Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 avril 1862 01 avril 1862
Description : 1862/04/01 (A7,N139). 1862/04/01 (A7,N139).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203293z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
loi t'IsTHMlrrDE SUEZ,
«Alexandrie, 19 mars 1862.
» Mon cher ami,
» Muni d'une lettre de M. Ferdinand de Lesseps, je
suis allé visiter les travaux de l'isthme de Suez;
vous le savez, je ne suis pas un ingénieur, pour pou-
voir vous en parler techniquement. Je me bornerai à
vous donner la description de mon voyage de Damiette
à Zagazig.
» Le 24 février. — Je suis arrivé à Damiette et je me
suis présenté à l'administration de l'isthme. M. Magnan,
chef de la comptabilité, "a mis à ma disposition un
employé pour me piloter, et m'a donné les moyens
nécessaires à mon départ du lendemain. J'ai visité
l'énorme établissement de la compagnie; c'est presque
une petite ville: il y a environ deux cents employés
européens, partie appartenant à l'entreprise de M. Har-
don, et partie à la Compagnie. Cet établissement est
un véritable arsenal pacifique ; on y trouve un vaste et
complet assortiment en substances alimentaires, en vê-
tements, en ustensiles propres au travail du percement ;
tout est étiqueté et classifié avec un ordre extraordi-
naire. C'est Damiette qui approvisionne les différents
chantiers au nord de l'isthme.
» Le 25 février. — Je suis parti de Damiette avant le
lever du soleil pour me rendre au point du jour au bord
du lac Menzaleh, où m'attendait une barque préparée
avec des matelas, des couvertures, etc., pour le cas où
j'aurais dû passer la nuit ; heureusement le vent m'a
été favorable, et je suis arrivé vers 8 heures et de-
mie du soir à Port-Saïd. Le lac Menzaleh est rempli de
poissons et de gibier en quantité incroyable. Dès mon
arrivée à-Port-Saïd, je suis allé chez M. de Lesseps, qui
s'y trouvait, et qui, avec beaucoup d'affabilité, me fit
donner l'hospitalité et me présenta à M. Sciama, ingé-
nieur en chef de l'exécution des travaux, et à M. Ba-
reiller, directeur des travaux de l'entreprise à Port-
Saïd.
» Le 26 février. — Je me suis levé au point du jour,
parce que je savais que M. de Lesseps, avec son acti-
vité ordinaire, devait partir, et je voulais qu'il reçût
ma visite; mais plus matinal que moi, je n'étais pas
encore habillé qu'il est venu me saluer, et avant de
partir il me recommanda à M. Laroche, ingénieur, rési-
dant à Port-Saïd. On m'a donné un drogman pour visi-
ter la ville et tous les établissements.
» En premier lieu, pour embrasser du regard toute la
position, je suis monté sur le phare, espèce de tour en
bois, et, de là, j'eus sous les yeux une véritable ville.
— On voit les deux bassins, l'un de 400 mètres, et
l'autre de 800 mètres carrés, qui serviront de port aux
navires. — Autour du grand bassin, s'élèvent un véri-
table arsenal maritime, et une grande fonderie où l'on
uer les plus fortes pièces , sans qu'il soit
demander en Europe, faire toute sorte
Cy e. t outils, monter les dragues ; il contient
ailiers, des serrureries, des cbarpenteries,
Isk e bois à la vapeur f enfin, tout y est établi
e des grands travaux, c'est-à-dire en
- » Yous pouvez déjà comprendre, d'après ce premier
aperçu, que, quand on écrivait qu'on ne faisait rien, on
faisait au contraire beaucoup, parce que là où s'étend
à présent une ville, il n'existait qu'une plage déserte ;
et avant de commencer le percement, il fallait penser
même à l'approvisionnement de l'eau. — Tout marche
avec activité ; à 5 heures du matin, on sonne la
cloche, et 2,000 ouvriers européens et arabes se rendent
au travail. La ville est encore en construction ; elle a
quelques maisons en pierres, mais la majorité des ha-
bitations est formée de chalets jusqu'au rez-de-chaussée
en maçonnerie, le reste en bois ; un quai a été cons-
truit au bord de la mer, où sont situés les principaux
chalets ; il y a une église catholique, un établissement
pour les prêtres et un autre pour les sœurs, un hôpital
avec deux médecins, une pharmacie, etc., etc.; j'ai re-
marqué aussi une succursale des grands dépôts d'ap-
provisionnements dont le siège est à Damiette ; en un
mot, il y a tout et de tout.
» Jusqu'ici pourtant, la ville n'a pas d'eau. Au com-
mencement, on a dû rendre potable l'eau de la mer
par la distillation, mais à présent on reçoit l'eau dans
des caisses en fer par les bateaux de Damiette. Elle
est, à son arrivée, emmagasinée par des pompes dans
un grand réservoir où toute la population européenne-
et arabe vient puiser gratuitement. Hors la ville, s'est
formé d'un côté, à une distance de 250 mètres, un vil-
lage arabe, et de l'autre côté un village grec.
» J'ai trouvé un marché bien fourni de tout, particu-
lièrement de poissons et de gibier à des prix très-mo-
dérés ; il y a deux restaurants, également très-modérés,
et où l'on paie même moins cher qu'à Alexandrie. —
Après avoir déjeuné avec mes compagnons de voyage
(nous étions trois), je suis allé tout revoir, et particu-
lièrement la jetée, qui doit faciliter l'entrée du port.
Cette jetée, que je croyais une des grandes difficultés
de l'exécution, marche très-bien, et le dommage qu'elle
a dû souffrir par le coup de vent de l'année passée n'a
atteint en rien la partie enrochée par les pierres de la
carrière du Mex. On était en train d'établir une petite
île, à 1,500 mètres de la plage, par un nouveau système,
c'est-à-dire au moyen de colonnes en fer à vis. L'in-
génieur, M. Sciama, en attend les meilleurs résultats,
et, sur l'objection que je lui faisais des obstacles qu'on
a dû vaincre à Malamoco (Venise) et à Cherbourg, il
m'a répondu que depuis ce temps la science et l'expé-
rience avaient fait bien des progrès.
» A côté de la digue, la plage est coupée sur une
largeur de 15 à 20 mètres, de telle sorte que la Médi-
terranée est en communication avec le lac Menzaleh,
et par conséquent, comme vous allez voir par la suite
de mon voyage, un navire venant d'Europe pourrait
faire entrer sa chaloupe à Port-Saïd, et lui faire conti-
nuer sa route par la rigole (ou petit canal) jusqu'à El-
Ferdane, 60 à 10 kilomètres de parcours.
» M. Schmidt, mécanicien en chef, directeur des ate-
liers à Port-Saïd, et M. Franchetti, son secrétaire, m'ont
comblé de prévenances, et m'ont donné, conjointement
avec M. Laroche, toutes les explications que je leur ai
demandées.
» Le 27 février. —Au point du jour, je suis parti avec
deux embarcations que je trouvai prêtes, par les soins
«Alexandrie, 19 mars 1862.
» Mon cher ami,
» Muni d'une lettre de M. Ferdinand de Lesseps, je
suis allé visiter les travaux de l'isthme de Suez;
vous le savez, je ne suis pas un ingénieur, pour pou-
voir vous en parler techniquement. Je me bornerai à
vous donner la description de mon voyage de Damiette
à Zagazig.
» Le 24 février. — Je suis arrivé à Damiette et je me
suis présenté à l'administration de l'isthme. M. Magnan,
chef de la comptabilité, "a mis à ma disposition un
employé pour me piloter, et m'a donné les moyens
nécessaires à mon départ du lendemain. J'ai visité
l'énorme établissement de la compagnie; c'est presque
une petite ville: il y a environ deux cents employés
européens, partie appartenant à l'entreprise de M. Har-
don, et partie à la Compagnie. Cet établissement est
un véritable arsenal pacifique ; on y trouve un vaste et
complet assortiment en substances alimentaires, en vê-
tements, en ustensiles propres au travail du percement ;
tout est étiqueté et classifié avec un ordre extraordi-
naire. C'est Damiette qui approvisionne les différents
chantiers au nord de l'isthme.
» Le 25 février. — Je suis parti de Damiette avant le
lever du soleil pour me rendre au point du jour au bord
du lac Menzaleh, où m'attendait une barque préparée
avec des matelas, des couvertures, etc., pour le cas où
j'aurais dû passer la nuit ; heureusement le vent m'a
été favorable, et je suis arrivé vers 8 heures et de-
mie du soir à Port-Saïd. Le lac Menzaleh est rempli de
poissons et de gibier en quantité incroyable. Dès mon
arrivée à-Port-Saïd, je suis allé chez M. de Lesseps, qui
s'y trouvait, et qui, avec beaucoup d'affabilité, me fit
donner l'hospitalité et me présenta à M. Sciama, ingé-
nieur en chef de l'exécution des travaux, et à M. Ba-
reiller, directeur des travaux de l'entreprise à Port-
Saïd.
» Le 26 février. — Je me suis levé au point du jour,
parce que je savais que M. de Lesseps, avec son acti-
vité ordinaire, devait partir, et je voulais qu'il reçût
ma visite; mais plus matinal que moi, je n'étais pas
encore habillé qu'il est venu me saluer, et avant de
partir il me recommanda à M. Laroche, ingénieur, rési-
dant à Port-Saïd. On m'a donné un drogman pour visi-
ter la ville et tous les établissements.
» En premier lieu, pour embrasser du regard toute la
position, je suis monté sur le phare, espèce de tour en
bois, et, de là, j'eus sous les yeux une véritable ville.
— On voit les deux bassins, l'un de 400 mètres, et
l'autre de 800 mètres carrés, qui serviront de port aux
navires. — Autour du grand bassin, s'élèvent un véri-
table arsenal maritime, et une grande fonderie où l'on
uer les plus fortes pièces , sans qu'il soit
demander en Europe, faire toute sorte
Cy e. t outils, monter les dragues ; il contient
ailiers, des serrureries, des cbarpenteries,
Isk e bois à la vapeur f enfin, tout y est établi
e des grands travaux, c'est-à-dire en
- » Yous pouvez déjà comprendre, d'après ce premier
aperçu, que, quand on écrivait qu'on ne faisait rien, on
faisait au contraire beaucoup, parce que là où s'étend
à présent une ville, il n'existait qu'une plage déserte ;
et avant de commencer le percement, il fallait penser
même à l'approvisionnement de l'eau. — Tout marche
avec activité ; à 5 heures du matin, on sonne la
cloche, et 2,000 ouvriers européens et arabes se rendent
au travail. La ville est encore en construction ; elle a
quelques maisons en pierres, mais la majorité des ha-
bitations est formée de chalets jusqu'au rez-de-chaussée
en maçonnerie, le reste en bois ; un quai a été cons-
truit au bord de la mer, où sont situés les principaux
chalets ; il y a une église catholique, un établissement
pour les prêtres et un autre pour les sœurs, un hôpital
avec deux médecins, une pharmacie, etc., etc.; j'ai re-
marqué aussi une succursale des grands dépôts d'ap-
provisionnements dont le siège est à Damiette ; en un
mot, il y a tout et de tout.
» Jusqu'ici pourtant, la ville n'a pas d'eau. Au com-
mencement, on a dû rendre potable l'eau de la mer
par la distillation, mais à présent on reçoit l'eau dans
des caisses en fer par les bateaux de Damiette. Elle
est, à son arrivée, emmagasinée par des pompes dans
un grand réservoir où toute la population européenne-
et arabe vient puiser gratuitement. Hors la ville, s'est
formé d'un côté, à une distance de 250 mètres, un vil-
lage arabe, et de l'autre côté un village grec.
» J'ai trouvé un marché bien fourni de tout, particu-
lièrement de poissons et de gibier à des prix très-mo-
dérés ; il y a deux restaurants, également très-modérés,
et où l'on paie même moins cher qu'à Alexandrie. —
Après avoir déjeuné avec mes compagnons de voyage
(nous étions trois), je suis allé tout revoir, et particu-
lièrement la jetée, qui doit faciliter l'entrée du port.
Cette jetée, que je croyais une des grandes difficultés
de l'exécution, marche très-bien, et le dommage qu'elle
a dû souffrir par le coup de vent de l'année passée n'a
atteint en rien la partie enrochée par les pierres de la
carrière du Mex. On était en train d'établir une petite
île, à 1,500 mètres de la plage, par un nouveau système,
c'est-à-dire au moyen de colonnes en fer à vis. L'in-
génieur, M. Sciama, en attend les meilleurs résultats,
et, sur l'objection que je lui faisais des obstacles qu'on
a dû vaincre à Malamoco (Venise) et à Cherbourg, il
m'a répondu que depuis ce temps la science et l'expé-
rience avaient fait bien des progrès.
» A côté de la digue, la plage est coupée sur une
largeur de 15 à 20 mètres, de telle sorte que la Médi-
terranée est en communication avec le lac Menzaleh,
et par conséquent, comme vous allez voir par la suite
de mon voyage, un navire venant d'Europe pourrait
faire entrer sa chaloupe à Port-Saïd, et lui faire conti-
nuer sa route par la rigole (ou petit canal) jusqu'à El-
Ferdane, 60 à 10 kilomètres de parcours.
» M. Schmidt, mécanicien en chef, directeur des ate-
liers à Port-Saïd, et M. Franchetti, son secrétaire, m'ont
comblé de prévenances, et m'ont donné, conjointement
avec M. Laroche, toutes les explications que je leur ai
demandées.
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