Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-05-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 mai 1862 01 mai 1862
Description : 1862/05/01 (A7,N141)-1862/05/04. 1862/05/01 (A7,N141)-1862/05/04.
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203295s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/07/2012
140 L'ISTHME DE SUEZ,
Compagnie sera spécialement affecté, s'il y a lieu,
au paiement desdites annuités.
Vous avez déjà remarqué comme nous, Messieurs,
l'esprit de loyauté qu'apporte constamment Son
Altesse Mohammed-Saïd dans ses rapports avec la
Compagnie. Ce prince éclairé, généreux, le premier
fondateur de notre Compagnie, son protecteur per-
sévérant et son principal associé, n'entend nullement
se prévaloir de sa position ni des grands avantages
qu'il nous a octroyés, pour que sa participation finan-
cière vous impose une charge quelconque. Il tient à
constater son entière égalité avec vous dans l'ac-
complissement des obligations qui vous lient vous-
mêmes, en vertu des actes publics émanés de son
autorité. Il nous a expressément chargé de vous le
décloPer.
Nous pensons que notre projet de convention, déjà
admis en principe par S. A. le vice-roi, et dont nous
poursuivrons la réalisation, si vous lui donnez votre
assentiment, ménage et concilie également les divers
intérêts qu'il a pour objet de satisfaire. En même
temps qu'il donnera à la Compagnie la disposition im-
médiate de son capital, il facilitera au gouvernement
égyptien l'acquittement de la somme considérable qu'il
avait souscrite, dans un intérêt général, ce qui, soit
dit en passant, était une réponse péremptoire à ceux
qui l'accusaient de vouloir livrer l'Egypte à l'exploi-
tation d'une influence exclusive.
C'est ici, Messieurs, ce nous semble, le cas de vous
entretenir de la situation actuelle de l'Egypte et des
améliorations nombreuses qui y ont été introduites
par Mohammed-Saïd depuis son avènement.
Au moment où ce prince parvenait au pouvoir,
l'Egypte n'était qu'une vaste ferme exploitée par
le gouvernement, maître de toutes les terres. Le
vice-roi s'en faisait livrer les produits. Il en était le
seul acheteur et le seul vendeur. Les impôts se
payaient en nature ; des douanes intérieures entra-
vaient les transactions du commerce. Les fellahs,
parqués dans leurs villages, ne pouvaient abandonner
la glèbe à laquelle ils étaient attachés. La justice
était légalement vénale. Une population de cultiva-
teurs épuisée par des guerres longues et terribles
avait pris en horreur le service militaire, à ce point
que pour soustraire les enfants à un avenir qu'elle
redoutait, elle mutilait presque tous les nouveau-
nés. Le Trésor était aux abois ; ses engagements
étaient en souffrance, et pour subvenir à ses besoins
il fallait encore pressurer les contribuables.
Le premier soin de Mohammed-Saïd a été d'abo-
lir les monopoles, de rendre aux fellahs la pleine
liberté de la culture et du commerce. En même
temps, il distribuait aux cultivateurs tous les ter-
rains disponibles et les partageait entre les cheiks
des villa g-es et les chefs des familles. Ces réformes
ont été couronnées d'un résultat très-remarquable
devant lequel on recule encore dans le reste de
l'empire ottoman et en Grèce. L'impôt en nature,
sujet à tant de désordres et à tant d'abus, a été
transformé en impôt en argent, payable par dou-
zièmes, et cette transformation a obtenu un succès
si complet, que tout en allégeant les populations,
elle a donné au Trésor une augmentation de revenu
évaluée à 25 0/0.
La distribution des terres a été suivie de l'abo-
lition de toutes les douanes intérieures. A cette
abolition a succédé la suppression des usages qui
attachaient le fellah à la terre, et aujourd'hui le
cultivateur est non-seulement libre de vendre ses
produits comme il veut, mais encore de disposer
de son travail et de sa personne, et de changer à
son gré le lieu de sa résidence.
La justice a été aussi l'objet d'une louable ré-
forme. Elle était rendue en Egypte par un grand
juge qui achetait sa charge à Constantinople et se
faisait à son tour payer par les cadis, qui de leur
côté rançonnaient les justiciables. Le vice-roi a
désintéressé de ses deniers le gouvernement turc,
a pris à sa charge les traitements des cadis, et a
permis que les juges des provinces et des districts
fussent choisis par l'élection.
Pour l'armée, frappé de l'état de mutilation qui,
par suite de répugnances invétérées, envahissait
peu à peu toute la jeunesse, il a travaillé et il a réussi
à mettre un terme à cette déplorable situation. D'abord,
au lieu de limiter le service militaire aux classes
pauvres, il y a fait participer les fils des principaux
du pays qui ont été enrôlés avec les enfants du
peuple. Les soldats, entourés de soins qu'ils n'a-
vaient jamais connus, furent bien vêtus, bien nour-
ris, sous les regards et la direction du prince, qui
vivait au milieu d'eux, les exerçait et les comman-
dait en personne. Cette sollicitude faisait accuser
le prince de jouer au soldat ; mais les insinuations
de la malveillance ne l'ont pas empêché de persister
dans son plan, qui était d'alléger le service en le
rendant commun à tous, sans enlever trop de bras
aux travaux agricoles. Après sept à huit mois de
service, il renvoie les recrues dans leurs foyers, et,
successivement depuis sept ans, il a fait passer sous les
drapeaux et sous ses yeux, on peut le dire, toute la
jeune population de l'Egypte. Désormais le peuple est
réconcilié avec le devoir sacré de concourir à la dé-
fense de la patrie ou au maintien de l'ordre public. Tous
les jeunes gens des villages sont inscrits sur les
contrôles, et lorsque le vice-roi, qui d'ailleurs vient
de réduire son armée à quelques milliers d'hommes,
fait un appel aux contingents, chacun se rend à
son poste, à tour de rôle et sans contrainte.
Parlons maintenant de la situation financière de
l'Egypte. La dette du Trésor est de 160 millions;
Compagnie sera spécialement affecté, s'il y a lieu,
au paiement desdites annuités.
Vous avez déjà remarqué comme nous, Messieurs,
l'esprit de loyauté qu'apporte constamment Son
Altesse Mohammed-Saïd dans ses rapports avec la
Compagnie. Ce prince éclairé, généreux, le premier
fondateur de notre Compagnie, son protecteur per-
sévérant et son principal associé, n'entend nullement
se prévaloir de sa position ni des grands avantages
qu'il nous a octroyés, pour que sa participation finan-
cière vous impose une charge quelconque. Il tient à
constater son entière égalité avec vous dans l'ac-
complissement des obligations qui vous lient vous-
mêmes, en vertu des actes publics émanés de son
autorité. Il nous a expressément chargé de vous le
décloPer.
Nous pensons que notre projet de convention, déjà
admis en principe par S. A. le vice-roi, et dont nous
poursuivrons la réalisation, si vous lui donnez votre
assentiment, ménage et concilie également les divers
intérêts qu'il a pour objet de satisfaire. En même
temps qu'il donnera à la Compagnie la disposition im-
médiate de son capital, il facilitera au gouvernement
égyptien l'acquittement de la somme considérable qu'il
avait souscrite, dans un intérêt général, ce qui, soit
dit en passant, était une réponse péremptoire à ceux
qui l'accusaient de vouloir livrer l'Egypte à l'exploi-
tation d'une influence exclusive.
C'est ici, Messieurs, ce nous semble, le cas de vous
entretenir de la situation actuelle de l'Egypte et des
améliorations nombreuses qui y ont été introduites
par Mohammed-Saïd depuis son avènement.
Au moment où ce prince parvenait au pouvoir,
l'Egypte n'était qu'une vaste ferme exploitée par
le gouvernement, maître de toutes les terres. Le
vice-roi s'en faisait livrer les produits. Il en était le
seul acheteur et le seul vendeur. Les impôts se
payaient en nature ; des douanes intérieures entra-
vaient les transactions du commerce. Les fellahs,
parqués dans leurs villages, ne pouvaient abandonner
la glèbe à laquelle ils étaient attachés. La justice
était légalement vénale. Une population de cultiva-
teurs épuisée par des guerres longues et terribles
avait pris en horreur le service militaire, à ce point
que pour soustraire les enfants à un avenir qu'elle
redoutait, elle mutilait presque tous les nouveau-
nés. Le Trésor était aux abois ; ses engagements
étaient en souffrance, et pour subvenir à ses besoins
il fallait encore pressurer les contribuables.
Le premier soin de Mohammed-Saïd a été d'abo-
lir les monopoles, de rendre aux fellahs la pleine
liberté de la culture et du commerce. En même
temps, il distribuait aux cultivateurs tous les ter-
rains disponibles et les partageait entre les cheiks
des villa g-es et les chefs des familles. Ces réformes
ont été couronnées d'un résultat très-remarquable
devant lequel on recule encore dans le reste de
l'empire ottoman et en Grèce. L'impôt en nature,
sujet à tant de désordres et à tant d'abus, a été
transformé en impôt en argent, payable par dou-
zièmes, et cette transformation a obtenu un succès
si complet, que tout en allégeant les populations,
elle a donné au Trésor une augmentation de revenu
évaluée à 25 0/0.
La distribution des terres a été suivie de l'abo-
lition de toutes les douanes intérieures. A cette
abolition a succédé la suppression des usages qui
attachaient le fellah à la terre, et aujourd'hui le
cultivateur est non-seulement libre de vendre ses
produits comme il veut, mais encore de disposer
de son travail et de sa personne, et de changer à
son gré le lieu de sa résidence.
La justice a été aussi l'objet d'une louable ré-
forme. Elle était rendue en Egypte par un grand
juge qui achetait sa charge à Constantinople et se
faisait à son tour payer par les cadis, qui de leur
côté rançonnaient les justiciables. Le vice-roi a
désintéressé de ses deniers le gouvernement turc,
a pris à sa charge les traitements des cadis, et a
permis que les juges des provinces et des districts
fussent choisis par l'élection.
Pour l'armée, frappé de l'état de mutilation qui,
par suite de répugnances invétérées, envahissait
peu à peu toute la jeunesse, il a travaillé et il a réussi
à mettre un terme à cette déplorable situation. D'abord,
au lieu de limiter le service militaire aux classes
pauvres, il y a fait participer les fils des principaux
du pays qui ont été enrôlés avec les enfants du
peuple. Les soldats, entourés de soins qu'ils n'a-
vaient jamais connus, furent bien vêtus, bien nour-
ris, sous les regards et la direction du prince, qui
vivait au milieu d'eux, les exerçait et les comman-
dait en personne. Cette sollicitude faisait accuser
le prince de jouer au soldat ; mais les insinuations
de la malveillance ne l'ont pas empêché de persister
dans son plan, qui était d'alléger le service en le
rendant commun à tous, sans enlever trop de bras
aux travaux agricoles. Après sept à huit mois de
service, il renvoie les recrues dans leurs foyers, et,
successivement depuis sept ans, il a fait passer sous les
drapeaux et sous ses yeux, on peut le dire, toute la
jeune population de l'Egypte. Désormais le peuple est
réconcilié avec le devoir sacré de concourir à la dé-
fense de la patrie ou au maintien de l'ordre public. Tous
les jeunes gens des villages sont inscrits sur les
contrôles, et lorsque le vice-roi, qui d'ailleurs vient
de réduire son armée à quelques milliers d'hommes,
fait un appel aux contingents, chacun se rend à
son poste, à tour de rôle et sans contrainte.
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