Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-04-15
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 15 avril 1862 15 avril 1862
Description : 1862/04/15 (A7,N140). 1862/04/15 (A7,N140).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203294c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS.. 121
'armée, ceux de la mortalité parmi les Arabes se
présentent comme certitude matérielle de l'état flo-
rissant de la santé publique et particulière.
Devant ces chiffres et ces faits que dire ? Je
ne puis, monsieur le président, que vous affirmer
la salubrité des travaux, la salubrité des localités,
la salubrité du climat ; en un mot, la salubrité de
l'isthme, supérieure de beaucoup à celle de la
France.
SERVICE DE SANTÉ.
Le parcours du canal maritime et du canal d'eau
douce, avec les différents établissements de la Com-
pagnie, ont été divisés en circonscriptions médicales
qui varient suivant les travaux, afin d'assurer le
service de santé et le rendre plus facile. Neuf méde-
cins-docteurs et deux pharmaciens sont chargés
du service. A Damiette réside un médecin ; à Port-
Saïd deux, un pour la ville, l'autre pour le lac; à
Kantara un. Le pharmacien qui fournit à ces cir-
conscriptions demeure à Port-Saïd. Les autres mé-
decins sont à Ferdane, au seuil, sur le canal d'eau
douce et à Tel-el-Kebir, dans l'Ouady. Le pharma-
cien réside au seuil, et fournit à ces dernières cir-
conscriptions. Le médecin du Mex s'adresse pour les
médicaments à une pharmacie d'Alexandrie.
A Port-Saïd, à Kantara et au seuil, il y a un
hôpital pour les Européens et un pour les Arabes ;
ils reçoivent les malades des différents campements
lorsqu'ils ne veulent pas ou ne peu\ent pas être
traités à domicile. Nous pouvons disposer de 60
lits pour les Européens, et de 30 pour les Arabes.
Jusqu'à présent, il n'y a pas eu plus de 20 lits
occupés, soit par les uns, soit par les autres. Et
comme les Européens préfèrent être traités à domi-
cile, que les Arabes aiment mieux leurs gourbis et
leurs villages, il en résulte que le service médical
est plus qu'assuré en temps ordinaire de maladie.
Les pharmaciens sont approvisionnées pour trois
mois. Les médicaments et les objets qui se conservent
sont demandés en France, les autres sont achetés à
Alexandrie.
Cette simple organisation permet d'être toujours
approvisionné, d'avoir des lits à la disposition des
malades, et de pouvoir porter rapidement des secours
partout où ils sont demandés.
Je n'entrerai pas dans les détails d'exécution du
service de santé qui déjà fonctionne régulièrement,
et va chaque jour en se perfectionnant j mais j'ap-
pellerai votre attention, monsieur le président, sur
l'organisation et les conséquences de ce service, par
rapport à la santé générale et aux intérêts de la
Compagnie. En visitant les travaux et dans ce rap-
port, vous avez pu apprécier quelques-uns des ré-
sultats déjà obtenus. Vous avez pu voir que le ser-
vice de santé dans l'isthme ne perdait jamais de
vue les intérêts de la Compagnie; que le médecin
n'était pas là seulement pour constater la maladie
et guérir le malade, mais surtout pour empêcher la
maladie de se manifester. Un travailleur ou un em-
ployé européen malade, surtout s'il faut le renvoyer
en Europe, est un malheur aussi pour la Compagnie
mais une épidémie ou l'insalubrité de l'isthme cons-
tatée, ce seraient des milliers d'hommes et des mil-
lions perdus.
La constitution du service de santé dans l'isthme
est bien différente de ce qui existe ailleurs. En -
France, dans les administrations, les médecins ne
sont chargés directement que de la guérison des
maladies, et très-indirectement des questions d'hy-
giène et de santé ; encore faut-il qu'ils attendent
que l')n veuille bien les consulter. Il en résulte que
les médecins n'ont aucun intérêt, même moral, à
éviter à ces administrations des dépenses en s'occu-
pant de l'hygiène. Dans l'isthme, au contraire, le
service de santé a été organisé pour prévenir la
maladie d'abord et la combattre si elle vient à se ma-
nifester. Le devoir du médecin est donc de s'occuper
des questions d'hygiène, de santé et de salubrité. Le
règlement organique du service le charge de tout
ce qui concerne ces matières, d'indiquer ou d'em-
ployer les moyens propres à préserver et à garantir
la santé publique et particulière.
Le médecin est responsable de la santé dans sa
circonscription: aussi quel zèle et quelle activité ne
déploient-ils pas tous ! Ils sentent qu'une grave res-
ponsabilité pèse sur eux ; ils cherchent, examinent,
inspectent : rien ne leur échappe. Les rapports sani-
taires et médicaux de chaque quinzaine en font foi.
C'est grâce à cette constitution que le service de
santé a pu signaler des écarts, s'élever contre des
négligences qui compromettaient la santé et pousser
tD
aux améliorations. C'est ainsi que nous sommes par-
venus à bien connaître l'isthme et sa topographie,
la salubrité des localités, les maladies et leurs causes,
et que nous arriverons à bien déterminer les condi-
tions de santé et de maladie, à poser des règles
sanitaires non-seulement pour les travailleurs pré-
sents , mais encore pour les futurs habitants des
villes et pour ceux qui viendront un jour cultiver
les terres de la Compagnie.
Garantir la santé dans l'isthme de Suez, c'est le
peupler; c'est attirer les travailleurs, les négociants
et les cultivateurs, c'est doubler la valeur des ter-
rains à bâtir et des terres à cultiver. L'intérêt de la
Compagnie, tel est le but de la constitution du
service de santé et la conséquence de son orga-
nisation.
Veuillez, monsieur le président, agréer l'assurance
de tout mon respect et de mon entier dévouement.
Le médecin en chef,
L. ArnEr.T Rociif,
Alexandrie, le 27 mars 1862.
'armée, ceux de la mortalité parmi les Arabes se
présentent comme certitude matérielle de l'état flo-
rissant de la santé publique et particulière.
Devant ces chiffres et ces faits que dire ? Je
ne puis, monsieur le président, que vous affirmer
la salubrité des travaux, la salubrité des localités,
la salubrité du climat ; en un mot, la salubrité de
l'isthme, supérieure de beaucoup à celle de la
France.
SERVICE DE SANTÉ.
Le parcours du canal maritime et du canal d'eau
douce, avec les différents établissements de la Com-
pagnie, ont été divisés en circonscriptions médicales
qui varient suivant les travaux, afin d'assurer le
service de santé et le rendre plus facile. Neuf méde-
cins-docteurs et deux pharmaciens sont chargés
du service. A Damiette réside un médecin ; à Port-
Saïd deux, un pour la ville, l'autre pour le lac; à
Kantara un. Le pharmacien qui fournit à ces cir-
conscriptions demeure à Port-Saïd. Les autres mé-
decins sont à Ferdane, au seuil, sur le canal d'eau
douce et à Tel-el-Kebir, dans l'Ouady. Le pharma-
cien réside au seuil, et fournit à ces dernières cir-
conscriptions. Le médecin du Mex s'adresse pour les
médicaments à une pharmacie d'Alexandrie.
A Port-Saïd, à Kantara et au seuil, il y a un
hôpital pour les Européens et un pour les Arabes ;
ils reçoivent les malades des différents campements
lorsqu'ils ne veulent pas ou ne peu\ent pas être
traités à domicile. Nous pouvons disposer de 60
lits pour les Européens, et de 30 pour les Arabes.
Jusqu'à présent, il n'y a pas eu plus de 20 lits
occupés, soit par les uns, soit par les autres. Et
comme les Européens préfèrent être traités à domi-
cile, que les Arabes aiment mieux leurs gourbis et
leurs villages, il en résulte que le service médical
est plus qu'assuré en temps ordinaire de maladie.
Les pharmaciens sont approvisionnées pour trois
mois. Les médicaments et les objets qui se conservent
sont demandés en France, les autres sont achetés à
Alexandrie.
Cette simple organisation permet d'être toujours
approvisionné, d'avoir des lits à la disposition des
malades, et de pouvoir porter rapidement des secours
partout où ils sont demandés.
Je n'entrerai pas dans les détails d'exécution du
service de santé qui déjà fonctionne régulièrement,
et va chaque jour en se perfectionnant j mais j'ap-
pellerai votre attention, monsieur le président, sur
l'organisation et les conséquences de ce service, par
rapport à la santé générale et aux intérêts de la
Compagnie. En visitant les travaux et dans ce rap-
port, vous avez pu apprécier quelques-uns des ré-
sultats déjà obtenus. Vous avez pu voir que le ser-
vice de santé dans l'isthme ne perdait jamais de
vue les intérêts de la Compagnie; que le médecin
n'était pas là seulement pour constater la maladie
et guérir le malade, mais surtout pour empêcher la
maladie de se manifester. Un travailleur ou un em-
ployé européen malade, surtout s'il faut le renvoyer
en Europe, est un malheur aussi pour la Compagnie
mais une épidémie ou l'insalubrité de l'isthme cons-
tatée, ce seraient des milliers d'hommes et des mil-
lions perdus.
La constitution du service de santé dans l'isthme
est bien différente de ce qui existe ailleurs. En -
France, dans les administrations, les médecins ne
sont chargés directement que de la guérison des
maladies, et très-indirectement des questions d'hy-
giène et de santé ; encore faut-il qu'ils attendent
que l')n veuille bien les consulter. Il en résulte que
les médecins n'ont aucun intérêt, même moral, à
éviter à ces administrations des dépenses en s'occu-
pant de l'hygiène. Dans l'isthme, au contraire, le
service de santé a été organisé pour prévenir la
maladie d'abord et la combattre si elle vient à se ma-
nifester. Le devoir du médecin est donc de s'occuper
des questions d'hygiène, de santé et de salubrité. Le
règlement organique du service le charge de tout
ce qui concerne ces matières, d'indiquer ou d'em-
ployer les moyens propres à préserver et à garantir
la santé publique et particulière.
Le médecin est responsable de la santé dans sa
circonscription: aussi quel zèle et quelle activité ne
déploient-ils pas tous ! Ils sentent qu'une grave res-
ponsabilité pèse sur eux ; ils cherchent, examinent,
inspectent : rien ne leur échappe. Les rapports sani-
taires et médicaux de chaque quinzaine en font foi.
C'est grâce à cette constitution que le service de
santé a pu signaler des écarts, s'élever contre des
négligences qui compromettaient la santé et pousser
tD
aux améliorations. C'est ainsi que nous sommes par-
venus à bien connaître l'isthme et sa topographie,
la salubrité des localités, les maladies et leurs causes,
et que nous arriverons à bien déterminer les condi-
tions de santé et de maladie, à poser des règles
sanitaires non-seulement pour les travailleurs pré-
sents , mais encore pour les futurs habitants des
villes et pour ceux qui viendront un jour cultiver
les terres de la Compagnie.
Garantir la santé dans l'isthme de Suez, c'est le
peupler; c'est attirer les travailleurs, les négociants
et les cultivateurs, c'est doubler la valeur des ter-
rains à bâtir et des terres à cultiver. L'intérêt de la
Compagnie, tel est le but de la constitution du
service de santé et la conséquence de son orga-
nisation.
Veuillez, monsieur le président, agréer l'assurance
de tout mon respect et de mon entier dévouement.
Le médecin en chef,
L. ArnEr.T Rociif,
Alexandrie, le 27 mars 1862.
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