Presse et revues
16 pages
Titre : L'Isthme de Suez : journal de l'union des deux mers / gérant Ernest Desplaces
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1862-04-01
Contributeur : Desplaces, Ernest (1828-1893?). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34430392j
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 4673 Nombre total de vues : 4673
Description : 01 avril 1862 01 avril 1862
Description : 1862/04/01 (A7,N139). 1862/04/01 (A7,N139).
Description : Collection numérique : Bibliothèques d'Orient Collection numérique : Bibliothèques d'Orient
Description : Collection numérique : Collections de l’École... Collection numérique : Collections de l’École nationale des ponts et chaussées
Description : Collection numérique : Thématique : ingénierie,... Collection numérique : Thématique : ingénierie, génie civil
Description : Collection numérique : Corpus : canaux, écluses,... Collection numérique : Corpus : canaux, écluses, navigation intérieure
Description : Collection numérique : Corpus : ports et travaux... Collection numérique : Corpus : ports et travaux maritimes
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6203293z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O3b-240
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/06/2012
JOURNAL DE L'UNION DES DEUX MERS. 103
faite par le vice-roi. C'est l'avenir et l'entière pro-
priété du canal maritime pour la Compagnie.
Nous avons séjourné une journée entière dans cette
résidence ; nous avons assisté aux réunions des divers
chefs fellahs ou bédouins, qui venaient saluer dans
M. de Lesseps, président de la Compagnie, leur sei-
gneur et maître; car la propriété est ce que l'on ap-
pelle ici un chifflik ou terre seigneuriale. Les habi-
tants relèvent du propriétaire seul, auquel le gou-
vernement s'adresse ; c'est le propriétaire qui paie les
impôts, fournit les hommes pour la conscription et
la corvée; la justice se rend en son nom.
Le samedi 15, nous sommes arrivés à Zagazig par
le canal. Là, nous avons trouvé le chemin de fer, qui
nous a conduits à Alexandrie. Ainsi en huit jours,
nous avons parcouru près de 600 kilomètres : nous
sommes partis du Caire, nous avons descendu le Nil
jusqu'à Damiette, traversé le lac Menzaleh, visité les
travaux de l'isthme, les propriétés de la Compagnie,
et nous étions de retour à Alexandrie par Zagazig. Au-
trefois il aurait fallu plus d'un mois avec force provi-
sions, bagages et chameaux ; c'était un voyage, au-
jourd'hui c'est une promenade.
Je vous ai dit aussi succinctement que possible
mes impressions et ce que j'ai vu : croyez-vous que
l'on connaisse parfaitement en Europe et à Paris ce
qui se passe dans l'isthme de Suez ? Saviez-vous que
le travail ne s'est jamais arrêté, qu'il existe déjà une
ville de 5,000 âmes nommée Port-Saïd, avec des ate-
liers de toutes sortes ; qu'il y a 67 kilomètres de ca-
nal maritime navigable, et qu'un canal d'eau douce
vient du Nil jusqu'au milieu du désert ; que le dé-
sert est peuplé, que plus de 200,000 ouvriers arabes
ont déjà passé sur les travaux ; que le vice-roi a
son préfet dans l'isthme ; qu'il y a en Ramadan
20,000 travailleurs sur le seuil, et que le mois pro-
chain il y en aura le double, et qu'avant trois mois
le seuil sera percé? Connaissiez-vous les conséquences
de l'acquisition de la propriété seigneuriale de
rOnadée ? On l'ignorait à Alexandrie, est- on plus
avancé en France et à Paris? Aujourd'hui, jsai vu;
que ceux qui doutent de la réussite de l'affaire fas-
sent comme moi et se -donnent le plaisir d'une pro-
menade dans l'isthme, ils ne douteront plus.
En terminant, je crois devoir appeler l'attention
sur les hommes qui coopèrent à l'œuvre du canal,
et qui résident tant en Egypte que sur les travaux ;
c'est un personnel d'élite, plein de courage et de
dévouement, surtout à la personne de M. de Lesseps,
qui dirige toute l'opération. Le vice-roi lui-même a
mis en lui toute sa confiance; il est vrai qu'il y a
réciprocité. C'est un prince fort intelligent et fort re-
marquable ; il fait aussi partie du personnel de
l'isthme. Bien qu'il ait été tourmenté par les An-
glais, il n'a jamais abandonné l'idée du percement, il
en connaît la portée et les conséquences. Aujourd'hui
il passe à l'exécution et veut que le canal se fasse
il a pris le titre de président des travaux. Vous voyez
que les généraux sont assez bien choisis ; il est im-
possible que les travaux s'arrêtent et qu'avant peu
la mer Rouge ne se réunisse pas à la Méditerranée.
Dans quelque temps, S. A. le vice-roi doit se rendre
en France ; saluez en lui le souverain qui a osé en-
treprendre le plus grand œuvre des temps modernes,
et qui, soyez-en certain, saura le terminer.
Pour extrait : HUSSON.
JOURNAL D'UN VOYAGEUR.
Parmi les visiteurs qui, de leur personne, ont voulu
aller se former une conviction raisonnée et conscien-
cieuse relativement à la possibilité et à l'état d'avan-
cement des travaux du canal de Suez, le Siècle, dans
lacorrespondance que nous venons de reproduire, men-
tionne le nom de M. Jacques-Georges Lévi. M. Lévi,
Vénitien de naissance, est un des négociants
les plus riches et les plus considérés de la colonie eu-
ropéenne établie à Alexandrie. Il était au nombre des
incrédules de cette ville, avant d'avoir vérifié les cho-
ses de ses yeux, et il est revenu de sa tournée entière-
ment converti par les faits dont il a été témoin. Son
inspection a duré sept jours, du 24 février au 2 mars.
Il a vu successivement Damiette, Port-Saïd, toute la
ligne des travaux de ce dernier point au lac Timsah.
Il a remonté le canal d'eau douce jusqu'à Gassasin,
s'est arrêté à la propriété de l'Ouadée. d'où le canal,
qui borde ce domaine, l'a conduit à Zagazig, com-
muniquant lui-même avec le Caire par le canal de
Moès et le Nil et par un chemin de fer. M. Lévi a tenu
et rédigé un journal détaillé des circonstances de sa
tournée dans le but de le transmettre à un de ses
correspondants d'Europe. Avec une sincérité qui l'ho-
nore, il a bien voulu que son témoignage et ses ob-
servations ne fussent point perdus pour le public en
faisant éclater la vérité telle qu'il l'a constatée. Une
copie de sa relation nous a été transmise, et nous
sommes autorisé à l'insérer dans nos colonnes.
Nous en avons soigneusement respecté la couleur
et le style individuels. La première valeur d'un tel
récit est dans la spontanéité des impressions expri-
mées par son auteur. Nos lecteurs n'ont pas besoin
que nous leur fassions remarquer que cette pièce est
antérieure à la correspondance du Siècle ci-dessus
citée et qui en est pour ainsi dire la suite et le com-
plément. Ces deux relations se confirment et se con-
trôlent l'une par l'autre, et c'est pour nous une bonne
fortune de pouvoir les placer l'une à côté de l'autre.
Voici donc le texte du compte rendu adressé par
M. Lévi à son correspondant :
ERNEST DSSPLACES.
faite par le vice-roi. C'est l'avenir et l'entière pro-
priété du canal maritime pour la Compagnie.
Nous avons séjourné une journée entière dans cette
résidence ; nous avons assisté aux réunions des divers
chefs fellahs ou bédouins, qui venaient saluer dans
M. de Lesseps, président de la Compagnie, leur sei-
gneur et maître; car la propriété est ce que l'on ap-
pelle ici un chifflik ou terre seigneuriale. Les habi-
tants relèvent du propriétaire seul, auquel le gou-
vernement s'adresse ; c'est le propriétaire qui paie les
impôts, fournit les hommes pour la conscription et
la corvée; la justice se rend en son nom.
Le samedi 15, nous sommes arrivés à Zagazig par
le canal. Là, nous avons trouvé le chemin de fer, qui
nous a conduits à Alexandrie. Ainsi en huit jours,
nous avons parcouru près de 600 kilomètres : nous
sommes partis du Caire, nous avons descendu le Nil
jusqu'à Damiette, traversé le lac Menzaleh, visité les
travaux de l'isthme, les propriétés de la Compagnie,
et nous étions de retour à Alexandrie par Zagazig. Au-
trefois il aurait fallu plus d'un mois avec force provi-
sions, bagages et chameaux ; c'était un voyage, au-
jourd'hui c'est une promenade.
Je vous ai dit aussi succinctement que possible
mes impressions et ce que j'ai vu : croyez-vous que
l'on connaisse parfaitement en Europe et à Paris ce
qui se passe dans l'isthme de Suez ? Saviez-vous que
le travail ne s'est jamais arrêté, qu'il existe déjà une
ville de 5,000 âmes nommée Port-Saïd, avec des ate-
liers de toutes sortes ; qu'il y a 67 kilomètres de ca-
nal maritime navigable, et qu'un canal d'eau douce
vient du Nil jusqu'au milieu du désert ; que le dé-
sert est peuplé, que plus de 200,000 ouvriers arabes
ont déjà passé sur les travaux ; que le vice-roi a
son préfet dans l'isthme ; qu'il y a en Ramadan
20,000 travailleurs sur le seuil, et que le mois pro-
chain il y en aura le double, et qu'avant trois mois
le seuil sera percé? Connaissiez-vous les conséquences
de l'acquisition de la propriété seigneuriale de
rOnadée ? On l'ignorait à Alexandrie, est- on plus
avancé en France et à Paris? Aujourd'hui, jsai vu;
que ceux qui doutent de la réussite de l'affaire fas-
sent comme moi et se -donnent le plaisir d'une pro-
menade dans l'isthme, ils ne douteront plus.
En terminant, je crois devoir appeler l'attention
sur les hommes qui coopèrent à l'œuvre du canal,
et qui résident tant en Egypte que sur les travaux ;
c'est un personnel d'élite, plein de courage et de
dévouement, surtout à la personne de M. de Lesseps,
qui dirige toute l'opération. Le vice-roi lui-même a
mis en lui toute sa confiance; il est vrai qu'il y a
réciprocité. C'est un prince fort intelligent et fort re-
marquable ; il fait aussi partie du personnel de
l'isthme. Bien qu'il ait été tourmenté par les An-
glais, il n'a jamais abandonné l'idée du percement, il
en connaît la portée et les conséquences. Aujourd'hui
il passe à l'exécution et veut que le canal se fasse
il a pris le titre de président des travaux. Vous voyez
que les généraux sont assez bien choisis ; il est im-
possible que les travaux s'arrêtent et qu'avant peu
la mer Rouge ne se réunisse pas à la Méditerranée.
Dans quelque temps, S. A. le vice-roi doit se rendre
en France ; saluez en lui le souverain qui a osé en-
treprendre le plus grand œuvre des temps modernes,
et qui, soyez-en certain, saura le terminer.
Pour extrait : HUSSON.
JOURNAL D'UN VOYAGEUR.
Parmi les visiteurs qui, de leur personne, ont voulu
aller se former une conviction raisonnée et conscien-
cieuse relativement à la possibilité et à l'état d'avan-
cement des travaux du canal de Suez, le Siècle, dans
lacorrespondance que nous venons de reproduire, men-
tionne le nom de M. Jacques-Georges Lévi. M. Lévi,
Vénitien de naissance, est un des négociants
les plus riches et les plus considérés de la colonie eu-
ropéenne établie à Alexandrie. Il était au nombre des
incrédules de cette ville, avant d'avoir vérifié les cho-
ses de ses yeux, et il est revenu de sa tournée entière-
ment converti par les faits dont il a été témoin. Son
inspection a duré sept jours, du 24 février au 2 mars.
Il a vu successivement Damiette, Port-Saïd, toute la
ligne des travaux de ce dernier point au lac Timsah.
Il a remonté le canal d'eau douce jusqu'à Gassasin,
s'est arrêté à la propriété de l'Ouadée. d'où le canal,
qui borde ce domaine, l'a conduit à Zagazig, com-
muniquant lui-même avec le Caire par le canal de
Moès et le Nil et par un chemin de fer. M. Lévi a tenu
et rédigé un journal détaillé des circonstances de sa
tournée dans le but de le transmettre à un de ses
correspondants d'Europe. Avec une sincérité qui l'ho-
nore, il a bien voulu que son témoignage et ses ob-
servations ne fussent point perdus pour le public en
faisant éclater la vérité telle qu'il l'a constatée. Une
copie de sa relation nous a été transmise, et nous
sommes autorisé à l'insérer dans nos colonnes.
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et le style individuels. La première valeur d'un tel
récit est dans la spontanéité des impressions expri-
mées par son auteur. Nos lecteurs n'ont pas besoin
que nous leur fassions remarquer que cette pièce est
antérieure à la correspondance du Siècle ci-dessus
citée et qui en est pour ainsi dire la suite et le com-
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trôlent l'une par l'autre, et c'est pour nous une bonne
fortune de pouvoir les placer l'une à côté de l'autre.
Voici donc le texte du compte rendu adressé par
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ERNEST DSSPLACES.
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