Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 mai 1862 15 mai 1862
Description : 1862/05/15 (A7,N142). 1862/05/15 (A7,N142).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032966
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
160 L'ISTHME TfE SUËZ,
de Ferdane à Timsah, on s'en préserve facilement à
l'aide de palissades de tamarix, qui seront ensuite
remplacées progressivement par les déblais du creuse-
ment. �
A partir de Timsah, rien de plus facile que l'établis-
sement du canal ; on est presque toujours au-dessous
du niveau de la mer; après la traversée des lacs Amers,
on arrive promptement à Suez.
Les travaux du percement de l'isthme se résument
en un déblai de 50 millions de mètres cubes; chaque
mètre cube a été évalué dans le cahier des charges de
la Compagnie à 83 centimes. Les Arabes font ce tra-
vail pour 40 centimes et 50 centimes, suivant la nature
des terrains. Outre les terres à enlever, il y a les em-
pierrements ; les pierres ont été comptées à raison de
14 francs le mètre cube ; dans quelque temps on ne les
paiera pas plus de 10 francs. La France, ajoute M. de
Lesseps, sera donc récompensée de ses sacrifices; la
France, qui presque seule avec le vice-roi d'Égypte,
supporte le poids de l'entreprise, la France qui, outre
l'argent qu'elle a fourni, a encore mis à la disposition
de la Compagnie les plus habiles, les plus courageux
et les plus persévérants de ses travailleurs.
A partir de Timsah , le canal a déjà existé. Timsah
veut dire crocodile, et ce nom s'explique par une nou-
velle découverte que vient de faire M. Mariette, le sa-
vant archéologue à qui l'on doit déjà tant de fouilles
précieuses et célèbres. M. Mariette a vu à Karnac une
pierre commémorative du voyage d'un pharaon d'É-
gypte qui, revenant de Migdol ou Magdol, avait traversé
un grand canal et un grand lac, où il y avait beaucoup
de crocodiles. M. Mariette a également découvert à
Tsan, l'ancienne Tannis, une allée de sphinx du temps
de Joseph, et dont les types se rapportent d'une ma-
nière frappante à la race qui habite encore actuelle-
ment ces régions, c'est-à-dire les environs du lac Men-
zaleh. C'est là, près de la terre de Gessen ou des pâtu-
rages, que devait être le palais des Pharaons. C'est non
loin de là, bien plutôt qu'aux environs de Memphis où
le Nil est beaucoup trop rapide, c'est dans un des af-
fluents qui garde encore le nom de Beroan-Moes, qu'a
dû être exposé Bloïse. Chaque pierre, au reste, chaque
vestige du canal témoignent encore aujourd'hui du pas-
sage et du séjour des Hébreux, et, la Bible à la main,
on peut refaire, à travers toutes ces ruines mémora-
bles, l'itinéraire du législateur des Juifs. Les Arabes,
à l'heure qu'il est, se laissent de plus en plus entraîner
à peupler ces solitudes. M. de Lesseps les a rassemblés,
leur a expliqué les avantages de son entreprise, leur a
tracé pour ainsi dire sur le terrain la carte de l'univers,
• et ces hommes intelligents ont parfaitement compris
et se sont laissé convaincre. -
En terminant cet intéressant 'exposé, M. de Lesseps
se déclare prêt à répondre à toutes les questions qu'on
voudra lui adresser, qu'on lui adressera sans aucun
doute. Il a voulu seulement donner le signal d'une
sorte de conversation de famille dont chaque membre
de l'assemblée prendra, il l'espère du moins, sa large
part.
A plusieurs questions posées par MM. Duchatellier,
Belgrand et quelques autres délégués sur le danger
des tempêtes de sable, sur l'origine des anciens habi-
tants du pays, sur le prix de revient des palissades
préservatrices des sables, sur les dimensions définiti-
ves du canal de jonction des deux mers, M. de Lesseps
répond que les sables mouvants ne sont réellement
gênants que deux fois par an, et sur deux points
principaux du parcours, dans le voisinage de la mer et
dans la partie comprise entre El-Ferdane et Timsah,
sur un parcours de 14 kilomètres. Les palissades pré-
servatrices n'ont pas coûté plus de 30,000 francs ;
d'ailleurs le danger des ensablements n'est pas partie
culier à l'isthme de Suez ; les landes de Bordeaux y
sont aussi exposées, et ce n'est pas un obstacle dont on
se préoccupe outre mesure.
Toute cette contrée à été autrefois un pays de pas-
teurs. Suez, en arabe, veut dire pasteur.
Le canal maritime aura 60 mètres de largeur et
8 mètres de profondeur, la profondeur des plus grands
ports de mer; le Havre n'a guère plus de 6 mètres. Les
bâtiments qui auraient un tirant d'eau supérieur à 6 ou
1 mètres ne seraient pas propres à la navigation, car
ils ne pourraient entrer dans aucun port. On ne donne
pas immédiatement au canal les 60 mètres de largeur
qu'il aura définitivement ; on le commence avec une
largeur beaucoup moindre. On laisse entrer l'eau à
mesure du creusement, et comme il n'y aura pas d'é-
cluses, comme le niveau sera toujours le même, on
pourra élargir aisément à côté de l'eau et sans être
gêné par elle. Le canal aura 150 kilomètres de longueur
dont 50 au moins au-dessous du niveau de la mer.
Quant à cette mer Rouge dont on avait essayé de faire
un épouvantail, c'est bien la mer la plus facile du
monde. Peu de vagues, point de tempêtes, des bancs de
coraux, dit-on; mais là où il n'y a point de coraux, il
y a des sables et des rochers : il n'y a pas de mer où les
bâtiments n'aient à se garer des écueils. A Suez, de
temps immémorial, on navigue sur des barques non
pontées. C'est dans cette paisible navigation de la mer
Rouge que l'hélice auxiliaire est appelée à jouer un
grand rôle. Les anciens avaient bien compris l'insuffi-
sance de la voile seule. Jamais ils n'auraient eu l'idée
de confier à ce seul moteur, si fréquemment impuissant,
le sort d'une flotte importante. Les anciens n'avaient
point à leur disposition la vapeur ; mais ils employaient
le bras de l'homme, la rame, et ils l'employaient tou-
jours pour contrebalancer l'inconstance des vents.
Interrogé par M. Jouvin sur la configuration des
sphinx du temps de Joseph, qu'a découverts M. Mariette,
M. de Lesseps lui répond que ces sphinx sont la repré-
sentation fidèle des pasteurs de race caucasique ou as-
syrienne qui habitent encore ces contrées, types bien
- différents du type éthiopien qui a peuplé et qui peuple
toujours l'Égypte. Ces sphinx sont en granit et sont
assez bien conservés.
M. le docteur Ancelin demande si les vases de l'is-
thme, qui n'ont pas produit de fièvres intermittentes,
n'ont pas été l'origine de typhus paludéens, de charbon
ou d'aliénations mentales.
M. de Lesseps répond que, sur près de deux cent mille
ouvriers qui ont travaillé successivement au canal, dix
seulement sont morts.
de Ferdane à Timsah, on s'en préserve facilement à
l'aide de palissades de tamarix, qui seront ensuite
remplacées progressivement par les déblais du creuse-
ment. �
A partir de Timsah, rien de plus facile que l'établis-
sement du canal ; on est presque toujours au-dessous
du niveau de la mer; après la traversée des lacs Amers,
on arrive promptement à Suez.
Les travaux du percement de l'isthme se résument
en un déblai de 50 millions de mètres cubes; chaque
mètre cube a été évalué dans le cahier des charges de
la Compagnie à 83 centimes. Les Arabes font ce tra-
vail pour 40 centimes et 50 centimes, suivant la nature
des terrains. Outre les terres à enlever, il y a les em-
pierrements ; les pierres ont été comptées à raison de
14 francs le mètre cube ; dans quelque temps on ne les
paiera pas plus de 10 francs. La France, ajoute M. de
Lesseps, sera donc récompensée de ses sacrifices; la
France, qui presque seule avec le vice-roi d'Égypte,
supporte le poids de l'entreprise, la France qui, outre
l'argent qu'elle a fourni, a encore mis à la disposition
de la Compagnie les plus habiles, les plus courageux
et les plus persévérants de ses travailleurs.
A partir de Timsah , le canal a déjà existé. Timsah
veut dire crocodile, et ce nom s'explique par une nou-
velle découverte que vient de faire M. Mariette, le sa-
vant archéologue à qui l'on doit déjà tant de fouilles
précieuses et célèbres. M. Mariette a vu à Karnac une
pierre commémorative du voyage d'un pharaon d'É-
gypte qui, revenant de Migdol ou Magdol, avait traversé
un grand canal et un grand lac, où il y avait beaucoup
de crocodiles. M. Mariette a également découvert à
Tsan, l'ancienne Tannis, une allée de sphinx du temps
de Joseph, et dont les types se rapportent d'une ma-
nière frappante à la race qui habite encore actuelle-
ment ces régions, c'est-à-dire les environs du lac Men-
zaleh. C'est là, près de la terre de Gessen ou des pâtu-
rages, que devait être le palais des Pharaons. C'est non
loin de là, bien plutôt qu'aux environs de Memphis où
le Nil est beaucoup trop rapide, c'est dans un des af-
fluents qui garde encore le nom de Beroan-Moes, qu'a
dû être exposé Bloïse. Chaque pierre, au reste, chaque
vestige du canal témoignent encore aujourd'hui du pas-
sage et du séjour des Hébreux, et, la Bible à la main,
on peut refaire, à travers toutes ces ruines mémora-
bles, l'itinéraire du législateur des Juifs. Les Arabes,
à l'heure qu'il est, se laissent de plus en plus entraîner
à peupler ces solitudes. M. de Lesseps les a rassemblés,
leur a expliqué les avantages de son entreprise, leur a
tracé pour ainsi dire sur le terrain la carte de l'univers,
• et ces hommes intelligents ont parfaitement compris
et se sont laissé convaincre. -
En terminant cet intéressant 'exposé, M. de Lesseps
se déclare prêt à répondre à toutes les questions qu'on
voudra lui adresser, qu'on lui adressera sans aucun
doute. Il a voulu seulement donner le signal d'une
sorte de conversation de famille dont chaque membre
de l'assemblée prendra, il l'espère du moins, sa large
part.
A plusieurs questions posées par MM. Duchatellier,
Belgrand et quelques autres délégués sur le danger
des tempêtes de sable, sur l'origine des anciens habi-
tants du pays, sur le prix de revient des palissades
préservatrices des sables, sur les dimensions définiti-
ves du canal de jonction des deux mers, M. de Lesseps
répond que les sables mouvants ne sont réellement
gênants que deux fois par an, et sur deux points
principaux du parcours, dans le voisinage de la mer et
dans la partie comprise entre El-Ferdane et Timsah,
sur un parcours de 14 kilomètres. Les palissades pré-
servatrices n'ont pas coûté plus de 30,000 francs ;
d'ailleurs le danger des ensablements n'est pas partie
culier à l'isthme de Suez ; les landes de Bordeaux y
sont aussi exposées, et ce n'est pas un obstacle dont on
se préoccupe outre mesure.
Toute cette contrée à été autrefois un pays de pas-
teurs. Suez, en arabe, veut dire pasteur.
Le canal maritime aura 60 mètres de largeur et
8 mètres de profondeur, la profondeur des plus grands
ports de mer; le Havre n'a guère plus de 6 mètres. Les
bâtiments qui auraient un tirant d'eau supérieur à 6 ou
1 mètres ne seraient pas propres à la navigation, car
ils ne pourraient entrer dans aucun port. On ne donne
pas immédiatement au canal les 60 mètres de largeur
qu'il aura définitivement ; on le commence avec une
largeur beaucoup moindre. On laisse entrer l'eau à
mesure du creusement, et comme il n'y aura pas d'é-
cluses, comme le niveau sera toujours le même, on
pourra élargir aisément à côté de l'eau et sans être
gêné par elle. Le canal aura 150 kilomètres de longueur
dont 50 au moins au-dessous du niveau de la mer.
Quant à cette mer Rouge dont on avait essayé de faire
un épouvantail, c'est bien la mer la plus facile du
monde. Peu de vagues, point de tempêtes, des bancs de
coraux, dit-on; mais là où il n'y a point de coraux, il
y a des sables et des rochers : il n'y a pas de mer où les
bâtiments n'aient à se garer des écueils. A Suez, de
temps immémorial, on navigue sur des barques non
pontées. C'est dans cette paisible navigation de la mer
Rouge que l'hélice auxiliaire est appelée à jouer un
grand rôle. Les anciens avaient bien compris l'insuffi-
sance de la voile seule. Jamais ils n'auraient eu l'idée
de confier à ce seul moteur, si fréquemment impuissant,
le sort d'une flotte importante. Les anciens n'avaient
point à leur disposition la vapeur ; mais ils employaient
le bras de l'homme, la rame, et ils l'employaient tou-
jours pour contrebalancer l'inconstance des vents.
Interrogé par M. Jouvin sur la configuration des
sphinx du temps de Joseph, qu'a découverts M. Mariette,
M. de Lesseps lui répond que ces sphinx sont la repré-
sentation fidèle des pasteurs de race caucasique ou as-
syrienne qui habitent encore ces contrées, types bien
- différents du type éthiopien qui a peuplé et qui peuple
toujours l'Égypte. Ces sphinx sont en granit et sont
assez bien conservés.
M. le docteur Ancelin demande si les vases de l'is-
thme, qui n'ont pas produit de fièvres intermittentes,
n'ont pas été l'origine de typhus paludéens, de charbon
ou d'aliénations mentales.
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