourent l'ancien château de Mehemet Ali,
aujourd'hui à la Compagnie. M. Guichard, adminis-
trateur du domaine, nous y offre à moi et à mes com-
pagnons de voyage une hospitalité toute française.
Cette propriété, achetee au VIce- r012, 000,000 de francs il
y a six à sept mois, est d'une étendue d'environ 9 à
10,000 hectares, qui tous, du temps de Mehemet Ali,
étaient cultivés ; 4,000 sont depuis devenus incultes
par suite de l'incurie qui a laissé se combler les
canaux d'irrigation. La population établie dans la
propriété est de 5,000 habitants ; elle en comptait
15,000 il y a vingt ans. Les bonnes terres en Egypte
se louenten moyenne 60 francs l'hectare, et, par suite de
ces causes de décadence, ce prix de location était
tombé à 10 francs à Tel-el-Kebir. On ne pouvait laisser
les choses en cet état. M. de Lesseps, dans un divan
qu'il y tint lors de l'acquisition de la propriété, con-
vint avec les différents chefs d'une augmentation de
10 fr. par hectare.
Elle fut acceptée en retour de la promesse d'une
administration juste et éclairée. Les revenus certains
du domaine seront, pour cette année, de 150,000 francs;
lises sont insignifiants. Exagérons-nous toutefois et
nos correspondants se font-ils illusion à eux-mêmes ?
Là-dessus nous ne cherchons qu'à recueillir les té-
moignages impartiaux, oculaires, et nous en avons
déjà reproduit un certain nombre. Ces renseigne-
ments pénètrent de plus en plus même dans l'opi-
nion d'Alexandrie, où l'on a si longtemps ignoré ou
voulu ignorer ce qui se passait dans l'isthme. Les
conversions s'y opèrent comme ailleurs parmi les
incrédules, et comme preuve nous pouvons citer
l'extrait suivant d'une correspondance de la Gazette
du Midi, en date d'Alexandrie 18 mai :
« Des renseignements qui m'ont été donnés par
une personne digne de toute confiance, confirment
en tout point ceux qu'a publiés le journal l'Isthme
de Suez, du 1er avril dernier. Je me dispense de vous
les transmettre; je me contenterai de vous assurer
que cette œuvre qui paraissait impossible par ses
proportions colossales, marche si bien aujourd'hui
que ses anciens ennemis les plus acharnés ne dou-
tent plus de sa réussite. Il est probable même que,
dans quinze à dix-huit mois, les deux mers séparées
par le désert confondront leurs eaux. Tout ne sera
pas encore terminé au point de permettre le passage
des gros navires, mais le plus difficile aura été fait.
» La persévérance de l'infatigable M. de Lesseps
sera donc couronnée d'un plein succès ; rien ne l'a
arrêté jusqu'à présent; il a su, par sa capacité et son
énergie, braver les difficultés les plus insurmonta-
bles en apparence. Cette entreprise toute civilisa-
trice, qui rapprochera les hommes éclairés de ceux
qui ont tant besoin de le devenir, illustrera autant
celui qui en a eu la pensée que le prince intelligent
et hardi qui non-seulement l'a autorisée, mais l'a
aidée de toutes les manières. Notre vice-roi a bien
montré, en cette difficile circonstance, qu'il était le
digne fils du fondateur de la dynastie égyptienne. »
D'un autre côté, nous recevons d'un des princi-
paux actionnaires du canal, homme compétent, l'un
des chefs d'une des premières maisons de construc-
teurs et d'armateurs de Dunkerque, la relation d'un
voyage de dix-huit jours qu'il achevait dans l'isthme
vers le commencement d'avril dernier. Cette relation
nous a paru l'une des plus capables d'attacher nos
lecteurs en même temps que de les instruire sur le
véritable état des choses. Ici ce n'est point seulement
la curiosité ou l'enthousiasme qui parlent, c'est la sol-
licitude et en quelque sorte la surveillance d'un in-
téressé qui a voulu voir par lui-même où en étaient
ses affaires et comment elles sont conduites. Voici
donc ce récit dans sa simplicité expressive :
ERNEST DESPLACES.
Relation d'un actionnaire.
A M. le rédacteur gérant du journal l'IsiiiME DE SUEZ.
Monsieur,
Arrivé depuis peu à Alexandrie, après une tournée
de dix huit jours sur les travaux de l'isthme, je crois
devoir, par votre intermédiaire, rendre compte de mes
impressions de voyage à ceux qu'intéresse le succès
d'une si grande œuvre. Depuis longtemps on a épuisé
pour et contre le percement de l'isthme de Suez
tous les arguments de la logique ; la Compagnie
a maintenant soif de faits accomplis. Je crois donc que
les principaux intéressés ne peuvent prendre de parti
plus propre à augmenter leur confiance et à justifier
leur sécurité que de tenter ce curieux pèlerinage. Ils
ne considéreront plus ensuite l'Egypte comme la li-
mite du monde civilisé, et auront encore la satisfac-
tion d'avoir contribué pour leur petite part à main-
tenir parmi leurs coassociés l'ardeur et la persévé-
rance nécessaires pour arriver au but.
Il me serait, en effet, impossible de présenter un
rapport plus favorable à la marche générale des tra-
vaux que le récit pur et simple de mon voyage.
D'Alexandrie, je me suis rendu à Zagazig par che-
min de fer. Surpris dans cette dernière ville par les
fêtes du Baïram et forcés de nous y arrêter deux
jours, nous en profitons pour visiter les vastes chan-
tiers de l'entreprise dont l'enceinte est formée par
16,000 brouettes qui cèdent pour le moment le pas
à la couffe égyptienne. Le mouvement, tant des
hommes que des marchandises, y est des plus consi-
dérables. Le chemin de fer y apportait environ 1,500
hommes par jour que l'on dirigeait immédiatement
sur le seuil. Le lendemain de notre arrivée, nous
vîmes expédier 100,000 kilos de marchandises di-
verses, dont 60,000 kilos de biscuits (il y en avait à
cette date 100,000 kilos au seuil ou s'y rendant). On
les charge sur des radeaux composés de planches
que l'on démonte à Timsah et qui y servent aux
nouvelles constructions.
Nous partons le 1er avril à 10 heures du matin par
le canal de l'Ouady. Toute la journée nous rencon-
trons des barques arabes, des radeaux et de nombreu-
ses bandes de travailleurs qui se dirigent vers le seuil.
Nous arrivons à Tel-el-Kebir à 5 heures du soir
et nous y trouvons le spectacle de l'animation la plus
grande ; 8,000 fellahs tant allant au seuil que re-
venant, sont campés sur les deux rives du canal. En
débarquant nous ne pouvons nous empêcher d'admi-
rer la luxuriante végétation des 35 hectares de jar-
dins qui entourent l'ancien château de Mehemet Ali,
aujourd'hui à la Compagnie. M. Guichard, adminis-
trateur du domaine, nous y offre à moi et à mes com-
pagnons de voyage une hospitalité toute française.
Cette propriété, achetee au VIce- r012, 000,000 de francs il
y a six à sept mois, est d'une étendue d'environ 9 à
10,000 hectares, qui tous, du temps de Mehemet Ali,
étaient cultivés ; 4,000 sont depuis devenus incultes
par suite de l'incurie qui a laissé se combler les
canaux d'irrigation. La population établie dans la
propriété est de 5,000 habitants ; elle en comptait
15,000 il y a vingt ans. Les bonnes terres en Egypte
se louenten moyenne 60 francs l'hectare, et, par suite de
ces causes de décadence, ce prix de location était
tombé à 10 francs à Tel-el-Kebir. On ne pouvait laisser
les choses en cet état. M. de Lesseps, dans un divan
qu'il y tint lors de l'acquisition de la propriété, con-
vint avec les différents chefs d'une augmentation de
10 fr. par hectare.
Elle fut acceptée en retour de la promesse d'une
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