Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-05-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 15 mai 1862 15 mai 1862
Description : 1862/05/15 (A7,N142). 1862/05/15 (A7,N142).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k62032966
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MËRS. Î5*7
pensé une somme moindre de 39 millions. Le cor-
respondant s'inquiète de la dépense occasionnée par
tous ces résultats, la voilà ; et il reste à la Compagnie
sur son fonds social, pour terminer son œuvre, plus
de 160 millions bien liquides réalisés où réalisables.
Parlerons-nous maintenant des jetées de Port-Saïd,
et comment dissiper avant leur achèvement ou du
moins leur grand avancement des défiances qui ne
cèdent qu'à l'évidence du fait accompli? Notre seule
réponse à ces craintes ne peut donc être pour le
moment que l'expérience du passé, et nous ne
craignons pas de dire que le jour viendra où le cor-
respondant sera obligé de modifier ses opinions sur
ce point, comme il vient de modifier les erreurs accré-
ditées en Angleterre sur l'impossibilité de l'union des
deux mers. Nous ne pouvons lui faire que la même
réponse sur sa manière d'envisager les perspec-
tives financières de l'entreprise. Seulement son opi-
nion n'est point généralement partagée. Nous ne
pouvons comprendre toutefois sur quels fondements
il a pu baser son allégation que sous ce rapport l'in-
quiétude régnait parmi les actionnaires. Nous n'avons
pour lui faire mesurer toute l'étendue de son erreur,
qu'à le renvoyer au compte rendu et aux résolutions
unanimes de l'assemblée générale du 1er de ce mois.
De tout cela que reste-t-il ? Des suppositions arbi-
traires et un fait matériel. Les suppositions, nous ve-
nons de les énumérer et de les réduire à leur véritable
poids. Le fait matériel, il est qu'après six ans l'an-
cienne opposition anglaise confesse enfin ce qu'elle
a si longtemps contesté, qu'il est possible de creuser
un canal à travers l'isthme de Suez, et que ce
canal, dans une dimension quelconque, sera bientôt
creusé.
Ce n'est point là d'ailleurs le seul côté par lequel
nous paraît remarquable l'esprit de cette correspon-
dance. Elle à une autre face non moins digne de notre
approbation. Le correspondant comprend tout ce que
la résistance passionnée de quelques personnages en
Angleterre a valu sur le continent d'impopularité à
son pays et de force à l'entreprise. En ce point il est
dans le vrai. Il est certain qu'en France et ailleurs
on s'est ému, on a été blessé de cette opiniâtre op-
position contre un travail d'utilité universelle, qu'on
l'a considérée comme une injustice et un acte d'é-
goïsme, prétendant sacrifier l'intérêt de tous à l'inté-
rêt malentendu d'un seul. Il est certain que cette in-
tervention, cette pression trop souvent exercées dans
les affaires intérieures d'un gouvernement étranger
a produit une très-fâcheuse impression sur l'opinion
des peuples. Mais il n'est pas vrai que la sympathie
générale ressentie non-seulement en France, mais
encore sur tout le continent pour le projet du ca-
nal de Suez, ait été inspirée par aucun esprit d'ani-
mosité, par aucune espèce de calcul malveillant envers
l'Angleterre. Quelques Anglais seuls ont supposé ces
sentiments chez nous, et nous ne saurions trop pro-
tester contre ces suppositions. La France dans cette
question, nous n'avons cessé de le proclamer, et nous
le répétons sans hésitation, n'a été mue par aucune
arrière-pensée d'empiétement ou d'influence exclusive.
Elle l'a assez prouvé par,sa modération. Elle a vu
dans le passage de Suez une nouvelle route ouverte
à tous las pavillons,. une plus vaste carrière préparée
au commerce du monde, un rapprochement désirable
entre les diverses races du genre humain, et encore
une fois elle s'est associée à une idée et non à une
sorte de conspiration ayant pour objet de dépouiller
les faibles ou de duper les forts.
Ce n'est pas avec l'opinion publique, ce n'est pas
avec l'argent du public qu'il est possible d'organiser
en France ces espèces d'intrigues et de traquenards
politiques.
Le Times lui-même, au surplus, n'a-t-il pas déclaré
plusieurs fois, et nous n'avonsjamais manqué d'enre-
gistrer ses déclarations, que si le canal des deux mers
était fait, il serait beaucoup plus utile à l'Angleterre
qu'à tous les autres pays. Comment donc pourrait-il
concilier une semblable appréciation fondée sur la
nature même des choses, avec cette autre opinion que
par le canal, la France veut faire descendre l'Angle-
terre de son rang ; et comment même, en accordant
que ce fût là un des préjugés de la France, le Times
se laisserait-il détourner, par ce vain fantôme de la
conquête, des avantages que de son propre aveu ce
passage lui promet?
Il est donc logique que le Times et son correspondant
conseillent et recommandent à leur gouvernement
d'abandonner désormais l'entreprise au cours naturel
de sa destinée. Ajoutons que ce conseil était déjà suivi.
Depuis quelque temps, l'attitude du gouvernement an-
glais à ce sujet a pris un caractère marqué d'absten-
tion. Le correspondant a raison. L'entreprise réussira
ou ne réussira pas. Si elle réussit l'Angleterre ne peut
qu'y gagner, comme le dit le Times; si elle ne réus-
sit pas l'Angleterre n'a rien à perdre, puis qu'elle
n'y est pas pécuniairement intéressée. Que si, confor- -
mément à l'avis du correspondant, l'Angleterre veut
rire de notre œuvre, qu'elle rie à son aise, nous ne
nous y opposons point, nous ne demandons pas mieux
que de la tenir en joie. Rire, c'est désarmer. Q'uelle
rie donc au Parlement et qu'elle rie dans la presse.
-Pendant qu'elle rira, nous travaillerons, nous redou-
blerons d'efforts. Si nous succombons dans notre tâche,
nous nous en rapportons à la verve du Times pour
nous cribler de ses sarcasmes ; si nous réussissons et -
nous réussirons, l'Angleterre pourra rire encore; car
elle profitera comme nous et avec nous des bienfaits
de notre œuvre, sans en avoir encouru ni les labeurs
ni les déboires.
Alors elle le devra à « l'enthousiaste » M. de Les-
seps, plus encore qu'elle ne doit aujourd'hui à celui
pensé une somme moindre de 39 millions. Le cor-
respondant s'inquiète de la dépense occasionnée par
tous ces résultats, la voilà ; et il reste à la Compagnie
sur son fonds social, pour terminer son œuvre, plus
de 160 millions bien liquides réalisés où réalisables.
Parlerons-nous maintenant des jetées de Port-Saïd,
et comment dissiper avant leur achèvement ou du
moins leur grand avancement des défiances qui ne
cèdent qu'à l'évidence du fait accompli? Notre seule
réponse à ces craintes ne peut donc être pour le
moment que l'expérience du passé, et nous ne
craignons pas de dire que le jour viendra où le cor-
respondant sera obligé de modifier ses opinions sur
ce point, comme il vient de modifier les erreurs accré-
ditées en Angleterre sur l'impossibilité de l'union des
deux mers. Nous ne pouvons lui faire que la même
réponse sur sa manière d'envisager les perspec-
tives financières de l'entreprise. Seulement son opi-
nion n'est point généralement partagée. Nous ne
pouvons comprendre toutefois sur quels fondements
il a pu baser son allégation que sous ce rapport l'in-
quiétude régnait parmi les actionnaires. Nous n'avons
pour lui faire mesurer toute l'étendue de son erreur,
qu'à le renvoyer au compte rendu et aux résolutions
unanimes de l'assemblée générale du 1er de ce mois.
De tout cela que reste-t-il ? Des suppositions arbi-
traires et un fait matériel. Les suppositions, nous ve-
nons de les énumérer et de les réduire à leur véritable
poids. Le fait matériel, il est qu'après six ans l'an-
cienne opposition anglaise confesse enfin ce qu'elle
a si longtemps contesté, qu'il est possible de creuser
un canal à travers l'isthme de Suez, et que ce
canal, dans une dimension quelconque, sera bientôt
creusé.
Ce n'est point là d'ailleurs le seul côté par lequel
nous paraît remarquable l'esprit de cette correspon-
dance. Elle à une autre face non moins digne de notre
approbation. Le correspondant comprend tout ce que
la résistance passionnée de quelques personnages en
Angleterre a valu sur le continent d'impopularité à
son pays et de force à l'entreprise. En ce point il est
dans le vrai. Il est certain qu'en France et ailleurs
on s'est ému, on a été blessé de cette opiniâtre op-
position contre un travail d'utilité universelle, qu'on
l'a considérée comme une injustice et un acte d'é-
goïsme, prétendant sacrifier l'intérêt de tous à l'inté-
rêt malentendu d'un seul. Il est certain que cette in-
tervention, cette pression trop souvent exercées dans
les affaires intérieures d'un gouvernement étranger
a produit une très-fâcheuse impression sur l'opinion
des peuples. Mais il n'est pas vrai que la sympathie
générale ressentie non-seulement en France, mais
encore sur tout le continent pour le projet du ca-
nal de Suez, ait été inspirée par aucun esprit d'ani-
mosité, par aucune espèce de calcul malveillant envers
l'Angleterre. Quelques Anglais seuls ont supposé ces
sentiments chez nous, et nous ne saurions trop pro-
tester contre ces suppositions. La France dans cette
question, nous n'avons cessé de le proclamer, et nous
le répétons sans hésitation, n'a été mue par aucune
arrière-pensée d'empiétement ou d'influence exclusive.
Elle l'a assez prouvé par,sa modération. Elle a vu
dans le passage de Suez une nouvelle route ouverte
à tous las pavillons,. une plus vaste carrière préparée
au commerce du monde, un rapprochement désirable
entre les diverses races du genre humain, et encore
une fois elle s'est associée à une idée et non à une
sorte de conspiration ayant pour objet de dépouiller
les faibles ou de duper les forts.
Ce n'est pas avec l'opinion publique, ce n'est pas
avec l'argent du public qu'il est possible d'organiser
en France ces espèces d'intrigues et de traquenards
politiques.
Le Times lui-même, au surplus, n'a-t-il pas déclaré
plusieurs fois, et nous n'avonsjamais manqué d'enre-
gistrer ses déclarations, que si le canal des deux mers
était fait, il serait beaucoup plus utile à l'Angleterre
qu'à tous les autres pays. Comment donc pourrait-il
concilier une semblable appréciation fondée sur la
nature même des choses, avec cette autre opinion que
par le canal, la France veut faire descendre l'Angle-
terre de son rang ; et comment même, en accordant
que ce fût là un des préjugés de la France, le Times
se laisserait-il détourner, par ce vain fantôme de la
conquête, des avantages que de son propre aveu ce
passage lui promet?
Il est donc logique que le Times et son correspondant
conseillent et recommandent à leur gouvernement
d'abandonner désormais l'entreprise au cours naturel
de sa destinée. Ajoutons que ce conseil était déjà suivi.
Depuis quelque temps, l'attitude du gouvernement an-
glais à ce sujet a pris un caractère marqué d'absten-
tion. Le correspondant a raison. L'entreprise réussira
ou ne réussira pas. Si elle réussit l'Angleterre ne peut
qu'y gagner, comme le dit le Times; si elle ne réus-
sit pas l'Angleterre n'a rien à perdre, puis qu'elle
n'y est pas pécuniairement intéressée. Que si, confor- -
mément à l'avis du correspondant, l'Angleterre veut
rire de notre œuvre, qu'elle rie à son aise, nous ne
nous y opposons point, nous ne demandons pas mieux
que de la tenir en joie. Rire, c'est désarmer. Q'uelle
rie donc au Parlement et qu'elle rie dans la presse.
-Pendant qu'elle rira, nous travaillerons, nous redou-
blerons d'efforts. Si nous succombons dans notre tâche,
nous nous en rapportons à la verve du Times pour
nous cribler de ses sarcasmes ; si nous réussissons et -
nous réussirons, l'Angleterre pourra rire encore; car
elle profitera comme nous et avec nous des bienfaits
de notre œuvre, sans en avoir encouru ni les labeurs
ni les déboires.
Alors elle le devra à « l'enthousiaste » M. de Les-
seps, plus encore qu'elle ne doit aujourd'hui à celui
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